Tetsu.
Vivant. Haruka, malgré son sang-froid légendaire, sentit sa gorge se serrer. C’était irréel. Une présence qu’il avait enterrée avec les souvenirs d’un autre temps. Un frère d’arme, un rival loyal, un ami… disparu. Tsaïko, quant à lui, fut pris d’un vertige qu’il n’aurait jamais cru ressentir un jour. Ce frère… Celui qu’il avait vu mourir sous ses yeux, qu’il avait lui-même condamné par erreur, par orgueil, par peur. Ce frère était là, debout, blessé mais vivant, et il lui tendait la main. - Ne te pose pas trop de questions pour le moment, mon frère. Nous en parlerons plus tard. Cette phrase… Ce ton. Toujours le même. Une ironie douce dans la voix, une sagesse portée par le poids des années, et un amour fraternel qu’aucune trahison n’avait totalement consumé. Elijah était accroché à son oncle comme à uPremière mission : Infiltration – Réveil d’un cercle Vaillant---Deux semaines plus tard...La poussière des routes de l’Est s’élevait sous le pas d’un cavalier solitaire. Haruka n’avait emporté que le strict nécessaire : sa lame — Yūketsu —, un manteau sombre aux bords effilochés, et un nom oublié qu’il utilisait comme couverture.Le but : infiltrer le cercle de Tenma, un ancien Vaillant devenu maître d’arène et bourreau d’insurgés pour le Conseil. C’était l’un des plus cruels, mais il avait toujours eu du respect pour les hommes d’honneur.---Phase 1 – L’arène de sangHaruka s’était présenté comme simple combattant, refusant de donner son nom. Il avait été contraint d’affronter quatre hommes dans l’arène, sans tuer, sous les yeux d’un Tenma avachi sur son trône de pierre noire. Le dernier adversaire, un géant maniant une hache double, l’avait poussé dans ses retranchements. Haruka ne sortit sa lame qu’à la
Quelques jours plus tard...La place centrale du château fourmillait d’activité. Des recrues continuaient d’affluer, des visages fatigués, marqués par la guerre ou la misère, mais pleins d’espoir. Les drapeaux commençaient à s’ériger, porteurs des symboles nouveaux : celui d’une alliance imprévue, née de l’amour, du devoir et de la rédemption.Autour de la grande table de guerre, désormais élargie, Haruka, Tsaïko et Tetsu examinaient les dernières cartes, rapports et messages codés.Haruka prit la parole en premier :— Nous avons plusieurs fronts. Il est inutile de lancer un assaut frontal. Ce serait suicidaire, même avec un dragon dans nos rangs. Le Conseil nous attend. Ils veulent qu’on vienne. Il faut frapper là où ils ne s’y attendent pas.Il montra un point sur la carte, une ancienne forteresse secondaire du Conseil.— Ici, dans les Terres Blanches. Ils l’ont laissée tomber aux mains de mercenaires indépendants, pensant qu’e
Les deux hommes se tournèrent presque en même temps vers sa voix, sa présence calmant la tension latente d’un départ toujours incertain.Haruka, fidèle à lui-même, ne parla pas tout de suite. Il se contenta de croiser son regard, un éclat indéchiffrable dans ses pupilles noires, puis baissa les yeux vers sa main dans son dos. Il posa alors sa paume sur la sienne, quelques secondes, et répondit d’un ton ferme mais doux :— Je ne combats pas pour la gloire... Je combats pour ceux qui doivent grandir dans un monde qu’ils n’auront pas à fuir. Elijah en fait partie. Je reviendrai. Tu as ma parole.Puis, son regard se leva, et alla se perdre vers les ailes de son fils, là-haut, dans la lumière pâle du matin.Tsaïko, quant à lui, l’a fixa quelques secondes avec une expression plus contenue que d’ordinaire. Pas de sourire moqueur, pas de provocation. Juste cet air grave et étrange qu’il réservait aux moments sincères. Il attrapa doucement sa main posée su
Lieu : Forteresse d’Haruka – Quelques jours après les campagnes Le vent portait encore les cris des batailles passées, mais ce soir-là, tout était silencieux. Le ciel rougeoyait sous les derniers feux du crépuscule, et les bannières accrochées aux remparts dansaient comme des spectres au vent. Ils étaient enfin revenus. Haruka, silhouette droite malgré les blessures, traçait son chemin sans un mot, ses pas lourds de fatigue mais son regard tranchant comme la lame qu’il portait dans le dos. À sa ceinture, pendait une chaîne, preuve de sa dernière victoire contre l’un des géants du Conseil. Tsaïko, lui, arrivait dans un tonnerre de sabots, escorté par une dizaine de figures encapuchonnées. Des êtres qu’aucun homme sensé n’aurait accepté dans son armée : une femme aveugle aux yeux d’argent, un adolescent muet qui commandait aux insectes, un golem sculpté dans l’onyx. Des reliques du monde ancien. Des armes vivantes. Et il en était désormais le général. Ils s’arrêtèrent devant le
Quelques jours avaient passé depuis la nuit des retrouvailles, depuis le rugissement d’Elijah et le soulagement partagé dans les bras d’Héléna. Le calme avait baigné la forteresse, un calme comme on n’en vit que dans les silences avant les grandes guerres.Mais désormais, les hommes s’étaient relevés. L’armée grandissait, s’organisait. Les tentes autour du château s’étaient multipliées. Chaque jour, des nouveaux visages rejoignaient les rangs — mercenaires désabusés, soldats rebelles, marins sans pavillon, vagabonds aux cœurs lourds de colère et d’espoir. Tous avaient répondu à l’appel. Tous savaient qu’ils marchaient vers l’impossible.Haruka s’était levé avant l’aube, comme à son habitude. Il avait revêtu sa tenue de cuir sombre, attaché son sabre à sa ceinture et accroché à son dos Yūketsu, la lame forgée dans le feu du dragon. Une lame silencieuse, vivante, que personne d’autre ne pouvait manier. Il n’avait pas besoin de parler. Tetsu lui avait tendu une carte, marquée de trois cr
Le silence régna quelques secondes, juste après les mots d’Héléna. Des mots simples, doux, presque anodins dans l’écho de leurs stratégies martiales… mais qui firent l’effet d’une lame dans le cœur de chacun des deux hommes. Parce que derrière les plans, la guerre, la revanche et l’honneur… il y avait lui.Elijah.Le fruit du feu et de la lumière. L’héritier d’un monde en reconstruction.Haruka se leva le premier, sans un mot, entraîné par l’élan d’un instinct paternel qu’il n’avait jamais pensé ressentir aussi profondément. Tsaïko lui emboîta le pas, plus lentement, mais avec un regard dont la fierté s’écrivait dans chaque battement de cils.Ils se mirent à la fenêtre ouverte, leurs pas avaient résonné dans la pièce, leur respiration était lente et maîtrisée. Au-dehors, la brise du soir jouait avec les bannières nouvelles — celles qui ne portaient encore aucun emblème… mais qui n’attendaient qu’une victoire pour exister.Et là-haut, dans les cieux… il était là.---La tour n’était p