- Quoi encore ? marmonna Léa en essayant de rester droite sur ses pieds. Autour, les arbres bougeaient sous impacte des tremblements.- Restez sur vos gardes, avertit Gaël aux aguets.Les secousses s'amplifiaient de plus en plus et se rapprochaient dangereusement. Brusquement, tout devint calme. Plus rien ne se fit sentir, laissant les six compagnons de voyage pantois. Ceux-ci se lancèrent des regards interrogateurs teintés d'angoisse. Puis, sans qu'ils ne s'y attendent, un vers géant sortit du sol creusant à son passage un gros trou de la forme d'un cratère. Il avait la peau aussi noir que celle de la furie. De sa bouche remplis de dents affûtées coulait une bave de couleur verte. Une goutte du liquide tomba sur une touffe d'herbe et celle-ci se fana instantanément. Ses trois yeux jaunes et sauvages fixaient chacun des jeunes gens comme s'il avait l'embarras du choix. - Ne bougez surtout pas, restez calme ordonna en murmurant le chef rebelle. Carlos, reste... Non, tu restes où tu
Deux heures plus tôt, ils avaient quitté le Camp. Accompagné de Carlos qui leur servait de guide, le petit groupe avançait dans la forêt de Syrte en direction de la frontière de Valladium, territoire des Medox, situé au Nord-Ouest d'El-Dorado. Autour d'eux, un silence apaisant régnait, troublé par les chants d'oiseaux, le bruit d'une rivière un peu plus loin, et par les pas des chevaux. Il faisait mi-sombre malgré l'heure avancé de la journée. Ils empruntaient une piste sablonneuse qui serpentait à travers les bois, tracée au fil du temps, à force d'y marcher et galoper.Encore novice, Laurine essayait tant bien que mal de rester droite sur sa monture. Carlos trottait à ses côtés lui donnant quelques conseils de temps à autre. Lidya, elle, galopait sur le même alignement que Gaël. Léa et Igor venaient après. - Dans deux jours au plus, si tout va bien, nous serons à Valladium, annonça gaiement Carlos. - J'ai hâte d'y être, s'enthousiasma Lidya. Il paraît que la ville n'est pas enco
Le noir total. Autour d'elle, tout n'était qu'obscurité et silence. Lidya était apeurée. De petites gouttes salées perlaient sur son front, sa peau était couverte de chair de poule à cause du froid, et ses doigts tremblaient révélant son agitation intérieur. Elle jetait des regards inquiets aux alentours. Où était-elle ? Comment avait-elle atterri dans ce tunnel sombre et humide ? Était-ce de la réalité ou un rêve ?Soudain, au loin, elle aperçut une lumière violette et se dirigea vers la source avec appréhension. Lorsqu'elle y arriva, elle se retrouva devant une cellule. À l'intérieur, sur un lit de pierre, était allongée une femme. Cette dernière portait une longue robe noire qui couvrait son corps menu et fragile. Malgré cela, elle tremblait de froid. Lidya reconnut sa mère et en eut le cœur brisé. Faisant fi de toute vigilance, elle se précipita vers les barreaux et tenta d'ouvrir la serrure, en vain. Alertée par le raffut, Arielle se retourna avec difficulté. Les joues creuses,
Un léger vent souffla, soulevant et emportant avec lui des feuilles mortes. Juste après, sous le regard ahurie des trois filles, le paysage devant leurs yeux se transforma. Lorsque la mélodie prit fin, ce n'était plus une clairière qu'elles avaient en face, mais un camp.Des centaines de baraques construites proche les unes des autres servaient d'habitation aux rebelles. Lidya, qui s'attendait à un camp composé uniquement d'hommes, fut étonnée d'y trouver des femmes ainsi que des enfants. Ces derniers, insouciants, couraient et s'amusaient en groupe. L'agitation était semblable à celle d'un petit village paisible. N'eut pas été la présence de quelques gardes armés jusqu'aux dents, la jeune fille n'y aurait pas cru. Trop occupée à découvrir, le petit coin de paradis de leur hôte, elle ne remarqua pas deux hommes de la même carrure qu'Albierik se rapprocher d'eux. Ce ne fut qu'une fois la discussion entamée entre les trois Mirabelliens qu'elle se rendit enfin compte de leur présence.
La chute dura environ deux minutes. Léa, qui adorait tout ce qui provoquait une poussée d'adrénaline, jubilait. Gaël, lui, essayait de garder un air sérieux et ses sens en alerte. Après tout, il ne savait pas encore ce qui les attendait de l'autre côté.Petit à petit, ils perdirent en vitesse, signe qu'ils arriveraient bientôt. Soudain, suivant son instinct de félin qui lui avertissait la fin de la chute, Bartok s'échappa des mains de sa maîtresse pour retomber sur ses pattes. En se retournant pour voir si tout le monde était parvenu à destination, Gaël ne put retenir un fou rire.La blonde était allongée au sol, face contre terre, Lidya assise sur ses fesses. Elles mirent un peu de temps à reprendre leurs esprits. Quand elles y parvinrent, la Johnson saisit la main que lui tendait Gaël pour l'aider à se relever.- Ça va aller ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix en voyant sa camarade allongée.- T'inquiète pas, heureusement ce tas de feuilles a amorti la chute
Vêtue d'une longue robe de couleur or qui épousait parfaitement ses formes, ses cheveux rouges relâchés atteignant le bas du dos, la reine attendait patiemment l'arrivée des trois sœurs. Assise sur le trône Royal, un verre en cristal contenant un liquide jaune dans sa main droite, et l'autre soutenant son menton, elle avait le regard perdu au loin. Une expression de tristesse et de lutte intérieure planait sur son visage sans défaut.Chaque fois qu'elle se retrouvait seule, c'était toujours pareil. Elle ne pouvait s'empêcher de revivre ses malheureux souvenirs. De sentir sa poitrine se comprimer douloureusement, ses yeux se voiler de larmes, sa gorge devenir sèche et l'air commencer à lui manquer, comme ce jour fatidique. Sa main, tenant le verre de cristal, se mit à trembler et elle s'empressa de vider le contenu pour se calmer. Qu'elle les haïssait ! Tout était de leur faute. Rien que de penser à eux, la douleur qu'elle ressentait fit place à de la rage. Cette même rage qui lui av
Lorsque Lidya ouvrit les yeux, et se trouva allongée dans son lit. Elle se leva en massant ses tempes, sa tête étant un peu douloureuse.En la voyant bouger, Laurine, qui était assise sur une chaise à ses côtés, se précipita de la prendre dans ses bras.- Ne me refais plus une telle frayeur jeune fille, j'ai cru que... Ses mots moururent au bout de ses lèvres, échangeant leur place à un croissant de lune, lorsque Laurine vit son amie grimacer.- Heureusement tu t'es enfin réveillée. Tu es restée inconsciente durant une heure, annonça-t-elle avec soulagement.Sonnée par la nouvelle, Lidya ouvrit grand les yeux. Son regard dévia vers une montre accrochée au mur. Elle indiquait vingt-un heures. L'enlèvement de sa mère lui revint en tête, avec son lot d'inquiétudes. - Où est Léa ? demanda-t-elle en remarquant l'absence de la brunette dans la pièce.Au même moment, cette dernière entra dans la chambre, suivie de Gaël. En le voyant, le cœur de la jeune fille rata un battement. Elle eut u
Deux minutes plus tard, Lidya rejoignait Laurine au lieu de rendez-vous. De loin, elle vit son amie adossée contre l'un des arbres qui bordaient la route bitumée. Les magasins commençaient à fermer et les lampadaires à s'allumer. Dès qu'elle fut un peu plus proche, elle remarqua que cette dernière tenait une boule de poils dans ses bras.— Salut, lança-t-elle en arrivant auprès d'elle. Trop curieuse de savoir ce que tenait la blonde, elle enchaîna :— Quel est donc cet animal, Laurine ? On dirait un lynx, mais sa couleur...— Tu le vois ? s'étonna la jeune Butter.La surprise de Laurine était grande. Lorsqu'elle avait quitté la maison avec Bartok, ses grands-parents ne l'avaient pas remarqué.— Bien sûr que oui ! Quelle question ! Il est trop mignon ! s'extasia Lidya. Ah, je vois ! C'était ça, ta surprise, hein ? fit-elle en souriant. Par contre, il est bleu, c'est étrange. Où l'as-tu trouvé ?Le fait que Lidya puisse voir Bartok alors que ses grands-parents non, rendit Laurine per
Une nouvelle journée venait de débuter. Allongée sur son lit, un livre sur sa poitrine, les bras le long du corps et le regard perdu dans la contemplation du plafond, Lidya était plongée dans ses pensées. Elle se remémorait les révélations de Léa. Selon cette dernière, sa mère biologique serait peut-être vivante, ou morte. Un mystère qu'elle voulait résoudre. Mais pour le moment, sa sécurité était la plus importante. Raison pour laquelle il fallait qu'elle soit présente au rendez-vous de ce soir. Comment allait-elle s'y prendre ? Voilà ce qu'était le problème.Depuis la veille, elle n'avait pas adressé la parole à sa ‹‹ mère adoptive ››. Rien que l'énonciation de ce mot lui nouait la gorge. Celle-ci avait déjà frappé plus de deux fois à sa porte pour lui parler, mais elle l'avait ignorée. Voir Arielle souffrir autant lui faisait mal, néanmoins elle n'arrivait pas à lui pardonner ; pas pour le moment.Son ventre gargouilla, trahissant sa faim. Cela faisait un moment qu'elle ressentait