EmilyLa villa de Victorio est un temple à la démesure. Des colonnes de marbre noir s’élèvent vers le plafond voûté, surplombant une salle de réception baignée dans une lumière tamisée. Le bruissement des conversations et le tintement des verres forment une mélodie de fond oppressante. La foule est composée de silhouettes élégantes — hommes en costume sombre, femmes en robes de soirée, leurs regards aiguisés par la curiosité et la méfiance.Adrian avance à mes côtés, sa main posée dans le creux de mes reins. Sa présence est une armure, un bouclier qui me protège de l’atmosphère venimeuse qui règne ici. Il est beau, dangereux, une ombre de puissance brute dans son costume noir parfaitement ajusté.— Détends-toi, murmure-t-il à mon oreille.Je me crispe légèrement alors que nous traversons la salle. Les regards se posent sur nous comme des crocs prêts à mordre.— Facile à dire, rétorqué-je à voix basse.Il sourit, son souffle chaud contre ma joue.— N’oublie pas : ce soir, on joue un rô
EmilyJe suis assise dans le salon de la villa, une coupe de vin rouge à la main, essayant de me fondre dans le décor luxueux qui m’entoure. Les conversations en italien et en espagnol fusent autour de moi, mêlées au tintement des verres de cristal et à la musique douce qui s’élève du fond de la pièce. Les membres du cartel de Victorio sont réunis ce soir pour une célébration quelconque — un marché conclu, une victoire sur un rival — mais je ne suis pas là pour fêter quoi que ce soit.Je suis là pour lui.Victorio Valenti.Il est assis à l’autre bout de la pièce, vêtu d’un costume noir impeccable, la cravate desserrée autour de son cou musclé. Il tient un verre de whisky à la main, mais ce n’est pas la boisson qui l’intéresse. Son regard est posé sur moi, lourd, perçant, comme une caresse brûlante à travers la foule. Cela fait une semaine que j’ai intégré son cercle. Une semaine à jouer le rôle de la femme fatale, à me faire passer pour une jeune femme perdue, fragile, en quête d’un a
EmilyJe suis encore dans le salon, les jambes légèrement tremblantes, le souffle court, incapable de détourner le regard de Victorio qui s’éloigne lentement à travers la foule. Il n’a même pas pris la peine de se retourner. Sa démarche est assurée, contrôlée, comme s’il savait qu’il me laissait dans un état de chaos intérieur.J’ai été entraînée, préparée, endurcie pour ce genre de situation. Je sais comment manipuler un homme, comment susciter le désir, comment le contrôler à travers cette tension, cette fausse vulnérabilité que je cultive si bien. Mais avec lui… tout m’échappe.Je prends une grande inspiration, pose une main sur mon ventre noué et me dirige vers le bar. J’ai besoin de me calmer, de retrouver mon masque d’assurance.— Un whisky, murmuré-je au barman. Sec.Le serveur hoche la tête et me sert le verre sans un mot. Je le saisis, les doigts légèrement tremblants. Je le porte à mes lèvres, laissant l’amertume du liquide brûler ma gorge, espérant que cette brûlure puisse
EmilyJe suis adossée contre le mur froid de la villa, le souffle court, le cœur battant à un rythme infernal. La soirée vient de basculer dans une tension électrique. Victorio est parti après un appel urgent, laissant derrière lui une ombre de danger qui s’accroche à l’air. Lorenzo est resté, son regard perçant fixé sur moi comme s’il essayait de lire dans mes pensées.— Tu crois pouvoir le manipuler ? murmure-t-il, sa voix basse et tranchante.Je relève les yeux vers lui, croisant son regard glacial.— De quoi tu parles ?Un sourire carnassier s'étire sur ses lèvres.— Ne fais pas l’innocente, Emily. J’ai vu comment il te regarde. Victorio est peut-être aveuglé par ton joli minois, mais moi, je vois clair dans ton jeu.Je ressens une pointe glacée dans ma colonne vertébrale. Lorenzo est dangereux. Peut-être même plus dangereux que Victorio, parce qu'il n'a pas cette faille qu'est l'attirance. Il ne ressent rien. Il est calculateur, froid, prêt à m'éliminer à la moindre erreur.— Si
EmilyJe coupe l’eau, attrape une serviette et me sèche rapidement. La vapeur danse autour de moi alors que je sors de la salle de bain. Dans la chambre, Victorio est déjà debout, habillé d’un pantalon noir et d’une chemise entrouverte. Il est assis sur le rebord du lit, une cigarette entre ses doigts, le regard perdu dans le vide.Il lève les yeux vers moi lorsque j’entre.— Tu pars déjà ? murmure-t-il.— J’ai besoin de prendre l’air.Un sourire à peine visible étire ses lèvres. Il se lève, s’approche de moi avec cette grâce prédatrice qui le rend si fascinant. Ses doigts effleurent ma joue.— Tu ne peux pas fuir éternellement, Emily.Je soutiens son regard, me forçant à ne pas trembler sous la chaleur de son toucher.— Je ne fuis pas.— Non ? Alors pourquoi est-ce que je sens cette peur dans ton regard ?Sa main glisse le long de ma mâchoire, descendant lentement jusqu’à la courbe de mon cou.— Ce n’est pas de toi que j’ai peur, dis-je dans un souffle.— Vraiment ?Il s'approche dav
VictorioLe silence de la nuit est lourd, étouffant. Assis dans mon bureau faiblement éclairé, un verre de whisky à la main, je fixe la flamme vacillante de la bougie posée sur le bureau. La lumière danse sur le cristal du verre, projetant des reflets ambrés sur le bois sombre. Mon esprit est pourtant ailleurs, centré sur une seule personne : Emily.Elle est une énigme que je n’arrive pas à résoudre. Douce et féroce à la fois. Fragile et pourtant dangereuse. Je devrais me méfier d’elle — je le sais. Mais il est déjà trop tard pour ça.La porte du bureau s'ouvre doucement. Lorenzo entre sans un bruit, son long manteau noir glissant sur le sol de marbre. Il s'avance, le regard dur.— Tu es sûr de ce que tu fais ? demande-t-il d'une voix froide.Je bois une gorgée de whisky avant de répondre.— De quoi parles-tu ?— Emily. Elle fouille, Victorio. Elle pose des questions. À Livia.Je serre les dents, posant le verre avec force sur le bureau.— Qui te l’a dit ?— J’ai mes sources.Il s’app
EmilyLa nuit est tombée depuis longtemps, mais je reste éveillée, allongée dans le grand lit de Victorio. Le drap de soie glisse sur ma peau nue alors que la lumière de la lune traverse les lourds rideaux. Victorio dort à côté de moi, son bras musclé posé sur ma taille. Sa respiration est calme, régulière, mais je sais qu'il ne dort jamais profondément. Un homme comme lui ne peut jamais vraiment baisser sa garde.Je tourne légèrement la tête, observant son visage. Même endormi, il dégage une aura de danger et de contrôle absolu. La mâchoire serrée, les cils sombres qui contrastent avec sa peau légèrement hâlée… Il est parfait, et pourtant, je sens le poids de l’ombre qui l’entoure.Je devrais partir. Maintenant.Mais je n’en suis pas capable.Je l’aime.Le simple fait de le penser me fait peur. L’aimer, c’est accepter de plonger dans sa noirceur. C’est devenir une partie de ce monde brutal.Je glisse lentement hors du lit, prenant soin de ne pas le réveiller. Je récupère sa chemise n
VictorioLe silence dans le manoir est presque anormal. D’habitude, même au cœur de la nuit, j’entends le bruit léger des pas de mes hommes qui veillent dans les couloirs, le frottement des bottes contre le marbre du hall d’entrée, le craquement lointain du bois des fenêtres face au vent nocturne. Mais là, il n’y a rien. Un vide total.Je suis assis dans mon bureau, une cigarette à moitié consumée coincée entre mes doigts. La lumière tamisée éclaire la pièce d’une lueur orangée, projetant des ombres menaçantes sur les murs couverts de livres anciens. Le verre de whisky devant moi est encore plein, une goutte de condensation glissant lentement le long du cristal.Emily dort à l’étage. J’ai veillé jusqu’à ce qu’elle s’endorme, la regardant respirer calmement, ses cheveux éparpillés sur l’oreiller. Elle est magnifique dans son sommeil, si vulnérable, si parfaite. Et c’est bien ça le problème.Elle est devenue ma faiblesse.Lorenzo l’a vu. Il a senti cette brèche dans mon armure et il com
EmilyLe temps est désormais une notion relative. Il n’a plus la même couleur, la même densité. Tout est devenu un jeu d’équilibre entre l’ombre et la lumière, entre les instants suspendus et ceux qui dévalent sur moi avec la violence d’un orage. Le monde de Lorenzo est un monde de contradictions, de failles invisibles, de pièces de théâtre où les acteurs portent des masques de fer.Et moi, je fais partie de ce théâtre. Je suis l’actrice et la spectatrice, mais je n’ai plus de rôle défini. Ce que je suis, ce que je deviens, tout est entre ses mains. Et dans un coin de ma tête, il y a ce murmure, cette voix, qui me demande sans cesse : "Est-ce que tu regrettes ?"Lorenzo m’a prise sous son aile, m’a intégrée dans sa sphère. J’ai abandonné tout ce que je connaissais, tout ce que j’étais, tout ce que j’avais construit. Et maintenant, tout est flou. J’avance, aveugle, dans ce monde de ténèbres, attirée par la promesse d’un pouvoir illimité, par cette force qu’il incarne, par cette intensi
EmilyLe temps semble suspendu, comme un dernier souffle, une ultime inspiration avant l’inévitable. Je suis là, devant lui, avec cet anneau à mon doigt, et je sens tout le poids de ma décision s’écraser sur mes épaules. Chaque mouvement, chaque pensée me renvoie à la même question : ai-je fait le bon choix ? Mais, en moi, tout est clair, d’une clarté glacée. Ce monde, je l’ai choisi. Lui, je l’ai choisi.Lorenzo, avec sa manière implacable de commander et de manipuler, me regarde. Ses yeux sombres brillent d’une intensité difficile à décrire, une profondeur où s’entrelacent désir et domination. Il me prend dans ses bras, doucement cette fois, presque tendrement. Mais ce n’est jamais vraiment doux. Jamais vraiment tendre. Ce n’est que le masque d’un homme qui s’abandonne à la possession.Il m’embrasse. Et tout se joue dans ce baiser, tout se scelle. Ce n’est pas un baiser comme un autre. Ce n’est pas une simple déclaration. C’est un pacte. Un vœu. Une promesse de servitude, de loyauté
EmilyLe silence dans la pièce est lourd, presque tangible, comme une pression qui pèse sur ma poitrine.Lorenzo est à mes côtés, calme, implacable, un homme qui semble toujours avoir tout sous contrôle. Mais aujourd'hui, il y a une différence. Il y a une sorte d'aura différente autour de lui, quelque chose de plus sombre, plus intense. Et cela a un goût amer dans ma bouche, comme si quelque chose se préparait.Je le regarde, et il ne me quitte pas des yeux. Ses lèvres se tendent légèrement en un sourire. Pas un sourire chaleureux. Un sourire qui annonce un changement. Un bouleversement.Je suis là, à ses côtés, prête à tout. Prête à tout pour le suivre, pour comprendre ce qui nous lie, pour accepter ce que je suis devenue dans cet univers où il fait les règles.Il me prend la main d'un geste assuré, puis me conduit au centre de la pièce. Des hommes sont là, des membres de son organisation. Des visages fermés, des regards calculateurs. Chaque personne ici a une place bien définie, une
EmilyIl n'y a pas de retour en arrière.Je l’ai su dès que j’ai prononcé ce mot. « D’accord ». Il a emporté toute ma vie avec lui.Ce simple mot a fait basculer l’équilibre précaire que j'avais tenté de maintenir pendant des mois.Je me revois encore dans ce petit appartement, les photos de famille que j’ai soigneusement rangées dans un tiroir. Je me revois encore en train de lutter contre le poids de la vérité, contre mes propres convictions. Mais maintenant, tout cela semble si lointain, si secondaire.Lorenzo ne m’a pas laissée le temps de réfléchir davantage. Il m’a prise dans ses bras, et tout est devenu flou.Il y a quelque chose d’envoûtant dans la façon dont il me touche, comme s’il savait exactement où me saisir pour me faire oublier tout le reste. Je me sens à la fois vivante et morte, prête à tout et à rien, et tout ce que je croyais savoir de ma propre existence se dissout peu à peu dans la chaleur de son corps contre le mien.Il m’a demandé de tout laisser derrière moi.
LorenzoJe ne l’ai pas quittée du regard depuis qu’elle s’est réveillée. Pas une fois.Je suis là, dans ce lit, observant Emily, cherchant à capter chaque infime mouvement.Ses respirations régulières. Le frémissement de ses lèvres. Les paupières mi-closes, comme si elle tentait encore de se défendre contre la vérité qui s’infiltre peu à peu dans son esprit.Je connais ce regard.Je l’ai vu dans les yeux de tellement de gens.Ce mélange de peur et de désir, comme si le gouffre dans lequel on plonge se rapprochait de plus en plus.Mais elle, elle ne recule pas.Elle ne se cache pas derrière un masque.Elle me regarde.Vraiment.Et ça, c’est le pire.Je n'ai jamais demandé à ce que l’on me voit ainsi.Je n'ai jamais voulu qu’on m’atteigne, qu'on m’interroge, qu’on essaie de comprendre ce que je suis devenu.Et pourtant, la voilà.Emily Reyes.Agent du FBI.Une professionnelle de la douleur et de l’analyse, mais là, dans mon monde, elle est perdue.Elle ne sait pas à quel point elle est
EmilyIl dort. Enfin. Je le regarde, allongé sur le flanc, les traits détendus pour une fois, comme si la violence s’était éloignée, juste un instant. Comme si l’homme qu’il aurait pu être reprenait possession de son corps. Mais ce n’est qu’un leurre. Une illusion fragile. Je suis éveillée. Et je pense. Trop. L’air est lourd. L’obscurité complice. Et dans le silence, les questions remontent, une à une, comme des aiguilles sous la peau. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Je suis Emily Reyes. Agent fédérale. Spécialisée en criminologie comportementale. Formée pour traquer, manipuler, démasquer. Pas pour… aimer. Encore moins un homme comme lui. Et pourtant, je suis là. Nue dans son lit. Désarmée. Troublée par le moindre de ses gestes. Enchaînée à quelque chose que je ne peux ni nommer, ni fuir. Est-ce que je regretterai ? C’est la question qui tourne sans fin. Celle qui m’empêche de respirer. Est-ce que je regretterai d’avoir tout quit
EmilyJe fais semblant de dormir.Depuis qu’il s’est levé.Depuis qu’il a quitté le lit avec cette lenteur maîtrisée, presque rituelle.Depuis qu’il est passé sous la douche, habillé, comme un homme qui veut s’oublier, se dissoudre dans l’eau glacée.Je l’ai entendu respirer. Fumer. Craquer.J’ai senti son malaise bien avant ses pas sur le sol.Je l’ai senti dans la tension de ses gestes, dans le poids qui a quitté le matelas, dans l’absence soudaine de sa chaleur contre mon dos.Le froid a pris sa place. Et son vide pèse plus que son corps.Lorenzo.Cet homme que je n’aurais jamais dû approcher.Et que je n’arrive pas à quitter.Peut-être parce qu’il ne m’a jamais vraiment laissé le choix.Ou peut-être parce que, au fond, j’ai toujours su que j’irais jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte.Il y a sur sa peau quelque chose de trop dur pour être touché. Et pourtant je l’ai touché.Il y a dans ses silences une violence sourde. Et pourtant j’y suis entrée.Je ne devrais pas être ici.Je le s
LorenzoJe n’aurais pas dû rester.Pas cette nuit.Pas après ce que j’ai fait.Pas après ce que j’ai vu dans ses yeux.Mais je suis là.Allongé à côté d’elle, dans ce lit qui pue la sueur, le sexe et la peur.Et je la regarde dormir.Elle, la fille que j’aurais dû fuir dès qu’elle a franchi ma porte.Emily.Avec ses silences qui blessent plus que des cris. Avec ses yeux qui fouillent, qui cherchent, qui osent.Elle ne sait pas ce que je suis.Pas vraiment.Pas encore.Et pourtant, elle est là.À moitié nue, marquée par mes mains, par ma bouche, par ma foutue colère.Par cette chose en moi que je ne contrôle plus.Je pourrais la tuer.Là. Maintenant.Ce serait plus simple.Couper court à cette faille que je sens s’ouvrir sous mes pieds.Mais je ne bouge pas.Je l’écoute respirer.Je me surprends à suivre le rythme de son souffle, comme un homme accroché au bord d’un gouffre qui compte les secondes avant la chute.Je n’ai jamais eu de faiblesse.Pas depuis que j’ai quitté l’enfance à co
EmilyJe n’ai pas dormi. Pas fermé l’œil.Même quand mes paupières se fermaient de fatigue, les images me griffaient de l’intérieur. Le bruit du moteur s’est tu depuis longtemps, mais dans ma tête, tout continue de tourner. Les cris. Le sang. L’odeur du cuir mouillé. Le froid métallique du couteau dans mes mains.Et ce regard.Celui de Lorenzo, quand il m’a dit que je n’étais plus innocente.Il avait raison.Je ne le suis plus.Pas depuis que j’ai regardé un homme supplier. Pas depuis que je n’ai pas détourné les yeux quand le sang a jailli. Pas depuis que j’ai senti cette étrange exaltation me monter dans la gorge, me glisser entre les jambes.Je suis restée là, dans la chambre du motel. Trempée, grelottante, brûlante. Une fièvre malsaine. Une chaleur tordue qui n’a rien à voir avec le confort.Je pensais que je serais écœurée. Que j’aurais envie de vomir, de courir sous une douche froide, de hurler à la lune que je ne suis pas comme lui.Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti.Ce qu