David
J’essaie de bouger.
Impossible.
Mes jambes sont figées, comme si des chaînes invisibles me retenaient.
L’homme sur le trône me fixe, immobile.
Son regard me brûle, mais je ne peux pas détourner les yeux.
— Qui êtes-vous ? ma voix tremble.
Un silence. Puis, il sourit lentement.
— Tu me connais déjà.
— Non…
— Si.
Je secoue la tête, tentant d’échapper à cette présence oppressante.
— Je ne vous ai jamais vu.
— Mais moi, je t’ai vu. Depuis toujours.
Je frissonne.
Autour de nous, le temple semble respirer, ses murs v
DavidL’ombre me fixe.Ses yeux rouges transpercent l’obscurité.Mon souffle se bloque.Mon corps refuse de bouger.Derrière moi, Le Corbeau resserre son étreinte, ses doigts glacés m’empêchant de fuir.— Tu ne peux plus reculer, David.Sa voix est un murmure, mais elle résonne comme une sentence.Mon grand-père continue de murmurer des paroles incompréhensibles.Il ne semble pas voir l’ombre derrière lui.Ou peut-être qu’il sait.Peut-être qu’il l’attendait.Mon cœur bat à tout rompre.Je veux crier.Je veux lui dire d’arrêter.Mais aucun son ne franchit mes lèvres.L’ombre fait un pas en avant.Le sol tremble sous son poids.L’air devient plus lourd, presque irrespirable.Et soudain…Elle parle.— David.Ma gorge se serre.Comment connaît-elle mon nom ?Je recule d’un pas, mais Le Corbeau me retient fermement.— Il est temps.Je secoue la tête.Non.Je ne sais pas de quoi il parle, mais je refuse.L’ombre tend une main vers moi.Ses doigts sont longs, démesurés.Un frisson me parcou
DavidLe silence est pesant.Mon grand-père est mort.Son corps gît devant moi, son visage figé dans une expression de douleur.Mais quelque chose ne va pas.Son corps… semble se dissoudre dans l’ombre.Comme si la nuit elle-même l’avalait.Je recule d’un pas, le cœur battant à tout rompre.L’ombre qui m’a parlé se tord, furieuse.Elle ne bouge pas, mais je sens son regard sur moi.— David… tu n’as pas le choix.Sa voix résonne dans ma tête.Elle n’a même plus besoin de parler.Je la sens en moi, comme un murmure insidieux.— Je ne veux pas t’écouter.Ma propre voix tremble, mais je refuse de me laisser dominer.Le Corbeau s’avance lentement derrière moi.Son regard est froid, calculateur.— Tu es à nous, David. Depuis toujours.— Non.Je fais un pas en arrière, mais elle rit doucement.— Regarde ton bras.Je baisse les yeux.La marque sombre pulse sur ma peau, plus intense que jamais.Elle semble vivante.Comme si elle voulait s’étendre, m’envahir.Mon souffle se bloque.Mon grand-pè
DavidJe suis à genoux, le souffle court.La marque sur mon bras pulse, une chaleur insoutenable s’en dégage, comme si ma peau brûlait de l’intérieur.Je lève les yeux.Le Corbeau, le Hibou et la Mouche Tsé-Tsé me surplombent, leurs visages voilés d’ombre.Elles me scrutent, impassibles, patientes.Elles savent.Elles savent que je lutte, que je refuse d’accepter leur vérité.Mais elles savent aussi que le temps joue en leur faveur.Je sens quelque chose ramper sous ma peau.Un frisson me traverse.— Qu’est-ce que vous m’avez fait ?Ma voix tremble, mais je veux comprendre.Le Corbeau s’agenouille devant moi.Son sourire est lent, mesuré.— Nous ne t’avons rien fait, David.Elle effleure mon bras du bout des doigts.La marque s’illumine d’une lueur rougeâtre.Je me crispe, un feu incandescent me traverse.— Tout ceci est déjà en toi.Le Hibou s’avance à son tour, sa silhouette longue et élancée se fond dans l’obscurité mouvante.— Depuis ta naissance.Je serre les dents.— Vous mentez
DavidJe suis assis dans l’obscurité, le dos appuyé contre le mur froid de ma chambre.Le silence est lourd.Oppressant.Je n’ai pas bougé depuis des heures, incapable de détacher mon regard de la marque sur mon bras.La lueur rougeâtre s’est estompée, mais je peux encore la sentir sous ma peau, une présence sourde et menaçante.Les mots du Corbeau, du Hibou et de la Mouche Tsé-Tsé résonnent en boucle dans ma tête.— Tu ne peux pas lutter contre ce que tu es.Mes poings se serrent.Je refuse d’accepter leur vérité.Je ne suis pas comme elles.Je ne serai jamais comme elles.Pourtant, une partie de moi sait que quelque chose a changé.Depuis cette nuit, je ressens tout différemment.L’air semble plus lourd.Les ombres paraissent plus profondes.Et parfois… parfois, je crois entendre des murmures, juste à la lisière de mon esprit.Je secoue la tête violemment, tentant de chasser ces pensées.Non.Ce n’est qu’un piège.Un jeu qu’elles veulent que je perde.Je me lève d’un bond.Il faut qu
DavidElles m’encerclent.Le Corbeau, le Hibou et la Mouche Tsé-Tsé.Leurs silhouettes se découpent dans l’ombre, menaçantes, immobiles.Elles ne se précipitent pas.Elles attendent.Elles savent que je suis piégé.Que je n’ai nulle part où fuir.Le froid s’infiltre dans mes os, bien plus profond que l’air glacial de la nuit.C’est un froid ancien.Un froid qui s’accroche à mon âme.Je serre les lettres contre moi, comme si elles pouvaient me protéger.— Alors, David ?Le Corbeau fait un pas en avant.Son sourire est lent, cruel.— As-tu compris maintenant ?Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je suis encore sous le choc de ce que je viens de lire.Je suis leur offrande.Leur tribut.Le dernier héritier du pacte de sang.Elles m’attendaient depuis toujours.Et maintenant que mon grand-père n’est plus là pour me protéger, elles comptent bien réclamer leur dû.Mon regard glisse sur la cabane, cherchant désespérément une échappatoire.Mais il n’y en a pas.Seule la porte derrière elles me
DavidLa cabane est vide, mais son ombre plane encore sur moi.Les cendres du parchemin noirci par l’incantation reposent à mes pieds, vestiges fragiles d’un combat que je viens à peine de gagner.Elles ont disparu.Mais la maison garde leur empreinte.Chaque poutre, chaque planche de bois semble imprégnée de leur présence.Le silence est trompeur.Il m’enveloppe d’un calme illusoire, comme si la nuit elle-même retenait son souffle.Je ne peux pas rester ici.Pas après ce que je viens de voir.Pas après ce que j’ai fait.Je dois partir.Mais où ?Je jette un regard autour de moi.Tout ce qui appartenait à mon grand-père semble m’observer.Les vieux meubles rongés par le temps.Les lampes à pétrole éteintes, figées dans leur lueur éteinte.Les photos accrochées aux murs, témoins silencieux d’un passé que je commence à peine à comprendre.Et au centre de la pièce, ce coffre.Celui que j’ai brisé.Celui qui contenait le parchemin.Je m’agenouille et passe les doigts sur le métal froid.S
DavidLa nuit s’étire autour de moi, silencieuse et oppressante.Je suis sur cette route de terre battue, loin de la cabane, loin d’elles, mais le froid dans mon dos ne disparaît pas.C’est comme si un poids invisible s’accrochait à moi, me tirant vers l’obscurité que je tente de fuir.J’ai grandi dans cette famille maudite.J’ai appris à reconnaître les ombres qui se cachent derrière les visages familiers.À sentir la menace dans un simple regard.Mais ce soir, pour la première fois, je comprends.Ce n’était pas qu’une peur d’enfant.Ce n’était pas mon imagination.C’était réel.Mon grand-père m’avait prévenu.Ses femmes n’étaient pas ordinaires.Elles étaient le mal incarné.Et maintenant, elles savent que je sais.Elles ne me laisseront pas partir.Un frisson me parcourt alors que je reprends ma marche, mon souffle court, mon cœur battant à un rythme incontrôlable.La forêt qui borde la route semble plus sombre qu’avant.Je sens les arbres me scruter, chuchoter dans une langue anci
DavidJe cours.La nuit déchire mon souffle, l’air froid s’engouffre dans mes poumons comme une lame.Derrière moi, le rire du Corbeau résonne encore.Il n’est ni moqueur ni cruel.Il est patient.Sourd.Comme si elle savait déjà l’issue de cette course.Je ne veux pas savoir.Je veux juste fuir.Mais mes jambes sont lourdes, comme entravées par une force invisible.Le village est si proche.Je peux presque voir les premières maisons au loin, leurs toits sombres se découpant contre l’horizon nocturne.Si j’y arrive…Si j’y parviens…Peut-être que—Une ombre fuse devant moi.Un éclat argenté.Je m’arrête net.Mon cœur cogne dans ma poitrine.Quelque chose est là.Quelqu’un.Et je sais avant même de lever les yeux.La Mouche Tsé-Tsé.Elle ne parle pas.Elle est juste là, dressée sur mon chemin, sa silhouette à peine visible dans l’obscurité.Mais je ressens sa présence.Son pouvoir.Sa menace.Elle n’a pas besoin de crier, de hurler, de se moquer comme le Corbeau.Elle agit dans le sile
DavidL’eau m’arrache l’air des poumons. Un silence absolu m’entoure, plus dense que tout ce que j’ai connu. Pas un bruit, pas une vibration. Juste l’immensité noire, infinie, qui m’attire vers le fond.Mes bras s’agitent par réflexe, mais il n’y a ni haut ni bas. L’eau n’est pas froide. Elle est absente. Une matière qui n’en est pas une, un gouffre qui me retient sans jamais me porter.Je descends.Ou est-ce le monde qui s’élève au-dessus de moi ?Les ténèbres s’épaississent. Une masse informe se dessine, immense, démesurée. Elle ne brille pas. Au contraire, elle absorbe la lumière qui ne devrait même pas exister ici.Puis, elle s’ouvre.L&
DavidL’appel ne s’arrête pas. Il s’insinue dans mon esprit, rampant comme une marée noire qui s’étale sur le sable. Je serre les dents, tentant de chasser cette voix qui me hante, mais elle s’accroche à moi comme une ancre.— David… Tu ne peux pas fuir.Je me redresse, le souffle court, mes doigts crispés sur le bois du bastingage. L’air est lourd, chargé d’un silence pesant. Tout semble figé, comme si le monde retenait son souffle.L’océan s’étale devant moi, immense et impénétrable. Mais sous cette surface tranquille, quelque chose veille. Quelque chose m’attend.Les Signes— Capitaine !La voix de Joren brise le silence, me ramenant à la réalité. Il accourt vers moi, l’air préoccupé.— On a un problème.Je me tourne vers lui, refoulant les ténèbres qui me rongent.— Quoi encore ?Il me désigne le ciel. Je lève les yeux et mon sang se glace.Les étoiles ont disparu.Aucune lueur ne brille dans l’immensité nocturne. Comme si une main invisible avait effacé la voûte céleste.Joren av
DavidLe silence s’abat sur le pont comme un couperet. L’ombre face à moi n’a pas bougé. Pourtant, je ressens son emprise partout autour de moi. L’air est plus lourd, plus froid. Les torches vacillent, comme si leur flamme hésitait à continuer d’exister en présence de cette entité.— Qui es-tu ? répété-je, cette fois d’un ton plus tranchant.L’ombre ne répond pas tout de suite. Puis, d’une voix profonde, presque familière, elle murmure :— Un avertissement.Je serre mon épée, prêt à frapper au moindre mouvement suspect.— Un avertissement de qui ?Elle lève lentement une main, paume ouverte vers le ciel.— Des profondeurs.Et soudain, tout bascule.La DéchirureLe pont du navire disparaît sous mes pieds. Un instant, je suis là, au milieu de mes hommes, l’instant d’après, je suis ailleurs.Un lieu que je ne reconnais pas.Le sol est noir, rugueux comme de la pierre volcanique. Autour de moi, des silhouettes sans visage flottent dans un espace sans fin. Le ciel au-dessus n’est pas un ci
DavidLe château est plongé dans une torpeur sinistre. La guerre est finie, mais le silence qui règne dans les couloirs ne signifie pas la paix. Au contraire. Il y a une tension sourde, une attente glaciale qui précède toujours une nouvelle tempête.Je suis assis sur le trône de pierre noire, les doigts drapés sur l’accoudoir froid, observant les flammes danser dans la grande cheminée. Autour de moi, le conseil murmure, échange des regards lourds de suspicion et d’ambition.— Nous devons agir vite.La voix de Markus brise le silence. Son regard est braqué sur Eldric, qui se tient debout à quelques pas du trône.— Les nobles du sud n’ont pas renoncé. Nous avons pris leur château, mais pas leur loyauté.Je lève un sourcil.— As-tu des preuves ?— Des espions ont intercepté un message. Une invitation secrète envoyée à trois seigneurs exilés. Une réunion aura lieu dans trois jours, près du port de Valdoria.Eldric croise les bras et sourit légèrement.— Ils ne perdront jamais espoir, Davi
DavidLe feu danse encore dans mes souvenirs, le crépitement des flammes résonne en écho dans ma tête. La guerre est finie, du moins en apparence. Mais je sais que ce n’est qu’un répit. Une trêve silencieuse avant la prochaine tempête.Nous avons pris le château. Nous avons écrasé nos ennemis. Mais le goût de la victoire est amer.Les Ombres du PasséJe me tiens dans la grande salle du trône, face aux murs marqués de suie et de sang. Les bannières ennemies ont été arrachées, brûlées, remplacées par les nôtres. Pourtant, l’air est lourd de souvenirs, de fantômes qui refusent de disparaître.— Ce château t’appartient désormais, David.La voix de Markus brise le silence. Il se tient derrière moi, son armure encore souillée par la bataille.— Tout ceci… je murmure en balayant la salle du regard. Combien de morts pour en arriver là ?— Assez pour ne jamais oublier.Le JugementDans la cour du château, les prisonniers sont agenouillés, leurs mains liées dans le dos. Certains tremblent, d’au
DavidLe vent hurle à travers la nuit, soulevant la poussière et les cendres laissées par le combat. Mon souffle est court, mon corps meurtri, mais je tiens debout. J’observe les ruines du sanctuaire, là où, quelques instants plus tôt, la Déesse du Corbeau et le Hibou Silencieux tentaient encore de m’anéantir.Elles ont disparu.Mais je sais qu’elles reviendront.Elles ne renoncent jamais.Je serre les poings, sentant encore l’écho du feu sacré dans mes veines. Une force ancienne s’est réveillée en moi, une puissance que je ne contrôle pas encore totalement. Mais une chose est sûre : je ne suis plus celui qu’elles pouvaient manipuler à leur guise.J’avance lentement à travers les décombres, mes pas résonnant sur les pierres brisées. L’odeur de suie et de souffre imprègne l’air, un rappel amer de la bataille qui vient de se jouer.Et pourtant, ce n’est que le début.— "David…"Une voix.Faible.À peine un murmure.Je me fige.Mon cœur rate un battement.Je tourne la tête, scrutant les
DavidLe vent hurle à travers les ruines du sanctuaire. Les colonnes brisées projettent des ombres difformes sur le sol de pierre, et la chaleur de mon feu sacré se mêle au froid surnaturel qui suinte de la Déesse du Corbeau et du Hibou Silencieux.Je suis pris entre elles.Elles avancent lentement, comme des prédateurs certains de leur victoire.— "Tu ne comprends toujours pas, n’est-ce pas ?" murmure la Déesse du Corbeau.Elle tend une main pâle vers moi.L’air se charge d’une énergie glaciale.Un mur invisible m’écrase la poitrine, me clouant au sol.Mes genoux frappent la pierre dure.Je suffoque.Mais je ne baisse pas les yeux.Elles veulent me voir briser.Elles veulent voir la peur.Je leur refuse ce plaisir.Mon feu crépite, luttant contre leur influence.Le Hibou Silencieux lève son bras.Elle ne parle jamais.Mais ses gestes suffisent.Un chuintement traverse l’air.Un trait noir fuse vers moi.Je roule sur le côté.Juste à temps.Le sol où je me trouvais un instant plus tôt
DavidLe feu danse autour de mon bras, vibrant d’une puissance ancestrale. Il ne me consume pas. Au contraire, il me reconnaît. Comme s’il savait.Ce n’est pas seulement une arme.C’est un héritage.Un don laissé par ceux qui ont combattu avant moi.Et un poids immense s’abat sur mes épaules.Je ne suis plus seulement une proie.Je suis celui qui peut les détruire.Mais pour ça…Je dois comprendre.Je dois savoir ce qu’elles veulent vraiment.Et je dois être prêt à affronter la vérité.---Le sanctuaire tremble encore sous la force du feu sacré.Je ferme les yeux et inspire profondément.Mon grand-père m’a toujours appris à écouter avant d’agir.À sentir le danger avant qu’il ne frappe.Et en cet instant, je le ressens.Quelque chose approche.Un murmure glisse entre les colonnes effondrées.Une voix trop basse pour être humaine.Puis…Le silence.Mais ce n’est pas un silence ordinaire.C’est un vide.Comme si quelque chose venait d’aspirer tout le son autour de moi.Je me retourne le
DavidL'obscurité m’enveloppe alors que je continue de courir. Mes jambes brûlent, mes poumons hurlent, mais je ne m'arrête pas. Derrière moi, l’ombre des trois sorcières plane toujours. Invisibles, mais terriblement présentes.Je ne suis plus un enfant. Je le leur ai prouvé en brûlant leur marionnette d’ombre. Pourtant, elles n’abandonneront pas. Elles veulent me récupérer. Elles veulent m’anéantir ou me plier à leur volonté.Mais je ne suis pas comme elles.Je suis autre chose.Quelque chose qu’elles n’ont pas prévu.---La route s’étend devant moi, interminable, comme si elle voulait me conduire quelque part où tout changerait. Où je pourrais enfin leur échapper.Mais je sais que c’est un mensonge.On ne fuit pas les ombres en courant.Je dois les affronter.Un vieux panneau surgit sur le bas-côté : "Prochaine ville : Black Hollow - 12 km"Black Hollow… Ce nom fait remonter en moi un souvenir ancien.Mon grand-père m'en avait parlé autrefois."Si un jour tu dois fuir, trouve la lum