Chapitre IV
Terrain d’entraînement, Marseille – 18h30 J’arrive en retard à l’entraînement, mes écouteurs crachant du rap MHD à fond dans mes oreilles. J’ai traîné exprès. Trop la haine depuis le DM de cette Cloé mytho. Et là, bien sûr… Il est là ! Enzo, adossé contre le grillage, en plein délire avec Mehdi et Lucas, mes potes. Je claque des dents en enlevant mes écouteurs. "Mais qu’est-ce qu’il fout là ?" Mehdi me fait un signe de la main, trop content. "Jordan ! Regarde qui est venu nous voir !" Enzo se retourne et… il sourit. Pas un petit sourire poli. Non. Un vrai sourire de gamin qui vient de trouver un cookie dans la boîte à goûter. Je traverse le terrain d’un pas rageur. "T’as perdu quelque chose ?" Son sourire ne faiblit pas. "Non, je passais dans le coin." "Dans le coin ?" Je ricane. "T’habites à La Capelette, toi. C’est à l’opposé." Il hausse les épaules, toujours aussi détendu. "J’avais envie de prendre l’air." Je serre les poings. "Et t’as décidé de venir discuter avec mes potes ? T’es en train de faire quoi, exactement ? T’es en train de vérifier si je t’ai répondu ?" Autour de nous, les regards s’échangent. Mehdi a l’air mal à l’aise. Lucas, lui, rigole comme si c’était un sketch. Enzo baisse la voix. "On peut en parler ailleurs ?" "Non." Je croise les bras. "Dis-le ici. Pourquoi tu t’incrustes dans ma vie comme ça ? T’as vu les conneries que ça cause ?" Il fronce les sourcils. "Quelles conneries ?" Je sors mon téléphone et lui balance l’écran sous le nez. "Ça, par exemple ! Une meuf qui se dit ta copine et qui m’envoie des messages racistes !" Son expression change instantanément. Il attrape mon téléphone, lit le DM, et son visage se ferme. "Putain… , cette conne de Cloé" J’arrache mon portable des ses mains. "Moi, avant, j’étais tranquille. Personne me regardait. Personne me parlait. Et maintenant ? Maintenant, j’ai des mythos qui m’insultent, des potes qui me charrient, et TOI qui débarques comme si on était pote alors que JE TE CONNAIS PAS !" Le terrain est silencieux. Même Lucas ne rigole plus. Il me regarde, les yeux sombres. "Je savais pas pour le message." "Mais t’aurais dû !" Ma voix craque. "T’es une star, tu sais comment ça marche. Moi, je suis une fille banale. J’avais pas d’histoires. Et maintenant, à cause de toi, j’ai des emmerdes que j’ai jamais demandées." Il ouvre la bouche pour répondre, mais je l’interromps. "Laisse-moi tranquille. Sérieux. Arrête de sourire comme un débile quand tu me vois, arrête de venir trainer ici, arrête de faire comme si on avait un truc. On a RIEN." Il me regarde longtemps. Trop longtemps. Son expression a changé - plus de sourire débile, juste quelque chose de dur. "Je vais régler ça." C'est tout ce qu'il dit. Pas d'excuses en l'air, pas de grandes explications. Juste cette phrase, lancée comme un fait. Je plisse les yeux. "Régler comment ?" Il ne répond pas tout de suite. Il sort son téléphone, scroll quelques secondes, puis me montre l'écran. C'est sa story I*******m. Une photo de lui tout sourire avec... CloéLacroix "Ma 'copine' ?" Il ricane. "Ma cousine, oui. Qui habite à Nantes et que j'ai vue deux fois dans l'année." Je reste bouche bée. "Attends cinq minutes." Ses doigts volent sur l'écran. Deux minutes plus tard, son compte officiel (vérifié, 2,3M d'abonnés) publie une story : "La seule femme dans ma vie actuellement, c'est ma mère. Arrêtez les fausses rumeurs. Et le racisme, ça se soigne. #Respect" Je... Putain ! Autour de nous, les portables vibrent. Mehdi siffle entre ses dents. "Eh ben... Ça c'est un carton rouge direct." Enzo remet son téléphone dans sa poche. "Ça ira ?" Je croise les bras. "Pourquoi t'as fait ça ?" Il hausse les épaules. "Parce que c'était vrai. Et parce que..." Il hésite, puis : "J'aime pas qu'on emmerde les gens que je connais." "On se connaît pas." "On commence." Je veux protester. Je veux lui dire d'arrêter ses conneries. Mais... La vérité ? C'est la première fois que quelqu'un prend ma défense comme ça. Alors je dis juste : "T'es bizarre." "Ouais. Je sais." Il me regarde encore un moment, comme s'il attendait que je dise un truc. Puis il hausse les épaules. "Ok." Simple. Net. Pas de discussion. Il se retourne vers Mehdi et Lucas, un sourire en coin. "Vous êtes prêts ?" Prêts ? Prêts pour quoi ? Mehdi rigole, trop à l'aise avec cette situation surréaliste. "Toujours prêt pour toi, champion." C'est à ce moment que Michael débarque, son ballon sous le bras. Il s'arrête net en voyant Enzo, les yeux écarquillés. "Putain... C'est bien toi." Enzo lui arrache le ballon des mains avec une dextérité qui me fait mal à voir. "Et c'est bien toi le gars qui dribble comme un tracteur, non ?" Michael ouvre la bouche, indigné, mais avant qu'il ne puisse répondre, Enzo me lance le ballon à la figure. Je l'attrape instinctivement. "Alors ?" Il me défie du regard. "Tu viens jouer ou t'es une chocottes ?" Mes yeux s'étrécissent. Une chocottes ? Sérieux ? Je devrais lui envoyer le ballon dans la gueule. Je devrais tourner les talons. Mais... "T'as trois secondes pour regretter cette phrase." Je fais tourner le ballon entre mes mains. Il sourit, comme si c'était exactement la réponse qu'il attendait. "J'attends toujours." On décide d'inviter un autre petit du quartier et c'est comme ça que je me retrouve à faire un match à trois contre trois avec Enzo Lacroix, superstar du foot français, sur notre terrain pourri du quartier. Michael est en sueur rien qu'à l'idée de le marquer. Lucas essaie de jouer cool mais rate tous ses contrôles. Mehdi, lui, profite juste du moment. Et moi ? Moi je joue. Vraiment jouer. Comme si c'était un entraînement normal. Comme s'il n'était personne. Il me le fait payer. Un petit pont par-ci. Une talonnade par-là. À un moment, il me dribble si proprement que je trébuche sur mes propres pieds. "T'as vu ça ?" Il rigole. Je me relève, la poussière sur les genoux. "T'es content de toi ?" "Un peu." Je lui vole le ballon cinq minutes plus tard. Pas de technique, juste un tacle propre mais franc. Il tombe à la renverse, surpris. "Et ça ?" Je souris. "T'es toujours content ?" Il reste allongé une seconde, puis éclate de rire. "Putain, t'es pire que mon défenseur en équipe nationale." On continue comme ça jusqu'à ce que la nuit tombe. Sans penser aux réseaux, aux rumeurs, à cette conne de Cloé. Juste le ballon, le terrain, et ce drôle de moment où un type célèbre devient juste... un mec qui joue au foot. Quand on s'arrête enfin, tous en sueur, Michael a l'air d'avoir vécu le meilleur moment de sa vie. Lucas prend des selfies en cachette. Mehdi, lui, me lance un regard qui dit clairement : "T'es dans la merde, hein ?" Enzo récupère son sac. "Alors ?" "Alors quoi ?" J'essuie la sueur sur mon front. "Je suis pardonné ?" Je devrais dire non. Je devrais rester froide. Mais... "T'es toujours un enfoiré." Je prends mon sac. "Mais bon... t'es pas le pire." C'est pas un oui. Mais c'est pas un non. Il sourit, comme s'il avait compris. "A demain, alors." Je fronce les sourcils. "Demain ?" Mais il est déjà parti, saluant mes potes comme s'ils étaient devenus copains en une soirée. Michael me regarde, bouche bée. "Tu réalises que Enzo Lacroix vient de nous proposer de rejouer demain ?" Je secoue la tête. "Non. Il a dit 'à demain'. C'est pas pareil." ---- Je pousse la porte de la salle B14 d'un coup d'épaule, encore essoufflée par mon footing du matin. Mon t-shirt colle à mon dos et je sens cette mèche rebelle qui refuse de rester coincée dans mon élastique. Un type de première année fait mine de s'étouffer quand je passe devant lui. "Problème d'oxygénation ?" je lui lance en m'installant au fond de la salle. Il ouvre la bouche pour répondre mais mon regard doit lui faire comprendre que j'ai pas dormir assez pour supporter les conneries aujourd'hui. Il se tait. M. Dubois commence son cours. Je sors mon cahier mais mon esprit est encore sur le terrain d'hier soir, sur ce putain de petit pont qu'Enzo m'a fait et dont je me remets pas. Une heure plus tard, mon téléphone vibre dans la poche de mon jogging. Je l'attrape sous la table. Notification I*******m : EnzoLacroixOfficiel "T'es où ?" Je cligne des yeux. C'est une blague ? Mes doigts tapent vite : "En plein milieu d'un cours passionnant sur la comptabilité analytique. T'as pas un chien à laver ? Des crampons à cirer ? Un ballon à gonfler ?" La réponse arrive avant que je puisse reposer mon téléphone. Un simple emoji qui hausse les épaules. 🤷♂️ Puis un nouveau message : "Qu'est-ce que tu fais ?" Je soupire si fort que la fille devant moi se retourne. "Je sors du lycée dans deux heures, si t'as vraiment rien de mieux à faire que de me harceler." Réponse instantanée : "MDRRR t'es encore au lycée ? 😭 T'es vieille pourtant. Dis pas que t'es mineure ?" Je sens une veine palpiter à ma tempe. Mes doigts volent sur l'écran : "Je suis en BTS, génie. Ça se fait dans les lycées professionnels. Mais j'imagine que toi, t'as arrêté l'école en CE2 pour courir après un ballon." Je marque une pause, puis ajoute : "Excellent pied gauche mais QI de poivre..." Les trois petits points apparaissent, disparaissent, réapparaissent. Je vois qu'il lit. Qu'il hésite. Sa réponse me fait claquer ma tête sur la table : "Ça se fait les BTS dans les lycées ?" Le bruit fait sursauter toute la classe. M. Dubois lève un sourcil sévère dans ma direction. "Problème, Mlle Koné ?" "Non, m'sieur. Juste... une révélation choquante sur les amortissements." Quelqu'un étouffe un rire. Je reprends mon téléphone. "T'es sérieux là ? T'as jamais mis les pieds dans un lycée pro de ta vie ?" Cette fois, la réponse met cinq bonnes secondes à arriver. "J'étais en centre de formation à 14 ans." Ah. Je réalise soudain l'énormité du fossé entre nos vies. Lui, pris en charge par un club avant même d'avoir fini sa croissance. Moi, à traîner mes baskets dans les couloirs du lycée Saint-Exupéry jusqu'à 20 ans. "Donc en gros t'es un attardé scolaire. Ça explique plein de choses." Vu 10:05 Pas de réponse. Enfin. --- 10h17 - Fin du cours Je range mes affaires lentement, savourant ces quelques minutes de répit. Le soleil tape dur dans la cour quand je sors. Mon téléphone vibre à nouveau. "Attends j'ai vérifié t'avais raison pour les BTS. T'es trop forte." Suivi d'un GIF d'un chimpanzé qui applaudit. Je ferme les yeux, prenant une grande inspiration. Le type a visiblement décidé de faire de ma vie son nouveau hobby. Je commence à taper une réponse cinglante quand un nouveau message arrive : "En vrai je savais pour les lycées pro. Je faisais juste semblant d'être con pour te faire réagir." Puis : "Ça a marché." Je dois m'asseoir sur un banc. Le culot du mec. Ma réponse est courte : "T'es insupportable." Sa réplique arrive avant même que je puisse me lever : "Mais tu réponds toujours. C'est ça le pire." Je sens un sourire bête me venir malgré moi. --- 12h30 - Pause déjeuner Michael me rejoint à la cafétéria, l'air trop excité pour un mardi midi. "Alors ?" il lance en s'asseyant. "T'as vu les stories d'Enzo ?" Je lève les yeux au ciel. "Non. Et je veux pas voir." Il sort son téléphone quand même. "Il a posté une vidéo de son entraînement ce matin. Regarde le t-shirt qu'il porte." Je jette un œil malgré moi. Et là, je vois. Enzo, en gros plan, avec mon vieux t-shirt du BTS Compta que j'avais "oublié" sur le terrain hier soir. Le texte de la story : "Nouvelle inspiration. #BTSGang" Michael pouffe de rire. "T'es officiellement une muse." Mon cœur fait un bond si violent que je crois qu'il va défoncer ma cage thoracique. Je reste plantée là, le téléphone de Michael dans ma main, à fixer cette putain de story où ENZO LACROIX, star internationale, porte MON vieux t-shirt troué du BTS Compta comme si c'était un maillot de luxe. "Putain... mais qu'est-ce qu'il fout avec mon t-shirt ?!" Sans réfléchir, je compose son numéro. Il décroche à la troisième sonnerie, la voix étrangement calme pour quelqu'un qui vient de commettre un crime. "Allô ?" "T'es sérieux là ?!" Je m'étrangle presque. "Tu te fous de ma gueule ou quoi ?" Il y a un silence à l'autre bout du fil, puis sa voix devient taquine. "Oh, je te manques déjà ? Ou c'est comment ?" Je serre les dents si fort que ma mâchoire craque. "Tu sais très bien pourquoi j'appelle ! Tu vas m'expliquer pourquoi t'as mis mon t-shirt en story devant tes 2 millions d'abonnés ?!" Il éclate de rire. Un vrai rire, chaud et sans retenue. "Détends-toi, je comptais te le rendre pendant notre rendez-vous aujourd'hui." Je gèle. "Notre... QUOI ? Quel rendez-vous ?" "Celui qu'on a dans exactement..." Je l'entends consulter une montre. "... 6 heure. Alors tu ferais mieux de te préparer." "Mais t'es malade ! J'ai jamais accepté de—" "Sinon," il m'interrompt, sa voix soudain plus basse, plus déterminée, "je viens te chercher devant ton lycée. Avec une pancarte 'Jordan Koné, mon coeur appartient à cette femme'." Le sang se retire de mon visage. "T'oserais pas." "Essaie-moi." CLIC. Il raccroche. Je reste là, le téléphone collé à l'oreille, incapable de bouger. Michael me regarde avec des yeux ronds. "Alors ?" Je tourne lentement la tête vers lui. "Michael... Dis-moi que je rêve." Il me tend son téléphone. Sur l'écran, les notifications s'accumulent : @EnzoFan93 : C'est a qui ce t-shirt de base ??? @FootLover22 : Le BTS Gang mdrrrr Enzo trop drôle @CloéLacroix (encore elle) : C'est quoi cette nouvelle pute ?Chapitres 32 Quelques semaines se sont écoulées depuis que mes parents sont allés régler les choses chez les parents de Mehdi. L'atmosphère à la maison est enfin apaisée, même si je garde en mémoire l'image surréaliste de Mehdi à genoux dans notre salon, poussé par sa mère marocaine à présenter des excuses solennelles. Une scène tellement typique des familles maghrébines - où l'honneur et le respect priment sur tout. Ce samedi après-midi, notre salon ressemble à une petite tribune de stade. Mes parents, Lucas, Michael et moi sommes regroupés devant notre écran plasma, des bols de chips et de cacahuètes posés sur la table basse. "Regardez ! Le voilà !" s'exclame Lucas en désignant l'écran où l'équipe s'échauffe. Mon cœur s'accélère instantanément. Je vois Enzo en maillot bleu et grenat du Barça, et cette vision me semble encore irréelle. Ses épaules paraissent plus larges sous ces couleurs, son regard plus déterminé que jamais. "Il commence sur le banc," remarque mon père en siro
Chapitre 31 Les heures qui ont suivi l'incident au centre d'entraînement ont été un véritable enfer. Mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer - une avalanche de notifications, d'appels manqués, de messages de soutien mêlés à une curiosité malsaine. Les réseaux sociaux étaient en feu. La vidéo tournait sous tous les angles : "Lacroix s'embrouille avec un fan", "La star de l'OM dans une altercation violente", "Le nouveau scandale du prodige marseillais".J'ai fini par éteindre mon portable, incapable de supporter cette frénésie plus longtemps. Mes parents sont partis chez les parents de Mehdi pour "régler cette affaire une bonne fois pour toutes", comme l'a déclaré mon père avec une grimace sévère avant de partir. Je les imagine, assis dans le salon des parents de Mehdi, à siroter un café bien trop chaud en écoutant les excuses gênées de parents visiblement dépassés par leur fils.Je tourne en rond dans le salon, les bras serrés autour de moi comme pour me contenir. Clara n'est pas en vi
Chapitre 30 Le soleil tape dur sur le terrain synthétique, créant des miroirs de chaleur qui dansent à l'horizon. Je cours après le ballon, les cheveux collés à mon front par la sueur, mais impossible d'effacer le sourire idiot qui me tire les lèvres depuis ce matin."Koné ! T'as dormi sur ton ballon ou quoi ?" Lucas rigole en m’interceptant avec une facilité agaçante.Je lui renvoie le ballon un peu trop fort, le faisant grimacer en le réceptionnant. "Désolée ! J'suis... distraite aujourd'hui."Il s'approche, essoufflé, son t-shirt déjà trempé. "Distraite ? T'as souri bêtement quand t'as raté ta passe tout à l'heure. Et là, tu viens de dire 'pardon' au poteau que t'as percuté." Il plisse les yeux. "T'as fumé quelque chose ?"Je pouffe de rire en tapotant le ballon du pied. "Pire. Je suis complètement stone d'amour."Il s'arrête net, le ballon roulant loin de lui. "Sérieux ?" Son visage s'illumine d'une curiosité malicieuse. "Raconte ! C'est qui le chanceux ? Pas Mehdi, j'espère ? Pa
Chapitre 29 Mon souffle est encore court, ma peau brûlante là où les mains d'Enzo se sont posées. Je me blottis contre lui, le front appuyé contre son épaule, incapable de bouger. La voiture est remplie de notre odeur mêlée, de chaleur, de ce moment parfait qu'on vient de voler au monde. — Reste comme ça, murmure-t-il en déposant un baiser dans mes cheveux. Je ferme les yeux, savourant l'instant. Puis mon téléphone vibre. Je grogne. — Laisse, souffle Enzo, ses lèvres descendant le long de mon cou. Mais l'appel insiste. Je tends une main tremblante vers mon sac, fouillant sans regarder. Quand je vois "Maman" sur l'écran, mon estomac se retourne. — Oh non... Enzo lève un sourcil. Je lui lance un regard avant de répondre, m'efforçant de contrôler ma voix : — Allô maman ? Le chaos. — JORDAN KONÉ ! TU ES OÙ ? La voix de ma mère perce mes tympans. En arrière-plan, j'entends mon père : "Calme-toi, chérie !" et des bruits de vaisselle remuée. — Je... je suis avec C
Chapitre 28"Jordan... c'est quoi ça ?"Mon cerveau tourne à plein régime. "C'est... euh... une allergie !" Je touche la marque comme si ça me faisait mal. "Clara a changé de lessive, et apparemment, mon cou a pas aimé du tout." Ma mère plisse les yeux, l'air sceptique. "Une allergie. À la lessive. Qui fait exactement la forme d'une bouche." "Oui, c'est... euh... bizarre, je sais." Je détourne les yeux vers les courses encore posées sur le comptoir. "Tu veux que je range ça ?" Elle hésite une seconde, puis soupire. "Range les courses, oui. Et après, tu m'expliqueras cette allergie, si c'est grave on ira à l'hosto." Je m'empresse d'attraper les sacs, espérant que le sujet soit oublié d'ici là. "Je comptais me faire à manger, en fait..." Elle éclate de rire. "Faire à manger ou t'empoisonner, Jordan ? Non, range les affaires, je te prépare un petit truc."Je m'exécute en silence, rangeant les conserves et les légumes tout en sentant le regard inquisiteur de ma mère dans mon dos.
Chapitre 27 L'eau de la douche ruisselle sur ma peau encore sensible. Je ferme les yeux pour laisser les souvenirs me submerger - ses mains sur mon corps, ses lèvres parcourant chaque centimètre de ma peau, cette façon qu'il a de murmurer mon nom quand..."T'as l'intention de rester là toute la journée ?" La voix d'Enzo me fait sursauter. Il écarte le rideau de douche avec un sourire coquin aux lèvres. "Parce que si c'est le cas, je peux te tenir compagnie."Je rougis malgré moi en voyant son regard parcourir mon corps nu. "T'es insupportable." Mais je ne peux m'empêcher de sourire. "Et passe-moi une serviette, espèce de pervers."Il attrape une serviette me la tend en profitant pour déposer un baiser sur mon épaule encore mouillée. "T'as vu l'état de ta robe ?"Je jette un œil vers le vêtement en boule dans un coin. La fine robe en soie que j'avais enfilée hier soir est méconnaissable, la fermeture éclair arrachée, le tissu légèrement déchiré sur un côté. "Putain, Lacroix ! C'était