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Chapitre 16 — L’aube des masques
Last Updated:
2025-08-29 00:47:52
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LA FAVORITE DU ROI Chapitre 17 — La Promesse de Cendres
SÉLIALa journée commence comme toutes les autres.Un bruit sec : le verrou qu’on retire.Un ordre aboyé : Debout.Et ce goût métallique qui colle à ma langue, mélange de faim, de sang séché et de silence avalé trop souvent.Mais aujourd’hui, tout semble plus lourd.L’air pèse sur mes épaules.Ou peut-être que c’est moi qui me suis enfoncée plus bas encore.On nous conduit à travers les couloirs glacés du palais.La grande salle nous attend, toujours la même : un piège de lumière et d’or.Le marbre au sol reflète nos silhouettes effacées, déformées, comme pour nous rappeler que nous ne sommes plus vraiment humaines.Je baisse les yeux. Pas par soumission, mais parce que voir ce reflet me donne la nausée.Elle est déjà là.Calandra.Elle n’a pas besoin d’annoncer sa présence : elle emplit la pièce comme le poison remplit un verre.Ses vêtements sont d’un noir profond, ses doigts scintillent de bagues, et ce sourire… ce sourire qui ne quitte jamais ses lèvres, poli, gracieux, aussi tran
LA FAVORITE DU ROI Chapitre 16 — L’aube des masques
SÉLIAUn rai de lumière pâle filtre à travers les fentes du volet.Il découpe ma paillasse d’une bande grise, froide.L’odeur du dortoir est la même qu’hier : sueur, humidité, peur.Je ne la sens plus vraiment.Ou peut-être que je m’y suis noyée.Mes yeux s’ouvrent d’un coup, secs.Plus de larmes. Plus rien.Je reste allongée quelques secondes, à écouter.Le souffle sifflant d’une femme malade.Le grincement du bois quand l’une se retourne.Le battement régulier de la pluie contre le toit.Chaque son est étrangement lointain, comme si je n’étais déjà plus tout à fait ici.Je me redresse lentement.Chaque muscle proteste, mais je ne gémis pas. Pas aujourd’hui.Mes doigts glissent sur mes poignets bandés, sous la manche rêche de ma tunique.Le tissu colle à mes plaies.Une odeur métallique s’en échappe, discrète mais constante.J’inspire profondément, par habitude. Pour contenir… quoi, au juste ?Je ne sais même plus.Les autres commencent à s’éveiller.Certaines toussent, d’autres murm
LA FAVORITE DU ROI Chapitre 15 — Les décombres d’un corps
LUCIANLe silence est total.Un silence qui hurle.Il emplit mes appartements, se glisse entre les tentures épaisses, s’accroche au bois des meubles polis. Rien ne bouge, hormis la flamme hésitante d’une chandelle qui agonise sur la table basse. Tout est calme… mais je l’entends.Le bruit de l’eau qu’on jette sur la pierre.Le frottement des brosses contre le sol, acharné, jusqu’à la brûlure.Et ses mains… ses mains qui se déchirent pour effacer l’ombre d’un rire.Je l’entends encore. Comme si je n’avais pas quitté cette salle. Comme si l’humiliation s’était incrustée dans les murs et qu’elle m’avait suivi jusque-là.Je serre la mâchoire.J’ai gardé mes gants.Pas par oubli.Par lâcheté.Parce qu’ils portent encore la trace de son sang. Invisible, mais je le sais. Je le sens. Comme si le cuir en avait bu la chaleur, et qu’elle brûlait maintenant contre ma peau.Je m’arrache les gants d’un geste sec. Ils tombent au sol, lourds comme une culpabilité qu’on croyait pouvoir jeter. Mais ça
LA FAVORITE DU ROI Chapitre 14 — Les mains salies
SÉLIALe jour a filé comme un fleuve de pierre.Je n’ai plus de notion du temps, seulement celle de l’effort. Remplir, frotter, porter, recommencer. Chaque tâche est une morsure de plus. Mes mains ne m’appartiennent plus : deux masses de chair à vif, rouges, ouvertes par endroits. J’évite de les regarder trop longtemps.L’odeur âcre de la cendre dans les cuisines s’est incrustée dans mes cheveux, dans ma peau. Ma robe, rêche, sent la sueur et la graisse. Je ne suis plus qu’un corps qui obéit. Et pourtant, malgré tout, une petite voix en moi répète : Tiens. Tiens encore.Personne ne m’adresse un mot autre que des ordres. Les autres servantes m’ignorent, me frôlent comme on contourne une charogne. Parfois, un rictus. Un rire étouffé quand je trébuche sous le poids d’un seau. Je ne leur donne rien. Pas un cri, pas une larme. Mais à l’intérieur, tout tremble.Quand la cloche du soir sonne, je crois d’abord qu’elle sonne pour moi. Pour ma délivrance. Mais non.On m’envoie dans la grande sa
LA FAVORITE DU ROI Chapitre 13 — Les mains salies
SÉLIAL’air est plus froid ici. Pas seulement parce que l’aile des servantes est plus basse, plus proche des caves et des cuisines, mais parce qu’il semble chargé d’une autre vie, rude, laborieuse.Le couloir qui mène aux dortoirs sent le linge humide et la cendre. Les murs sont nus, sans tentures, sans dorures. On dirait qu’on a arraché toute trace de chaleur, comme si le château lui-même voulait rappeler à celles qui y vivent qu’elles ne sont rien.Je serre contre moi le sac de toile qui contient mes maigres affaires. Il est presque vide, mais chaque pas me le rend plus lourd, comme si ce poids symbolique écrasait mes épaules. Deux gardes m’escortent. Pas pour ma sécurité : pour m’assigner à résidence, comme on mène un prisonnier à sa cellule.Quand la porte des quartiers s’ouvre, le bruit m’agresse.Des voix, des rires étouffés, le fracas des seaux qu’on dépose, le claquement d’un balai contre la pierre. Puis… le silence brutal. Tous les regards se tournent vers moi, m’écorchent.E
LA FAVORITE DU ROI Chapitre 12 — La descente de l’étrangère
LE ROI, Lucian AurelJe n’ai pas fermé l’œil. La nuit a coulé comme du plomb, lourde, sans repos. Chaque fois que je fermais les paupières, je voyais deux visages : celui de Calandra, qui riait dans l’ombre, et celui de Sélia, dressée devant moi, inaccessible.Je suis roi, et pourtant je me sens esclave d’un désir que je n’arrive pas à briser.Ce matin, mes pas résonnent dans les couloirs comme un glas. Les serviteurs s’inclinent, mais je ne vois rien. Mon esprit est déjà ailleurs, fixé sur une seule porte. Celle de ses appartements.Je les lui avais offerts à deux pas de ceux de Calandra. Une faiblesse. Une chaîne invisible qui me liait à elle.J’ouvre. Et elle est là. Sélia.Debout, immobile, comme si elle m’attendait. Dans cette chambre richement ornée, elle paraît déplacée. Trop droite, trop fière, trop pure. Une étrangère qui défie jusqu’aux murs.Ses yeux rencontrent les miens. Aucune révérence, aucune flatterie. Rien qu’un silence qui m’étrangle.Alors les mots sortent. Venimeu
