Share

Chapitre 5

last update Last Updated: 2025-04-28 14:13:21

Chapitre 5 : PRENDRE LA FUITE 

Il s’approcha lentement.

— Elisara... murmura-t-il, sa voix rauque vibrante d’une tendresse mêlée de colère.

Elle sursauta, relevant brusquement la tête.

Ses yeux d’un bleu limpide, rougis par les larmes, s’ouvrirent en grand lorsqu’elle le reconnut.

— Riven... souffla-t-elle, sa voix tremblante, presque brisée.

Un poids invisible tomba de ses épaules, comme si sa seule présence avait fait craquer la carapace qu’elle s’était forcée à endosser. Elle se leva tant bien que mal, agrippant les barreaux de ses doigts pâles.

Riven s’avança jusqu’à la grille, posant instinctivement ses mains puissantes sur les barreaux, dans un geste protecteur.

— Mon dieu, qu'est-ce qu'ils t'ont fait... grogna-t-il entre ses dents serrées, ses yeux brillants d’une rage glacée.

Elle secoua la tête, les larmes perlant aux coins de ses cils sans qu'elle puisse les retenir.

— Je vais bien, dit-elle d’une voix faible, mensongère.

Non, elle n’allait pas bien. Elle était brisée. Trahie. Piégée.

Et lui, il sentait son loup hurler à l’intérieur, réclamant vengeance.

— Pourquoi... pourquoi es-tu là ? demanda-t-elle, sa voix vacillante, enrouée par l'émotion.

Riven adoucit son regard, s'agenouillant pour être à sa hauteur, de l'autre côté des barreaux.

— Je suis venu pour toi, répondit-il simplement, sa voix plus douce, presque une caresse. Je ne pouvais pas rester loin en sachant ce que tu traverses.

Un sanglot lui échappa, et elle plaqua une main tremblante sur sa bouche, honteuse de se montrer faible.

Il tendit la main entre les barreaux, effleurant doucement ses doigts.

Le contact de sa peau contre la sienne fit naître un frisson incontrôlable dans tout le corps d’Elisara.

Pour la première fois depuis des jours, elle sentit autre chose que la peur : un mince filet d'espoir.

— Riven... balbutia-t-elle, la gorge nouée. Ils m’ont enfermée comme une criminelle... et je ne peux rien faire...

Sa voix se brisa dans un murmure désespéré.

— Je sais. Sa voix était calme, mais ses yeux, eux, lançaient des éclairs. Ils paieront pour ça, Elisara. Je te le jure.

Elle secoua la tête, des larmes roulant librement sur ses joues salies.

— Non, tu ne peux pas... gémi-elle. Draven est Alpha, maintenant... tout le conseil est de son côté.

Riven serra les dents jusqu'à en ressentir la douleur.

— Tu crois que je vais les laisser te détruire ? Son ton était bas, féroce, vibrant d’une colère contrôlée. Je vais te sortir d’ici. Même si je dois briser chaque mur de cette maudite forteresse.

Elisara sentit son cœur battre plus fort. Un mélange brûlant de peur et d’espoir se bousculait en elle. Elle serra ses doigts autour des siens, s'accrochant comme à une bouée au milieu d'une mer en furie.

— Comment ? demanda-t-elle d’une voix tremblante, presque un murmure.

Il approcha son visage des barreaux, leur souffle se mêlant presque.

— Je vais distraire les gardes, trouver un moyen d’ouvrir cette cellule, murmura-t-il d’une voix grave, un murmure de complot. Tu devras être prête à courir.

Elle hocha la tête, essuyant rapidement ses larmes du revers de sa manche.

— Je suis prête, dit-elle d’une voix plus assurée, retrouvant une once de force grâce à lui.

Pendant un instant suspendu, ils restèrent là, leurs regards ancrés l’un dans l’autre, unis contre l'adversité.

Puis Riven serra brièvement ses doigts une dernière fois avant de se relever.

Il jeta un regard méfiant autour de lui, son corps tendu comme un prédateur prêt à frapper.

Avant de partir, il se pencha à nouveau vers elle, sa voix basse et impérieuse.

— Tiens bon, petite lune. Je reviendrai te chercher.

Un frisson parcourut l’échine d'Elisara à ce surnom.

Petite lune. C'était la première fois qu'on lui parlait ainsi, avec tant de tendresse mêlée de force. Elle hocha la tête, inspirant profondément pour rassembler son courage.

Quand Riven disparut dans l’ombre du couloir, elle resta debout contre les barreaux, son cœur tambourinant.

Elle n'était plus seule. Elle avait un allié.

Riven marchait à grands pas dans les couloirs, l'esprit en ébullition. Son regard balayait chaque recoin, chaque ombre, chaque mouvement suspect. Il devait être rapide. Précis. Surtout, il ne devait pas éveiller de soupçons.

Il se glissa dans le bureau de Kaelen, l'ancien Alpha. Sans perdre de temps, il se dirigea vers le large meuble en acajou qui trônait au fond de la pièce. Son regard expérimenté tomba rapidement sur une vitrine verrouillée.

D'un geste assuré, il força la serrure avec un petit couteau dissimulé dans sa botte. Un clic discret se fit entendre. À l'intérieur, des bouteilles de vin précieuses, gardées pour les grandes occasions.

Parfait.

Il choisit la plus belle, une bouteille d'un rouge profond, estampillée d’un vieux sceau noble. Un sourire rusé étira ses lèvres. Ça fera l'affaire. Rapide comme l’éclair, il fouilla dans les tiroirs et trouva quelques verres en cristal.

Puis, de sa veste intérieure, il sortit une petite fiole discrète : du somnifère puissant qu’il gardait toujours en cas de besoin.

D'un geste habile, il versa quelques gouttes dans le vin. La substance se mélangea instantanément, invisible. "Quelques minutes, pas plus." pensa-t-il, refermant soigneusement la bouteille.

Un regard vers la porte. Un profond soupir pour calmer la rage qui battait dans ses veines. Puis il sortit du bureau avec l’aisance d’un homme sûr de lui, portant fièrement la bouteille et les verres comme s’il venait offrir un présent royal.

Devant la cellule, deux gardes discutaient en ricanant. Riven s’approcha d’eux, le visage fendu d'un large sourire détendu.

— Messieurs ! lança-t-il, sa voix enjouée, pleine d'une chaleur feinte. Quel jour sombre pour la meute... Mais je pense que Kaelen n'aurait pas voulu qu’on reste à pleurer.

Les gardes cessèrent leur conversation, intrigués.

— Que proposes-tu ? demanda l’un d’eux, méfiant.

Riven leva la bouteille en signe de paix.

— Un petit verre, en son honneur. dit-il d'une voix amicale, en faisant mine de s'émouvoir. Un vin rare de la réserve de l'Alpha lui-même. Un hommage discret.

Les gardes échangèrent un regard.

La tentation lutta contre leur prudence… et la tentation gagna.

— Allez, pourquoi pas, ricana l’un d'eux en haussant les épaules. Après tout, on ne boit pas du vin de Kaelen tous les jours.

Riven leur servit habilement les verres, prenant soin de ne rien laisser paraître de son impatience. Les hommes trinquèrent maladroitement.

— À Kaelen, grogna l’un.

Ils burent à grandes gorgées, le vin glissant dans leur gorge assoiffée. Riven fit semblant de porter son propre verre à ses lèvres, se contentant d'effleurer le bord.

Quelques secondes plus tard, il vit leurs paupières devenir lourdes. Le premier garde tituba, se frottant les yeux.

— Je... je me sens pas... pas très... balbutia-t-il avant de s'effondrer comme une masse.

Le second tenta de dire quelque chose, un air paniqué sur le visage, mais il rejoignit bientôt son compagnon sur le sol, inerte.

Parfait. Riven jeta un dernier regard autour de lui, en alerte.

Puis, sans perdre de temps, il fouilla les poches des gardes jusqu'à trouver le trousseau de clés.

Son cœur battait à tout rompre. Il se précipita vers la cellule d’Elisara . Elle sursauta lorsqu’elle le vit surgir dans l’ombre.

Son visage s’illumina d’un mélange d'espoir et de peur.

— Riven ! souffla-t-elle, ses mains agrippant les barreaux.

Il lui adressa un sourire rassurant.

— Tout est prêt. dit-il, la voix basse et rapide.

Ses doigts agiles insérèrent la clé dans la serrure. Un clic discret résonna dans la cellule. La porte grinça légèrement en s'ouvrant.

— Viens. ordonna-t-il doucement.

Et prépare-toi à courir.

Elisara ne se le fit pas dire deux fois.

Elle bondit hors de sa prison, son cœur tambourinant à tout rompre.

— Merci... murmura-t-elle, la voix brisée par l'émotion.

Riven posa une main sur son bras, son regard intense ancré dans le sien.

— Pas de merci. Pas encore. répondit-il d'une voix rauque.

On doit sortir d'ici vivants d’abord.

Elle hocha vigoureusement la tête. Ils se glissèrent dans les couloirs sombres, leurs pas légers, rapides. Chaque bruit leur semblait assourdissant. Chaque porte entrebâillée, chaque ombre vacillante faisait accélérer leur respiration. Riven passait en tête, son instinct de loup le guidant.

Un couloir à gauche. Une porte dérobée. Le tunnel de service.

Il connaissait les chemins de la vieille bâtisse comme sa poche. Derrière lui, Elisara courait, le souffle court, le cœur en feu.

Elle n’avait jamais autant voulu vivre. Enfin, ils atteignirent une vieille porte en bois, presque cachée sous un escalier.

Riven l'ouvrit d'un coup d'épaule. Un vent froid de liberté s'engouffra dans leurs poumons.

— Viens ! murmura-t-il en tendant la main.

Elle la saisit sans hésiter. Ensemble, ils se faufilèrent dans la nuit, laissant derrière eux la prison dorée de la meute de la Lune Blanche.

  

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 68

    Chapitre 68 : L’ombre de la Louve NoireLe vent soufflait avec une intensité inhabituelle ce soir-là, charriant une odeur étrange, presque fétide, qui fit immédiatement hérisser les poils de la nuque de Riven. Il se tenait sur les hauteurs de la vallée, observant les terres de sa meute en contrebas, désormais apaisées après les tourments passés.Mais la paix, il le sentait, était fragile.Un hurlement transperça soudain la nuit. Long. Grave. Inconnu.Un cri de défi.Riven fronça les sourcils. Ce hurlement ne venait d’aucune des meutes alliées… Il était ancien. Féroce. Et portait en lui une note de vengeance.Quand il redescendit vers le domaine, un messager l’attendait déjà, essoufflé, tremblant.— "Alpha… une meute approche. Par les terres du nord, celles qui étaient interdites…"— "Combien sont-ils ?" demanda Riven d’un ton sombre.— "Une cinquantaine. Ils sont… différents. Marqués. Défigurés pour certains. Et… menés par une louve."Riven sentit un frisson lui parcourir l’échine. Un

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 67

    Chapitre 67 : Le Dernier Voyage d’un AlphaLe lendemain matin, la meute toute entière semblait plongée dans un silence pesant. L’air avait cette lourdeur que seule la mort sait laisser derrière elle. Riven marchait lentement dans la grande salle, les bras croisés sur sa poitrine, le visage fermé.Il avait veillé toute la nuit, veillé le corps sans vie de son père, allongé sur un lit funéraire entouré de bougies et de fleurs sauvages. Des loups étaient venus déposer des offrandes : des armes, des herbes sacrées, des objets qui avaient marqué la vie du défunt Alpha.Élisara l’observait depuis l’entrée, silencieuse. Elle ne voulait pas rompre le fil invisible entre Riven et son père. Mais elle restait là, en soutien. Sa présence, pour lui, était devenue aussi nécessaire que l’air.Le prêtre-loup chargé des rituels s’approcha de Riven.— Il est temps, mon Alpha…Riven hocha la tête. Il se redressa lentement, pris une grande inspiration, puis se retourna vers le corps. Il passa ses doigts

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 66

    Chapitre 66 : La Purge des CendresLa nuit était tombée depuis longtemps, mais Riven refusait de repartir tant que Driven ne serait pas réduit à néant.Ils avaient transporté le corps dans une clairière reculée, loin des regards, là où la magie ancestrale des anciens loups rendait les flammes plus puissantes, plus définitives. Une pierre noire, brisée en son sommet, se dressait au centre du lieu — autel de purification pour les créatures impures.Riven, torse nu, les bras couverts du sang de la bataille, plaça le corps de Driven sur le tas de bois sacré. Il n'avait plus une once de pitié dans les yeux.— Tu as brisé des familles. Tu as volé des vies. Tu as voulu prendre ce qui ne t’appartenait pas. Et tu as tué mon père…Il recula, et fit un geste lent. Le feu jaillit de ses paumes. Ce n’était pas un feu ordinaire. C’était la flamme lunaire, celle transmise de génération en génération aux chefs de meute. Une flamme bleue et blanche, dévorante, irréversible.Le bois s’embrasa en silenc

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 65

    Chapitre 65 : Le Refuge des Cœurs BrisésLe fracas des armes s'était tu, emportant avec lui les cris de guerre et les hurlements sauvages. Le champ de bataille, désormais silencieux, baignait dans une brume de poussière et de sang. Des corps gisaient au sol, vaincus, figés à jamais dans la violence de leur dernier souffle.Riven, agenouillé près du corps inerte de son père, la tête baissée, les bras ballants, ne bougeait plus. Son cœur, meurtri, cognait douloureusement contre sa poitrine. La silhouette imposante de l’homme qui l’avait élevé, guidé, aimé… n’était plus qu’un souvenir en train de se refroidir.— Papa…Une petite voix brisa le silence, tremblante et pressée.— Papa !William courait, les joues encore mouillées de larmes, ses petits bras écartés comme pour se propulser plus vite. Il se jeta contre Riven, qui n’eut que le réflexe de le rattraper malgré ses blessures. Son fils. Son fils vivant. Entier. Dans ses bras.Il le serra avec une force tremblante, l’étreinte d’un hom

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 64

    Chapitre 64 : Le Sang de la Meute /L’Éveil de la Louve L’odeur de métal, d’humidité et de poussière stagnait dans l’air alors que Riven franchissait les derniers mètres qui le séparaient de Driven. Ses bottes claquaient sur le sol de béton brut, chaque pas résonnant comme un compte à rebours macabre. Il faisait sombre, mais il pouvait sentir sa présence… pesante, vicieuse. Il n’eut pas besoin de le chercher : Driven sortit de l’ombre, un sourire malsain aux lèvres, le visage déformé par les cicatrices et la haine.— T’as osé venir, lança Driven, ses yeux sombres brillants de satisfaction. Mais t’es pas seul, n’est-ce pas, frère Alpha ?Riven ne répondit pas. Il s’avança, tendu, les poings serrés, prêt à n’importe quoi.— Je t’ai dit de venir seul. Tu n’écoutes toujours pas. C’est pour ça que tu perds toujours tout, Riven, cracha Driven avec un calme cruel. Mais j’ai prévu. J’ai toujours un plan.Il claqua des doigts. Une lumière blafarde illumina la salle. Derrière une grille de fer

  • L'ALPHA DE MON CŒUR    Chapitre 63

    Chapitre 63 : Ramenez mon fils Riven referma brutalement son téléphone, les poings serrés, le visage fermé par une rage froide. L’air autour de lui vibrait de sa puissance d’Alpha, prête à déborder. Il se tourna vers son père, qui avait entendu assez pour comprendre la gravité de la situation.— Je dois y aller. Maintenant. Seul. Driven ne veut voir que moi.— Il est fou, Riven ! gronda son père. Tu ne peux pas y aller seul. C’est suicidaire.— Si je n’y vais pas seul, il les tuera tous les deux. Tu veux vraiment qu’on parie la vie de mon fils et de ma femme sur ça ?L’Alpha aîné s’approcha, le regard brûlant de détermination.— Alors on fait autrement. Tu iras à sa rencontre, comme il veut. Mais tu ne seras pas seul. Je serai là. Et on prendra un autre guerrier d’élite. Il ne nous verra pas. Il n’en saura rien. Mais si les choses tournent mal, on interviendra.Riven serra la mâchoire, le regard rivé au sol. Il savait que son père avait raison. Il hocha lentement la tête.— D’accord.

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status