LOGINDans les montagnes sauvages de l’Atlas, là où le vent murmure des légendes oubliées, naît une histoire d’amour que le temps n’a jamais su effacer. Hassan, un jeune fermier humble mais fier, tombe amoureux de Lalla Tislin, fille du chef du village – belle, libre, et prisonnière de son rang. Leur rencontre, née au bord d’une source, déclenche une tempête silencieuse où se mêlent passion, honneur, et destin.
View MoreL'aube s'étirait sur les crêtes de l'Atlas, lente et fragile, comme si le soleil craignait de réveiller un souvenir ancestral. Dans la vallée d'Afella, le vent dormait encore, mais chacun savait qu'il ne dormait jamais longtemps.
Les femmes allumèrent silencieusement les premières flammes.
Sur la terrasse, les hommes scrutaient les nuages.
Et dans la maison du cheikh Amghar, Lalla Tislin, la fille du maître, se tenait à la fenêtre.
Le ciel avait une couleur rare, entre l'argent et le miel, celle qu'on voit juste avant l'orage.
Elle leva la main et balaya l'air, une vieille habitude d'enfance.
Sa nourrice lui disait toujours :
« Touh le vent avant qu'il te parle, sinon il se met en colère. »
Elle se remémora avec un sourire son passé chéri.
Mais ce matin-là, le souffle même du monde lui semblait différent, plus lourd, plus proche.
Au puits, Hassan attachait les mules.
Le jeune homme marchait d'un pas nonchalant, comme les montagnards qui n'attendent pas grand-chose du ciel, mais qui l'écoutent malgré tout.
Sa mère, disparue depuis longtemps, disait de lui :
« Il marche comme si la terre lui faisait confiance. »
Lorsqu'il leva les yeux, il aperçut Tislin à la fenêtre.
Leurs regards se croisèrent : simples, clairs et familiers.
Ils n'avaient jamais longuement parlé.
Leurs mondes étaient séparés par un seul nom : elle était la fille du cheikh, lui le fils d'un sans-terre.
Mais il existe des silences plus profonds que mille conversations.
Et ce silence existait depuis leur plus tendre enfance.
— Hassan ! appela une voix derrière lui.
C'était Rachid, le fils du caïd.
Démarche fière, bottes trop neuves, sourire trop assuré.
— Le vieil homme dit que l'eau doit couler avant midi. La fontaine est lente. — La montagne elle-même est plus lente, répondit Hassan sans se retourner.
— Alors va la pousser, railla Rachid.
Il partit en riant, suivi de deux serviteurs.
Tislin avait tout entendu.
Elle se détourna, mais le vent lui apporta un fragment de la voix d'Hassan : calme, obstinée, inflexible.
Un sentiment de tension l'envahit.
Un peu plus tard, elle se mit en route pour la source.
Le chemin exhalait une odeur de terre humide et de menthe sauvage.
Elle aimait cet instant : l'instant où le monde n'avait encore emporté personne.
Mais aujourd'hui, un bruissement étrange l'attendait, vibrant dans les entrailles du vent.
Elle s'arrêta.
Sous les amandiers, les feuilles tremblaient sans raison apparente.
Le vent venait d'en bas, du puits, et non du ciel.
Un souffle chaud, presque humain.
Elle s'approcha. L'eau semblait scintiller, non couler, scintiller, comme si quelque chose respirait sous la surface.
Et dans ce scintillement, elle vit – non pas un reflet, mais un signe.
Une spirale, fine et vacillante, sculptée dans la lumière même.
« L'eau du vent », murmura-t-elle.
Une voix la fit sursauter.
– Tu la vois aussi ?
C'était Hassan.
Il avait toujours la corde du puits en bandoulière. Ses mains, sales de terre, tenaient une jarre.
Elle voulut répondre, mais les mots lui manquèrent.
Il s'accroupit et examina la surface.
– Je croyais que c'était une légende, dit-il.
– Et maintenant ?
– Maintenant, je crains que ce ne soit vrai.
Ils restèrent là, penchés sur le miroir du puits,
jusqu'à ce qu'une rafale plus forte vienne briser cette forme.
L'eau était redevenue simple.
Mais le vent conserverait sa spirale dans son souffle.
Quand ils revinrent, le ciel avait tranché.
Les ancêtres disaient : « Quand la montagne déplace les ombres sans bouger, elle écoute. » Et cette nuit-là, la montagne écoutait. De faibles bruits, comme des pas sur la pierre, parvenaient en dessous. Hassan leva les yeux, inquiet.
— La terre bouge.
— Non, dit Tislin. C'est le vent qui descend.
Une vieille femme apparut derrière eux, le visage voilé de blanc.
C'était Aïcha n'Tissint, la gardienne des sources.
Ses yeux ressemblaient à deux étranges nuances de gris, entre brume et lumière.
— Ne touchez pas à l'eau du vent, dit-elle.
— Pourquoi ? demanda Tislin.
— Parce qu'elle prend qui elle veut, et jamais deux fois.
Elle les observa longuement, surtout Hassan.
Puis elle ajouta :
— Quand le vent t'appelle, ce n'est pas par jeu.
Et elle s'éloigna lentement, son voile flottant dans la poussière.
Derrière elle, la spirale invisible s'agitait déjà quelque part dans le ciel.
Enfin, le vent se leva.
Et pour la première fois depuis des générations, il prononça les deux noms d'un seul souffle :
Hassan… Tislin.
Le groupe marcha longtemps à travers les Terres Muettes.Les silhouettes noires avaient disparu derrière les roches,mais leur absence n’était qu’un voile fragile étendu sur un gouffre.Hassan le sentait :ce silence-là n’apaisait rien.Il amplifiait tout.Le Gardien avançait sans se retourner,suivi du premier souffle qui oscillait comme une veilleuse affaiblie.Tislin, elle, gardait le regard fixé sur Younes,craignant qu’une nouvelle pulsation invisiblevienne le saisir à l’intérieur.Le plateau s’étendait encore et encore,gris et sans fin.Par moments, la terre semblait vouloir vibrer,comme si ce monde muet cherchait à parlermais n’en avait plus la capacité.Enfin, après ce qui sembla des heures,la terre changea légèrement d’inclinaison :un flanc de montagne se dessinait à l’ouest,érodé, strié de longues marques sombresqui semblaient fumer faiblement sous la lumière morte.Le Gardien s’arrêta.— « Nous y sommes.La Faille du Couchant. »Hassan plissa les yeux.Il ne voyait
Ils quittèrent le refuge avant que la lumière ne prenne pleinement sa place dans la vallée.Le Gardien ouvrait la marche, lourd et silencieux,ses pas creusant la terre sèche comme si la montagne elle-mêmes’écartait devant lui.Derrière, Younes avançait entre Hassan et Tislin,le souffle court,mais sans hésitation.Le premier souffle, lui, oscillait autour de l’enfantcomme une lampe fragile portée par un vent ancien.La vallée semblait retenir sa respiration.Les arbres se courbaient légèrement,les herbes se taisaient,et même les pierres baignaient dans un calme étouffant.Personne ne parlait.Le monde entier semblait écouter.1. Le départHassan jetait régulièrement un regard derrière lui,comme si quelque chose allait surgir d’un instant à l’autre.— On n’aurait jamais dû quitter le refuge aussi vite.— On n’aurait jamais dû entrer dans cette vallée, murmura Tislin, la voix brisée.Le Gardien ne se retourna pas.— « Vous n’aviez pas le choix.La vallée vous a appelés.Il ne res
La vallée ne respirait plus comme avant.Au petit matin, une étrange clarté flottait entre les montagnes,comme un voile posé sur le monde.La lumière n’était ni douce ni vive,mais suspendue —comme si le jour hésitait à naître.Hassan fut le premier à sortir du refuge.L’air lui sembla plus lourd,presque chargé d’un écho qu’il ne comprenait pas.Il inspira profondément,et son souffle lui revint déformé,comme s’il rebondissait sur quelque chose d’invisible.— Le monde… a changé, murmura-t-il.Il se retourna vers l’intérieur du refuge.Younes était assis,les mains posées sur ses cuisses,le regard plongé dans un point invisible du mur.Tislin s’approcha de lui avec précaution.— Younes… tu te sens comment ?L’enfant tourna lentement la tête vers elle.Ses yeux dorés avaient gagné une nuance sombre,comme une ombre douce déposée au fond de la lumière.— Je me sens… différent.Il y a quelque chose en moiqui bouge encore.Le premier souffle apparut,flottant à hauteur de ses épaules
La nuit avait été longue,trop longue,comme un fil qu’on tire jusqu’à sentir qu’il va céder.Lorsque les premiers reflets mornes du matin glissèrent sur la vallée,personne n’avait réellement dormi.Même le Gardien avait passé la nuit à scruter l’horizon,comme une montagne en alerte.Younes était éveillé avant tous.Assis en tailleur,les mains posées sur ses genoux,il regardait la poussière immobile comme si elle lui parlait.Hassan s’approcha doucement.— Tu n’as pas dormi…— Non. J’avais peur… si je dors,qu’ils reviennent…à l’intérieur.Le premier souffle se matérialisa près de lui,sa lumière faible mais stable.— « Ils reviendront.Avec le sommeil ou sans lui.C’est pour cela que tu dois apprendreà fermer la porte.De l’intérieur. »Tislin fronça les sourcils.— La porte ?Quelle porte ?Le souffle répondit :— « Celle qui sépare ce que tu esde ce qui te traverse.Elle existe en chaque être.Mais chez l’enfant…elle est fendue.Il doit la reconstruire. »Hassan posa une ma






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