La lumière de la lune. Chapitre 08

Kael tenta de répondre, mais sa voix sortit comme un grognement guttural. Il tendit la main vers ses parents, mais ce ne furent que ses griffes acérées qu’ils virent. Les yeux de Kael se remplissaient de peur et de désespoir, mais ses parents ne voyaient qu’une créature sauvage.

« Reste loin de nous ! » cria son père, poussant Clara en arrière et saisissant un tisonnier en fer de la cheminée.

Kael sentit la panique grandir en lui, nourrissant quelque chose de encore plus féroce. Il fit un pas en arrière, mais heurta la table, renversant une bougie allumée. La flamme toucha les rideaux et, en quelques secondes, le feu se propagea. La chaleur intense et l'odeur de fumée remplissaient l’air.

« Kael, arrête ! » cria sa mère, mais il était trop tard. Il n’avait aucun contrôle sur son propre corps.

Désespéré, Kael tenta d’éteindre les flammes. Mais ses griffes déchirèrent encore plus le tissu en feu. Les parents de Kael tentèrent de fuir, mais le feu se propageait trop rapidement. Kael grogna et hurla, sentant la culpabilité et l'horreur se mêler dans son cœur.

Lorsque Kael réussit enfin à fuir hors de la maison en flammes, il se retourna et vit le toit s’effondrer, emportant avec lui les derniers espoirs de sauver ses parents.

Kael ouvrit les yeux et se leva, tremblant. Ses pattes écrasaient la terre humide près du ruisseau, il était de retour dans le présent. Tout était plus clair, maintenant qu’il s’était transformé en loup. Il fixa de nouveau son reflet, les souvenirs encore frais, brûlant dans son esprit. Kael poussa un long et profond hurlement, un cri chargé de douleur et de remords.

« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’est moi ? » cria-t-il, mais la voix humaine qu’il espérait n’arriva pas.

Kael s’éloigna du ruisseau en titubant, et un grondement bas échappa de sa gorge. Chaque muscle de son corps était tendu. Kael observa la louve qui se tenait devant lui. Ses yeux dorés étaient fixés sur les siens, qui brillaient d’un éclat émeraude doux sous la lumière de l'après-midi.

Kael ne parvint pas à reconnaître cette louve devant lui, mais quelque chose en elle le fit hésiter. Bien qu'il soit en position d'attaque, une étrange force en lui le tirait vers elle. C’était une sensation qu'il ne parvenait pas à expliquer.

La louve fit un pas en avant calmement, ses mouvements étaient gracieux. Elle ne semblait nullement intimidée par la taille ou la présence dominante de Kael. Son pelage était brun-roux, avec des reflets dorés qui rappelaient ceux d'un coucher de soleil.

« Qui es-tu ? » grogna Kael.

« Je ne vais pas t’attaquer, » répondit-elle d’une voix basse mais ferme, résonnant dans son esprit. C'était comme un murmure directement adressé à son cœur. « C’est moi, Alina. »

Kael ne se détendit pas, il garda sa posture de combat, ses crocs partiellement découverts, comme un avertissement silencieux. Comment cette louve pouvait-elle être la femme blonde et élancée qui s’était dirigée vers la forêt ?

Mais il y avait quelque chose en elle... quelque chose qui lui rappelait Alina, bien que Kael ne puisse pas le définir. Son regard croisa le sien, et pendant un instant, le monde autour d’eux disparut.

« Alina ? Tu es aussi... » Kael grogna, sa voix profonde et chargée de méfiance.

Alina l’interrompit. « Une louve ? » Elle s’approcha. « Oui, je suis une louve, tout comme toi ! »

Alina pencha la tête sur le côté, observant Kael avec curiosité.

« La déesse Luna semble nous manipuler tous les deux, Kael, j’ai remarqué que nous sommes liés, » dit-elle calmement. « La déesse nous a unis en tant que compagnons. »

Kael recula légèrement, confus.

« Compagnons ? » répéta-t-il, le mot sonnant étrange sur ses lèvres. Il secoua la tête, essayant d’éloigner le sentiment qui s’agitait dans sa poitrine. « Je ne comprends pas ce que tu dis. »

Alina poussa un petit soupir et resta immobile. Elle pouvait sentir la confusion et la peur de Kael, mais elle pouvait aussi ressentir autre chose : une attraction indéniable émanant de lui. Avant qu’Alina ne puisse dire quoi que ce soit, un mouvement rapide attira son attention.

Des ombres des arbres, Ismara apparut, son regard prédateur fixé sur Alina. Sans avertissement, Ismara se lança contre Alina, ses crocs brillant sous la lumière du soir. Alina se dévia au dernier instant, l'impact des pattes d'Ismara fendant le sol.

« Que fais-tu ici, Alina ? » grogna Ismara, ses yeux enflammés de rage.

« Je ne veux pas me battre avec toi, Ismara, » répondit Alina, ferme mais sereine. « Pourquoi ne cesses-tu pas de t’immiscer dans le destin ? »

« C’est toi qui es l’intruse, Alina, toujours à essayer de prendre ce qui m’appartient ! » Ismara fonça à nouveau vers Alina. « Tu veux toujours tout pour toi ! D'abord la meute, maintenant Kael ! »

Avant qu'Alina ne puisse réagir, Kael fit un pas en avant, son grondement grave fendant l’air comme un tonnerre.

« Assez ! » rugit Kael, sa voix empreinte d’autorité.

Ismara s'immobilisa, surprise et de la peur dans les yeux. Alina et Kael échangèrent un regard tendu avant qu’il ne se place entre les deux, son corps irradiant de puissance.

« Que se passe-t-il ici ? » demanda Kael, froid et menaçant.

Ismara hésita, mais Alina prit la parole, sa voix ferme.

« J’ai senti que tu étais confus et je suis venue voir ce qui se passait, » dit-elle en fixant Kael.

Les mots d'Ismara frappèrent Kael comme un coup. Il cligna des yeux avant de fixer Ismara, qui restait immobile près d'un arbre.

« Et toi, Ismara, pourquoi ne pars-tu pas ? » dit Kael, frustré.

« Depuis que vous deux êtes entrées dans ma vie, tout a été chamboulé. Je suis devenu... un monstre. »

« Monstre ? Tu es né un loup, Kael, » répliqua Ismara, la voix dure.

« Rien ne changera cela. »

Kael grogna, sa posture menaçant. Ismara recula, la présence imposante de Kael semblant dominer la forêt.

Alina jeta un dernier regard à Kael avant de lancer un hurlement déchirant qui résonna dans l'air. Elle demeura là, blessée, et affronta Kael une dernière fois : « Tu es en vie parce que je ne t'ai pas laissé mourir dans cette forêt. »

Alina se retourna brusquement et, sans regarder en arrière, s'élança plus profondément dans la forêt. Les pensées de celle-ci étaient un chaos. Alina ne parvint pas à traiter tout ce qui venait de se passer.

Kael regarda Ismara. Elle était toujours immobile à quelques mètres devant lui, son visage marqué par une expression de douleur et de dégoût.

Kael tourna sur ses talons d'un mouvement brusque, la queue dressée et tendue. Il tourna la tête dans la direction où Alina avait disparu et ferma les yeux un instant. Kael inspira profondément, captant l'odeur familière d'Alina.

Son parfum se mêlait à celui de la terre humide et des feuilles qui bougeaient sous le vent du crépuscule. Il renifla l'air plus intensément et, en quelques secondes, repéra sa piste.

« Alina... » pensa-t-il, avant de plier ses pattes arrière et de s'élancer à travers la forêt.

Kael courut si vite que ses pattes effleurèrent à peine le sol et laissa Ismara derrière lui. Les branches basses des arbres frôlaient le corps de Kael. Mais l'agilité de son loup lui permettait d'esquiver tous les obstacles avec maîtrise. Les ombres de la forêt s'étiraient, engloutissant le chemin à mesure que le soleil se couchait à l'horizon. Le ciel commença à se teinter de tons orange et violets. Les premières étoiles apparurent timidement.

Le cœur de Kael battait plus fort encore. « S'il te plaît, Alina, ne te perds pas de moi, » pensa-t-il, courant toujours plus vite à travers la forêt dense. L'adrénaline circulait dans ses veines, mais une inquiétude grandissait à chaque pas.