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Chapitre 2 — Faim

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-07-17 22:13:08

Kayden

Je ne sais même pas pourquoi je suis sorti de la voiture.

Je pouvais envoyer quelqu’un à ma place, comme d’habitude. Rester planqué, invisible, dans ma bulle de cuir et de silence. Mais ce soir, j’ai eu besoin de marcher. Besoin de sentir le bitume sous mes pieds, la pluie sur mon dos, la crasse de la vraie vie sur ma peau.

Ma vie est un putain de cirque.

Sponsorisé , chronométré , découpé en conférences, en entraînements, en apparitions.

Et j’étouffe.

J’ai cogné un gars ce soir : un coéquipier parce qu’il m’a regardé comme si j’étais un produit périmé. Comme si j’étais bon qu’à courir en ligne droite et à sauter dans les bras de la foule.

Je ne suis pas qu’un corps.

Et pourtant, c’est tout ce qu’on attend de moi.

Alors ouais. J’ai marché, trempé jusqu’à l’os. J’ai tourné, sans but, jusqu’à ce boui-boui ouvert tard. Et j’y suis entré.

Et là, elle ! Putain ! Elle est si petite ! si fatiguée ! Mais avec une langue bien lacérée . Elle ne recule pas. Ne baisse pas les yeux.

Son visage est tendu, ses joues creusées, sa bouche sèche. Mais dans ses yeux, il y a une flamme qui ne brille pas pour séduire. Non ! Elle a cette flamme qui brûle pour survivre.

Elle me regarde comme si je n’étais rien , à ses yeux je suis un client comme les autres . Et ça me retourne.

Moi, Kayden Wolfe, quarterback star, visage de Nike, invité chez Jimmy Fallon, surnommé "le Dieu du Gridiron"… ignoré par une serveuse de nuit aux mains rouges de détergent . Et tu sais quoi ?

Ça m'excite.

Son insolence , sa sécheresse , sa voix coupante.

Elle n'est pas là pour me plaire. Elle veut juste faire sa putain de journée et rentrer chez elle. Mais elle ne peut pas s’empêcher de répondre , de me provoquer et de me défier.

Elle est là, derrière son comptoir minable, et c’est elle qui tient le match , pas moi.

Je commande, et elle me balance une remarque cinglante comme une gifle.

Je devrais hausser les épaules, partir. Je suis pas du genre à me battre pour de la bouffe.

Mais je reste.

Parce que j’ai faim , pas de burger.

De sa voix , de sa résistance . De ses hanches qui dépassent légèrement du jeans trop grand.

De ses yeux cernés, insolents.

Elle tend la main. Je lui donne le billet. Je sens qu’elle le remarque : mes doigts, ma manière de la dominer sans un mot.

Mais elle ne flanche pas.

Elle a le feu dans les yeux, cette petite. Et ce feu-là, il me crame la peau. Il me brûle les reins.

Je reste debout. Je l’observe. Je bois chacun de ses gestes.

Sa nuque fine.

Ses fesses qui bougent sous ce pantalon trop usé.

Ses bras tendus sur le grill, ses mains fines, précises.

Elle bosse avec rage , avec une tension animale dans tout le corps.

Je bande , merde , c'est la première fois que ce genre de chose m'arrive . Qu'est-ce qui m'arrive ? 

Je ne suis pas un pervers qui bande dès qu'il voit une belle femme . Et puis elle n'est pas aussi belle que mes conquêtes habituelles .

Même si elle l’est . Elle m'intéresse de plus en car elle est la seule 

 me'a résisté depuis ma naissance .

Parce qu’elle ne cherche pas à plaire.

Elle sent que je la regarde , elle frissonne . Mais elle ne s’écarte pas.

Elle me laisse la dévorer du regard. Et bordel, je suis un loup affamé.

Quand elle se retourne, je suis déjà accoudé au comptoir , plus proche. Trop proche.

Elle doit lever les yeux pour me parler. Et ce déséquilibre-là… je le ressens jusque dans mes os.

Je balance mon nom. Elle s’en fout.

Et là… je la veux encore plus.

Elle m’insulte presque. Elle se fout de moi ! Et je ris.

Parce que ce n’est pas un jeu. C’est un putain de choc électrique entre nous deux.

Elle me donne le sac. Nos doigts ne se touchent pas. Mais je sens son corps vibrer.

Elle le sent aussi. Elle est raide. Les joues rouges. Le ventre contracté.

Je ne peux pas m’en empêcher. Mes yeux glissent.

Sa bouche.

Son cou.

Sa poitrine devinée sous le tablier.

Puis son ventre, ses hanches.

Fine, fragile, tendue.

Mais désirable comme l’enfer.

Je croque dans mon burger juste pour ne pas l’embrasser.

Juste pour ne pas sauter le comptoir et goûter sa peau.

Je mâche, lentement.

Elle me répond encore. Une pique. Et ça me fait sourire.

Elle croit qu’elle gagne. Elle croit que je vais partir et l’oublier.

Mais elle ne comprend pas.

J’ai été nourri aux cris de stade.

Aux milliers de regards.

Aux jambes qui s’écartent pour mon nom.

Et pourtant, c’est elle que je vais vouloir.

Elle qui va m’obséder.

Quand je sors, je sens son regard sur moi.

Et je sais qu’elle pense à moi.

Moi, je pense déjà à demain.

Je reviendrai.

Parce que j’ai faim.

Et elle est le seul plat qui me fait trembler.

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