PDV – Lila
Depuis l’effondrement de la bâtisse, Lila n’avait pas dormi une seule nuit complète. Chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle voyait des lettres s’écrire toutes seules sur les murs, des ombres passer dans les couloirs de son esprit, et les visages des anciens Veilleurs murmurer au creux de son oreille.Le carnet reposait sur sa table de chevet, inerte, comme s’il attendait qu’elle reprenne la plume. Mais elle n’en avait ni la force ni le courage. Pourtant, ce matin-là, quelque chose changea.Maxence lui tendit une enveloppe, déposée devant leur porte. Aucune adresse, aucun nom.Maxence (sombre)— Encore une lettre. Mais celle-là… elle est différente.Lila l’ouvrit avec précaution. L’encre n’était ni noire ni violette, mais argentée, fine, presque liquide. Elle lut à voix haute :“L’Encre n’est qu’une clé. D’autres Scribes t’attendent. Ils se souviennent. Ils veillent. Viens au Cercle. Ce soir. Seule.”LiPDV LILA Le vent soufflait doucement sur la plaine d’Argéline, caressant les hautes herbes d’or comme s’il feuilletait les pages d’un livre ancien. Lila marchait seule, sa plume à la main, son cœur calme. Autour d’elle, le monde respirait autrement. Le Vide n’existait plus, remplacé par une pulsation vivante, comme un chant que seul l’esprit pouvait entendre. Elle atteignit la pierre blanche où tout avait commencé — là où elle avait trouvé le premier fragment, là où le récit avait choisi de renaître à travers elle. — Kaelys, murmura-t-elle. Pas un appel. Pas une plainte. Une reconnaissance. Une prière. Elle s’agenouilla, toucha la pierre. Elle était tiède, vibrante, comme si elle abritait un cœur invisible. Lila ferma les yeux, leva la plume, et traça dans l’air une dernière ligne invisible. Pas pour sceller une histoire. Mais pour la transmettre. Car les récits ne
PDV LILALila sentait son cœur battre à un rythme démesuré. Le ciel au-dessus de la Tour de la Source s’était assombri, non pas d’orage ou de pluie, mais d’une matière étrange, comme si l’encre elle-même s’était échappée de récits oubliés pour recouvrir le monde.Ils savaient que ce moment viendrait.Mais ils n’étaient pas prêts pour son ampleur.— Maxence ! cria-t-elle, courant dans les couloirs de la Tour.Des fragments de mémoire s’effondraient autour d’elle, comme si les fondations du monde tremblaient. Des enfants s’étaient réfugiés dans la salle des Plumes, blottis les uns contre les autres, récitant à voix basse des passages anciens pour garder les ténèbres à distance.Maxence surgit d’un escalier latéral, couvert de poussière et tenant un manuscrit ancien dans les bras.— L’Arche… commence à se fissurer, dit-il, haletant. Ce n’est plus seulement la faille de Kaelys. Quelqu’un… ou quelque chose… essaie de tout eff
PDV LILALes jours qui suivirent la cérémonie de la Trame furent marqués par un calme étrange, presque sacré. Dans la Tour de la Source, le silence n’était plus une absence, mais une respiration collective.Les enfants venaient chaque jour s’asseoir autour de l’Arbre-Récit, écoutant les Porteurs leur transmettre les histoires anciennes, mais aussi celles qu’ils avaient eux-mêmes vécues. Des récits de peines, de luttes, de victoires fragiles.Lila observait l’un de ces cercles, le cœur battant.— C’est comme si nous étions devenus les personnages des contes qu’on nous lisait quand on était petits, souffla-t-elle à Maxence.Il hocha la tête.— Sauf que cette fois, ce sont nos mots qui protègent les leurs.Mais au fond de ses pensées, un murmure insistant s’était installé depuis la cérémonie : et si ce calme n’était qu’un prélude ?PDV LÉOLéo marchait seul près des anciennes ruines. Là où le tout avait co
PDV LILALes premiers mots écrits dans le nouveau manuscrit provoquèrent une onde invisible qui parcourut tout l’Arbre-Récit. Les branches vibrèrent, les feuilles s’illuminèrent, et les anciennes histoires se réajustèrent, comme si elles s’inclinaient devant ce qui allait venir.— Tu sens ça ? murmura Lila, la main tremblante.— Oui, répondit Maxence. C’est la Trame… elle nous écoute.Ils avaient appris, au fil du temps, que la Trame du monde n’était pas figée. Elle pouvait être influencée, corrigée… ou corrompue. Mais pour y accéder pleinement, il fallait passer l’Épreuve.Un cercle se dessina autour d’eux, formé de racines vivantes. Une voix ancienne, celle de l’Ancienne Source, résonna :« Celui qui voudra écrire la nouvelle ère devra d’abord affronter sa propre vérité. »PDV LÉOLéo fut le premier aspiré dans la lumière.Il se retrouva dans une salle d’encre noire. Face à lui, une silhouette : lui-m
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.
PDV LILALe vent soufflait plus fort, chargé d’une énergie ancienne que Lila n’avait jamais ressentie auparavant. Elle se tenait à l’orée de la Vallée d’Encre, là où les mots non écrits flottaient dans l’air, suspendus entre l’oubli et la création.À ses côtés, Maxence relisait les dernières lignes du Codex des Fragments — une relique retrouvée dans la Salle des Voix. Le texte y évoquait une prophétie oubliée : le retour du Manuscrit d’Or, unique artefact capable de restaurer ou d’annihiler toute narration vivante.— On ne devrait peut-être pas chercher à le réveiller, murmura Maxence. Il y a des récits qui dorment pour de bonnes raisons.Lila garda le regard fixé sur la vallée. Elle sentait les présences, les échos de ceux qui avaient écrit avant eux. Des millénaires de rêveurs, de conteurs, de Porteurs.— On ne peut pas laisser l’équilibre reposer sur des ruines, répondit-elle. Il faut une clé. Une vérité plus grande que le silence.