LénaSa voix est rauque, chargée d’un poids que je ne comprends pas encore.— Un monstre qui ne peut pas être tué.Le froid s’infiltre dans mes veines.Je devrais être terrifiée.Mais une part de moi, celle qui brûle d’une rage sourde, refuse de plier.— Tout peut être tué.Alexios lève enfin les yeux vers moi.— Pas lui.Son regard est sombre, hanté.— Lucian ne joue pas selon les mêmes règles que nous.Je croise les bras.— Alors il est quoi ?Il hésite, mais je vois son masque se fissurer.— Un Ancien.Le silence tombe, lourd comme un couperet.Je sais ce que ça signifie.Les Anciens ne sont pas seulement des vampires. Ils sont autre chose. Un vestige d’un temps où le sang et la magie s’entremêlaient, où les créatures de la nuit étaient plus proches des dieux que des hommes.— Et toi, Alexios ?Il ne détourne pas les yeux.— Je suis ce qu’il a fait de moi.Un frisson me traverse.— Tu es comme lui ?Il s’approche, son ombre s’étirant jusqu’à moi.— Je suis ce qu’il a voulu que je s
LénaSon expression est grave.Il referme la porte derrière lui, s’avance jusqu’à moi.— Nous devons parler.Je croise les bras.— Enfin décidé à me dire la vérité ?Il ne réagit pas à mon sarcasme.— Lucian ne te lâchera pas.— Je sais.— Non, Léna.Sa main se pose sur mon bras, serrant doucement.— Tu ne sais pas.Je lève le menton, défiant.— Alors dis-moi.Il hésite.Puis, finalement, il lâche :— Il ne veut pas seulement te posséder.Son regard se durcit.— Il veut que tu deviennes comme lui.Un frisson me traverse l’échine.Devenir…Comme lui.— Non.Alexios serre les poings.— Tu n’auras peut-être pas le choix.Je recule d’un pas.— Je refuse.— Alors, il te brisera.Un silence pesant s’installe.Je sens quelque chose d’autre dans sa voix.Une peur qu’il tente de masquer.— Qu’est-ce que tu me caches, Alexios ?Il ferme les yeux un instant.Puis il murmure :— Il m’a fait la même promesse, autrefois.L’air se fige autour de nous.Je le fixe, le cœur battant à tout rompre.— Quo
LénaLe silence du manoir est trompeur.Tout semble figé, immobile, comme si le temps lui-même retenait son souffle.Mais je sais.Lucian est toujours là, quelque part.Je peux encore sentir la brûlure de son regard sur ma peau, comme une marque invisible.Je n’ai pas dormi. Impossible.Mon esprit tourne en boucle.Lucian n’est pas un simple vampire.Cassandra a raison.Il est une entité. Une force.Et il veut mon âme.Je me redresse d’un coup.Il faut que je trouve un moyen de l’arrêter.Si je reste passive, je suis déjà perdue.Je dois comprendre. Je dois savoir.La bibliothèque est plongée dans la pénombre.Cassandra est toujours là, son regard perdu dans les pages d’un vieux grimoire.Elle ne lève même pas les yeux quand je m’approche.— Tu ne dors jamais ?Sa voix est presque moqueuse.— Toi non plus.Je m’assois en face d’elle.— J’ai besoin d’en savoir plus.Elle referme lentement son livre.— Sur Lucian ?— Oui.Elle croise les bras.— Tu ne pourras pas le combattre avec des a
LénaLe silence du manoir n’a jamais été aussi pesant.Cassandra ne me lâche pas du regard.Elle est furieuse.Je le vois à sa mâchoire crispée, à la façon dont ses doigts tremblent légèrement avant qu’elle ne les referme en un poing.— Tu es complètement inconsciente !Sa voix claque, brisant l’atmosphère oppressante qui nous entoure.Je serre les dents.— Je n’avais pas le choix.— Il a joué avec toi.— Je le sais.Elle secoue la tête, exaspérée.— Alors pourquoi tu n’as pas fui ?Je soupire.— Parce que… quelque chose me retient.Cassandra s’approche, son regard perçant.— C’est exactement ce qu’il veut. Te lier. T’attirer dans son monde jusqu’à ce que tu ne puisses plus en sortir.Je détourne les yeux.Elle a raison.Mais c’est déjà trop tard.Je ressens encore la chaleur de sa main sur ma peau.Le frisson glacial de sa présence.Lucian n’est pas simplement un vampire.Il est une force. Une obsession.Et il est en train de m’engloutir.La nuit est longue.Je suis enfermée dans ma
LenaJe déglutis.Je veux lui dire que oui. Lui cracher que je suis encore maître de moi-même, qu’Alexio ne me possède pas, que tout ça n’est qu’une illusion.Mais les illusions ne laissent pas de marques invisibles sur la peau.Je baisse les yeux sur mon poignet.Là où ses doigts m’ont frôlée, la sensation brûle encore.---La journée est une torture.Je sens sa présence partout.Chaque ombre qui s’allonge sur les murs.Chaque courant d’air qui me frôle la nuque.Chaque frisson qui me parcourt sans raison apparente.Je ne peux pas fuir ce qui est en moi.Et lui… lui sait.---La nuit tombe.Je n’ai pas allumé la lumière.Je suis allongée, mais je ne dors pas.Je fixe le plafond, les pensées embrouillées, le corps tendu comme une corde prête à rompre.Et alors que le silence s’épaissit, je le sens.Avant même qu’il ne parle.Avant même que son souffle ne frôle ma peau.Alexio est là.— Tu ne dors pas.Je ferme les yeux.— Je t’attendais.Un silence.Puis un rire, bas, rauque, amusé.—
LénaJe ne devrais pas me réveiller ainsi.Je ne devrais pas sentir sa présence avant même d’ouvrir les yeux, ni deviner la caresse d’un regard invisible effleurant ma peau nue sous les draps.Et pourtant, il est là.Alexio.Assis dans l’ombre, silencieux, immobile.Je le sens.Je le devine.Sa présence est une brûlure qui marque mon être d’une empreinte indélébile.Je prends une inspiration, et la tension m’enlace comme une seconde peau.Tout est différent.Tout a changé.Et il le sait.Je le sais aussi.Mes doigts se crispent sur le tissu du drap, tandis que je me redresse lentement.— Tu es resté.Ma voix est un murmure.Une accusation autant qu’une constatation.Alexio ne répond pas tout de suite.Dans l’obscurité tamisée, son regard luit d’une lueur indéchiffrable.— Je n’aurais pas dû.Ses mots résonnent, lourds de promesses brisées et d’interdits violés.Et pourtant…— Mais tu l’as fait.Un silence.Il ne nie pas.Il ne fuit pas.Il est là, figé dans cette éternité où nous somm
AlexioLa brûlure de ses lèvres hante encore ma peau.Cassandra.Fière.Brisée.Indomptable.Son baiser a été un défi, un ultimatum craché entre ses dents serrées.Mais il est trop tard.Je le sais.Elle aussi.La nuit est lourde.Écrasante.L’air est chargé de promesses qui ne peuvent être tenues, de désirs qui ne peuvent être assouvis.Léna est là, quelque part dans l’ombre, à attendre que je prenne une décision que je ne peux plus retarder.Cassandra se tient devant moi, ses yeux brûlant d’une rage contenue, d’une douleur qu’elle refuse de montrer.— Dis-le.Sa voix claque comme un fouet.Elle exige une vérité qui la détruira.Et moi, je suis incapable de la lui donner.Je pourrais mentir.Je pourrais prétendre qu’elle a encore une place dans mon monde, dans mon cœur.Mais ce serait cruel.Et Cassandra mérite mieux que ça.Alors je ne dis rien.Je laisse le silence parler pour moi.Je la regarde simplement, en espérant qu’elle comprenne ce que je ne peux exprimer.Que tout a changé
LénaLes draps sont froissés autour de nous, empreints de la chaleur de nos corps.Alexio est allongé sur le dos, un bras replié sous sa tête, l’autre étendu vers moi.Je devrais être rassasiée, comblée par cette nuit où il n’a appartenu qu’à moi.Mais au fond, une peur sourde me ronge.Parce que je sais.Je sais que je ne suis qu’un répit dans la tempête de son cœur.Un sursis.Et quand l’illusion se dissipera… que restera-t-il ?Alexio bouge légèrement, ses doigts effleurant ma peau dans un geste absent.Il ne dort jamais profondément.— Tu penses trop.Sa voix, encore voilée par le sommeil, m’arrache un frisson.Je détourne les yeux, le cœur serré.— Et toi, tu ne penses pas assez.Il soupire, se redresse, son regard accrochant le mien.— Je pense à toi.Un éclat amer traverse ma poitrine.— Et à elle aussi.Silence.Il ne nie pas.Bien sûr qu’il ne nie pas.Je ris sans joie, secouée par l’ironie de ma propre situation.— Tu sais ce qui est le pire ? Je souffle, la gorge serrée. Je
Lorian se redresse lentement. Des débris tombent autour de lui, mais il n’a pas une égratignure.Lorian— Intéressant.Il époussette nonchalamment son manteau, comme si rien ne s’était passé.Puis il me fixe.Lorian— Tu es toujours aussi impulsif.Je serre les dents. Mes muscles tremblent sous l’effort. Son pouvoir m’écrase, m’enveloppe, me traîne vers l’abîme d’où je suis censé venir.Mais je refuse.Je me redresse.Les ténèbres palpitent autour de nous, comme une bête affamée attendant son heure.Léna— Alexio, on doit partir.Sa main attrape mon poignet, essayant de m’attirer vers la sortie.Mais Lorian s’interpose en un battement de cils.Son ombre s’étire, se mêle aux pierres brisées.Lorian— Partir ?Son rire est une lame.Lorian— Tu crois qu’il peut fuir ce qu’il est ?Il tourne son regard vers Léna, et cette fois, il n’y a plus d’amusement.Seulement du jugement.Lorian— Tu n’as pas idée de ce qu’il représente.Léna ne bronche pas.Léna— Je sais qui il est.Un éclat trave
Léna Un frisson glacé parcourt mon échine.Nous avons brisé le cycle.Mais certaines forces ne supportent pas qu’on défie leur volonté.Un rire s’élève, venu de l’ombre. Profond. Ancien.Froid comme la mort.La vraie menace ne faisait que commencer.Un souffle glacé traverse le temple. Le sol vibre sous nous, comme si la terre elle-même retenait son souffle. L’Ancienne reste impassible, mais je devine une lueur d’alerte dans son regard.Puis, une voix s’élève.Un murmure, d’abord indistinct, puis plus clair. Un rire, grave, résonne dans l’immensité de la salle.???— Tu crois avoir brisé tes chaînes, Alexio ?Je me fige. Ce ton… Ce timbre de voix.Il vient de l’ombre même, d’un endroit où la lumière n’a jamais existé.Léna se rapproche instinctivement, sa main serrée autour de mon bras.Léna— Qui… qui est là ?Une silhouette se détache de l’obscurité. Lentement. Sûrement.Son pas est léger, mais chaque mouvement fait trembler les fondations du temple. Il n’est pas simplement là. Il
Alexio— Nous n’avons plus le choix.L’Ancienne incline la tête, puis tend une main vers nous. Une brume sombre s’élève du sol, s’enroule autour de nos corps, et en un instant, le monde bascule.Le Jugement du SangNous ne sommes plus dans le temple. Autour de nous, une mer de ténèbres s’étend à l’infini. Seule une plateforme de pierre nous soutient, suspendue dans le néant.Des ombres surgissent. Des silhouettes déformées, des fragments de souvenirs, des éclats de douleur.Puis, une scène prend forme devant nous.Léna— C’est…Son souffle se coupe. Nous voyons un homme et une femme. Un amour interdit. Un serment brisé.Et une trahison.Les images défilent comme une tempête, trop rapides, trop violentes. L’homme—un vampire—et la femme—humaine—avaient défié les lois de leur monde. Mais leur amour avait été leur perte.Elle avait été sacrifiée. Lui, condamné à l’errance éternelle.Leur malédiction n’avait pas pris fin avec eux. Elle s’était transmise, génération après génération… jusqu’
Le silence après le départ de cette mystérieuse femme est assourdissant. Léna et moi restons figés, son dernier avertissement résonnant encore en nous.Léna— La clé est en nous… Qu’est-ce que ça veut dire ?Je passe une main dans mes cheveux, cherchant à organiser mes pensées, mais rien ne fait sens.Alexio— Si cette clé est en nous, cela signifie que nous avons déjà une partie de la réponse. Mais nous devons comprendre comment l’utiliser.Léna croise les bras, son regard noir de frustration.Léna— Et comment on fait ça, Alexio ? On fouille dans nos souvenirs ? On cherche une cicatrice mystique sur nos corps ?Son sarcasme est une carapace. Je le sais. Je le ressens.Je m’approche d’elle et attrape doucement son poignet.Alexio— On réfléchit. Toi et moi, nous sommes liés. Depuis le début, nos vies ont été entremêlées. Cette prophétie parle d’amour, de sacrifice… et d’un choix qui n’est pas le nôtre.Léna frissonne sous ma prise, mais elle ne se recule pas.Léna— Tu penses qu’on a
Le silence qui suit les paroles de Damon est plus pesant qu’un millénaire de secrets enfouis. Léna se fige, et je vois l’ombre d’une tension traverser ses traits.AlexioJe fixe Damon, le regard acéré. Il est le messager de l’Ancienne, la plus vieille et la plus puissante de notre espèce. Chaque mot qu’il prononce a le poids d’une sentence.— Explique-toi, je lâche d’un ton tranchant.Damon ne cille pas. Son regard se pose sur moi avec la gravité de celui qui sait déjà l’issue.Damon— L’Ancienne a eu une vision. L’équilibre est en train de se rompre, Alexio. Toi et Léna… vous êtes au centre de cette chute.Je sens Léna se tendre à mes côtés. Je tourne légèrement la tête vers elle. Son souffle est court, ses yeux brûlent d’une lueur incandescente.— Et qu’est-ce que cela signifie ? demande-t-elle d’une voix dure.Damon se rapproche lentement. Il est toujours aussi calme, aussi implacable.Damon— Que l’un de vous devra faire un choix. Un sacrifice.Mon corps se tend malgré moi. Ce mot
AlexioL’odeur du sang est partout.Elle imprègne l’air, s’accroche à notre peau, glisse entre nos lèvres.Mais ce n’est pas ce qui me trouble.C’est Léna.Elle se tient immobile, le corps raide, les yeux rivés sur le vide.Ses doigts, encore souillés du cœur qu’elle vient d’écraser, tremblent imperceptiblement.Je connais ce regard.Je sais ce qui l’envahit.Le pacte.Il gronde en elle, réclame plus.C’est une faim qui ne se contente jamais, qui consume tout sur son passage.Et je sens que ce soir, elle a franchi un seuil.Je m’approche lentement, mes mouvements mesurés.— Léna…Elle ne réagit pas immédiatement.Puis, d’un battement de cils, elle revient à moi.Son regard s’ancre au mien, vacillant entre lucidité et ténèbres.— On doit partir, murmure-t-elle finalement.Elle a raison.Nous sommes trop exposés ici.Mais avant que nous puissions bouger, une autre présence surgit.---LénaUne silhouette se détache de l’ombre.Grande. Élégante.Ses pas sont lents, presque paresseux, com
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un
AlexioL’air à l’intérieur du manoir est épais, chargé de poussière et d’un silence inquiétant. Les murs sont tapissés de vieilles bibliothèques, les meubles recouverts de draps jaunis. Le temps semble s’être figé ici, comme si aucun souffle de vie n’avait traversé ces pièces depuis des siècles.Joran referme la porte derrière nous.Un verrou claque.Léna sursaute légèrement, et son regard se pose sur moi. Elle attend. Mais moi, je scrute l’homme devant nous. Joran n’a pas changé. Toujours cette même posture décontractée, cette même lueur cynique dans les yeux. Pourtant, quelque chose est différent. Une tension sous-jacente.— Tu es plus imprudent que dans mes souvenirs, Alexio.Il se laisse tomber dans un fauteuil de velours élimé et croise les jambes.— Ramener une humaine ici… c’est suicidaire.Léna serre les poings, mais je l’arrête d’un regard.— J’ai besoin de ton aide.Joran ricane.— Je me doutais bien que tu n’étais pas venu pour le plaisir de revoir un vieil ami.— On nous t