PAS DE DEUX AVEC LE DIABLE

PAS DE DEUX AVEC LE DIABLE

last updateLast Updated : 2025-06-21
By:  DéesseUpdated just now
Language: French
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Titre : Pas de deux avec le diable Elle s'appelle Graziella Valcourt. Fille d’une couturière et d’un ouvrier, elle n’a que son corps et sa rage pour conquérir la scène. Depuis l’enfance, elle rêve d’être l’étoile, cette ballerine adulée, lumière unique dans l’ombre des autres. Mais à l’Opéra, le talent ne suffit pas. Il faut des appuis. Des noms. Du pouvoir. Quand Élias De Marens, mécène influent, richissime et redouté, lui propose de financer sa carrière en échange d’un contrat... particulier, Graziella hésite. Un marché immoral, inavouable, mais irrésistible. Car il lui promet la scène, la reconnaissance, l’immortalité artistique. À condition de lui appartenir, corps et âme. Graziella accepte. Mais plus elle grimpe, plus elle s’enlise dans un monde de faux-semblants, de jalousies et de pièges. Entre les applaudissements et les nuits volées, entre les projecteurs et les chaînes invisibles, elle vacille. Jusqu’à ce que l’art devienne poison. Et que l’amour, le vrai, vienne tout bouleverser. Jusqu’où ira-t-elle pour danser au sommet ? Et à quel prix ?

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Chapter 1

Chapitre 1 — Le sang sous les pointes

Graziella

Paris. 5 h 12.

Je suis déjà debout. Ou plutôt, je ne me suis pas vraiment couchée. Juste un moment, contre le mur froid, les jambes tendues, le dos noué de fatigue. Le sommeil, je l’ai troqué contre des pliés et des pirouettes. Je n’ai pas le luxe du repos.

Dans la pièce exiguë que je partage encore avec ma mère, le silence est pesant. Le parquet grince sous mes pointes élimées, et chaque craquement semble hurler dans le noir. Je serre les dents. Une ampoule éclate sous l’effort. Mon sang colle à la toile de mes chaussons. J’ai mal. Mais la douleur est la seule chose qui me prouve que je suis encore en vie.

Il fait froid, ici. Toujours. Le chauffage est en panne depuis trois semaines, mais on n’a pas de quoi le faire réparer. Ma mère dit que ça forge le caractère. Moi, je dis que ça casse les os. Mais elle n’écoute plus mes remarques. Elle coud en silence, tard le soir, des robes qu’elle ne pourra jamais porter. Et moi, je danse. Comme si ma vie dépendait de chaque arabesque.

Parce qu’elle en dépend.

Je ne suis pas née pour être jolie. Ni pour être docile. Je suis née pour brûler sur scène. Pour fendre le silence d’un saut, pour voler un souffle, pour conquérir une salle entière sans dire un mot. Je suis née pour qu’on me voie.

Et ce matin, j’ai une audition.

Pas une grande. Pas officielle. Une remplaçante tombée malade, un trou dans le programme. Mais une chance. Peut-être la seule. L’Opéra de Paris ouvre une brèche, et je suis assez affamée pour m’y engouffrer.

Je quitte l’appartement sans bruit. Je laisse ma mère dormir. Elle est belle, endormie. Ridée de fatigue, usée par les jours, mais digne. Moi, j’ai ses mains. Et sa rage. Elle, elle l’a enfouie. Moi, je l’ai laissée grandir.

Dans le bus, mes genoux tremblent. Je cache mes chaussons sous mon manteau trop grand. Les autres passagers me regardent à peine. Je suis une ombre. Une fille parmi d’autres. Une inconnue qui espère.

Mais dans ma tête, je suis déjà sur scène.

---

L’Opéra sent le vieux bois, la cire, et la perfection figée.

Je pousse la porte du studio de répétition. Les murs blancs reflètent la lumière crue. Je connais cette salle par cœur, même si je n’y ai jamais dansé. Je l’ai vue mille fois depuis la galerie du haut, assise, tapie dans l’ombre, les yeux rivés sur les danseuses étoile. Elles, elles avaient des noms. Des soutiens. Des lignées. Moi, j’ai juste appris à copier chaque mouvement jusqu’à me l’approprier.

Les autres filles sont déjà là. Elles me regardent. Certaines m’ignorent. D’autres ricanent. Je suis cette inconnue sans tutu griffé, sans maquillage. J’ai un justaucorps noir qui a vu trop de lavages, et mes cheveux sont tirés à en saigner.

Mais je m’en fiche.

Je m’échauffe. Je me recentre.

Quand le professeur entre, il me lance un regard bref. Il sait qui je suis. Une pièce de rechange. Jetable. Mais remplaçable ne veut pas dire transparente. Pas aujourd’hui.

La musique commence.

Et je me lance.

---

Tout disparaît.

Le froid. Les moqueries. Le sang sous mes ongles. Je suis mouvement. Je suis tension. Je suis souffle.

Je danse La Mort du Cygne comme si je la vivais. Chaque battement de bras est un cri muet. Chaque courbe de mon dos, une offrande. Je me tords, je vacille, je renais. Je suis la chute, la lutte, la fin.

Quand la musique s’arrête, j’ai le cœur qui cogne contre mes côtes comme une bête affolée. J’entends mon sang. Je sens la sueur couler dans mon dos. Et je me redresse.

Rien.

Pas un mot. Pas une main qui applaudit.

Juste des regards figés.

Et un murmure, à ma gauche.

— Élias De Marens est dans la salle.

Je me retourne.

Je le vois.

Il est là. Assis dans l’ombre, à l’écart. Costume anthracite, chemise noire, cravate défaite juste ce qu’il faut pour qu’on devine que l’élégance est chez lui une arme, pas un effort.

Élias De Marens.

J’ai entendu des choses sur lui. Tout le monde en a. Il finance, il détruit. Il fait et défait les carrières avec une simple inclinaison du menton. Il choisit. Et quand il choisit, il exige.

On dit qu’il collectionne les talents. Et qu’il les possède.

Pas comme un mécène. Comme un démon. Avec promesses, chaînes, et pactes murmurés dans l’obscurité.

Pourquoi est-il ici ?

Je baisse les yeux. Trop tard. Son regard m’a vue.

---

Dans les couloirs, je cherche un vestiaire désert. J’ai besoin de reprendre mon souffle. J’ai peur de vomir. L’adrénaline, la fatigue, l’humiliation. Tout se mélange.

— Mademoiselle Valcourt.

Je me fige.

Il est là. Tout près. Plus grand que je l’imaginais. Plus calme. Trop calme. Il ne sourit pas. Il ne parle pas pour séduire. Il parle pour sceller.

— Vous dansez comme on se noie. C’est rare.

Je serre les dents. Je ne veux pas qu’il lise dans ma peur. Ni dans ma faim.

— Merci.

Il sort une carte de sa veste. Elle est noire. Sobre. Mon nom est déjà inscrit dessus.

— Passez me voir. Ce soir. Demain. Quand vous serez prête à faire ce qu’il faut pour que le monde se souvienne de votre nom.

Il me regarde une dernière fois.

— Je peux vous donner la scène. Mais à une condition : qu’elle vous brûle. Et que vous m’apparteniez.

Puis il s’en

va.

Moi, je reste là.

Le cœur en feu.

Les jambes qui tremblent.

Et la carte brûlante contre ma poitrine.

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