MasukNERIAHLes instants s’étirent, se plient comme les bras des arbres sous la tempête. Je suis en leur sein, dans un tourbillon de sensations où la douleur et l’euphorie se mêlent, s’enlacent. Chaque battement de cœur résonne comme un mantra, le souvenir de nos batailles, de nos blessures, mais aussi de notre résilience. Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, ensemble, unis à travers ce froissement d’âme et de corps.La pluie tambourine contre les fenêtres, une mélodie sauvage à laquelle je m’accroche, effaçant le fracas de nos cris passés. Mes doigts glissent sur la peau de Kael, puis sur celle de Liam, cherchant à capter l’intensité du moment. La chaleur de leurs corps contre le mien est une soupape contre toutes les incertitudes. Les caresses deviennent des promesses silencieuses, une danse douce et langoureuse qui s’élance dans l’obscurité de nos blessures partagées.- Tu te souviens de la nuit où tout a commencé ? demande Liam, sa voix rauque et pleine d'émotion. Je ho
NERIAHL’air pèse comme un manteau de plomb, saturé d’odeurs de sueur, de sang, de peur et d’amour mêlés, cette alchimie insoutenable qui griffe la gorge et brûle la peau, où chaque respiration devient un effort, chaque silence une plaie ouverte.Je suis là, nue, au milieu d’eux, entre Kael et Liam, entre deux pôles contraires qui m’attirent et me déchirent, entre la mémoire et l’avenir, entre la douleur et la délivrance.La pièce semble vivante, haletante, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. Le sol est taché de rouge, leurs corps marqués par la lutte, leurs yeux brûlants encore de tout ce qu’ils n’ont pas su dire.Je sens leur colère encore suspendue dans l’air, prête à éclater de nouveau, à ravager ce qui reste, et pourtant, sous cette rage, quelque chose d’autre palpite , une peur nue, presque enfantine, celle de perdre.Je m’avance lentement.Leurs regards me suivent, tendus comme des arcs.— Assez, murmuré-je d’une voix rauque.Le mot fend le silence, fragile, va
LiamLe claquement sec de la porte résonne dans le silence pesant de la pièce comme un coup de tonnerre, brisant l’instant fragile où tout semblait suspendu. Kael est là, figé sur le seuil, silhouette noire dans l’encadrement, ses yeux sombres traversant la pénombre avec une intensité brûlante qui glace la peau.Il nous voit, nus, enlacés, vulnérables. Une image interdite, une trahison à ses yeux. Son souffle se fait court, sa mâchoire se serre violemment. Il avance d’un pas lourd, chaque mouvement chargé de rage contenue.— Liam... Mais qu’est-ce que vous foutez ? hurle-t-il en un grondement sourd.Le monde semble s’arrêter. Neriah et moi, les corps collés, échangeons un regard rapide. Je sais que cette scène marquera un tournant irréversible.— Kael, » dis-je d’une voix rauque, « c’est ce que tu ne voulais pas voir, mais qui existe, malgré toi. »Il se mord la lèvre inférieure, le chaos bouillonnant sous la surface de son calme apparent. Puis il éclate :— Tu joues avec le feu, Lia
Liam La nuit tombe comme un voile épais de suie sur le palais, étouffant tout dans une obscurité dense. Pourtant, je ne trouve aucun repos. Mes yeux restent fixés sur la flamme vacillante de la cheminée, qui se meurt lentement, jetant des ombres dansantes sur les murs recouverts de pierres froides et anciennes. Chaque battement de mon cœur résonne dans cette pièce silencieuse, emplie d’attente et de désir sourd.Puis, je l’entends. Un souffle, faible, presque inaudible, mais qui perce le silence comme une lame tranchante. Une voix fragile, presque irréelle, qui murmure mon nom.— Liam…C’est son souffle, Neriah, vibrant et direct, fragile mais brûlant d’une intensité que rien ne peut contenir. Mes muscles se tendent aussitôt, mes doigts s’agrippent au rebord de la fenêtre comme à un dernier espoir. Je ferme les yeux un instant pour mieux capter chaque nuance de son appel, chaque syllabe qui me consume de l’intérieur.Je me lève en silence, effleurant à peine le sol de mes pas. Chaque
LIAMJe les ai regardés partir sans pouvoir dire un mot, sans même comprendre quand mes jambes ont cessé de vouloir les suivre. Le ciel s’est vidé peu à peu, la poussière dorée retombée sur le sol comme un drap sur un cadavre. Il n’y a plus rien, plus de cri, plus de lumière, seulement le vent qui siffle dans les ruines et ma gorge serrée à s’en rompre.Je vois Kael la porter, sa tête contre son torse, son pas sûr, ce foutu calme qu’il garde même quand tout brûle, et j’ai envie de hurler. De courir, de la reprendre, de lui rappeler qu’elle est à moi, que c’est à moi qu’elle appartient, pas à lui. Mais ma bouche se ferme sur un goût de fer et de cendre. Je reste planté là, les poings tremblants, la poitrine pleine de vide.Il l’a prise.Il l’a prise comme on prend quelque chose qu’on sait ne jamais rendre.Derrière moi, le sol gémit encore, la terre n’a pas fini de se refermer sur le gouffre, et pourtant le monde semble déjà vouloir l’oublier. Les nuages s’écartent, la lumière revient.
KAELJe la porte sans réfléchir, juste avec ce besoin brut de la sentir contre moi, de m’assurer qu’elle respire encore. Son corps est si léger, trop léger, et pourtant il semble fait d’un feu qu’aucune main ne devrait pouvoir toucher. Sa peau brûle, son souffle accroche le mien, chaque pas que je fais soulève autour de nous la poussière dorée qui retombe encore du gouffre scellé.Ma mère reste à genoux, les mains dans la boue, ses yeux levés vers le ciel qu’elle ne comprend plus. Je n’ai pas de regard pour elle. Pas maintenant. Il n’y a qu’elle : Neriah, sa tête tombée contre mon torse, sa peau qui pulse sous mes doigts comme si la lumière voulait encore s’en échapper.Je pousse la porte de la maison, le silence nous enveloppe. L’air y est plus froid, plus dense, saturé de ce parfum étrange qu’elle laisse derrière elle , mélange de pluie, de fer et de quelque chose de vivant. Je monte l’escalier lentement, mes bottes marquant la poussière, chaque pas résonne comme s’il pouvait réveil







