Chapitre 2

Je me suis tournée pour rencontrer les yeux ambrés d'Adrian, qui se sont instantanément emplis de suspicion, et j'ai arboré mon sourire doux habituel.

J'ai baissé la voix, comme pour partager un secret avec lui, comme je l'avais toujours fait, « Oh, je parlais juste à un ami d'une meute dans les territoires de l'Est. Un Alpha a rejeté sa compagne pour une fille humaine. »

Le regard d'Adrian était toujours si plein de dévotion. Pas étonnant que je n'aie jamais pu croire qu'il ne m'aimait pas.

Puisqu'il aimait tant jouer la comédie, j'ai décidé de suivre le jeu.

Le loup d'Adrian était en alerte maximale, son regard perçant balayant mon visage.

Il cherchait la moindre lueur de suspicion sur mon visage.

Ce n'était qu'après avoir ressenti mon calme à travers notre lien de compagnon que ses épaules tendues se sont enfin détendues.

Sa grande main, marquée par les combats, a glissé autour de ma taille et a caressé doucement ma tempe.

« Idiote. Le lien accordé par la Déesse de la Lune est sacré. Aucun Alpha ne devrait jamais le trahir. »

« Camilla, tu n'auras jamais à t'inquiéter que cela nous arrive. »

« Vraiment ? » j'ai regardé ses yeux, le provoquant délibérément, « Mais si cela arrivait ? »

« Et si tu me trahissais ? »

« Camilla, il n'y a pas de si. »

Adrian m'a coupé sans hésitation, sa voix basse et dévouée.

« Moi, Adrian Blackwood, je peux jurer sur mon âme de loup à la Déesse de la Lune que je ne te trahirai jamais. »

« Bien sûr », ai-je répondu doucement, « Je ne faisais qu'imaginer. »

« Si jamais je faisais quelque chose d'aussi méprisable… » Adrian a réfléchi un instant, puis a frotté son menton légèrement rugueux contre ma joue.

C'était ironique. Il entretenait une relation avec ma sœur tout en montrant un désir possessif si intense envers moi.

« Alors que la Déesse de la Lune me punisse. Qu'elle m'empêche de te retrouver pour l'éternité. »

« Tu sais, Camilla, tu es ma vie. Sans toi, mon loup serait détruit. »

J'ai souri sans répondre et je me suis doucement éloignée de son étreinte.

Parce que je savais déjà que ses serments n'étaient que des promesses vides.

Dans trois jours, j'allais quitter cette étreinte que j'avais autrefois chérie.

Adrian, la punition que tu as demandée à la Déesse de la Lune était sur le point d'être accordée.

Il allait dire davantage, mais une voix l'a interrompu.

« Alpha, tout est prêt. »

Adrian a hoché la tête, m'a ensuite adressé un sourire mystérieux et m'a tirée par la main vers le bord de la terrasse.

Il a soudainement couvert mes yeux et a murmuré à mon oreille.

« Ma Luna, j'ai un cadeau spécial pour toi. »

« Cinq, quatre, trois… »

Au moment où le compte à rebours s'est terminé, il a découvert mes yeux.

La vue devant moi m'a encore coupé le souffle.

À minuit pile, les immenses écrans LED de chaque gratte-ciel du centre-ville se sont allumés simultanément.

Les lumières clignotantes se sont transformées en l'image d'un loup courant sous un ciel étoilé.

À mesure que l'image changeait, le loup argenté s'est progressivement transformé, sa forme fondant dans ma propre silhouette.

Dans le ciel étoilé, le visage s'est lentement tourné vers l'avant et toute la galaxie s'est reflétée dans ses yeux.

« Camilla. »

Adrian m'a attirée dans ses bras par derrière, sa voix étant restée aussi douce que toujours.

« Mon amour, le temps a filé. Cela a déjà fait cinq ans depuis notre marquage. Mais mon amour pour toi grandit encore chaque jour qui passe. »

« Si j'avais pu, je me serais donné entièrement à toi. »

J'ai contemplé les lumières scintillantes dans le ciel nocturne et je me suis sentie comme si je me trouvais dans un autre monde.

Oui, cinq ans.

D'une jeune louve Bêta innocente, je suis devenue la Luna de la meute Blackwood.

Ces cinq années m'avaient tellement changée.

Assez pour transformer un amour profond en trahison et pour faire d'un vœu de compagnon un mensonge.

Adrian m'a tournée face à lui, ses yeux de loup ambrés s'étant fixés sur moi avec une intensité capable de me faire fondre.

« Cinq ans, et chaque jour j'ai voulu t'offrir le meilleur de tout. »

Il s'est penché lentement pour m'embrasser.

Si je n'avais pas senti le musc blanc de Zoé dans son bureau hier, j'aurais peut-être été trompée par son habile comédie jusqu'au jour de ma mort.

Juste avant que ses lèvres ne touchent les miennes, son expression a soudainement changé.

Je l'ai clairement vu recevoir un message à travers son lien mental.

J'ai trop bien reconnu l'éclat d'anticipation qui avait traversé ses yeux de loup.

Mais c'était un soulagement. Je n'avais plus à trouver une excuse pour m'écarter.

« Merde, j'ai donné des ordres précis pour que nous ne soyons pas dérangés ce soir. »

Mais lorsqu'il a traité le message du lien mental, son visage a changé instantanément.

J'ai clairement vu une lueur de panique traverser ses yeux, suivie d'un désir brut et nu.

Bien sûr, la seconde suivante, il s'est tourné vers moi avec une expression parfaitement coupable sur le visage.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » ai-je demandé d'un ton détendu, même si mes ongles s'étaient profondément plantés dans mes paumes.

La vérité était évidente, mais j'ai quand même gardé un mince espoir qu'il me choisirait cette fois.

« Il y a une affaire urgente de meute que je dois gérer », a-t-il dit en maîtrisant le désir dans ses yeux, où un éclat d'excuse a brillé.

« Mon amour, je devrais peut-être partir un moment. »

« Qu'est-ce qui est si urgent ? »

« Des intrus sont actifs à la frontière. Je dois m'en occuper moi-même. »

Encore des intrus. Cela devenait son excuse préférée.

« Je suis désolé. Je sais que ce soir est important, mais cela ne peut vraiment pas attendre. »

Il m'a embrassé le front.

« Retourne dans notre chambre et repose-toi. Je reviendrai te rejoindre dès que j'aurai fini. »

« Je comprends. Les affaires de la meute passent toujours en premier. »

J'ai hoché la tête, jouant mon rôle de Luna compréhensive.

En entendant ma réponse, Adrian s'est visiblement détendu.

Il m'a donné une brève étreinte avant de se tourner et de partir précipitamment.

Je suis restée sur la terrasse, en regardant son convoi sortir des grilles du manoir.

Après que leurs feux arrière étaient complètement disparu, je me suis tournée et j'ai marché vers le garage.

Ce soir, j'allais voir par moi-même de quoi il retournait vraiment, cette « affaire urgente ».

Le moteur a ronronné doucement dans la nuit lorsque j'ai démarré la voiture et j'ai suivi discrètement la direction qu'avait prise son convoi.