Chapitre 7 : À qui joue le mieux

Roxane

Je sens les regards sur moi.

Depuis ma conversation avec Elias, tout semble s’être intensifié. L’atmosphère est plus lourde, les silences plus pesants. Comme si tout le monde savait que j’avais mis les pieds dans un territoire interdit.

Mais ce n’est pas ce qui me perturbe le plus.

C’est Elias.

Depuis notre échange, il n’a pas cherché à m’arrêter. Il m’a prévenue, oui, mais sans réelle menace. Au contraire, c’est presque comme s’il attendait de voir ce que je ferais.

Comme un prédateur qui laisse sa proie courir un peu avant de frapper.

Je refuse d’être cette proie.

Alors, je continue à fouiller.

Benjamin Huxley m’a dit de ne plus le contacter, mais j’ai appris une chose essentielle dans ce métier : tout le monde parle, si on sait comment s’y prendre.

Je cherche une autre piste.

Et cette piste, c’est Natalia.

Elle est proche d’Elias. Trop proche. Si quelqu’un connaît les secrets de cette entreprise, c’est elle.

Je la trouve dans son bureau, concentrée sur des documents. Elle lève à peine les yeux lorsque je frappe à la porte.

— Roxane.

— Natalia.

Son ton est neutre, mais il y a une pointe de froideur.

— Tu es venue me poser des questions sur Lena.

Ce n’est même pas une supposition. Elle le sait déjà.

Je souris légèrement.

— Directe.

— Autant ne pas perdre de temps.

Je referme la porte derrière moi et m’approche.

— Pourquoi Elias l’a virée ?

Natalia penche la tête, me scrutant comme si elle pesait mes intentions.

— Elias n’a pas "viré" Lena. Elle s’est brûlée toute seule.

— Ça ne veut rien dire.

Un sourire ironique effleure ses lèvres.

— Ça veut dire que si tu continues, tu finiras comme elle.

Je m’appuie contre son bureau, croisant les bras.

— Quelle était sa faute ?

— Elle a voulu jouer à un jeu qu’elle ne pouvait pas gagner.

— Et moi ?

— Toi ? Tu es encore en train d’apprendre les règles.

Elle se lève et range ses dossiers avec calme.

— Si j’étais toi, je m’arrêterais là, Roxane.

— Heureusement que tu n’es pas moi.

Nos regards se croisent.

Il y a un éclat d’admiration dans le sien. Un avertissement aussi.

Elle se penche légèrement vers moi.

— Fais attention, Elias aime les défis. Mais il déteste perdre.

Un frisson parcourt ma colonne vertébrale.

Je sors de son bureau sans un mot de plus.

Elias

Roxane joue un jeu dangereux.

Elle teste les limites, s’approche de la ligne interdite avec une arrogance qui me fascine autant qu’elle m’agace.

Et le pire ?

Je me surprends à aimer ça.

Ce soir, une réception est organisée en l’honneur d’un partenariat stratégique. Un événement mondain où se croisent hommes d’affaires, politiciens et investisseurs.

Roxane est là. Évidemment.

Elle est en robe noire, élégante et pourtant… provocante.

Elle sait qu’elle attire l’attention.

Je l’observe de loin.

Natalia est à mes côtés, un verre à la main.

— Elle ne lâche pas l’affaire, murmure-t-elle.

Je souris légèrement.

— Non.

— Ça te plaît, n’est-ce pas ?

Je ne réponds pas.

Parce que la réponse est évidente.

Roxane

Je le sens avant même de le voir.

Elias.

Sa présence est comme une ombre qui plane sur moi. Il ne dit rien, ne fait rien. Mais je sais qu’il m’observe.

Alors, je joue mon propre jeu.

Je souris, je discute, je danse avec un associé d’une autre entreprise. Je ris un peu trop fort, je flirte juste assez pour tester ses réactions.

Et puis…

Il bouge.

Je n’ai même pas le temps de réagir. Une main se pose sur mon poignet.

— Assez joué.

Sa voix est basse, dangereuse.

Il m’entraîne à l’écart, loin de la foule, jusqu’à un balcon surplombant la ville.

L’air frais me frappe le visage, mais ce n’est rien comparé à l’intensité de son regard.

— Qu’est-ce que tu cherches exactement, Roxane ?

Je penche la tête, feignant l’innocence.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il s’approche, réduisant l’espace entre nous à un souffle.

— Si. Tu le vois très bien.

Le silence entre nous est électrisant.

Il pourrait me briser en un mot.

Mais il ne le fait pas.

Parce que lui aussi joue.

Et ce soir, c’est moi qui ai l’avantage.