LénaLe monde tangue autour de moi.Tout est flou.Tout est brûlant.Je suis là, étendue sous lui, et pourtant, je me sens happée dans un tourbillon incontrôlable.Son corps, froid et solide, s’ancre au mien avec une brutalité qui me fait frissonner.Je sens encore ses crocs sur ma peau.La morsure a été violente, marquant bien plus que ma chair.Elle a marqué mon âme.Je ne devrais pas être aussi lucide après ça.Je devrais être terrifiée.Mais je ne ressens rien d’autre qu’un besoin viscéral de plus.— Léna…Sa voix est un grondement rauque.Ses lèvres effleurent la plaie qu’il vient de me laisser, et un frisson incontrôlable traverse mon échine.Mes doigts agrippent ses épaules, cherchant un point d’ancrage alors que mon corps, trahi par ce lien inconnu qui s’est scellé entre nous, réclame encore et encore.— Tu devrais fuir, murmure-t-il contre ma peau.Mais il ne me relâche pas.Et moi, je ne bouge pas.— C’est toi qui me retiens, je souffle, mes ongles s’enfonçant dans sa nuque.
LénaJe suis vidée.Chaque muscle de mon corps est lourd, engourdi sous la morsure du plaisir et de la douleur.Alexios est toujours là, son corps pressé contre le mien, sa main possessive sur ma hanche, comme s’il refusait de me laisser m’échapper.Comme si je pouvais seulement essayer.Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi, mêlés l’un à l’autre, perdus dans une fièvre insatiable qui ne semble jamais s’éteindre.Je ferme les yeux un instant, mon souffle encore erratique, essayant de reprendre mes esprits.Mais aussitôt, je le sens bouger.Son poids se fait plus insistant, sa bouche effleure ma clavicule, ses doigts descendent lentement sur mon ventre.Un frisson incontrôlable me traverse.— Tu en redemandes déjà ? Sa voix est rauque, moqueuse, mais il y a autre chose, un besoin brut, une faim qui ne s’éteint pas.Je rouvre les yeux et rencontre son regard.Froid.Affamé.Je frémis sous son regard, sous la caresse fantomatique de ses doigts qui effleurent ma peau ma
LénaJe suis à lui.Chaque fibre de mon être le crie, le réclame.Alexios ne me laisse aucun répit. Son corps brûle contre le mien, pourtant il est froid, glacé comme la nuit qui nous entoure. Et moi, je suis en feu. Un brasier qu’il alimente, qu’il consume sans la moindre pitié.Je sens encore sa morsure sur ma gorge, le frisson électrique qui a traversé mon corps quand ses crocs ont percé ma peau. La douleur n’a été qu’un battement de cils, un instant suspendu avant l’extase. Un plaisir qui m’a arraché un cri, un abandon total.Maintenant, il me tient fermement contre lui, son souffle glacé effleurant ma nuque.— Tu trembles.Sa voix est rauque, vibrante, un grondement qui me parcourt comme une caresse.Je m’accroche à ses bras, à sa force qui m’entoure, et je ferme les yeux.— Ce n’est pas de peur.Un rire grave résonne contre ma peau.— Non. Ce n’est jamais de peur avec toi.Il bouge légèrement, et je sens chaque muscle tendu, chaque parcelle de son corps collée au mien, comme s’i
LénaLe silence qui suit le départ de Cassandra est plus pesant que sa présence.Je sens encore son parfum dans l’air, entêtant, étouffant.Alexios n’a pas bougé.Ses épaules sont tendues, son regard rivé sur la porte.Comme s’il s’attendait à ce qu’elle revienne.Comme s’il savait qu’elle n’en avait pas fini.Je serre les draps contre moi.— Elle ne partira pas, n’est-ce pas ?Il ferme les yeux un instant.Quand il parle enfin, sa voix est basse, contenue.— Cassandra ne recule jamais.Un frisson me parcourt.Je le savais.Mais entendre son nom dans sa bouche…Ça me donne l’impression qu’elle a encore plus de pouvoir sur lui.Que malgré tout ce qu’il vient de se passer entre nous, elle fait toujours partie de lui.Je déglutis difficilement.— Elle t’a déjà appartenu, n’est-ce pas ?Cette fois, il tourne lentement la tête vers moi.Ses yeux se posent sur les miens, inévitables.— Elle s’est toujours considérée comme mienne.Il marque une pause.— Mais je ne lui ai jamais appartenu.Se
LénaEby.Ce nom résonne dans l’air comme une menace voilée.Je la fixe, essayant de décrypter son regard.Elle n’a pas l’aura écrasante de Cassandra.Pas cette férocité brute, ce désir de me briser d’un seul regard.Non.Eby est différente.Elle est calme. Imprévisible.Et c’est peut-être pire.Elle me scrute un long moment avant de détourner lentement les yeux vers Alexios.— Tu ne m’invites pas à entrer ?Sa voix est douce, mais il y a quelque chose d’insidieux derrière cette douceur.Un piège.Un avertissement.Alexios reste immobile.Il ne répond pas tout de suite.Puis, d’un ton neutre :— Que fais-tu ici, Eby ?Elle incline légèrement la tête, un sourire mystérieux jouant sur ses lèvres.— Cassandra n’est pas la seule à avoir senti ce qui se passe.Son regard revient sur moi.— Il y a quelque chose de nouveau ici.Je me tends instinctivement.Elle ne parle pas d’un simple changement.Elle parle de moi.De ce lien entre Alexios et moi.De ce qu’il m’a fait.Sa morsure.Son empre
LénaLe sommeil ne vient pas.Les paroles d’Alexios tournent en boucle dans mon esprit.Eby.Cette femme qui l’a trahi, mais qui revient comme un spectre du passé.Pourquoi maintenant ?Pourquoi moi ?Je me tourne dans le lit, cherchant un répit qui ne viendra pas.L’obscurité de la chambre semble oppressante.Alexios est toujours dans la pièce voisine.Je peux sentir sa présence.Sa tension.Il ne dort pas non plus.Il pense à elle.À tout ce qu’elle lui a fait.Je me lève lentement et sors silencieusement de la chambre.Dans le salon, Alexios est assis près de la fenêtre.Il ne se retourne pas quand j’arrive.— Tu devrais dormir.Sa voix est basse. Fatiguée.Je m’avance doucement.— Toi aussi.Il ne répond pas.Ses doigts tapotent le rebord de la fenêtre.— Elle ne partira pas, hein ?Je n’ai pas besoin de dire son nom.Il sait de qui je parle.Il soupire légèrement.— Non.Son regard reste fixé sur l’extérieur.Comme s’il cherchait une ombre invisible dans la nuit.— Cassandra est
LénaIl reste silencieux un instant, comme s’il hésitait à me dire la vérité.Puis, enfin, il lâche :— Oui.Un coup de poignard.Je recule instinctivement.Il le remarque.Son expression se durcit.— Tu veux savoir pourquoi ?Je hoche lentement la tête.Il soupire et passe une main dans ses cheveux.— Son frère. C’était lui que j’ai tué.Un frisson me traverse.— Pourquoi ?Son regard s’embrase.— Parce qu’il m’a trahi.Les battements de mon cœur s’accélèrent.— Explique-moi.Il s’avance et me force à le regarder.— Je faisais confiance à son frère. Je le considérais presque comme un allié. Mais il m’a vendu aux chasseurs. Il m’a piégé.Son ton est glacial.— Je suis resté enchaîné pendant trois semaines, Léna. Trois semaines où ils m’ont torturé, affamé, vidé de mon sang.Un haut-le-cœur me prend.— Et Eby ? Elle savait ?Un rictus amer se dessine sur ses lèvres.— Elle savait.Mon souffle se bloque.— Elle a laissé faire ?— Elle a essayé de se racheter. Trop tard.Je lutte pour di
LénaL’air est chargé d’électricité.Alexios serre toujours le collier brisé entre ses doigts. Son regard n’est plus seulement noir, il est abyssal. Un orage silencieux prêt à exploser.— Qu’est-ce que ça signifie ? demandé-je à voix basse.Il ne répond pas immédiatement. Ses doigts caressent le métal froid comme s’il tenait une relique maudite.— C’était à elle.Mon cœur rate un battement.— Eby ?Il secoue la tête.— Non.Un silence.— Quelqu’un d’autre.Quelqu’un d’important.Quelqu’un qu’il ne veut pas nommer.Je sens mon estomac se nouer.— Qui ?Alexios lève les yeux vers moi.Son regard me transperce, mais il ne parle pas tout de suite.Quand il finit par souffler :— Un fantôme.Je comprends qu’il n’est pas encore prêt à me dire toute la vérité.Et je ne sais pas si je veux vraiment l’entendre.Nous quittons la demeure avant l’aube.L’ombre d’Eby plane sur nous comme une malédiction silencieuse.Alexios ne dit pas où nous allons, mais je le suis sans poser de questions.Les ru
Lorian se redresse lentement. Des débris tombent autour de lui, mais il n’a pas une égratignure.Lorian— Intéressant.Il époussette nonchalamment son manteau, comme si rien ne s’était passé.Puis il me fixe.Lorian— Tu es toujours aussi impulsif.Je serre les dents. Mes muscles tremblent sous l’effort. Son pouvoir m’écrase, m’enveloppe, me traîne vers l’abîme d’où je suis censé venir.Mais je refuse.Je me redresse.Les ténèbres palpitent autour de nous, comme une bête affamée attendant son heure.Léna— Alexio, on doit partir.Sa main attrape mon poignet, essayant de m’attirer vers la sortie.Mais Lorian s’interpose en un battement de cils.Son ombre s’étire, se mêle aux pierres brisées.Lorian— Partir ?Son rire est une lame.Lorian— Tu crois qu’il peut fuir ce qu’il est ?Il tourne son regard vers Léna, et cette fois, il n’y a plus d’amusement.Seulement du jugement.Lorian— Tu n’as pas idée de ce qu’il représente.Léna ne bronche pas.Léna— Je sais qui il est.Un éclat trave
Léna Un frisson glacé parcourt mon échine.Nous avons brisé le cycle.Mais certaines forces ne supportent pas qu’on défie leur volonté.Un rire s’élève, venu de l’ombre. Profond. Ancien.Froid comme la mort.La vraie menace ne faisait que commencer.Un souffle glacé traverse le temple. Le sol vibre sous nous, comme si la terre elle-même retenait son souffle. L’Ancienne reste impassible, mais je devine une lueur d’alerte dans son regard.Puis, une voix s’élève.Un murmure, d’abord indistinct, puis plus clair. Un rire, grave, résonne dans l’immensité de la salle.???— Tu crois avoir brisé tes chaînes, Alexio ?Je me fige. Ce ton… Ce timbre de voix.Il vient de l’ombre même, d’un endroit où la lumière n’a jamais existé.Léna se rapproche instinctivement, sa main serrée autour de mon bras.Léna— Qui… qui est là ?Une silhouette se détache de l’obscurité. Lentement. Sûrement.Son pas est léger, mais chaque mouvement fait trembler les fondations du temple. Il n’est pas simplement là. Il
Alexio— Nous n’avons plus le choix.L’Ancienne incline la tête, puis tend une main vers nous. Une brume sombre s’élève du sol, s’enroule autour de nos corps, et en un instant, le monde bascule.Le Jugement du SangNous ne sommes plus dans le temple. Autour de nous, une mer de ténèbres s’étend à l’infini. Seule une plateforme de pierre nous soutient, suspendue dans le néant.Des ombres surgissent. Des silhouettes déformées, des fragments de souvenirs, des éclats de douleur.Puis, une scène prend forme devant nous.Léna— C’est…Son souffle se coupe. Nous voyons un homme et une femme. Un amour interdit. Un serment brisé.Et une trahison.Les images défilent comme une tempête, trop rapides, trop violentes. L’homme—un vampire—et la femme—humaine—avaient défié les lois de leur monde. Mais leur amour avait été leur perte.Elle avait été sacrifiée. Lui, condamné à l’errance éternelle.Leur malédiction n’avait pas pris fin avec eux. Elle s’était transmise, génération après génération… jusqu’
Le silence après le départ de cette mystérieuse femme est assourdissant. Léna et moi restons figés, son dernier avertissement résonnant encore en nous.Léna— La clé est en nous… Qu’est-ce que ça veut dire ?Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à organiser mes pensées, mais rien ne fait sens.Alexio— Si cette clé est en nous, cela signifie que nous avons déjà une partie de la réponse. Mais nous devons comprendre comment l’utiliser.Léna croise les bras, son regard noir de frustration.Léna— Et comment on fait ça, Alexio ? On fouille dans nos souvenirs ? On cherche une cicatrice mystique sur nos corps ?Son sarcasme est une carapace. Je le sais. Je le ressens.Je m’approche d’elle et attrape doucement son poignet.Alexio— On réfléchit. Toi et moi, nous sommes liés. Depuis le début, nos vies ont été entremêlées. Cette prophétie parle d’amour, de sacrifice… et d’un choix qui n’est pas le nôtre.Léna frissonne sous ma prise, mais elle ne se recule pas.Léna— Tu penses qu’on a
Le silence qui suit les paroles de Damon est plus pesant qu’un millénaire de secrets enfouis. Léna se fige, et je vois l’ombre d’une tension traverser ses traits.AlexioJe fixe Damon, le regard acéré. Il est le messager de l’Ancienne, la plus vieille et la plus puissante de notre espèce. Chaque mot qu’il prononce a le poids d’une sentence.— Explique-toi, je lâche d’un ton tranchant.Damon ne cille pas. Son regard se pose sur moi avec la gravité de celui qui sait déjà l’issue.Damon— L’Ancienne a eu une vision. L’équilibre est en train de se rompre, Alexio. Toi et Léna… vous êtes au centre de cette chute.Je sens Léna se tendre à mes côtés. Je tourne légèrement la tête vers elle. Son souffle est court, ses yeux brûlent d’une lueur incandescente.— Et qu’est-ce que cela signifie ? demande-t-elle d’une voix dure.Damon se rapproche lentement. Il est toujours aussi calme, aussi implacable.Damon— Que l’un de vous devra faire un choix. Un sacrifice.Mon corps se tend malgré moi. Ce mot
AlexioL’odeur du sang est partout.Elle imprègne l’air, s’accroche à notre peau, glisse entre nos lèvres.Mais ce n’est pas ce qui me trouble.C’est Léna.Elle se tient immobile, le corps raide, les yeux rivés sur le vide.Ses doigts, encore souillés du cœur qu’elle vient d’écraser, tremblent imperceptiblement.Je connais ce regard.Je sais ce qui l’envahit.Le pacte.Il gronde en elle, réclame plus.C’est une faim qui ne se contente jamais, qui consume tout sur son passage.Et je sens que ce soir, elle a franchi un seuil.Je m’approche lentement, mes mouvements mesurés.— Léna…Elle ne réagit pas immédiatement.Puis, d’un battement de cils, elle revient à moi.Son regard s’ancre au mien, vacillant entre lucidité et ténèbres.— On doit partir, murmure-t-elle finalement.Elle a raison.Nous sommes trop exposés ici.Mais avant que nous puissions bouger, une autre présence surgit.---LénaUne silhouette se détache de l’ombre.Grande. Élégante.Ses pas sont lents, presque paresseux, com
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un
AlexioL’air à l’intérieur du manoir est épais, chargé de poussière et d’un silence inquiétant. Les murs sont tapissés de vieilles bibliothèques, les meubles recouverts de draps jaunis. Le temps semble s’être figé ici, comme si aucun souffle de vie n’avait traversé ces pièces depuis des siècles.Joran referme la porte derrière nous.Un verrou claque.Léna sursaute légèrement, et son regard se pose sur moi. Elle attend. Mais moi, je scrute l’homme devant nous. Joran n’a pas changé. Toujours cette même posture décontractée, cette même lueur cynique dans les yeux. Pourtant, quelque chose est différent. Une tension sous-jacente.— Tu es plus imprudent que dans mes souvenirs, Alexio.Il se laisse tomber dans un fauteuil de velours élimé et croise les jambes.— Ramener une humaine ici… c’est suicidaire.Léna serre les poings, mais je l’arrête d’un regard.— J’ai besoin de ton aide.Joran ricane.— Je me doutais bien que tu n’étais pas venu pour le plaisir de revoir un vieil ami.— On nous t