LOGINKayden
Je ne sais même pas pourquoi je suis sorti de la voiture.
Je pouvais envoyer quelqu’un à ma place, comme d’habitude. Rester planqué, invisible, dans ma bulle de cuir et de silence. Mais ce soir, j’ai eu besoin de marcher. Besoin de sentir le bitume sous mes pieds, la pluie sur mon dos, la crasse de la vraie vie sur ma peau.
Ma vie est un putain de cirque.
Sponsorisé , chronométré , découpé en conférences, en entraînements, en apparitions.
Et j’étouffe.
J’ai cogné un gars ce soir : un coéquipier parce qu’il m’a regardé comme si j’étais un produit périmé. Comme si j’étais bon qu’à courir en ligne droite et à sauter dans les bras de la foule.
Je ne suis pas qu’un corps.
Et pourtant, c’est tout ce qu’on attend de moi.
Alors ouais. J’ai marché, trempé jusqu’à l’os. J’ai tourné, sans but, jusqu’à ce boui-boui ouvert tard. Et j’y suis entré.
Et là, elle ! Putain ! Elle est si petite ! si fatiguée ! Mais avec une langue bien lacérée . Elle ne recule pas. Ne baisse pas les yeux.
Son visage est tendu, ses joues creusées, sa bouche sèche. Mais dans ses yeux, il y a une flamme qui ne brille pas pour séduire. Non ! Elle a cette flamme qui brûle pour survivre.
Elle me regarde comme si je n’étais rien , à ses yeux je suis un client comme les autres . Et ça me retourne.
Moi, Kayden Wolfe, quarterback star, visage de Nike, invité chez Jimmy Fallon, surnommé "le Dieu du Gridiron"… ignoré par une serveuse de nuit aux mains rouges de détergent . Et tu sais quoi ?
Ça m'excite.
Son insolence , sa sécheresse , sa voix coupante.
Elle n'est pas là pour me plaire. Elle veut juste faire sa putain de journée et rentrer chez elle. Mais elle ne peut pas s’empêcher de répondre , de me provoquer et de me défier.
Elle est là, derrière son comptoir minable, et c’est elle qui tient le match , pas moi.
Je commande, et elle me balance une remarque cinglante comme une gifle.
Je devrais hausser les épaules, partir. Je suis pas du genre à me battre pour de la bouffe.
Mais je reste.
Parce que j’ai faim , pas de burger.
De sa voix , de sa résistance . De ses hanches qui dépassent légèrement du jeans trop grand.
De ses yeux cernés, insolents.
Elle tend la main. Je lui donne le billet. Je sens qu’elle le remarque : mes doigts, ma manière de la dominer sans un mot.
Mais elle ne flanche pas.
Elle a le feu dans les yeux, cette petite. Et ce feu-là, il me crame la peau. Il me brûle les reins.
Je reste debout. Je l’observe. Je bois chacun de ses gestes.
Sa nuque fine.
Ses fesses qui bougent sous ce pantalon trop usé.
Ses bras tendus sur le grill, ses mains fines, précises.
Elle bosse avec rage , avec une tension animale dans tout le corps.
Je bande , merde , c'est la première fois que ce genre de chose m'arrive . Qu'est-ce qui m'arrive ?
Je ne suis pas un pervers qui bande dès qu'il voit une belle femme . Et puis elle n'est pas aussi belle que mes conquêtes habituelles .
Même si elle l’est . Elle m'intéresse de plus en car elle est la seule
me'a résisté depuis ma naissance .
Parce qu’elle ne cherche pas à plaire.
Elle sent que je la regarde , elle frissonne . Mais elle ne s’écarte pas.
Elle me laisse la dévorer du regard. Et bordel, je suis un loup affamé.
Quand elle se retourne, je suis déjà accoudé au comptoir , plus proche. Trop proche.
Elle doit lever les yeux pour me parler. Et ce déséquilibre-là… je le ressens jusque dans mes os.
Je balance mon nom. Elle s’en fout.
Et là… je la veux encore plus.
Elle m’insulte presque. Elle se fout de moi ! Et je ris.
Parce que ce n’est pas un jeu. C’est un putain de choc électrique entre nous deux.
Elle me donne le sac. Nos doigts ne se touchent pas. Mais je sens son corps vibrer.
Elle le sent aussi. Elle est raide. Les joues rouges. Le ventre contracté.
Je ne peux pas m’en empêcher. Mes yeux glissent.
Sa bouche.
Son cou.
Sa poitrine devinée sous le tablier.
Puis son ventre, ses hanches.
Fine, fragile, tendue.
Mais désirable comme l’enfer.
Je croque dans mon burger juste pour ne pas l’embrasser.
Juste pour ne pas sauter le comptoir et goûter sa peau.
Je mâche, lentement.
Elle me répond encore. Une pique. Et ça me fait sourire.
Elle croit qu’elle gagne. Elle croit que je vais partir et l’oublier.
Mais elle ne comprend pas.
J’ai été nourri aux cris de stade.
Aux milliers de regards.
Aux jambes qui s’écartent pour mon nom.
Et pourtant, c’est elle que je vais vouloir.
Elle qui va m’obséder.
Quand je sors, je sens son regard sur moi.
Et je sais qu’elle pense à moi.
Moi, je pense déjà à demain.
Je reviendrai.
Parce que j’ai faim.
Et elle est le seul plat qui me fait trembler.
KAYDENLe soleil frappe les vitres de notre appartement, dessinant des ombres douces sur le parquet. La ville est réveillée, mais ici, à l’intérieur, le temps semble respirer. La guerre est terminée. Samantha est derrière les barreaux. La menace s’éteint comme une bougie consumée.Je regarde Léa. Ses traits sont apaisés, encore marqués par les semaines de tension, mais la peur qui l’habitait s’estompe peu à peu. Ses doigts glissent dans les miens, chauds, vivants.— On a tenu, murmurai-je. Ensemble.Elle sourit, un peu fragile, mais sincère. La reconstruction sera longue, mais le plus dur est derrière nous.LÉAJe respire profondément. Autour de moi, chaque détail me paraît plus lumineux : la chaleur du soleil, le parfum du café sur la table, la voix douce de Kayden. Le chaos médiatique, les manipulations de Samantha, les nuits blanches… tout cela s’efface comme un cauchemar dont on retrouve enfin le matin paisible.Mais il y a une présence qui rend ce moment encore plus précieux : Li
KAYDENLes pièces sont en place. Chaque document, chaque transaction, chaque témoignage , tout converge vers un constat simple : Samantha a menti sur toute la ligne. Pas de place pour l’ombre, pas de place pour le doute.— Nils, dis-je, regarde ça. Chaque paiement, chaque compte. Les flux se recoupent. Preuve irréfutable.Nils, mon bras droit, parcourt les fichiers sur l’écran. Ses yeux s’écarquillent, puis se durcissent.— C’est parfait, murmure-t-il. Elle n’a laissé aucune sortie.Je sens Léa derrière moi, serrant ma veste. Elle respire encore vite, mais je perçois enfin un soulagement qui s’immisce dans sa peur.— On publie tout, j’ordonne. Pas de demi-mesure. La vérité doit frapper, mais proprement. Chaque image, chaque relevé, chaque mail, tout doit être présenté sans faille.Le monde extérieur attend, mais nous avons l’avantage. Chaque mouvement de Samantha a été anticipé, chaque mensonge identifié, chaque boucle fermée.LÉAJe regarde les fichiers, les preuves. Mon corps est en
KAYDENL’écran éclaire ma joue comme une lame. Les titres veulent tuer. Pas de panique. Un plan. Samantha a allumé la mèche ; j’éteins en déclenchant une explosion contrôlée.Je déverrouille. Appel à Marc. Ligne sécurisée.— Trouve la faille, dis-je. Prépare une narration qui les étouffe. On n’énonce pas ; on démontre.À l’autre bout, le souffle de Marc s’accélère.— Compris. J’active la cellule. Donne-moi dix minutes.Les clics de clavier claquent dans mon oreille. La mécanique s’amorce.Une notification : piste bancaire confirmée , transaction récurrente vers compte écran.Je souris, dur. Samantha a laissé une trace.Un froissement derrière moi. Léa s’approche, fragile comme une aile mouillée. Sa main tremble dans la mienne.— Kayden…, souffle-t-elle.Je serre sa main mais mes yeux restent rivés à l’écran. La stratégie prime. Toujours.LÉATout se liquéfie. Le sol m’avale. Mon corps réagit sans moi : mains moites, gorge serrée, jambes de coton. Je tombe sur le fauteuil, étranglée pa
LÉALe silence s’installe enfin. Un silence étrange, dense, presque lourd, qui me donne l’impression d’avoir traversé une tempête pour déboucher dans un espace où l’air est encore saturé d’électricité. Les écrans, tous éteints, laissent flotter un parfum de fin de guerre — mais ce n’est qu’une impression. Les murs eux-mêmes paraissent plus pâles, comme s’ils avaient absorbé la lumière des projecteurs.Je m’allonge doucement sur le canapé, mes jambes ramenées contre moi, et pose ma tête sur les genoux de Kayden. Il n’hésite pas, il m’accueille, sa main glisse dans mes cheveux comme si ce geste avait été répété mille fois. Ses doigts se meuvent avec une lenteur calculée, presque hypnotique, comme s’il cherchait à réparer, à lisser chacune des fractures qui sillonnent mon esprit.Ses caresses me bercent. Dans ce contact, il y a une normalité trompeuse, fragile. Comme si nous étions ailleurs. Pas les visages harcelés par les caméras, pas les cibles de hashtags vénéneux. Juste deux êtres d
LÉALa nuit tombe, mais mes nerfs refusent le repos. La pièce est silencieuse, si ce n’est les bourdonnements lointains de la ville qui filtre par les vitres. Les écrans se sont éteints un à un, laissant sur les murs des reflets froids, comme des braises qui meurent sans vraiment disparaître. Ce n’est pas la paix. C’est une accalmie qui ressemble trop à une attente.Mes tempes battent encore, douloureusement, au rythme des flashs et des cris qui m’ont poursuivie toute la journée. Chaque question hurlée par les journalistes résonne encore dans ma tête, comme si la salle entière n’avait pas quitté mes oreilles. Je sens les muscles de ma nuque tendus à l’extrême, comme si je portais encore sur mes épaules le poids de tous ces regards accusateurs.Kayden marche de long en large, silhouette sombre, téléphone à la main. Sa voix grave roule comme un orage étouffé quand il parle à ses conseillers à voix basse. Même quand je ne comprends pas ses mots, j’entends la tension dans chacun d’eux. Il
KAYDENLe soleil décline, mais l’ombre de la tempête médiatique persiste. Chaque flux d’information est un fil tendu, chaque notification un rappel que la bataille n’est pas terminée. Les chaînes analysent, décortiquent, confrontent. Mais cette fois, nous avons l’avantage.— Préparez la mise à jour, murmure mon conseiller. Les journalistes demandent des précisions.Je dicte chaque mot avec précision chirurgicale, anticipant les angles, neutralisant les interprétations biaisées. Mon téléphone vibre sans cesse, mais je ne décroche pas. Ma concentration est totale : protéger Léa, affirmer la vérité, écraser la manipulation.Je remarque Léa derrière le rideau, ses yeux fixant l’écran comme si sa vie en dépendait. Sa main se glisse dans la mienne, et je sens sa tension, sa peur. Mon pouce effleure ses doigts, un geste minuscule, mais chargé de promesse : tu n’es pas seule.— Bientôt, murmuré-je, tout sera clair. La vérité a toujours le dernier mot.Je parcours les flux d’images en direct.







