Raven
Le silence s'étire entre nous, aussi tendu qu'une corde prête à se rompre. Je lis la peur dans ses yeux, mais aussi autre chose. Un trouble plus profond, plus ancien. Elle lutte contre une vérité qu'elle ne veut pas accepter. Je la comprends. Moi aussi, il y a longtemps, j’ai refusé d’y croire.
Je garde mes distances. Trop proche, je pourrais déclencher quelque chose d’irréversible. La magie de l’obsidienne ne dort jamais complètement.
— Tu as vu quelque chose, n’est-ce pas ?
Naïa ne répond pas. Son souffle est court, ses doigts crispés sur le rebord de la table. Son regard oscille entre moi et la bague, comme si elle cherchait un échappatoire.
— Ce n’est qu’un rêve… murmure-t-elle, plus pour elle-même que pour moi.
— Non.
Elle sursaute à la fermeté de ma voix.
— Ce sont des souvenirs, Naïa. Des fragments d’un passé que tu as oublié.
Elle secoue la tête, recule, trébuche contre une chaise. Son dos heurte la vitrine derrière elle et le verre vibre sous l’impact.
— C’est impossible…
Je soupire. J’aurais voulu lui laisser plus de temps, mais nous n’en avons pas. Déjà, je sens la présence qui s’éveille. Une force ancienne, tapie dans les ombres, prête à la revendiquer.
Je fais un pas vers elle. Elle tressaille.
— Écoute-moi, dis-je d’une voix plus douce. Je ne suis pas ton ennemi. Mais cette bague… elle va te changer. Si tu continues à la toucher, tu n’auras plus le choix.
Ses lèvres tremblent.
— Me changer ?
Je hoche lentement la tête.
— Elle t’appartient. Depuis toujours. Et elle te réclame.
Naïa
Les mots résonnent en moi, distordus par la panique. Tout mon corps crie de rejeter ce qu’il dit, de refuser cette absurdité. Mais une partie plus profonde, plus ancienne, sait qu’il dit vrai. Je l’ai vu. Je l’ai ressenti.
Je serre mes bras autour de moi, tentant d’éloigner le froid qui s’insinue en moi.
— Pourquoi moi ?
Il hésite.
— Parce que tu l’as déjà été.
Mon souffle se coupe.
— Déjà été… quoi ?
— Liée à elle. Et à moi.
Un frisson me traverse. Je ne veux pas entendre la suite. Mais il continue.
— Naïa… nous avons été amants autrefois.
Le monde bascule. Une vague de chaleur m’envahit, mêlée à un vertige puissant. Des images affluent, floues mais intenses. Une main dans la mienne. Un baiser sous la lumière vacillante des torches. Une douleur insoutenable…
Je m’accroche au bord de la table, haletante.
— Non… ce n’est pas moi.
Mais Raven me fixe, et dans son regard, je lis la certitude absolue.
— Si. Et c’est pour ça que tu dois choisir, Naïa.
Il approche encore, sa main tendue vers moi.
— Soit tu acceptes cette vérité… soit elle te détruira.
Un grondement sourd résonne dans l’air, comme si les murs du musée frissonnaient sous une force invisible.
Je regarde la bague, posée sur la table. Et je sais que ce choix, je ne peux plus le fuir.
Raven
Le grondement sourd résonne toujours, invisible et oppressant. Je sens l’énergie qui sature l’air, un avertissement. L’obsidienne a reconnu Naïa, elle l’appelle, et si elle ne prend pas garde, elle sera engloutie par ce lien ancestral.
Elle vacille légèrement, son regard perdu dans une tempête intérieure que je ne peux qu’imaginer. C’est toujours ainsi. Le retour des souvenirs est un choc.
— Naïa, il faut partir d’ici. Maintenant.
Elle relève la tête, les pupilles dilatées, la respiration erratique.
— Où ? Pourquoi ? Je ne comprends rien !
Je serre les poings. Il est difficile d’expliquer l’inexplicable. Le passé n’est pas une ligne droite, c’est un cercle vicieux qui nous emprisonne.
— Parce qu’ils vont venir, murmuré-je.
Un frisson la traverse.
Naïa
Quelque chose en moi sait qu’il dit vrai. Je ne peux pas l’expliquer, mais je le ressens. Une menace tapie dans l’ombre, attendant que je sois trop faible pour résister.
— Qui… ? demandai-je, d’une voix à peine audible.
— Ceux qui veulent la bague. Ceux qui ne laisseront aucun obstacle se dresser entre eux et elle.
Un vertige me prend. Je devrais fuir, refuser d’écouter ces absurdités, mais mon corps reste figé. Mes jambes refusent de bouger. L’écho des souvenirs m’enlace, me piège.
Je vois du sang. Des cris. Des flammes dévorant un temple que je n’ai jamais vu. Et au milieu du chaos, une silhouette. Moi.
Je secoue la tête violemment, repoussant l’image.
— Ce n’est pas moi !
— Si, Naïa. Tu as déjà vécu cela. Tu as déjà fui. Mais cette fois, nous devons affronter ce qui arrive.
Je fixe Raven, cherchant une faille dans son assurance. Il n’y en a pas. Il sait. Il se souvient de moi.
Et une partie de moi commence à se souvenir de lui.
Raven
L’air autour de nous devient électrique. Ils arrivent.
Je prends la main de Naïa sans réfléchir. Sa peau est glacée sous mes doigts. Elle ne proteste pas, trop troublée pour refuser.
— Fais-moi confiance, soufflé-je.
Je l’entraîne hors de la salle, nos pas résonnant dans le silence du musée. Nous n’avons que quelques secondes d’avance.
Les lumières clignotent, une ombre glisse entre les statues immobiles. Un murmure s’élève, sinistre et impatient.
Naïa resserre ses doigts autour des miens.
Nous courons.
Mais le passé ne nous laissera pas fuir aussi facilement.
CalebJe l’entoure de mes bras, sentant son souffle sur ma peau. Je la veux entièrement, dans chaque endroit de son cœur, chaque recoin de son âme. Alors que nous atteignons ensemble ce sommet de passion, je sens que cette union est plus que physique. C'est une communion de nos désirs, de nos rêves et de notre essence même.— Naïa… murmuré-je, les paroles peinant à sortir tant l’intensité de ce moment est vive.Et nous continuons cette danse, pulsant au rythme de nos cœurs unis, redécouvrant à chaque instant la beauté de l’amour et la profondeur de notre connexion.NaïaJe sens la chaleur de ses bras autour de moi, mais c'est bien plus que cela. C’est l’étreinte du destin, un lien invisible et puissant qui nous unie pour l’éternité. Mes pensées sont un tourbillon, mes émotions une mer déchaînée, mais en lui, je trouve la paix. Caleb, l’homme qui m’a bouleversée, m’a fait découvrir une vérité que je n’avais jamais osé croire : l’amour véritable.Les souvenirs de nos luttes, de nos pein
NaïaLa lumière douce du matin pénètre à travers les feuilles, une légère brise caresse ma peau, et j’émerge lentement de mon sommeil. Je sens encore la chaleur de notre nuit ensemble, la douceur des échanges de nos âmes qui vibrent en moi. Mes yeux s’ouvrent lentement, et je me tourne vers Caleb, allongé à mes côtés. Sa silhouette est paisible, et un sourire s’étire sur mes lèvres en le voyant dormir. Il est magnifique ainsi, les traits détendus, les cheveux en désordre. Je me rappelle chaque instant de la nuit précédente et les souvenirs m’envahissent comme une vague douce et réconfortante. Je n’aurais jamais cru qu’un moment, une rencontre, une seule nuit pourraient créer une telle intimité, une telle compréhension entre nous. Je me penche légèrement pour déposer un baiser furtif sur sa joue. Au contact de mes lèvres, il s’éveille, ses yeux s’ouvrent avec une lueur d’émerveillement, presque incrédule. En un instant, il se souvient et un sourire heureux illumine son visage.— Bonj
NaïaLe monde autour de nous semble s’effacer, comme si le temps avait suspendu son cours. Je sens les battements de mon cœur résonner dans tout mon être, chaque pulsation amplifiant la tension palpable entre Caleb et moi. Ses yeux plongent dans les miens, et tout ce que je savais ou pensais connaître s’efface sous l’éclat de cette révélation. Mon regard lui répond sans même que je sois consciente de mes pensées. J’ai envie de l’atteindre, de le rassurer, de lui montrer que je ressens tout le poids de ses mots.Il se rapproche, et je peux sentir la chaleur de son corps, comme un rayon de soleil perçant à travers les nuages sombres. Je suis en proie à une tempête intérieure, un mélange d'appréhension et d'anticipation. Et puis, il rompt le silence ; sa voix est un murmure dans un souffle.— Naïa, je... je ne veux pas que ce soit une simple mémoire, une promesse fictive. Je veux que tu sois à mes côtés, maintenant et pour l’éternité.À cet instant, tout semble possible. Je peux voir la
NaïaLes heures défilent, mais je suis comme suspendue dans un instant, dans cet espace entre nous où tout semble plus intense. Caleb et moi, nous avons traversé tant de choses ensemble, des épreuves, des batailles. Mais aujourd'hui, il y a quelque chose de différent dans l'air. Une tension palpable, non plus entre nous et le monde, mais entre nos cœurs. Nous marchons côte à côte, sans dire un mot, mais tout semble se dire dans le silence. Nos regards se croisent de temps à autre, et chaque fois, je sens ce frisson parcourir mon échine.Il est là, à mes côtés, et pourtant, il est bien plus proche. Ses mouvements sont plus lents, plus réfléchis, comme s'il cherchait à ne pas briser l’équilibre fragile que nous avons construit. Quand je lève les yeux vers lui, je vois quelque chose de plus en lui, quelque chose que je n'avais pas remarqué jusque-là : une vulnérabilité cachée sous ses traits marqués, une ouverture que je n'avais pas vue.— Naïa, murmure-t-il, sa voix rauque, mais douce,
NaïaNous avançons toujours, mais quelque chose a changé. Le silence qui nous entourait semble plus doux, comme si l’air lui-même s’était allégé. Caleb, bien qu’encore torturé par les ténèbres qui le consument, semble plus présent à chaque pas. Je le vois, ses yeux se posant sur moi avec une intensité que je n'avais jamais remarquée auparavant. C’est presque comme si nous étions dans un monde à part, hors du temps, hors de tout ce qui nous a blessés.À chaque mouvement, je le ressens un peu plus près, et cela me fait un étrange bien. Sa souffrance, bien que palpable, n'est plus un mur entre nous. Au contraire, elle semble lier nos âmes dans une danse fragile et précieuse. Nous ne parlons pas beaucoup, mais les silences entre nous sont pleins de compréhension, de mots non dits.Je lève les yeux vers lui, l’espace d’une fraction de seconde, et il répond par un petit sourire, un sourire qui, bien qu’éphémère, fait fondre quelque chose en moi. Il est là, avec moi. Et c’est tout ce qui com
RavenJe sens la pression s’alourdir autour de moi, une entité implacable, oppressante. Le sol tremble sous nos pieds comme s’il se préparait à nous engloutir. Le temps se distend encore, me donnant la sensation que chaque seconde dure une éternité. La créature nous attend. Je le sais, je le sens dans chaque fibre de mon être. Elle n’est plus une simple présence dans l’obscurité, elle est devenue une partie de nous, une ombre en nous, se tordant et se mélangeant à nos peurs, à nos souvenirs.Mais je ne m’arrêterai pas. Pas ici. Pas maintenant. La seule chose qui me permet de continuer, c’est l’idée que je ne peux pas laisser mes compagnons derrière. Naïa. Caleb. Je sens leur présence juste à mes côtés, tout aussi déterminés que moi, même si je sais qu’ils ressentent la même pression. Mais nous sommes ensemble, et c’est tout ce qui compte.La silhouette se dessine devant nous, une forme indistincte, une ombre informe qui semble tout engloutir sur son passage. Une voix profonde résonne