Jordan - Hors-jeu contre son cœur

Jordan - Hors-jeu contre son cœur

last updateLast Updated : 2025-08-15
By:  Audrey sihUpdated just now
Language: French
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🚨 NOUVELLE HISTOIRE🚨 Jordan : Hors-jeu contre son cœur Jordan, 19 ans, garçon manqué jusqu’au bout des crampons. Survêt’, cheveux en bataille, et une obsession maladive pour le foot. Pas le temps pour les robes ni les romances à l’eau de rose. Sa vie ? Le terrain, les dribbles, et sa bande de potes mecs. Jusqu’au jour où un coup du sort lui explose au visage. Lors d’un match, un ballon perdu la frappe en pleine tête "K.O". À son réveil, c’est le choc. Enzo, la star du foot française, son idole depuis toujours, est penché sur elle. Problème : elle est dans le vestiaire des mecs. Double problème : tout le monde l’appelle par son nom. Elle déguerpit avant d’avoir compris. Mais le destin s’en mêle. Enzo la recroise partout : au café du coin, dans sa rue, au stade où elle s’entraîne en secret... Ses réflexes de meuf blindée s’enrayent. Pourquoi il la regarde comme ça ? Pourquoi ses vannes la font rire alors qu’elle déteste les charmeurs ? Le piège se referme... Entre matchs clandestins et discussions à l’arrache sous la pluie, Jordan craque,un peu, beaucoup Trop. Mais comment aimer quand on a passé sa vie à se battre contre tout ce qui ressemble à de la romance ?

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Chapter 1

"Un prénom de champion"

Chapitre I

Je m'affale sur le canapé avec un soupir, mon portable déjà en main pour regarder le replay du dernier match de l'OM. Maman tourne autour de moi comme une tornade domestique, sa serpillière frôlant mes baskets posées sur la table basse.

"Jordan. Les pieds."

Je grogne mais obéis, retirant mes Stan Smith usées jusqu'à la corde. "Désolée..."

Elle me fusille du regard. "Tu pourrais au moins ranger ton survêt' qui traîne par terre depuis trois jours. On dirait une décharge ici."

"Je le porte tous les jours", je réplique en ajustant mon élastique à cheveux. "À quoi bon le ranger si c'est pour le ressortir demain matin ?"

La porte d'entrée claque si fort que je sursaute. Papa fait son entrée comme s'il venait de marquer le but de la victoire, brandissant deux tickets comme des trophées.

"DEVINEZ QUOI ? J'AI RÉUSSI !"

Je me redresse d'un coup, oubliant instantanément mon match. "Non... sérieux ?"

"OM - Le Havre ce soir ! Tribunes latérales, places nickel !" Ses yeux brillent comme quand j'avais dix ans et qu'il m'emmenait voir les entraînements. "Et devine qui est titulaire ?"

Je fais exprès de prendre un air blasé. "Mmh... je sais pas moi, peut-être ton chouchou ?"

"ENZO !" s'exclame-t-il en se tournant vers maman, triomphant. "Tu vois, même elle le reconnaît ! Ce gamin a quelque chose de spécial, je te dis !"

Maman lève les yeux au ciel en essorant sa serpillière avec un geste théâtral. "Comme ton idole, Abedi Pelé, c'est ça ?"

L'atmosphère change aussitôt. Papa prend cette expression rêveuse qui m'agace depuis l'enfance. "Ah, Abedi..." Sa voix devient douce. "Si ta mère avait accepté, notre Jordan s'appellerait Abedi, tu te rends compte ?"

Je grimace en imaginant ma tête sur une carte d'identité avec "Abedi" écrit en gros. "Sérieux ? Vous alliez vraiment me faire ça ?"

"Eh oui !" Papa éclate de rire en se laissant tomber dans le fauteuil. "Mais ta mère a pété un câble quand je lui ai proposé."

"Bien sûr que j'ai pété un câble !" Maman s'énerve comme si c'était hier. "Tu voulais appeler notre fille comme un joueur de foot ! C'était ridicule !"

"Abedi Pelé n'est pas n'importe quel joueur !" Papa se redresse, soudain sérieux. "C'est une légende ! Un artiste du ballon rond !"

Je lève les mains pour calmer le jeu. "Bon, heureusement vous avez trouvé un compromis avec Jordan. C'est déjà pas mal."

Papa me cligne de l'œil, complice. "Ouais, en hommage à Jordan Ayew, le fils d'Abedi. Comme ça, on restait dans la lignée !"

Je secoue la tête en riant. "Vous êtes complètement tarés tous les deux."

Maman soupire en rangeant son matériel de ménage. "Et dire que j'ai épousé un fanatique du foot qui voulait appeler sa fille comme un joueur ghanéen..."

"Allez, on part à quelle heure ?" je demande pour changer de sujet.

"Dans une heure." Papa me jauge des pieds à la tête. "Et s'il te plaît, mets quelque chose de propre."

Je baisse les yeux sur mon ensemble survêtement-basket délavé. "Quoi ? Il est parfaitement propre !"

"Propre peut-être, mais présentable..." maman marmonne en partant vers la cuisine.

Je leur tire la langue et retourne à mon match, mais impossible de me concentrer. Mes doigts tambourinent nerveusement sur le canapé. Ce soir, je vais voir Enzo jouer en vrai. Pas à la télé, pas en vidéo, mais en chair et en os.

Et le pire ? Mon estomac fait des loopings comme si j'avais avalé une volée de papillons. Mais ça, je le garderai pour moi. Jamais de la vie je ne l'avouerais à voix haute.

Surtout pas à papa.

Je serre mon ticket dans ma main moite tandis que nous montons les marches du stade Vélodrome. L'air est chargé d'une énergie électrique qui me fait vibrer jusqu'au bout des doigts. Autour de nous, la foule gronde comme une mer déchaînée - chants à tue-tête, rires gras, jurons qui fusent quand quelqu'un renverse sa bière. L'odeur écœurante des merguez grillées se mêle au parfum âcre de la friture et à l'effluve métallique des tribunes en acier.

Papa marche devant, aussi excité qu'un gosse la veille de Noël. Son vieux blouson OM flotte derrière lui comme une cape de super-héros. Je dois presque courir pour suivre son rythme.

"Regarde-moi ça..." souffle-t-il en désignant la pelouse d'un geste large.

Mon cœur fait un bond douloureux dans ma poitrine quand mes yeux trouvent Enzo. Sur écran, il était déjà impressionnant. En vrai, c'est une tout autre histoire. Ses épaules larges tendent son maillot, ses muscles saillants sous la peau mate qui luit sous les projecteurs. Il rit avec un coéquipier, révélant des fossettes que les caméras ne captent jamais. Quand il ajuste ses protège-tibias, ses mains fines et agiles semblent faites pour caresser un ballon... ou autre chose.

Je me mords la lèvre si fort que je goûte le sang.

"Alors ? Toujours aussi sceptique ?" me taquine Papa en me donnant un coup de coude.

Je fais rouler mes yeux avec toute l'exagération dont je suis capable. "Je suis sceptique sur ton obsession malsaine pour lui, oui."

"C'est pas une obsession, c'est du respect. Ce gamin joue comme..."

"Comme s'il avait signé un pacte avec le diable, oui oui, t'as déjà dit." Je l'interromps avant qu'il ne parte dans un de ses monologues.

34ème minute. Le match est serré à en devenir ridicule. "Ils jouent comme des pieds", je grommelle en me penchant en avant, les coudes sur les genoux.

"C'est pas eux, c'est l'arbitre !" s'énerve Papa en agitant les bras. "Il a sifflé trois fautes imaginaires contre Enzo ! T'as vu ce contre-pied qu'il a réussi à la 28ème ? Du pur génie !"

Je vais répondre quand tout bascule.

Un corner mal dégagé. Le ballon fuse droit vers les tribunes dans une trajectoire parfaite, trop parfaite. Vers MOI. Le temps semble ralentir. Je vois chaque rotation du ballon, chaque couture qui tourne vers moi comme un missile guidé.

"OH MERD-"

BOOM.

Impact plein front. Une douleur aveuglante explose derrière mes yeux avant que le noir ne m'avale.

Quand je rouvre les yeux, c'est pour découvrir un plafond de béton éclairé par des néons agressifs. L'odeur me frappe en premier - transpiration aigre, déodorant Axe en surdose, et cette senteur musquée propre aux vestiaires. Puis viennent les sons : des rires étouffés, le claquement d'une serviette, l'eau qui coule dans une douche au loin.

Et enfin... LUI.

Enzo est penché au-dessus de moi, si proche que je peux compter ses cils. Ses yeux verts scrutent les miens avec une intensité qui me coupe le souffle. Ses lèvres, pulpeuses et légèrement entrouvertes, forment des mots que mon cerveau met plusieurs secondes à décoder.

"Ça va ?"

Sa voix est plus grave qu'à la télé, veloutée et rauque à la fois, comme s'il avait crié toute la journée. Une mèche rebelle lui tombe sur le front et j'ai une envie irrépressible de la repousser.

Je me redresse d'un coup, le monde qui tangue autour de moi. "Qu'est-ce que je fous là ?!"

Autour de nous, trois joueurs s'esclaffent. "T'as pris un missile en pleine tête, meuf", rigole un grand rouquin. "On t'a ramenée ici pour éviter que tu finisses en purée dans les gradins."

Mon cœur bat si fort que j'ai peur qu'ils l'entendent. Je jette un regard affolé autour de moi - bancs en bois, casiers métalliques, vêtements de sport éparpillés partout. Le vestiaire des joueurs. PUTAIN.

"Où est mon père ?" Ma voix sonne étranglée.

Enzo pointe la porte d'un menton levé. "Il discute avec le médecin. Il voulait t'emmener aux urgences mais t'as repris connaissance avant."

Je respire un grand coup et me lève trop vite. La pièce tourne. Des mains chaudes se referment sur mes épaules pour me stabiliser. Ses mains. Je pourrais reconnaître ce contact n'importe où maintenant.

"Doucement", murmure-t-il, et son haleine sent la menthe et quelque chose de plus chaud, plus profond.

"Je... je me casse", je bafouille en me dégageant.

Je marche vers la sortie quand il m'attrape le poignet. Son contact me brûle à travers la manche de mon hoodie.

"Attends."

Il fouille dans son sac et en sort un stylo qu'il fait tourner entre ses doigts avec une dextérité hypnotisante. Sur un bout de papier arraché à un bloc-notes, il griffonne quelque chose avant de me le tendre.

"Au cas où. Pour vérifier que t'as pas une commotion."

Je l'écarquille les yeux. Le papier tremble dans ma main. C'est son numéro. SON PUTAIN DE NUMÉRO.

"T'es sérieux là ?" Ma voix est devenue un filet.

Il sourit, et c'est comme si le soleil se levait dans ce vestiaire miteux. "Totalement."

"... T'as un problème."

"Possible."

Je fourre le papier dans ma poche et me barre en trombe, ses rires dans mon dos me poursuivant comme une caresse.

Dehors, Papa m'attend, le visage aussi blanc que son blouson. "PUTAIN JORDAN !"

"C'est bon, je suis pas morte !" je crie avant qu'il ne m'étouffe dans une étreinte.

Il me serre si fort que mes côtes craquent. "Tu m'as fait peur, conasse !"

Je me dégage en riant, mais mes doigts serrent inconsciemment le papier dans ma poche. "T'inquiète vieux. Faut plus qu'un ballon pour m'achever."

En marchant vers la voiture, je ne peux m'empêcher de toucher l'endroit où ses doigts ont effleuré ma peau. Mon cœur fait des acrobaties dans ma poitrine.

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