Sasha
La nuit sent la cendre et le sang.
J’avance dans les ruelles sombres de la ville, l’odeur de l’humidité collant à ma peau. Mon cœur bat à un rythme effréné, non pas par peur, mais par rage. Ce soir, mon père a voulu sceller mon destin avec un anneau et une alliance qui ne sont pas les miens.
— Tu dois penser à la meute, Sasha.
— Un Alpha ne choisit pas son partenaire par amour, mais par devoir.
Ses mots résonnent encore dans mon esprit, brûlant mon âme plus violemment que les flammes d’une guerre. La meute Morvan règne sur cette ville depuis des décennies, imposant sa loi aux autres clans, aux humains, à tous ceux qui osent s’opposer à nous. Et moi, en tant que fille de l’Alpha, je suis censée perpétuer cette suprématie. Je suis censée épouser un homme que je ne désire pas, porter ses enfants, renforcer les alliances en me soumettant à des traditions qui n’ont plus aucun sens à mes yeux.
Mais je ne suis pas une monnaie d’échange. Je ne suis pas une princesse qu’on marie pour le bien d’un empire.
Je ne suis pas une putain de prisonnière.
Les pavés luisent sous les lampadaires fatigués, la ville s’étire autour de moi dans une illusion de calme. Mais je sais que derrière chaque fenêtre, derrière chaque mur, quelque chose veille. Ici, tout appartient aux Morvan. Chaque bar, chaque ruelle, chaque foutu commerce paie un tribut à mon père. Il est le roi de cette jungle urbaine et moi, je suis censée être sa précieuse héritière.
Je serre les poings.
Non.
Je ne veux pas de cette vie. Je ne veux pas d’un mariage arrangé, encore moins avec Gabriel, ce loup arrogant et cruel que mon père a choisi pour moi. Un Alpha sans scrupule, avide de pouvoir et de domination. Un homme qui me regarde comme si j’étais déjà sa possession.
Un grondement monte dans ma gorge, et je me force à respirer. L’envie de mordre, de déchirer, de griffer est là, tapie sous ma peau, prête à exploser. Ma louve hurle en moi, réclamant le combat, la révolte. Mais je la retiens. Je la garde enfermée, comme je le fais toujours.
Soudain, une ombre bouge à l’entrée de la ruelle. Mon instinct me hurle de me mettre en alerte.
Je ralentis.
La ville appartient peut-être aux Morvan, mais elle n’est pas exempte de dangers. Il y a les humains, qui croient que leurs armes suffisent à nous tenir en respect. Il y a les rebelles, ces loups solitaires qui refusent de plier devant un Alpha. Et il y a les vampires.
Eux, ils ne craignent rien.
Un frisson parcourt ma colonne vertébrale.
Les Vassili rôdent toujours dans l’ombre. Ce clan de buveurs de sang, notre plus vieil ennemi, observe, attend, cherche la moindre faille. Mon père a signé une trêve fragile avec eux, un pacte aussi ténu qu’un fil de soie. Mais la paix entre nos races n’a jamais été qu’une illusion.
Et ce soir, alors que mon regard s’accroche à la silhouette qui se détache sous la lumière tremblante d’un lampadaire, je sais que je viens de croiser l’un d’eux.
Grand, élancé, vêtu d’un long manteau sombre qui épouse les contours de son corps comme une seconde peau. L’homme est immobile, son regard rivé sur moi, une aura glaciale émanant de lui comme une vague prête à me submerger.
Je n’ai pas besoin de respirer son odeur pour comprendre ce qu’il est.
Un vampire.
Et pas n’importe lequel.
Adrian Vassili.
Le prince des ténèbres. Le cauchemar murmuré à voix basse dans les couloirs du manoir familial.
Un sourire en coin étire ses lèvres pâles.
— Sasha Morvan.
Ma mâchoire se contracte.
— Que fais-tu seule, loin de ton joli palais ?
Sa voix est un murmure empoisonné, une caresse aussi tranchante qu’une lame. Je devrais partir, je le sais. Tourner les talons et regagner la sécurité de la meute. Mais mes pieds restent ancrés au sol, mon corps tendu, prêt à riposter au moindre mouvement suspect.
Sasha
La présence est toujours là, tapie dans l’ombre comme une caresse glaciale sur ma peau. Ma louve gronde en moi, m’ordonne de reculer, de fuir. Mais je ne fuis jamais.
J’avance encore dans la ruelle plongée dans une obscurité trouble, mes sens en alerte. L’odeur du vampire flotte dans l’air—métallique, épaisse, presque enivrante, comme du vieux sang imprégné dans du velours. Je connais cette odeur. On m’a appris à la reconnaître, à la haïr, à la traquer.
Mais ce soir…
Ce soir, je ne ressens pas de haine.
Je ressens quelque chose de bien plus dangereux.
De la curiosité.
L’ombre bouge devant moi, subtile, maîtrisée, à l’opposé des ivrognes et des criminels qui errent dans ces rues. Il est appuyé contre un mur, une posture faussement désinvolte, comme s’il possédait la nuit elle-même. Un néon grésillant éclaire brièvement son visage, révélant un sourire trop tranquille.
Arrogant. Dangereux. Beaucoup trop beau pour être humain.
Un vampire.
Mon cœur ne s’emballe pas. Au contraire, il ralentit, régulier, mesuré. Comme si mon corps savait déjà que ce moment était différent. Comme si c’était inévitable.
Il incline légèrement la tête, son regard froid et tranchant détaillant chaque parcelle de mon être.
— Tu es bien loin de chez toi, petite louve, murmure-t-il, sa voix un mélange de fumée et de velours.
Je ne réagis pas tout de suite. Je me contente de le fixer, d’attendre. Les vampires aiment parler, jouer, s’amuser avec le temps comme si c’était un simple passe-temps. Moi, je n’ai pas de patience pour ces jeux-là.
— C’est drôle, je réponds enfin. Je pensais la même chose de toi.
Son sourire s’élargit légèrement, une lueur amusée traversant son regard perçant.
— Touché.
Je devrais partir. Mettre fin à cette conversation avant qu’elle ne devienne quelque chose que je ne pourrais plus contrôler. Mais au lieu de ça, je fais un pas de plus.
AdrianJe serre, et un craquement sinistre résonne avant que son corps ne s’effondre.Autour de moi, la bataille explose. Des crocs s’entrechoquent, des armes fendent l’air, le sol se gorge du sang des traîtres.Sasha est une furie. Elle se bat avec une précision mortelle, ses mouvements rapides et calculés. Chaque coup de griffe, chaque morsure est un avertissement : personne ne touche à ce qui est à nous.Dante combat à ses côtés, sa lame traçant des arcs mortels dans l’air.Mais ils sont nombreux. Plus que prévu.Un vampire me saute dessus, une dague luisante entre les mains. Je l’attrape au vol et le projette au sol avant d’écraser son torse d’un coup de pied.— On les a sous-estimés ! hurle Sasha en repoussant un ennemi.Un sifflement aigu fend l’air. Une flèche.Je me retourne juste à temps pour voir une dague filer droit vers Sasha.— NON !Je me précipite, mais trop tard.Le métal s’enfonce dans son épaule avec un bruit sourd.SashaLa douleur est brûlante, mais je n’ai pas le
SashaLe vent glacial s’engouffre dans la villa, soulevant les rideaux comme des spectres en mouvement. L’aube n’a pas encore percé entièrement l’horizon, et pourtant, je sens l’électricité dans l’air. L’odeur du sang est encore fraîche, poisseuse, collée aux murs invisibles de notre territoire.Adrian et moi échangeons un regard. Ce n’est pas une simple attaque. C’est un avertissement.Je m’agenouille devant le loup blessé, posant une main sur son épaule. Son corps tremble sous l’effort de rester conscient, mais ses yeux brûlent de détermination.— Parle. Qui sont-ils ?Il déglutit, un filet de sang coulant de la commissure de ses lèvres.— D’anciens alliés… Ils disent que le pacte entre loups et vampires est une trahison. Qu’aucun d’entre nous ne devrait plier le genou devant l’autre.Je serre les dents. Cette guerre était censée être terminée. Mais il y a toujours ceux qui refusent d’accepter un nouvel ordre. Ceux qui préfèrent vivre dans le chaos plutôt que d’admettre que nous avo
SashaLe silence de la chambre est à peine troublé par les crépitements du feu qui danse dans l’âtre. Mon corps est encore fiévreux, engourdi par les vagues de plaisir qu’Adrian a déchaînées sur moi. Je suis allongée sur le ventre, ma joue pressée contre l’oreiller, et je sens encore la brûlure douce de ses lèvres sur ma peau.Adrian est assis juste à côté de moi, son regard intense rivé sur moi comme un prédateur veillant sur sa proie. Ses doigts effleurent mon dos, retraçant le chemin invisible de notre union.— Tu es magnifique comme ça.Sa voix est rauque, vibrante, et je ressens le frisson qu’elle provoque jusque dans mon ventre.— Comme quoi ? demandé-je dans un souffle.Il sourit, et je le vois se pencher lentement, son souffle chaud caressant ma nuque.— Abandonnée. Marquée. Mienne.Ses lèvres effleurent ma colonne vertébrale et un soupir m’échappe. Il me provoque, joue avec moi, teste mes limites comme il aime tant le faire. Et je le laisse faire. Pour l’instant.Je me retour
Sasha La lumière dorée glisse sur le lit, illuminant les draps froissés et les traces invisibles de notre passion.Allongée sur le ventre, je sens la caresse du bout des doigts d’Adrian effleurer ma colonne vertébrale, suivant le tracé de ma peau nue avec une lenteur exquise. Chaque frisson qu’il provoque en moi lui arrache un sourire satisfait.— Tu es magnifique comme ça.Sa voix grave vibre contre mon oreille alors qu’il se penche sur moi, ses lèvres effleurant ma nuque. Je ferme les yeux, savourant cette sensation, cette tendresse qu’il ne réserve qu’à moi.— Comme ça ? soufflé-je en cambrant légèrement les reins.Il rit doucement, un son rare, presque irréel venant de lui.— Oui.Ses lèvres suivent le chemin de ses doigts, déposant une traînée de baisers brûlants sur ma peau. Mon souffle s’accélère sous son toucher, alors qu’il descend lentement, savourant chaque parcelle de mon corps.— Tu as conscience de ce que tu me fais, Sasha ? murmure-t-il contre ma hanche.Je tourne la t
SashaAdrian est au-dessus de moi, ses yeux sombres brillant d’une intensité qui me coupe le souffle. Ses doigts effleurent ma peau avec une lenteur exquise, traçant une ligne brûlante le long de mon bras, de mon épaule, avant de descendre sur ma hanche.— Tu es trop habillée, murmure-t-il contre mes lèvres.Ses doigts glissent sous le tissu léger de ma robe, la remontant lentement. Chaque mouvement est calculé, chaque caresse éveille une onde de frissons qui s’étend dans tout mon corps.Je me cambre légèrement sous son poids, cherchant instinctivement plus de contact. Son sourire est carnassier, satisfait. Il sait exactement l’effet qu’il me fait.Ses lèvres suivent le chemin de ses doigts, déposant des baisers ardents sur ma clavicule, puis plus bas, sur la courbe de mes seins. Mes respirations s’accélèrent, mes doigts s’enfoncent dans ses cheveux alors qu’il continue son exploration sensuelle.— Adrian…Son nom est un soupir tremblant sur mes lèvres. Il remonte aussitôt vers mon vi
SashaLes jours passent, et l’écho de la guerre s’estompe lentement. Pourtant, le vide laissé par les pertes est toujours là, pesant sur mes épaules comme une ombre invisible.Je me tiens sur le balcon du manoir des Morvan, observant la ville en contrebas. Elle porte encore les cicatrices des affrontements, mais déjà, la vie reprend son cours. Les loups et les vampires apprennent à coexister, à reconstruire un monde qui ne sera plus gouverné par la peur et la haine.Derrière moi, Adrian s’approche silencieusement. Je sens sa présence avant même qu’il ne touche mon dos du bout des doigts.— Tu penses encore à eux ? demande-t-il doucement.Je ferme les yeux un instant.— Toujours.Dante, Nikolaï, les guerriers tombés, ceux que j’ai laissés derrière moi. Le passé n’est jamais vraiment mort. Il survit dans les cendres, attendant toujours un souffle de vent pour redevenir feu.Adrian m’entoure de ses bras et pose son menton sur mon épaule.— On ne peut pas tout réparer. Mais on peut avance