Sasha
Quelque chose en lui m’attire. Pas seulement son aura, pas seulement le frisson du danger qu’il incarne. C’est plus profond. Plus ancien. Un écho que je ne comprends pas, mais que je ne peux pas ignorer.
— Tu as une envie suicidaire, vampire ? je demande d’un ton calme, mais chargé d’avertissement.
Il rit, un son grave et suave qui glisse sur ma peau comme une promesse interdite.
— Si c’était le cas, je ne gâcherais pas ma dernière nuit avec une jolie petite louve comme toi.
Salaud arrogant.
— Alors pourquoi es-tu là ? je réplique, les yeux plissés.
Il ne répond pas tout de suite. Il se redresse lentement, quittant son mur avec une fluidité surnaturelle, chacun de ses mouvements mesurés, gracieux. Il s’approche juste assez pour que je puisse voir la lueur presque hypnotique de ses yeux.
— Peut-être que j’étais curieux, dit-il enfin. Ou peut-être que j’aime observer les louves qui ne semblent pas à l’aise dans leur propre peau.
Ses mots frappent juste. Trop juste. Mon expression reste impassible, mais intérieurement, je maudis sa perspicacité.
— Tu ne sais rien de moi.
— Oh, mais si, murmure-t-il, un sourire énigmatique effleurant ses lèvres. Je sais que tu hais cette bague qu’ils veulent mettre à ton doigt. Je sais que tu méprises la laisse qu’ils ont passée autour de ton cou. Et je sais qu’en ce moment même, tu préfères parler à un vampire plutôt que de retourner dans ton cher petit monde.
Je me raidis.
Comment peut-il savoir ?
Il observe ma réaction avec un plaisir évident, son regard glacé se faisant brûlant.
— Tu peux leur mentir, Sasha. Mais tu ne peux pas me mentir. Je le sens sur toi—cette impatience, ce feu sous ta peau. Ce besoin de plus.
Putain.
Je serre les poings, mes ongles s’enfonçant dans mes paumes pour réfréner la fureur qui gronde en moi.
— Et toi, vampire ? je souffle, ma voix réduite à un murmure dangereux. Qu’est-ce que tu veux de moi ?
Il s’approche juste assez pour que je capte son odeur. Un parfum déroutant—intense, épicé, quelque chose de riche et d’interdit. Comme du vin rouge vieilli et des secrets murmurés au creux de la nuit.
— Je n’en sais rien, avoue-t-il doucement. Mais je compte bien le découvrir.
Son regard s’ancre au mien, un échange silencieux, une tension qui crépite dans l’air.
Et pour la première fois de ma vie…
Je ne sais pas si j’ai envie de me battre.
Ou de me perdre.
Le silence entre nous est aussi lourd qu’une lame posée contre ma gorge.
Mes muscles restent tendus, prêts à frapper ou à fuir. Mon loup et mon instinct me crient de reculer, de ne pas me laisser piéger par ce regard glacial, par cette présence qui dégage quelque chose de profondément dangereux. Pourtant, une autre partie de moi, plus obscure, plus rebelle, veut s’approcher.
— Tu comptes me fixer toute la nuit, vampire ?
Il sourit, lentement, comme s’il appréciait chaque seconde de mon inconfort.
— Peut-être.
Sa voix est douce, presque caressante, mais je n’y décèle aucune tendresse. Plutôt un amusement cruel, une patience millénaire que les vampires possèdent et que je ne comprendrai jamais.
Je devrais partir. Tourner les talons et rentrer avant que mon père n’apprenne que je traîne seule dans les quartiers les plus sordides de la ville. Mais je n’en ai pas envie. Pas encore.
Au lieu de ça, je croise les bras et l’observe avec attention. Maintenant que la pénombre ne masque plus totalement ses traits, je peux voir à quel point il est... parfait.
Ses cheveux noirs sont coupés courts sur les côtés, mais légèrement plus longs sur le dessus, désordonnés comme s’il venait de passer une main dedans. Sa peau est d’une pâleur irréelle, comme la surface d’une pierre polie. Mais c’est son regard qui m’hypnotise le plus—deux prunelles argentées, perçantes, presque surnaturelles.
Il est le genre de beauté qui tue.
— Comment tu t’appelles ? je finis par demander.
Son sourire s’élargit légèrement.
— Adrian.
Le nom roule sur sa langue comme une promesse interdite.
— Et toi, petite louve ?
Je serre les mâchoires. Je déteste ce surnom. Ce diminutif condescendant. Comme si j’étais fragile, comme si j’étais insignifiante.
— Sasha.
— Sasha Morvan, corrige-t-il doucement.
Je me fige.
Il sait qui je suis.
Bien sûr qu’il sait. Mon nom est connu dans ce monde. Je suis la fille de Mikhail Morvan, l’Alpha du clan le plus puissant de cette ville.
Ce n’est pas un hasard s’il est ici.
— Tu savais qui j’étais depuis le début, je souffle.
Adrian ne nie pas. Il se contente de hausser un sourcil, comme si tout cela était une évidence.
— Tu es une héritière de sang, Sasha. Ton destin est tracé depuis ta naissance. Il fait un pas vers moi, et cette fois, mon loup gronde, mécontent. Mais j’ai l’impression que tu n’aimes pas ce qui est écrit pour toi.
Je recule instinctivement, refusant de lui laisser voir qu’il a touché juste.
— Ce qui me regarde ne te concerne pas.
— Oh, mais si, murmure-t-il en penchant légèrement la tête. Parce que nos destins sont plus liés que tu ne le crois.
Une tension électrique se déploie entre nous, dangereuse et brûlante.
Puis, un bruit sourd retentit derrière moi.
Je pivote brusquement, mes sens en alerte. Des pas résonnent sur le bitume humide, lourds, méthodiques. L’odeur me parvient avant même que je ne voie son visage.
Un loup.
Mais pas un des miens.
Mon cœur rate un battement.
Quand la silhouette émerge de l’ombre, je comprends immédiatement que je suis dans la merde.
— Dante, je souffle.
Ses yeux sombres se posent sur moi, puis sur Adrian, et un rictus déforme son expression normalement impassible.
AdrianJe serre, et un craquement sinistre résonne avant que son corps ne s’effondre.Autour de moi, la bataille explose. Des crocs s’entrechoquent, des armes fendent l’air, le sol se gorge du sang des traîtres.Sasha est une furie. Elle se bat avec une précision mortelle, ses mouvements rapides et calculés. Chaque coup de griffe, chaque morsure est un avertissement : personne ne touche à ce qui est à nous.Dante combat à ses côtés, sa lame traçant des arcs mortels dans l’air.Mais ils sont nombreux. Plus que prévu.Un vampire me saute dessus, une dague luisante entre les mains. Je l’attrape au vol et le projette au sol avant d’écraser son torse d’un coup de pied.— On les a sous-estimés ! hurle Sasha en repoussant un ennemi.Un sifflement aigu fend l’air. Une flèche.Je me retourne juste à temps pour voir une dague filer droit vers Sasha.— NON !Je me précipite, mais trop tard.Le métal s’enfonce dans son épaule avec un bruit sourd.SashaLa douleur est brûlante, mais je n’ai pas le
SashaLe vent glacial s’engouffre dans la villa, soulevant les rideaux comme des spectres en mouvement. L’aube n’a pas encore percé entièrement l’horizon, et pourtant, je sens l’électricité dans l’air. L’odeur du sang est encore fraîche, poisseuse, collée aux murs invisibles de notre territoire.Adrian et moi échangeons un regard. Ce n’est pas une simple attaque. C’est un avertissement.Je m’agenouille devant le loup blessé, posant une main sur son épaule. Son corps tremble sous l’effort de rester conscient, mais ses yeux brûlent de détermination.— Parle. Qui sont-ils ?Il déglutit, un filet de sang coulant de la commissure de ses lèvres.— D’anciens alliés… Ils disent que le pacte entre loups et vampires est une trahison. Qu’aucun d’entre nous ne devrait plier le genou devant l’autre.Je serre les dents. Cette guerre était censée être terminée. Mais il y a toujours ceux qui refusent d’accepter un nouvel ordre. Ceux qui préfèrent vivre dans le chaos plutôt que d’admettre que nous avo
SashaLe silence de la chambre est à peine troublé par les crépitements du feu qui danse dans l’âtre. Mon corps est encore fiévreux, engourdi par les vagues de plaisir qu’Adrian a déchaînées sur moi. Je suis allongée sur le ventre, ma joue pressée contre l’oreiller, et je sens encore la brûlure douce de ses lèvres sur ma peau.Adrian est assis juste à côté de moi, son regard intense rivé sur moi comme un prédateur veillant sur sa proie. Ses doigts effleurent mon dos, retraçant le chemin invisible de notre union.— Tu es magnifique comme ça.Sa voix est rauque, vibrante, et je ressens le frisson qu’elle provoque jusque dans mon ventre.— Comme quoi ? demandé-je dans un souffle.Il sourit, et je le vois se pencher lentement, son souffle chaud caressant ma nuque.— Abandonnée. Marquée. Mienne.Ses lèvres effleurent ma colonne vertébrale et un soupir m’échappe. Il me provoque, joue avec moi, teste mes limites comme il aime tant le faire. Et je le laisse faire. Pour l’instant.Je me retour
Sasha La lumière dorée glisse sur le lit, illuminant les draps froissés et les traces invisibles de notre passion.Allongée sur le ventre, je sens la caresse du bout des doigts d’Adrian effleurer ma colonne vertébrale, suivant le tracé de ma peau nue avec une lenteur exquise. Chaque frisson qu’il provoque en moi lui arrache un sourire satisfait.— Tu es magnifique comme ça.Sa voix grave vibre contre mon oreille alors qu’il se penche sur moi, ses lèvres effleurant ma nuque. Je ferme les yeux, savourant cette sensation, cette tendresse qu’il ne réserve qu’à moi.— Comme ça ? soufflé-je en cambrant légèrement les reins.Il rit doucement, un son rare, presque irréel venant de lui.— Oui.Ses lèvres suivent le chemin de ses doigts, déposant une traînée de baisers brûlants sur ma peau. Mon souffle s’accélère sous son toucher, alors qu’il descend lentement, savourant chaque parcelle de mon corps.— Tu as conscience de ce que tu me fais, Sasha ? murmure-t-il contre ma hanche.Je tourne la t
SashaAdrian est au-dessus de moi, ses yeux sombres brillant d’une intensité qui me coupe le souffle. Ses doigts effleurent ma peau avec une lenteur exquise, traçant une ligne brûlante le long de mon bras, de mon épaule, avant de descendre sur ma hanche.— Tu es trop habillée, murmure-t-il contre mes lèvres.Ses doigts glissent sous le tissu léger de ma robe, la remontant lentement. Chaque mouvement est calculé, chaque caresse éveille une onde de frissons qui s’étend dans tout mon corps.Je me cambre légèrement sous son poids, cherchant instinctivement plus de contact. Son sourire est carnassier, satisfait. Il sait exactement l’effet qu’il me fait.Ses lèvres suivent le chemin de ses doigts, déposant des baisers ardents sur ma clavicule, puis plus bas, sur la courbe de mes seins. Mes respirations s’accélèrent, mes doigts s’enfoncent dans ses cheveux alors qu’il continue son exploration sensuelle.— Adrian…Son nom est un soupir tremblant sur mes lèvres. Il remonte aussitôt vers mon vi
SashaLes jours passent, et l’écho de la guerre s’estompe lentement. Pourtant, le vide laissé par les pertes est toujours là, pesant sur mes épaules comme une ombre invisible.Je me tiens sur le balcon du manoir des Morvan, observant la ville en contrebas. Elle porte encore les cicatrices des affrontements, mais déjà, la vie reprend son cours. Les loups et les vampires apprennent à coexister, à reconstruire un monde qui ne sera plus gouverné par la peur et la haine.Derrière moi, Adrian s’approche silencieusement. Je sens sa présence avant même qu’il ne touche mon dos du bout des doigts.— Tu penses encore à eux ? demande-t-il doucement.Je ferme les yeux un instant.— Toujours.Dante, Nikolaï, les guerriers tombés, ceux que j’ai laissés derrière moi. Le passé n’est jamais vraiment mort. Il survit dans les cendres, attendant toujours un souffle de vent pour redevenir feu.Adrian m’entoure de ses bras et pose son menton sur mon épaule.— On ne peut pas tout réparer. Mais on peut avance