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Chapitre 84 — Ce qui rampe hors du gouffre

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-10-07 22:10:17

Neriah

L’air ne vibre plus, il se rompt, il se déchire comme une peau tendue qu’on éventre de l’intérieur, et le bruit qui s’en échappe n’est pas un bruit, c’est une absence, une déchirure de tout son, un silence qui pulse plus fort que le tonnerre. Le sol se fend sous mes genoux, mes os cognent contre la terre craquelée, et de longues veines noires s’ouvrent, bavant une brume visqueuse qui s’élève comme une marée inversée. Je sens chaque pore de ma peau suinter face à cette haleine, chaque poil de mon corps se dresser, mes tympans hurlent, mes yeux brûlent, et je comprends que ce n’est pas l’air qui m’oppresse, mais une masse, un poids qui tombe sur nous depuis l’ouverture.

Liam suffoque contre moi, ses griffes s’enfoncent à travers ma chemise, entaillent ma chair, son souffle se brise en sanglots rauques. Je le retiens, mais ses jambes s’affaissent, son torse convulse contre le mien comme si son cœur tentait de s’échapper de sa cage. Son hurlement m’éclate dans l’oreille et se brise
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    NERIAHLes instants s’étirent, se plient comme les bras des arbres sous la tempête. Je suis en leur sein, dans un tourbillon de sensations où la douleur et l’euphorie se mêlent, s’enlacent. Chaque battement de cœur résonne comme un mantra, le souvenir de nos batailles, de nos blessures, mais aussi de notre résilience. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, ensemble, unis à travers ce froissement d’âme et de corps.La pluie tambourine contre les fenêtres, une mélodie sauvage à laquelle je m’accroche, effaçant le fracas de nos cris passés. Mes doigts glissent sur la peau de Kael, puis sur celle de Liam, cherchant à capter l’intensité du moment. La chaleur de leurs corps contre le mien est une soupape contre toutes les incertitudes. Les caresses deviennent des promesses silencieuses, une danse douce et langoureuse qui s’élance dans l’obscurité de nos blessures partagées.- Tu te souviens de la nuit où tout a commencé ? demande Liam, sa voix rauque et pleine d'émotion. Je ho

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    NERIAHL’air pèse comme un manteau de plomb, saturé d’odeurs de sueur, de sang, de peur et d’amour mêlés, cette alchimie insoutenable qui griffe la gorge et brûle la peau, où chaque respiration devient un effort, chaque silence une plaie ouverte.Je suis là, nue, au milieu d’eux, entre Kael et Liam, entre deux pôles contraires qui m’attirent et me déchirent, entre la mémoire et l’avenir, entre la douleur et la délivrance.La pièce semble vivante, haletante, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. Le sol est taché de rouge, leurs corps marqués par la lutte, leurs yeux brûlants encore de tout ce qu’ils n’ont pas su dire.Je sens leur colère encore suspendue dans l’air, prête à éclater de nouveau, à ravager ce qui reste, et pourtant, sous cette rage, quelque chose d’autre palpite , une peur nue, presque enfantine, celle de perdre.Je m’avance lentement.Leurs regards me suivent, tendus comme des arcs.— Assez, murmuré-je d’une voix rauque.Le mot fend le silence, fragile, va

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    LiamLe claquement sec de la porte résonne dans le silence pesant de la pièce comme un coup de tonnerre, brisant l’instant fragile où tout semblait suspendu. Kael est là, figé sur le seuil, silhouette noire dans l’encadrement, ses yeux sombres traversant la pénombre avec une intensité brûlante qui glace la peau.Il nous voit, nus, enla­cés, vulnérables. Une image interdite, une trahison à ses yeux. Son souffle se fait court, sa mâchoire se serre violemment. Il avance d’un pas lourd, chaque mouvement chargé de rage contenue.— Liam... Mais qu’est-ce que vous foutez ? hurle-t-il en un grondement sourd.Le monde semble s’arrêter. Neriah et moi, les corps collés, échangeons un regard rapide. Je sais que cette scène marquera un tournant irréversible.— Kael, » dis-je d’une voix rauque, « c’est ce que tu ne voulais pas voir, mais qui existe, malgré toi. »Il se mord la lèvre inférieure, le chaos bouillonnant sous la surface de son calme apparent. Puis il éclate :— Tu joues avec le feu, Lia

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