LOGINCharlotte est la première à reprendre ses esprits.— Bon, avant que quelqu’un d’autre ne tombe dans un trou ou ne fasse une crise cardiaque, je propose qu’on rentre à la maison. dit-elle en tapant doucement dans ses mains, comme pour rappeler tout le monde à l’ordre,— Excellente idée, marmonne Luke en se penchant vers Dante.— Je vais très bien, proteste Dante en tentant de se redresser seul.— Bien sûr, réplique Luke en l’attrapant fermement sous le bras.— Tu vas très bien dans le sens “vivant”, mais pas encore dans le sens “debout sans assistance”.Dante rit, un rire un peu trop fort, un peu trop nerveux. Je remarque alors ce que les autres ne voient pas : ses mains tremblent légèrement. Pas de froid. Pas vraiment. C’est autre chose : l’émotionJe connais ce vertige-là.Je le ressens aussi.Quand il se redresse enfin complètement, son regard croise le mien. Il me sourit, comme pour me rassurer, mais je vois bien qu’il est encore étourdi.— Ça va ? murmuré-je sans réfléchir.— Main
— Dante ! lance Luke en s’approchant, les sourcils froncés. C’est quoi ce bordel ? On t’entend hurler depuis l’intérieur.Je me retourne vers lui, incapable de contenir mon sourire.— La mère porteuse, dis-je, essoufflé. Ce n’était pas une inconnue.Luke cligne des yeux.— Comment ça ?Je pointe Lila du menton, incapable de m’empêcher de rire à nouveau.— C’était elle.Le silence qui suit est si dense qu’on pourrait presque le couper au couteau.Luke cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Puis il se tourne vers Lila, puis vers moi, puis encore vers Lila, comme si son cerveau refusait obstinément d’assembler les pièces du puzzle.— Attends…, dit-il lentement. Attends, attends, attends… Tu es en train de me dire que la mère porteuse… c’était Lila ?— Oui, depuis le début. soufflé-je, encore essoufflé par mon propre bonheur.Il reste figé une seconde de plus. Puis il passe une main sur son visage.— Putain de merde…, murmure-t-il.— Apparemment, je suis un film à moi tout seul, répliqué-
Je la fixe, incapable de parler.— Arrête, soufflé-je.— Tu vois bien que tu joues avec mes nerfs.Elle soupire, mais cette fois sans sourire.— Je ne joue pas.— Lila, c’est impossible.— Pourquoi ?— Parce que… parce que ce n’est pas logique !— L’amour ne l’a jamais été, Dante.Je secoue la tête.— Non. Non.Je recule d’un pas.— Tu te trompes. Ou tu mélanges tout. Ou—— Ou tu refuses d’y croire, termine-t-elle calmement.Je serre les poings.— Explique-moi alors.— Explique-moi comment, quand, pourquoi.— Explique-moi comment je pourrais être le père d’un enfant que je n’ai jamais conçu !Elle s’approche de moi.— Parce que la vie nous a dépassés.Je la regarde, le souffle court.— Tu vois, murmuré-je avec amertume,— tu me demandes de te croire… mais toi-même tu ne me donnes rien de concret.Elle pose ma main sur son ventre.Mon cœur rate un battement.— Ça.— C’est concret.Je reste figé.— Et si tu doutes encore, ajoute-t-elle doucement,— alors regarde-moi et dis-moi que je me
Je reste immobile quelques secondes, le regard fixé sur elle, comme si mon cerveau refusait encore de se raccrocher à la réalité. Le lac devant nous est parfaitement calme, indifférent au chaos qui me traverse. J’ai l’impression d’avoir été projeté dans une histoire qui n’obéit plus à aucune logique.— Lila…, dis-je enfin, la voix plus basse que je ne l’aurais voulu.Je fais un pas vers elle, lentement, sans la toucher.— Tu n’as pas besoin de me ménager. Vraiment. Tu peux me dire la vérité. Toute la vérité. Même si elle fait mal. Surtout si elle fait mal.Elle me regarde longuement. Puis un sourire étrange, doux et triste à la fois, étire ses lèvres.— Dante… je ne te demande pas d’être fort, murmure-t-elle.— Je te demande juste de croire en moi.Ces mots me frappent plus fort que n’importe quel reproche. Croire en elle. Comme si c’était la chose la plus simple du monde. Comme si je n’étais pas en train de lutter contre six années de silence, de culpabilité, de regrets, et maintenan
Le froid du lac nous enveloppe, mais je ne le sens presque pas.Il n’y a plus que Lila contre moi. Son corps. Sa chaleur. Sa respiration qui se heurte à la mienne comme si nos souffles se cherchaient depuis six ans.Je glisse mon front contre le sien.— Lila…Son prénom sort de ma bouche comme une prière brisée.Elle relève le visage. Ses yeux brillent, humides, sombres, chargés de tout ce que nous n’avons jamais dit, de tout ce que nous avons retenu trop longtemps.Je dépose un baiser sur sa tempe. Puis un autre, juste au coin de ses lèvres. Lentement. Trop lentement. Comme si je savourais chaque seconde avant que la réalité ne nous rattrape.— Dante…, murmure-t-elle, la voix déjà fêlée.Je ferme les yeux.Ma main glisse dans son dos, s’arrête juste au creux de ses reins. Je la sens frissonner. Pas de froid. De moi.— Je t’aime, Lila.Je le dis sans réfléchir. Sans stratégie. Sans retenue.— Je t’aime comme je n’ai jamais aimé personne. Et je suis prêt à tout. Absolument tout. Pour t
Lila respire profondément, comme si chaque parole qu’elle s’apprêtait à prononcer menaçait de la briser en deux. Je ne bouge pas. Je ne respire presque plus. J’ai l’impression d’être suspendu à son silence.Puis elle parle.— Après t’avoir quitté… je voulais disparaître, Dante. Je voulais… me reconstruire. Me retrouver, moi, sans personne autour. Sans bruit. Sans jugement. Sans toi. Sans les autres.Elle hésite, baisse à nouveau le regard.— L’Islande… ça n’a pas été simple. Pas du tout. Je n’ai pas retrouvé le contact que tu m’avais donné à l’époque. La personne qui devait m’aider… elle était introuvable. J’étais seule. Complètement seule. Mais je m’en suis sortie quand même.Je sens mes doigts se resserrer malgré moi sur mes paumes. Imaginer Lila, perdue, gelée dans ce pays… ça me déchire.Elle continue, sa voix plus fragile qu’avant.— Moins d’un mois après m’être installée… j’ai commencé à être malade. Fatiguée. J’avais des vertiges.Elle relève les yeux vers moi.— C’est là que j







