Point de vue : Gianna Le matin filtrait à peine à travers les rideaux de l’appartement de Rocco. Il régnait ce genre de silence qui ne pèse pas, mais apaise. Gianna s’était réveillée plus tôt que lui, recroquevillée dans un coin du canapé, la couverture encore tirée jusqu’au menton. Elle n’osait pas bouger. Pas encore. Tout en elle était calme, mais pas vide. Il y avait ce bourdonnement discret dans sa poitrine, celui qui naît après une tempête intérieure. Elle ne savait pas vraiment ce qui s’était passé la veille, ou du moins, comment cela avait été possible. Ce n’était pas un baiser, pas une déclaration enflammée. C’était… un début. Elle tourna la tête vers lui. Rocco dormait sur le fauteuil à côté, toujours habillé, les bras croisés sur la poitrine. Comme s’il n’avait pas voulu s’allonger de peur qu’elle s’éclipse pendant la nuit. Et c’est cette pensée qui la fit sourire. Il était là. Encore. Toujours. Elle se leva doucement, ses pieds nus effleurant le sol froid.
Point de vue : Gianna La pluie n’était pas prévue ce soir-là. Pourtant, elle tombait, fine et insistante, comme si elle voulait nettoyer le trop-plein de silences que Gianna portait en elle. Elle marchait d’un pas décidé, serrant contre elle sa veste trop légère, les cheveux trempés collant à ses tempes. Elle n’avait pas pris de parapluie. Elle n’avait rien prévu, en réalité, si ce n’est une chose : le retrouver. Elle n’avait pas besoin de se justifier. Pas ce soir. Depuis des jours, elle repassait tout en boucle. Le moment où elle l’avait supplié pour sa sœur, sa propre honte, l’orgueil brisé, la proposition insensée qu’elle lui avait faite. Elle s’était attendue à ce qu’il en profite. Qu’il se jette sur l’occasion. Mais non. Rocco n’avait rien exigé. Il avait refusé ce corps qu’elle lui avait offert en échange d’un sauvetage. Il avait payé, sans contrepartie. Et puis, il s’était effacé. Sans pression. Sans tentative de manipulation. Elle avait cru qu’il reviendrait. Qu’i
Point de vue : Gianna Il y a des vérités qui s’imposent dans le silence, qui s’infiltrent entre deux battements de cœur, entre deux respirations trop lourdes. Depuis quelques jours, Gianna ne dormait plus tout à fait. Pas parce qu’elle faisait des cauchemars, mais parce qu’elle commençait à rêver éveillée. Rêver de lui. Rocco. Elle s’était tant acharnée à l’exclure de son esprit, à le repousser dans un coin sombre de sa mémoire, qu’elle n’avait pas vu que son absence pesait plus lourd que sa présence. Et pourtant, elle n’était pas encore prête à l’admettre. Pas à voix haute. Mais cette nuit-là, alors que Giulia dormait profondément dans la chambre d’à côté, elle s’était levée. Pieds nus, une couverture autour des épaules, elle avait rejoint le balcon. La ville brillait, indifférente à ses dilemmes. Et dans ce silence, une vérité avait émergé. Il n’avait jamais abusé de son pouvoir. Elle se rappelait encore ce moment, aussi humiliant que douloureux, où elle lui avait prop
Point de vue : Gianna Les rayons du soleil filtraient à travers les rideaux, mais la lumière semblait floue, distante, comme si le monde avait perdu un peu de sa netteté. Gianna ouvrit les yeux dans un silence étrange. Ce genre de silence qui pesait sur la poitrine avant même le premier battement de la journée. Elle se redressa lentement dans son lit, une main sur le front. Elle avait mal dormi. Encore. Les mots de Rocco tournaient en boucle dans sa tête. Ce qu’il avait dit. Ce qu’elle avait répondu. Et ce qu’elle n’avait pas osé avouer. Elle sortit de la chambre, trouva Giulia assise à table, déjà prête pour le lycée. Son visage était calme, paisible. Il y avait quelque chose d’apaisant à la voir aller mieux. Vraiment mieux. — Tu veux du café ? demanda Gianna, sa voix encore rauque de la nuit. Giulia leva les yeux. — C’est toi qui demandes ça ? T’es sûre que t’es ma sœur ? Gianna esquissa un sourire fatigué. Elle alla faire couler deux tasses. Pendant que le liquide s
Point de vue : Gianna Le vrombissement de sa moto résonnait encore dans le parking souterrain lorsqu’elle coupa le contact. Le casque toujours vissé sur la tête, Gianna resta immobile un instant. Le cœur battant. Les mains moites. Elle détestait ce que son corps lui faisait subir depuis la veille. Depuis qu’il était revenu. Rocco. Même son nom dans sa tête avait le goût d’un poison. Lent, insidieux. Il s’infiltrait partout. Elle l’avait vu, entendu, senti. Et elle avait fui. Comme toujours. Parce que face à lui, elle perdait le contrôle. Et le contrôle… c’était tout ce qui lui restait. Elle descendit de la moto, monta les escaliers quatre à quatre, et poussa la porte de l’appartement. Le silence l’accueillit. Giulia était déjà couchée, la lumière de sa chambre éteinte. Gianna posa ses affaires, défit sa queue-de-cheval, et se laissa tomber sur le canapé. Son téléphone vibra. Elle l’ignora. Puis le reprit. Un message de Bianca : « Je suis dispo demain midi si tu veux parl
Point de vue : Rocco La voiture s’immobilisa devant l’immeuble new-yorkais, et un silence s’abattit dans l’habitacle. Rocco resta immobile un instant, observant les lumières de la ville danser derrière les vitres teintées. Deux mois. Deux mois d’Italie, de tension, de confrontations et de silences étouffants. Deux mois à porter un masque devant un père qui le jugeait, une mère qui se taisait, un frère trop parfait et une sœur trop lucide. À ses côtés, Antonio coupa le moteur sans dire un mot. Lui aussi semblait absorbé par cette atmosphère étrange. New York, pourtant si vivante, paraissait figée ce soir-là. Comme si elle retenait son souffle. — T’es sûr de toi ? murmura Antonio en le regardant de côté. Rocco sortit lentement de la voiture. L’air était frais, chargé de cette électricité qu’il avait presque oubliée. Il inspira profondément avant de répondre : — Plus que jamais. Ils montèrent dans l’ascenseur en silence. L’appartement était exactement comme ils l’avaient la