A Camex-Co Michelle en avait terminé avec son stage académique chez Camex. Son mémoire aussi était bouclé et fin prêt. Le jour de la soutenance, elle n’avait pas manqué d’inviter ses anciens mentors, Samy et Paul avec qui elle avait gardé de très bons rapports, Lucie la secrétaire du Dg de Camex était également présente, elle avait eu un beau garçon. La famille de Michelle et quelques amis et camarades de classe étaient de la partie, et même Erwan faisait aussi partie des invités.L’événement se déroulait au fameux campus de l’Université Catholique. Michelle avait opté pour une tenue assez sobre, une robe pas très longue dont le haut était en forme de cache-cœur ; elle avait relevé ses cheveux en un chignon. Les membres du jury étaient composés de deux messieurs et d’une femme, tous d’éminents professeurs. Ce fut un succès pour Michelle, qui après deux heures de présentation et une heure de délibéré, obtint une bonne note avec la mention "Assez bien". Elle avait dédié secrètement ce
La prise de sang n’a fait que confirmer l’inquiétude de Michelle ; elle était déjà à près de quatre semaines et demie et ça sonnait toujours comme le glas dans sa tête. Jamais elle ne pourrait le garder, elle ne le souhaitait pas. Elle ne se sentait pas du tout prête à endosser ce rôle ; le moment était mal choisi ; c’est vrai qu’elle était déjà majeure et vaccinée, mais pour elle, ce n’était pas dans l’ordre de ses priorités. Le temps passait et Mike commençait à se faire un peu distant. Ils ne communiquaient plus régulièrement, il l’appelait rarement et lui faisait comprendre qu’il était juste très pris, et qu’il avait beaucoup de travail ; parfois les heures pendant lesquelles il était libre ne correspondaient pas à celles du pays ; il prétendait qu’il ne voulait pas la réveiller. Michelle aurait voulu lui annoncer la nouvelle, mais pas de manière brusque, elle lui disait toujours qu’elle avait quelque chose d’important à lui dire, mais il lui répondait toujours de la même façon «
Michelle se demandait si elle devait en rire ou pleurer ; sonnée, elle n’en revenait pas. Mike était bel et bien marié à cette Ghislaine ! Tout lui revint en mémoire ; depuis la découverte de l’alliance dans sa salle de bain, tout devint clair dans son esprit ; elle comprit en fait que Mike n’était qu’un séducteur, un homme à femmes, et qu’il s’amusait juste avec elle. Elle repensa à ce week-end à Kribi où la fameuse Nathalie l’avait narguée, et comment elle les avait aussi surpris dans ce snack-bar, c’était en fait pour que Nathalie se taise ! Elle émit un rire sarcastique ; elle se moquait d’elle-même et divaguait ; elle se mit à entendre des voix lui parler ; mais en fait elle était perdue dans son propre monologue. La première voix disait : « Comment t’as pu être aussi bête toi Michelle ! Oh que si ! Tu t’es laissée embobinée par cet homme, tu as perdu la raison, toi qui étais si prudente avant, comment ça a pu t’arriver ? » L’autre voix rétorqua : « Mike t’a séduite et tu as
Michelle ne ressentait pas vraiment l’envie de festoyer en cette période de fin d’année. Elle voulait tout simplement fuir cette ville ; elle priait pour que le mois de janvier arrive aussi vite, surtout qu’elle venait d’apprendre que Mike était de retour.A chaque fois qu’elle repensait à lui son cœur se nouait ; les sentiments vis-à-vis de lui, elle le savait, n’avaient pas changé, elle l’aimait mais ne pouvait pas se permettre de se laisser aller ; elle devait se ressaisir, elle priait tous les jours pour ça. Lucie faillit deviner le trouble qui se lisait sur son visage, mais elle avait vite fait de le camoufler. Le salopard était là ! Heureusement qu’elle avait changé de numéro de téléphone, pensant qu’il avait sûrement tenté de la joindre en vain, et c’était tant mieux. Arlette sortit de ses gongs lorsqu’elle apprit la nouvelle…– Jure ! Il est revenu ? Le jour où je vais le croiser je vais lui faire sa fête ! Comme il se croit beau là ! N’est-ce pas voilà les fêtes ? On va se c
Il avait promis d’être là. Michelle avait reçu des appels d’un même numéro inconnu; et par intuition elle avait deviné que c’était lui qui essayait de l’appeler en vain ; elle n’avait pas daigné décrocher pendant toute la période précédant le réveillon ; les appels avaient cessé par la suite. Il était très en retard, à plus de 23 heures passées il n’avait toujours pas pointé son nez. -Il est sûrement en train de festoyer en famille… avec son épouse ! Ironisa Michelle, tout en affichant un air de dédain. Mais Arlette lui dit avec conviction...– Il va venir ! Je le sens ! – A cette allure tu finiras par devenir un très bon médium ma chère ! Rétorqua Michelle.Ce n’est qu’aux alentours de minuit que Mike fit son apparition, et comme d’habitude, certaines personnes le reconnurent, et semblèrent ravis de le revoir, en l’occurrence Thierry. Ce dernier n’avait jamais de parti pris concernant la dissension entre Mike et Michelle ; il ne faisait jamais de commentaires là-dessus ; il se cont
Janvier était là, avec son climat rude. Une chaleur intense, et pire encore à Douala. Michelle avait du mal à s’adapter à ce nouveau climat, mais il le fallait bien, elle n’avait pas le choix ; ça faisait déjà près de deux semaines qu’elle y était, sa mère l’avait accompagnée. Elle résidait chez sa tante dans un immeuble au quartier Deïdo. Un appartement moderne, bien meublé, composé de trois chambres, de deux douches, et d’un grand salon.Sa tante Léocadie, la sœur de sa mère, une célibataire endurcie, ne s’est jamais mariée, n’a jamais eu d’enfants et semblait s’y complaire. Elle ne s’en plaignait pas et disait qu’elle aimait se sentir libre de tous ses mouvements ; elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait, et à sa guise. Elle travaillait comme gestionnaire de comptes dans une grande banque de la ville. Du haut de ses 45 ans, elle les faisait moins. Mince et petite de taille, elle possédait tous les vêtements derniers cri, le dernier téléphone en vogue, c’était elle ! Elle ne manq
Michelle aurait voulu assister à la demande de la main de Clara, mais elle n’en fut pas capable ; son mal de dos avait repris de plus belle, et on lui avait recommandé le repos. Elle envoya quand même à Clara sa contribution, ce qui la toucha profondément. – Merci ma miss chérie ! J’ai reçu l’enveloppe, c’est trop gentil ! Tu as beaucoup fait, je suis très touchée ! – Toi aussi ! C’est normal ! C’est mon devoir ! Je voulais vraiment y être mais impossible, je suis alitée !– T’en fait pas je comprends ! Arlette sera là, donc ça ira ! Eh au fait après ça on viendra te rendre visite hein ! Je suis sûre que ton ventre est déjà gros !– Ouiii bien gros ! Ehhh je vous attends ! Vous allez me raconter ! J’ai hâte de voir les photos ! – Et comment ? Tu sais que les vraies choses commencent ! J’ai un peu le trac ! Mais bon ! – Non ça va bien se passer ! Qu’est-ce qui peut vous dépasser toi et ton gars ? Vous avez vécu tellement de choses ensemble que ce n’est pas ça qui vous découragera !
Clara et Arlette avaient sauté dans le premier bus pour Douala. La mère de Michelle avait appelé Clara juste après le réveil de Michelle. Clara était inconsolable ; elle était si contente du fait que Michelle attende une fille, elle lui disait tout le temps qu’elles la pouponneraient ensemble, et qu’elle serait même sa marraine. Elle se posait sans cesse des questions pendant le trajet.– Ce n’est pas possible ! Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Je ne comprends pas… – Pauvre Michelle ! Encore un autre coup dur !– Je t’assure Arlette ! – Tu sais, je crois que j’ai été un peu trop dure envers elle ! – Pourquoi tu dis ça ? – Je n’ai pas arrêté de lui dire tout le temps de se faire avorter ! Je me sens mal je t’assure ! Je n’avais pas vraiment de compassion pour elle sur le fait qu’elle soit enceinte ! Je ne l’ai pas rassurée à ce propos… vraiment ! Je… je m’en veux beaucoup ! – Non ! Ne dis pas ça ! Je pense que tu aurais voulu juste qu’elle n’ait pas de soucis et qu’elle soit bi
Myra court dans tous les sens, elle est presque incontrôlable, sa mère fait tout pour la contenir mais rien à faire. Elle est comme ça la petite Myra, surtout quand elle sait qu’elle doit choisir son cadeau de Noël. Sa maman est presqu’à bout. – La prochaine fois ! Tu ne viendras plus avec moi, je te préviens ! – Naaa ! Je veux çaaaaa ! Poupéeeeee ! – Ok ! On va la choisir ta poupée d’accord ? – Vais montrer à papa ! – Ouiii papa sera content aussi ! Elle jubile, elle court vers son père, elle lui dit qu’elle a eu une nouvelle poupée. Elle vient de fêter ses deux ans, il y a deux mois, elle grandit tellement vite ! Ses parents la couvent beaucoup et lui passent tous ses caprices ; ils n’arrivent pas à lui tenir tête ; même leur entourage leur fait constamment le reproche, qu’ils devraient un tout petit peu la canaliser, sinon elle finirait par devenir un vrai casse-cou. Il faut la voir lorsqu’elle réclame quelque chose qui ne lui est pas destiné, elle se met à crier à tue-tête.
C’étaient les you-you ! C’étaient les cris de joie, c’était la liesse ! Tout le monde était présent. La semaine qui avait suivi était riche en événements et chargée d’émotions. Le jeudi, c’était la demande de la main, le vendredi la mairie, et le samedi l’Eglise. Michelle était belle et ressemblait à une princesse des contes de mille et une nuits. Elle avait pu récupérer et reprendre des forces ; sa blessure était discrète, une mèche de cheveux la cachait, la maquilleuse avait fait du bon travail en se servant d’un fond de teint de meilleure qualité. Clara aussi était sur pied avec son pansement au bras qu’elle sut agencer avec sa tenue. Michelle avait pensé à tout le monde, Samy et Paul, et Lucie de Camex-Co étaient présents et n’en revenaient pas. Lucie comprit pourquoi Michelle avait joué les détectives privés ! Samy lui, avait flairé l’affaire depuis belle lurette, il les avait les surpris entrain de s’étreindre à Camex-Co, pensant qu’ils étaient seuls, tout au contraire ! Samy a
– Arlette ? Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Clara ? Elle… est-ce qu’elle va bien ? S’exclama Thierry.– Je suis avec elle à l’hôpital, elle est blessée ! – D’accord on arrive… mais où est Michelle ? Demanda-t-il inquiet.– Aucune nouvelle de Michelle ! Mais Clara a dit qu’il faut trouver le Kapo, si vous le trouvez, vous trouverez Michelle, mais il faut faire vite ! Michelle restait introuvable, ce qui mit Mike encore plus mal ; il s’adossa contre le mur ; les deux mains sur le visage, il essaya de se maîtriser malgré la gravité de la situation. – Ne t’en fais pas Mike, nous allons la retrouver… Mike prit une profonde inspiration et se redressa. – Allons d’abord voir Clara, ensuite on va à la prison… Il faut qu’on trouve ce Kapo machin ! – Il y a un lien entre tout ce beau monde, Le kapo, Oumarou, le père de Ghislaine, et peut-être même Ghislaine elle-même ! Certains éléments du GMI avaient avancé vers la prison, afin de questionner le père de Ghislaine et de tirer toutes les inf
Mike avait tourné et retourné la question dans tous les sens, et ne trouva aucune réponse. Il avait de la peine à réaliser ce qu’il venait d’entendre. A l’aéroport, il ne vit que sa mère ; il chercha Michelle du regard mais ne la vit pas. L’expression grave qu’affichait sa mère l’intrigua un peu. Tout d’abord il crut à une plaisanterie de mauvais goût, mais par la suite, il comprit que c’était bien réel. Il fit directement le lien avec Ghislaine ; il se souvint qu’après leur divorce elle s’était enfuie mais nul ne savait où. – Ton père est déjà au courant ! Il a passé plusieurs coups de fil, on va tout faire pour la retrouver, j’en suis sûre ! Le rassura sa mère.– Tout ça arrive… par ma faute ! Je… je… – Comment ? Qu’est-ce que tu dis ? – Michelle m’a dit dernièrement qu’elle recevait des coups de fil anonymes… je pensais avoir fini avec cette histoire de divorce… Ghislaine… je suis persuadé qu’elle a quelque chose à y voir là-dedans ! Et voilà que le passé ressurgit encore… je
Ghislaine ! Pensa Michelle. Elle avait refait surface ; il fallait qu’elle avertisse Mike, mais celui-ci était déjà dans les airs. Clara fut rapidement mise au courant. – C’est elle, j’en suis aussi sûre ! Les appels incessants là, c’est elle ! Elle a disparu dans la nature, et c’est fort probable qu’elle réapparaisse ; elle a dû avoir vent du mariage ! – C’est fort probable ! Je vais attendre l’arrivée de Mike, il arrive demain soir, et on saura quoi faire ! Michelle avait un très mauvais pressentiment, si Ghislaine réapparaissait ainsi, ça voudrait tout simplement dire qu’elle ne comptait pas s’arrêter là. Mike arrivait le lendemain ; elle avait prévu d’aller l’accueillir à l’aéroport avec la mère de ce dernier, le compte à rebours venait de commencer… Elle se croyait dans un rêve, elle avait très mal à la tête, elle avait reçu un coup violent sur la tempe gauche et ça saignait. « Mon DIEU ! Où suis-je ? Mike ! Il doit arriver ce soir, nooon ! C’est pas réel ! Il faut que je me
Michelle avait prévu de faire un petit cadeau à la petite cousine de Mike, à l’occasion de son baptême et de son anniversaire ; elle y avait pensé toute la semaine ; elle avait l’embarras de choix. Mike lui avait dit de ne pas se gêner pour ça, seule sa présence comptait. Elle ne l’entendait pas de cette oreille. En faisant les courses avec Clara, son choix se porta sur un petit nounours, un chat, de la célèbre marque « Hello Kitty » et avec des accessoires de la même marque.Michelle fut chaleureusement accueillie ; à peine arrivée, on la considérait déjà comme un membre à part entière de la famille. Bérénice avait pincé Mike en lui disant qu’elle avait bien eu raison et que sa petite idée avait fonctionné. – Qu’est-ce que je t’avais dit ? En plus elle est mignonne comme un cœur ! Elle ne s’attendait pas à voir des personnes si dégagées, gentilles et plein d’entrain. Elle était très bien entourée, sans oublier un Mike omniprésent et bourré d’attention, s’assurant qu’elle était en b
Mike l’écoutait attentivement, il lui prit les deux mains et les ramena contre sa bouche, il la regardait tendrement, tout en restant calme... Elle lui narra tout ce qui s’était passé, de son hospitalisation d’urgence à cause de ces douleurs atroces, et puis de sa perte de connaissance. A son réveil, il n’y avait plus rien, elle pensait que le bébé était né prématurément, elle en était sûre et certaine, elle voulait la voir et pouvoir la tenir dans ses bras mais la douleur de l’opération la cloua sur place, elle se souvient du regard éploré de sa maman et de la tristesse de sa tante Léocadie ; sa maman finit par lui avouer ce qui venait d’arriver. Le bébé était mort depuis plus de trois jours, à sept mois de grossesse d’un arrêt cardiaque. Elle était persuadée qu’elle ne survivrait pas à cette perte, et pour couronner le tout, elle apprit qu’elle ne pourrait plus connaître les joies de la maternité, à cause des complications liées à l’opération. Elle-même ne comprenait pas grand-cho
Toute émue, elle lut les paroles de la chanson. Son visage s’illumina ; elle n’en revenait pas que ce soit lui, Mike ! Il lui ouvrait son cœur, il essayait de lui faire comprendre qu’il était toujours le même et qu’il l’aimait par-dessus tout. Il avait fait des erreurs et il lui donnait son être tout entier. Elle montra le message à Clara qui sourit et s’exclama de voir un Mike devenu subitement romantique. – Le pauvre ! Il ne sait plus quoi faire… c’est touchant !– Je ne le reconnais pas ! Où a-t-il bien puisé ça ? – Laisse le revenir, il mérite cette seconde chance… et cette fois-ci je suis sûre que c’est la bonne ! – Peut-être… – Tout le monde y a droit… – Le problème c’est que… tu sais… avec les mecs je n’ai plus essayé. Depuis mon histoire avec Fabrice, tu t’en souviens ? J’ai fini par le surprendre au lit avec une autre ! – Fabrice n’était tout simplement pas pour toi !– Oui ! Mais en fait il avait fini par m’envoyer un message où il disait que j’étais froide comme de
Elle planta Mike. Ce dernier y resta une bonne dizaine de minutes, n’ayant ni la force ni le courage de se lever. Un peu gênée, Clara le rejoignit ; elle s’assit à ses côtés, question de lui remonter le moral, et de l’encourager. – Coucou Mike ? – Eh Clara ! – Je peux m’asseoir ?– Bien sûr ! – Désolée pour ce qui arrive ! Ça me fait beaucoup de peine ! Je voulais juste que tu saches que je suis de tout cœur avec toi ! Michelle est comme ma sœur, et je sais ce qu’elle ressent, elle a beaucoup souffert pendant cette période, ça, tu peux me croire, elle en a souffert ! Et le fait que tu sois absent et qu’elle se sente trahie n’ont fait qu’empirer les choses ! Je crois que tout finira par s’arranger ! Laisse-lui un peu de temps. Je ne cesserai de lui parler et de l’encourager !– Merci ! Je comprends ! Je sais ce qu’elle vit et ressent, je ne lui en veux pas ! Je lui laisserai le temps, c’est le prix à payer ! Je veux juste qu’elle sache que moi aussi je l’aime, je l’ai toujours aim