ÉliasJe sens son souffle contre ma peau, irrégulier, brûlant, témoin de la guerre intérieure qu’elle ne mène plus que par réflexe. Graziella est là, tout contre moi, vaincue et magnifique dans sa vulnérabilité, et pourtant, je sais qu’elle n’a pas encore tout donné. Qu’il reste encore une partie d’elle, un éclat d'orgueil, qu’il me faudra briser pour qu’elle m’appartienne entièrement.Je caresse sa joue du bout des doigts, lentement, presque tendrement, alors que mes yeux la fixent sans la lâcher. Chaque battement de son cœur résonne contre mon torse, affolé, désordonné, incapable de cacher l’impact que je produis sur elle. Sous mes paumes, elle tremble. Pas de peur. Pas vraiment. Plutôt une terreur plus ancienne, plus primitive, celle de se perdre et de ne jamais retrouver le chemin du retour.Élias : « Regarde-moi. »Elle hésite, un instant, un seul, lutte contre l’ordre silencieux imprimé dans ma voix, mais finit par relever doucement les yeux vers moi. Dans ses prunelles sombres,
ÉliasLes secondes s'étirent dans l’air épais et lourd, comme suspendues entre deux mondes. Le silence qui régnait entre nous avant est maintenant brisé, non par des mots, mais par un souffle, une respiration qui se fait plus rapide, plus profonde. C'est le moment où tout se joue. Où les derniers vestiges de résistance s’effondrent sous le poids de ce qui nous unit, de ce qui nous détruit.Je la tiens encore, mes bras fermement enroulés autour d'elle, comme une promesse, comme une prison douce. Il n’y a plus de fuite pour elle. Elle sait, au fond d’elle, qu’il n’y a plus de retour en arrière. Elle a franchi la frontière. Ses bras, qui étaient tendus contre mon torse, se relâchent lentement, et je la sens se laisser aller. Ce n’est plus de la lutte, c’est de la capitulation.Je la regarde, cherchant cette lueur de défi dans ses yeux, mais je ne la trouve pas. Il ne reste plus que la fatigue, la résignation, un peu d'orgueil peut-être, mais plus d’opposition. Ses lèvres frémissent sous
ÉliasLe silence règne encore. Après ce dernier baiser, une sorte de calme étrange s’est installé entre nous. Ni Graziella ni moi ne bougeons, comme si le monde extérieur n’existait plus. Comme si nous étions suspendus dans une bulle, protégés de tout, à l’abri de tout ce qui pourrait venir briser cette illusion de contrôle.Je la maintiens contre moi, mes mains toujours sur sa taille, mes doigts sentant la chaleur de sa peau à travers le tissu. Mon cœur bat d’une manière différente, plus lourdement, plus irrégulièrement. Ce n’est pas la peur, pas encore. C’est l’anticipation. La satisfaction de l’avoir là, de l’avoir sous ma domination, de l’avoir finalement atteinte, dans tous les sens du terme.Graziella finit par rompre le silence, d'une voix basse, presque tremblante.Graziella : « Tu… tu penses que ça va suffire ? »Elle pose une question, mais je sens cette pointe de défi dans ses mots. Elle tente de reprendre une part de contrôle, de regagner un peu de terrain, mais je sais qu
ÉliasLe silence qui nous enveloppe est presque insoutenable. Il n'y a que le souffle de l’air, léger et froid, qui s’infiltre dans la pièce, comme un murmure distant. Dans ce lieu isolé, chaque mouvement, chaque respiration semble amplifier la tension. La vue splendide qui s’étend au-delà des fenêtres, avec les montagnes qui se dressent majestueuses et l’horizon qui s’étend à l’infini, ne fait rien pour apaiser l’atmosphère. Au contraire, cela me rappelle que tout ici, tout autour de nous, est un monde que j’ai façonné. Chaque détail, chaque objet dans cette pièce a été choisi, chaque espace laissé vide a sa propre signification. Ce n’est pas un hasard. Tout est sous contrôle, tout est calculé.Graziella reste là, figée, une expression de défi dans ses yeux. Pourtant, je vois cette lueur fragile, cette brèche dans sa résistance. Elle me défie encore, mais je sais qu’au fond d’elle, elle est en train de comprendre. Qu’elle n’a pas de contrôle. Pas ici. Pas avec moi. Elle peut encore f
ÉliasElle croit que fuir suffira. Elle croit qu’un simple geste, un mouvement rapide vers la sortie, effacera tout ce qui s’est passé entre nous. Mais je sais mieux. Elle n’échappe pas à ce que je suis devenu pour elle, pas après tout ça. Non, elle n’a pas le choix.Quand elle fait un pas en arrière, je la rattrape d’un mouvement fluide, un pas décidé, un bras fermement tendu pour saisir son poignet avant qu’elle ne puisse fuir. Son corps se tend immédiatement sous la pression de ma prise, mais je ne lâche rien. Ses yeux, pleins de colère et de frustration, se posent sur moi, mais je n’y réponds pas. Pas de douceur. Pas de compassion. Juste de la détermination.Je n’ai pas de temps à perdre. Je n’ai pas le luxe de lui donner la chance de réfléchir à ses actions. Elle est à moi, maintenant, et cela ne changera pas.« Tu ne vas pas partir, » dis-je d’une voix ferme, presque impitoyable. « Pas cette fois. »Elle tente de se dégager, de faire un mouvement, mais je la serre un peu plus, l
ÉliasJe la surveille, dissimulé dans l’ombre d’un coin du café, son image gravée dans chaque fibre de mon être. C’est devenu une obsession, un besoin viscéral que je ne peux plus ignorer. Elle ne me quitte jamais, même quand elle ne se trouve pas dans mon champ de vision. J’ai toujours cru être maître de mes désirs, que rien ni personne n’aurait de prise sur moi. Mais ça, c’était avant elle. Avant que Graziella ne s’invite dans ma vie avec la force tranquille d’une tornade.Elle se trouve là, à quelques mètres, entourée de regards curieux, répondant aux journalistes sans fléchir. Elle ne montre aucune faiblesse, mais je la connais. Derrière son masque de froideur, je devine tout. La tension dans ses gestes, l’hésitation dans ses regards. Ce qu’elle croit maîtriser, je le vois. Et je suis le seul à voir ces brèches dans son armure. Elle ne le sait pas, mais c’est moi qui ai déclenché cette vulnérabilité.Quand je l’ai fait suivre, c’était par nécessité. Pas pour la protéger. Pour la p
GraziellaLa journée d’hier m’a laissé une trace indélébile. Ce n’est pas la performance qui m’a marquée, mais cette exposition, ce dévoilement brutal sous les regards du monde entier. Le poids de la vérité n’a jamais été aussi lourd. Lorsque les portes du théâtre se sont fermées derrière nous, je pensais que l’air serait plus léger, que le temps s’étirerait dans une sorte de répit, mais ce n’était que l’illusion d’un instant. La réalité m’a rattrapée, avec toute la violence d’un impact.Les journalistes sont encore dans ma tête, comme des spectres persistants. Leurs questions résonnent dans mes pensées, leurs regards curieux, intrusifs, se dessinent encore sur mes rétines. C’est comme si tout le monde avait maintenant une part de moi, comme si, à chaque flash, à chaque mot qu’ils ont prononcé, une partie de mon âme avait été exposée. La scène était censée être le sommet, la récompense d’années de travail, mais aujourd’hui, je comprends que c’était juste une autre scène, un autre déco
GraziellaJe sens la lourdeur de l’air autour de moi. L’instant suivant, la porte de ma loge s'ouvre à la volée. Le bruit des flashs m’assaille. Des éclats lumineux frappent mes yeux, comme une pluie aveuglante. Je suis figée, une image vivante prise dans une multitude de regards. Des caméras, des micros, des journalistes, tous convergent vers nous, vers lui. Élias reste près de moi, implacable. Je suis là, exposée au monde, et chaque question qui se profile à l’horizon semble un coup porté à ma poitrine.Les premiers mots fusent, brutaux dans leur simplicité.« Graziella, Élias, peut-on savoir ce qui se passe entre vous ? »Je n’ai pas le temps de réagir. Un autre journaliste, un peu plus audacieux, ose ajouter :« Est-ce que cette relation est liée à votre ascension dans la troupe, Graziella ? Certains murmures disent que vous avez tout sacrifié pour arriver là. »Je serre les poings dans mes poches, ma respiration devient plus lente, plus profonde. Il y a une froideur dans leur voi
GraziellaJe suis dans ma loge, seule, comme à chaque fois après la représentation. La sueur perle sur mon front, mon cœur bat encore fort, comme une bête qui ne veut pas se calmer. Pourtant, malgré l’effort, je ne me sens pas vivante. Juste vide. Une coquille vide, prête à se briser sous la pression. La porte s’ouvre brusquement, et je n'ai même pas le temps de réagir. C'est Élias. Il entre sans un mot, ferme la porte derrière lui. Ses yeux sont sombres, fixant l’espace avec une intensité qui me coupe le souffle.« Tu n’as pas été parfaite ce soir. »Il ne sourit pas, il ne semble pas en colère. Il évalue. Comme toujours. J’ai l’impression de n’être rien d’autre qu’une œuvre d’art qu’il scrute sous un microscope. Son regard glisse sur moi, comme s’il cherchait une faille. Un détail qui cloche. Je reste silencieuse, le regardant, le souffle suspendu. Je sais ce qui va venir, même si je n’ai pas envie de l’entendre. Mais je sais que ce moment, il est inévitable. Il est là.« Élias, je…