Léa
J’ai toujours aimé les jeux. Pas ceux qu’on joue pour gagner quelque chose de matériel, mais ceux qui testent l’intellect, qui poussent l’adversaire à révéler ses failles.
Et Maxime Devereaux en est un magnifique spécimen.
Je l’observe, ce sourire charmeur qu’il affiche presque en permanence, mais je vois au-delà. Derrière cette assurance, il y a quelque chose. Une tension. Une frustration. Il pensait que je tomberais dans ses filets en quelques jours, mais je suis toujours là, libre, insaisissable.
Et ça l’exaspère.
Parfait.
Il pose ses coudes sur la table et me regarde, un air faussement détendu sur le visage.
— Alors, mademoiselle Léa, que dois-je faire pour te fatiguer ?
Je penche légèrement la tête.
— Déjà, arrêter de croire que tu es en contrôle.
Son sourire vacille, juste une fraction de seconde, avant de revenir en place.
— Intéressant.
Il attrape son verre de vin, le fait tourner entre ses doigts, sans me quitter des yeux.
— Tu es la première femme qui me parle comme ça.
— Tu devrais voir ça comme une expérience enrichissante.
Il rit doucement.
— Je crois surtout que tu es un défi que je n’ai pas envie de perdre.
Je me redresse, croise les jambes et le fixe avec amusement.
— Et c’est là que tu fais une erreur, Maxime.
Il arque un sourcil.
— Laquelle ?
— Tu penses qu’il y a un jeu à gagner.
Silence.
Il réfléchit, analyse mes mots. Il a l’habitude de manipuler, d’avoir toujours un coup d’avance. Mais avec moi, il se heurte à quelque chose de différent.
Enfin, il pose son verre et se lève.
— Très bien, si ce n’est pas un jeu… alors c’est quoi ?
Je souris, attrape mon sac et me lève à mon tour.
— C’est la vraie vie, Maxime. Et dans la vraie vie, tu ne peux pas toujours avoir ce que tu veux.
Je passe à côté de lui et sors du restaurant sans me retourner.
Maxime – L’Obsession Grandit
Je la regarde partir, mon sourire ayant disparu.
Bon sang.
Elle est infernale.
Et elle me plaît encore plus.
Je sors à mon tour, mais elle a déjà disparu. Je pourrais envoyer quelqu’un pour la suivre, obtenir son adresse, mais ce serait trop facile. Je préfère jouer à la loyale.
Enfin… aussi loyale que possible dans mon monde.
Mon téléphone vibre. Lucas.
— Alors ? Ça y est, tu l’as eue ?
Je soupire.
— Pas encore.
Il éclate de rire.
— Maxime Devereaux mis en échec par une femme ? C’est historique.
— Elle est différente, Lucas.
— Tu l’as déjà dit.
— Non, cette fois, je le pense vraiment.
Silence.
Puis il reprend, plus sérieux.
— Fais gaffe, mec. Tu t’attaches trop vite.
Je ne réponds pas. Parce que, quelque part, il n’a peut-être pas tort.
Léa – Quand le passé refait surface
Je rentre chez moi et me débarrasse de mes talons avec soulagement.
Maxime pense qu’il a du pouvoir sur moi. Mais il n’a aucune idée de qui je suis vraiment.
Mon téléphone sonne. Je fronce les sourcils en voyant le numéro.
Un numéro que je pensais ne plus jamais revoir.
Hésitante, je décroche.
— Allô ?
Un silence, puis une voix grave et familière :
— Alors, c’est vrai. Tu es de retour.
Mon souffle se coupe.
— Qu’est-ce que tu veux ?
Un ricanement.
— On a des affaires à régler, Léa.
Je raccroche immédiatement, le cœur battant.
Non. Pas lui. Pas maintenant.
Je me laisse tomber sur le canapé, la main tremblante.
Maxime pensait pouvoir jouer avec moi.
Mais il ne sait pas que j’ai déjà dansé avec des diables bien plus dangereux que lui.
Léa
Je fixe mon téléphone, la main toujours crispée sur l’appareil. Ce numéro… Je ne l’avais pas vu depuis des années. Pourtant, il suffit d’un seul appel pour me ramener en arrière, dans un passé que j’avais juré d’oublier.
Qu’est-ce qu’il me veut ?
Je ferme les yeux un instant et prends une profonde inspiration. Pas question de perdre mon sang-froid. J’ai appris à ne rien laisser transparaître.
D’un geste maîtrisé, je bloque le numéro et balance mon téléphone sur le canapé.
Maxime Devereaux ? Il croit être mon plus gros problème ? Il est à des années-lumière de comprendre dans quoi il met les pieds.
Mais avant que je puisse réfléchir davantage, mon téléphone vibre de nouveau.
Un message.
"Tu peux essayer de m’éviter, mais tu sais que je finirai par te retrouver. On a des comptes à régler, Léa."
Un frisson me parcourt l’échine.
Je serre les dents. Non. Pas maintenant.
Et surtout… pas lui.
Je me lève d’un bond, attrape mon manteau et quitte mon appartement sans réfléchir. L’air frais de la nuit m’aide à retrouver un semblant de contrôle.
Je dois me changer les idées.
Et il y a bien une personne capable de me faire oublier cet appel, même si ce n’est que temporairement.
Maxime – Une Femme Incontrôlable
La musique du Velvet Lounge vibre contre les murs du club privé. Ce n’est pas mon endroit préféré, mais ce soir, j’ai besoin d’un défouloir.
Lucas est à mes côtés, un verre à la main.
— Alors, toujours obsédé par ton défi impossible ?
Je l’ignore.
Elle occupe mes pensées bien plus qu’elle ne le devrait.
— Elle est différente, Lucas.
— Arrête avec ça. "Différente", ça veut juste dire qu’elle résiste un peu plus longtemps que les autres.
Je serre la mâchoire.
— Non. Elle ne joue pas selon mes règles.
Lucas secoue la tête en riant.
— Tu veux dire qu’elle ne joue pas à ton jeu de séduction habituel.
Je bois une gorgée de mon whisky et fixe la foule.
— Elle n’essaie même pas d’entrer dans le jeu.
Et c’est précisément ce qui me rend fou.
C’est à cet instant que mon regard capte une silhouette.
Elle.
Léa vient d’entrer dans le club.
Elle n’a pas vu que je suis là. Pas encore.
Elle traverse la pièce, confiante, attirant les regards sans même essayer. Elle porte une robe noire, simple mais terriblement efficace. Une femme qui ne cherche pas l’attention, mais qui la capture sans effort.
Je me lève immédiatement, laissant Lucas en plan.
Je me dirige vers elle.
Quand elle tourne la tête et croise mon regard, elle ne montre aucune surprise. Seulement ce même fichu sourire en coin.
— Décidément, on se croise souvent, Maxime.
— Tu cherches à fuir quelque chose ?
Elle arque un sourcil.
— Pourquoi cette question ?
— Parce que tu es une femme qui contrôle toujours tout… et là, tu as l’air pressée de t’évader.
Elle ne répond pas immédiatement.
Puis elle se penche légèrement vers moi, assez proche pour que je sente son parfum.
— Et si, pour une fois, je voulais juste m’amuser ?
Je la scrute, cherchant le mensonge.
Elle est douée. Très douée.
Mais j’ai appris à reconnaître les fissures sous le vernis parfait.
Quelque chose la trouble.
— Alors amusons-nous, dis-je en tendant la main.
Elle hésite une seconde. Puis, à ma grande surprise, elle la prend.
Léa – Un Jeu Dangereux
L’adrénaline coule dans mes veines.
LéaLe jardin était redevenu silencieux.Comme s’il reprenait son souffle après tant de cœurs battants, de mots chuchotés et de souvenirs réveillés.Camille était partie.Son ombre s’était effacée lentement dans le halo doré de la nuit, et son sourire tremblant restait encore dans l’air, comme une dernière note tenue.Elle m’avait serrée fort. Pas pour me dire adieu, non. Pour dire qu’elle comprenait. Qu’elle me rendait ma place.Qu’elle m’aimait.Mon père aussi.Il avait le regard un peu perdu, comme s’il cherchait la petite fille que j’étais encore quelques instants plus tôt. Il ne m’avait pas parlé — il n’en avait pas besoin. Ses bras autour de moi avaient suffi.Et j’avais senti son front contre mes cheveux, son souffle sur ma tempe, ce soupir qu’il n’avait pas retenu.Puis Maxime avait tout doucement éteint les guirlandes.Une à une, les lumières avaient cligné, vacillé, puis rendu l’âme, comme des lucioles fatiguées.Il avait soufflé les bougies sans bruit, ramassé les verres, l
MaximeJe l’ai regardée s’éloigner vers la salle de bains, ses hanches ondulant avec cette aisance que j’avais vu revenir peu à peu, depuis qu’on était ici.Elle se reconstruisait.Et moi, je me reconstruisais avec elle.Quand j’ai entendu l’eau commencer à couler, longtemps, sans précipitation, j’ai pris mon téléphone.Deux appels. Pas plus.Mais deux essentiels.Son père.Et Camille.Je ne leur ai pas expliqué. Il n’y avait pas besoin.J’ai juste dit que j’avais besoin d’eux ce soir. Que c’était important. Que ça devait être simple. Vrai. Doux.Comme elle.Camille a eu mille réactions en une seconde.Elle a d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Puis à une fête surprise. Puis à une demande en mariage.Et elle m’a balancé dans la même phrase : « T’as intérêt à pas faire ça à l’arrache, Maxime, je te jure. »Je lui ai dit de me faire confiance.Son père, lui, a été d’un calme qui m’a traversé comme un souffle.« Dis-moi l’heure. »Rien d’autre.Je crois qu’il savait.Ce type sent tout.
LéaLe matin est tombé sur la maison comme un voile de soie.Je me suis réveillée avant lui.Ou plutôt : je me suis laissée réveiller par la lumière.Elle entrait à flots, douce et dorée, comme si elle savait que c’était notre premier matin ici. Qu’il ne fallait rien brusquer. Rien forcer.Tout était encore en suspens.Des cartons posés contre les murs, des vêtements sans place, des objets silencieux sur les étagères vides.Mais dans le lit, ce matin-là, il y avait nous.Je suis restée allongée un moment, à l’écouter respirer derrière moi.Son torse effleurait mon dos.Son bras, en travers de mes hanches, me gardait là, ancrée.Ce n’était pas une étreinte possessive.Plutôt un fil invisible.Un attachement muet.J’avais envie de bouger, de me retourner. De le regarder dormir.Et puis non.Je voulais juste être là, dans cette lenteur neuve.Dans ce presque rien.Il y avait une paix dans ce lit qu’on avait déplacé la veille au soir, à la hâte, au milieu des rires fatigués et des draps f
LéaLe carton glisse entre mes doigts.Il n’est pas lourd. Pas vraiment. Mais mes bras tremblent un peu.Ce n’est pas la fatigue.C’est autre chose. Une onde invisible qui parcourt mon corps, entre la peur et l’excitation.Je suis debout au seuil de la maison.Notre maison.Maxime ouvre la porte devant moi, avec ce geste calme et précis qu’il a toujours eu, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait — alors que je vois bien dans ses yeux qu’il est aussi bouleversé que moi.Le bois craque légèrement sous nos pas.L’air est un peu plus frais à l’intérieur. Et il y a cette odeur particulière — mélange de peinture, de poussière fine et de promesses.Il pose la main sur le chambranle, puis se tourne vers moi.« Bienvenue chez toi. »Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je regarde autour de moi, les murs nus, les fenêtres immenses, les éclats de lumière qui se posent déjà au sol comme des présences.C’est réel.Et irréel.Je pose le carton dans l’entrée.Et j’avance.---MaximeElle marche
LéaLa nuit avançait.À petits pas feutrés, comme si elle avait peur de troubler l’équilibre fragile qui s’était instauré entre nous.Je croyais que les émotions s’étaient déjà toutes exprimées.Que le cœur avait tout dit.Mais Maxime gardait encore quelque chose.Je le sentais dans sa respiration.Dans cette tension infime, nichée au creux de son silence.Il m’avait parlé d’amour.Il avait posé ses mains sur mon ventre, sur ce petit être à venir.Et moi, je m’étais laissée envelopper.Pas tout à fait rassurée.Mais un peu plus vivante.Et pourtant…Il y avait autre chose.Un éclat au fond de ses yeux.Une hésitation qui n’avait rien à voir avec le doute.Plutôt cette forme d’appréhension qu’on ressent juste avant de faire un pas important.Un saut.Il s’est redressé légèrement, sans me lâcher du regard.Comme s’il se préparait à me confier une vérité encore plus fragile.Et j’ai su.Qu’on allait franchir une autre frontière.« Il y a encore une chose que je dois te dire… »Sa voix ét
LéaIl était presque vingt-trois heures.La nuit avait recouvert la ville d’un silence dense, ponctué de quelques sirènes lointaines et du clapotis discret de la pluie contre les vitres.J’étais dans mon lit, mais pas vraiment là. Mon corps reposait, figé, alors que mon esprit flottait quelque part entre le regret, l’attente et la fatigue.Je ne pleurais plus.Je ne pensais plus pleurer.Mais chaque battement de cœur était une tension muette, un fil tendu à craquer.Je croyais qu’il ne viendrait pas.Je croyais que c’était fini.Qu’il n’y avait plus rien à dire.Et pourtant… quelque chose en moi résistait.Pas l’espoir — non. Plus ça.Mais un instinct, peut-être. Une mémoire.Et puis, la sonnette.Un son net, étrangement doux dans cette nuit suspendue.Mon cœur a cessé de battre pendant une seconde.Puis il est reparti, en désordre.Je suis restée figée.Quelques secondes à peine.Mais assez pour sentir ce qu’un simple « ding » pouvait réveiller.La peur. L’élan. La colère. Le manque.
LéaLe soir est tombé sans que je m’en aperçoive.Je suis restée longtemps dehors, après le départ de Clara.Assise sur ce banc, les mains dans les poches, le regard perdu entre les branches nues d’un arbre et les fenêtres allumées des appartements.Je ne savais pas encore quoi faire de ce moment.Ce qu’il représentait.Cette paix silencieuse qu’elle m’avait offerte. Ce renoncement sans violence.Comme un cadeau involontaire.Ou un adieu muet.J’étais rentrée lentement. Les jambes lourdes, le cœur en apnée.L’appartement était resté tel que je l’avais laissé : vide, tiède, immobile.Et cette fois, ce n’était pas seulement le silence…C’était l’absence.---Je me suis glissée dans le lit sans allumer la lumière.Je voulais rester dans l’ombre, là où mes pensées pouvaient flotter sans être jugées.Je crois que c’est là que j’ai pleuré.Pas bruyamment. Pas comme dans les films.Mais ces larmes muettes, longues, chaudes, qui coulent sans même secouer les épaules.Celles qui lavent ce qu’o
LéaJe suis restée seule, assise sur le canapé, longtemps après son départ.Le silence s’était refermé comme une chape sur la pièce. Trop dense. Trop lourd. Trop vrai.Tout semblait suspendu. Comme si le temps lui-même retenait son souffle.Il n’y avait plus de cris, plus de battements furieux, plus d’illusions. Seulement cette vérité brute qui tenait encore dans l’air, comme un résidu amer sur la langue.J’ai posé une main sur mon ventre, par réflexe.Comme pour me rappeler ce que je portais.Comme pour lui dire, à ce petit être à peine perceptible : Je suis là. Je tiens. Je ne bouge pas. Même si tout autour vacille.Je ne savais pas si j’étais soulagée ou anéantie.C’était sans doute un mélange des deux.Un étrange vertige entre lucidité et douleur.Il avait été honnête. Brutalement honnête. Et ça faisait mal.Mais j’en avais besoin. Parce qu’il fallait ça, cette clarté, même tranchante.Je ne voulais plus être celle à qui l’on cache. Celle à qui l’on ment pour “la protéger”.J’étai
LéaEt je ne voulais pas qu’elle nous rattrape plus tard, comme un poison lent. Je ne voulais pas faire semblant. Plus maintenant. J’avais trop vécu dans les demi-mots, les silences chargés, les zones grises. J’avais trop laissé les autres écrire les lignes de ma vie.Alors je me suis reculée. Juste assez pour qu’il comprenne que ce que j’allais dire comptait. Que ce n’était pas un caprice. Que c’était important. Inévitable.« Et Clara ? »Il a figé.Un battement de paupières. Un silence dense. J’ai senti quelque chose se tendre sous sa peau, comme un fil qui menace de rompre.Je l’ai regardé droit dans les yeux. Sans colère. Sans hargne. Juste avec cette force calme qu’on apprend quand on n’a plus rien à perdre. Quand on a déjà tout perdu une fois.« Elle est aussi enceinte de toi. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »---MaximeJ’aurais voulu qu’elle ne le sache pas. Mais bien sûr qu’elle savait.Léa a toujours su voir au-delà des mots. Au-delà des silences. Elle sent les failles, mê