La maison était silencieuse. Mais c’était un de ces silences qui ne réconfortent pas — juste pesant, presque suffocant.Dehors, la mer frappait le sable et les rochers de la falaise avec une rage qui reflétait celle tapie dans les cœurs de ceux qui se trouvaient à l’intérieur.Taubet était assis dans le fauteuil en cuir de la bibliothèque, les coudes appuyés sur les genoux, le regard perdu dans le vide.Il n’avait pas dormi. Depuis la nuit de l’affrontement sur la plage, quelque chose en lui ne trouvait pas le repos.L’odeur du sang s’accrochait encore à sa mémoire. Mais ce n’était pas le sang de ses ennemis qui le hantait si violemment.C’était son odeur à elle. Alina. Celle qui le privait de sommeil.Ce n’était pas juste son parfum. Ni seulement sa peur. C’était autre chose. Quelque chose qu’il n’avait senti que cette nuit-là.Il connaissait ce parfum subtil, ce phéromone primitif qui annonçait l’arrivée d’une nouvelle vie.Et ça… changeait tout.Alina était enceinte.Mais cet enfan
Il faisait nuit lorsque Kael décida de sortir. L’air à l’intérieur du manoir était trop dense, suffocant, comme si les murs respiraient avec lui, dans un même souffle suspendu, attendant le moment exact pour s’effondrer.Il ouvrit la porte latérale et marcha vers le jardin, les pieds nus frôlant le sol glacé du couloir en marbre. À chaque pas, le son de ses pas nus résonnait dans les murs.Dehors, la nuit était humide. Le ciel, couvert de nuages épais. La brise caressait sa peau avec douceur, mais apportait l’odeur de la terre mouillée, des feuilles pourries… et de quelque chose d’autre. Quelque chose de métallique. Du fer. Du sang. Ou peut-être n’était-ce que son esprit qui lui jouait des tours.Cet endroit… n’avait jamais eu le goût d’un foyer.Depuis le moment où il avait ouvert les yeux dans cette chambre trop dorée pour être réelle, tout semblait faux. Luxueux, oui. Silencieux, trop silencieux. Une prison sans barreaux.Kael inspira profondément. Ses poumons brûlèrent sous l’effo
Ce soir-là, le dîner fut servi plus tard que d’habitude. Kael apparut vêtu d’un large t-shirt noir et d’un pantalon de survêtement, comme s’il voulait passer inaperçu. Ses cheveux étaient encore humides, et son regard semblait ailleurs.Le souvenir d’Alina résonnait encore quelque part dans son esprit. Comme un parfum ancien. Comme une mélodie oubliée.Ismara était déjà assise à table, affichant un sourire trop doux pour être sincère. Elle se leva et s’approcha de lui, prenant son visage entre ses deux mains.« Tu m’as fait peur aujourd’hui, mon amour… »« Ne m’appelle pas comme ça. » Kael détourna le visage, sa voix était encore rauque, fatiguée.Ismara feignit d’être blessée, mais garda contenance.« Je ne comprends pas pourquoi tu me traites ainsi, chéri… Tu dois manger, tu es faible. Je vais prendre soin de toi », dit-elle en tentant de paraître affectueuse.Elle lui servit une assiette : un émincé léger à la crème, accompagné d’un jus de fruits rouges. L’odeur… étrange.Kael f
L’atmosphère autour de lui devint brûlante. Presque irrespirable.La peau de Kael vibrait, comme si quelque chose tentait de surgir de l’intérieur. Le loup, enfermé trop longtemps, hurlait de rage. « Laisse-moi sortir ! »La voix résonnait dans son esprit, grave, ancestrale, si puissante que le sol semblait trembler sous ses pieds. Mais il ne savait pas si c’était vraiment sa propre voix… ou celle de la créature qui vivait en lui.La transformation éclata comme une explosion.Ses os se déplacèrent dans des craquements secs et sonores, semblables à du bois qui se brise sous la pression. Sa colonne vertébrale se cambra de façon anormale, ses bras s’allongèrent, ses doigts devinrent des griffes noires et acérées. Sa peau se fendit par endroits, laissant place à une fourrure sombre, épaisse et hérissée. Les yeux de Kael brillèrent d’un doré si intense, si rare, que les deux loups-garous présents comprirent, au plus profond d’eux-mêmes, qu’ils faisaient face à un Alpha véritable.L’un d’eu
Kael se rasseyait sur le banc du jardin, ça ne semblait pas réel... c’était comme un rêve. Quelles étaient les chances qu’un homme se retrouve dans un endroit qu’il ne reconnaît pas ? Son corps était en alerte, identifiant tout cela comme une menace, mais son esprit n’arrivait pas à mettre des mots dessus. Le jardinier avait disparu silencieusement, comme s'il avait été englouti par sa propre peur.Le ciel commençait à changer de couleur, teinté de tons dorés et cuivrés. Le crépuscule, baigné d’une beauté mélancolique, comme ces scènes de films où le personnage réalise que tout autour de lui est un mensonge, beau à l'extérieur, pourri à l’intérieur.Kael appuya ses doigts contre ses tempes. Sa tête était en train de lui exploser. Un bourdonnement léger envahissait ses oreilles chaque fois qu’il essayait de trop penser. Essayer de se souvenir, c'était comme tenter d'attraper de la fumée avec les mains. Les souvenirs glissaient, mais de temps en temps... quelque chose restait.Un sourir
Kael sentait son cœur battre de manière désordonnée, comme si son esprit était enveloppé dans une brume lourde et opaque. Il leva les yeux vers l’homme en face de lui, debout sous l’ombre fraîche d’un cerisier dont les branches frémissaient au gré du vent. Les feuilles dansaient au-dessus de sa tête. Le bruissement des rameaux qui se frôlaient avait quelque chose de familier… mais lointain. Comme un souvenir effacé qu’il n’arrivait pas à retrouver.Le jardinier, les yeux baissés et les mains calleuses, continuait son travail en silence, creusant la terre à quelques pas de là. L’odeur de la terre humide se mêlait au parfum sucré et artificiel des fleurs fraîchement plantées, formant un mélange presque écœurant. Kael inspira profondément et ferma les yeux un instant. Sa poitrine était lourde. Tout ici semblait paisible, mais il ne ressentait qu’un profond détachement. L’herbe, le ciel bleu, le vent... tout paraissait appartenir à une autre vie.Il ouvrit la bouche pour demander quelque