Titre : Pas de deux avec le diable Elle s'appelle Graziella Valcourt. Fille d’une couturière et d’un ouvrier, elle n’a que son corps et sa rage pour conquérir la scène. Depuis l’enfance, elle rêve d’être l’étoile, cette ballerine adulée, lumière unique dans l’ombre des autres. Mais à l’Opéra, le talent ne suffit pas. Il faut des appuis. Des noms. Du pouvoir. Quand Élias De Marens, mécène influent, richissime et redouté, lui propose de financer sa carrière en échange d’un contrat... particulier, Graziella hésite. Un marché immoral, inavouable, mais irrésistible. Car il lui promet la scène, la reconnaissance, l’immortalité artistique. À condition de lui appartenir, corps et âme. Graziella accepte. Mais plus elle grimpe, plus elle s’enlise dans un monde de faux-semblants, de jalousies et de pièges. Entre les applaudissements et les nuits volées, entre les projecteurs et les chaînes invisibles, elle vacille. Jusqu’à ce que l’art devienne poison. Et que l’amour, le vrai, vienne tout bouleverser. Jusqu’où ira-t-elle pour danser au sommet ? Et à quel prix ?
Lihat lebih banyakGraziella
Paris. 5 h 12.
Je suis déjà debout. Ou plutôt, je ne me suis pas vraiment couchée. Juste un moment, contre le mur froid, les jambes tendues, le dos noué de fatigue. Le sommeil, je l’ai troqué contre des pliés et des pirouettes. Je n’ai pas le luxe du repos.
Dans la pièce exiguë que je partage encore avec ma mère, le silence est pesant. Le parquet grince sous mes pointes élimées, et chaque craquement semble hurler dans le noir. Je serre les dents. Une ampoule éclate sous l’effort. Mon sang colle à la toile de mes chaussons. J’ai mal. Mais la douleur est la seule chose qui me prouve que je suis encore en vie.
Il fait froid, ici. Toujours. Le chauffage est en panne depuis trois semaines, mais on n’a pas de quoi le faire réparer. Ma mère dit que ça forge le caractère. Moi, je dis que ça casse les os. Mais elle n’écoute plus mes remarques. Elle coud en silence, tard le soir, des robes qu’elle ne pourra jamais porter. Et moi, je danse. Comme si ma vie dépendait de chaque arabesque.
Parce qu’elle en dépend.
Je ne suis pas née pour être jolie. Ni pour être docile. Je suis née pour brûler sur scène. Pour fendre le silence d’un saut, pour voler un souffle, pour conquérir une salle entière sans dire un mot. Je suis née pour qu’on me voie.
Et ce matin, j’ai une audition.
Pas une grande. Pas officielle. Une remplaçante tombée malade, un trou dans le programme. Mais une chance. Peut-être la seule. L’Opéra de Paris ouvre une brèche, et je suis assez affamée pour m’y engouffrer.
Je quitte l’appartement sans bruit. Je laisse ma mère dormir. Elle est belle, endormie. Ridée de fatigue, usée par les jours, mais digne. Moi, j’ai ses mains. Et sa rage. Elle, elle l’a enfouie. Moi, je l’ai laissée grandir.
Dans le bus, mes genoux tremblent. Je cache mes chaussons sous mon manteau trop grand. Les autres passagers me regardent à peine. Je suis une ombre. Une fille parmi d’autres. Une inconnue qui espère.
Mais dans ma tête, je suis déjà sur scène.
---
L’Opéra sent le vieux bois, la cire, et la perfection figée.
Je pousse la porte du studio de répétition. Les murs blancs reflètent la lumière crue. Je connais cette salle par cœur, même si je n’y ai jamais dansé. Je l’ai vue mille fois depuis la galerie du haut, assise, tapie dans l’ombre, les yeux rivés sur les danseuses étoile. Elles, elles avaient des noms. Des soutiens. Des lignées. Moi, j’ai juste appris à copier chaque mouvement jusqu’à me l’approprier.
Les autres filles sont déjà là. Elles me regardent. Certaines m’ignorent. D’autres ricanent. Je suis cette inconnue sans tutu griffé, sans maquillage. J’ai un justaucorps noir qui a vu trop de lavages, et mes cheveux sont tirés à en saigner.
Mais je m’en fiche.
Je m’échauffe. Je me recentre.
Quand le professeur entre, il me lance un regard bref. Il sait qui je suis. Une pièce de rechange. Jetable. Mais remplaçable ne veut pas dire transparente. Pas aujourd’hui.
La musique commence.
Et je me lance.
---
Tout disparaît.
Le froid. Les moqueries. Le sang sous mes ongles. Je suis mouvement. Je suis tension. Je suis souffle.
Je danse La Mort du Cygne comme si je la vivais. Chaque battement de bras est un cri muet. Chaque courbe de mon dos, une offrande. Je me tords, je vacille, je renais. Je suis la chute, la lutte, la fin.
Quand la musique s’arrête, j’ai le cœur qui cogne contre mes côtes comme une bête affolée. J’entends mon sang. Je sens la sueur couler dans mon dos. Et je me redresse.
Rien.
Pas un mot. Pas une main qui applaudit.
Juste des regards figés.
Et un murmure, à ma gauche.
— Élias De Marens est dans la salle.
Je me retourne.
Je le vois.
Il est là. Assis dans l’ombre, à l’écart. Costume anthracite, chemise noire, cravate défaite juste ce qu’il faut pour qu’on devine que l’élégance est chez lui une arme, pas un effort.
Élias De Marens.
J’ai entendu des choses sur lui. Tout le monde en a. Il finance, il détruit. Il fait et défait les carrières avec une simple inclinaison du menton. Il choisit. Et quand il choisit, il exige.
On dit qu’il collectionne les talents. Et qu’il les possède.
Pas comme un mécène. Comme un démon. Avec promesses, chaînes, et pactes murmurés dans l’obscurité.
Pourquoi est-il ici ?
Je baisse les yeux. Trop tard. Son regard m’a vue.
---
Dans les couloirs, je cherche un vestiaire désert. J’ai besoin de reprendre mon souffle. J’ai peur de vomir. L’adrénaline, la fatigue, l’humiliation. Tout se mélange.
— Mademoiselle Valcourt.
Je me fige.
Il est là. Tout près. Plus grand que je l’imaginais. Plus calme. Trop calme. Il ne sourit pas. Il ne parle pas pour séduire. Il parle pour sceller.
— Vous dansez comme on se noie. C’est rare.
Je serre les dents. Je ne veux pas qu’il lise dans ma peur. Ni dans ma faim.
— Merci.
Il sort une carte de sa veste. Elle est noire. Sobre. Mon nom est déjà inscrit dessus.
— Passez me voir. Ce soir. Demain. Quand vous serez prête à faire ce qu’il faut pour que le monde se souvienne de votre nom.
Il me regarde une dernière fois.
— Je peux vous donner la scène. Mais à une condition : qu’elle vous brûle. Et que vous m’apparteniez.
Puis il s’en
va.
Moi, je reste là.
Le cœur en feu.
Les jambes qui tremblent.
Et la carte brûlante contre ma poitrine.
ÉliasLe silence règne encore. Après ce dernier baiser, une sorte de calme étrange s’est installé entre nous. Ni Graziella ni moi ne bougeons, comme si le monde extérieur n’existait plus. Comme si nous étions suspendus dans une bulle, protégés de tout, à l’abri de tout ce qui pourrait venir briser cette illusion de contrôle.Je la maintiens contre moi, mes mains toujours sur sa taille, mes doigts sentant la chaleur de sa peau à travers le tissu. Mon cœur bat d’une manière différente, plus lourdement, plus irrégulièrement. Ce n’est pas la peur, pas encore. C’est l’anticipation. La satisfaction de l’avoir là, de l’avoir sous ma domination, de l’avoir finalement atteinte, dans tous les sens du terme.Graziella finit par rompre le silence, d'une voix basse, presque tremblante.Graziella : « Tu… tu penses que ça va suffire ? »Elle pose une question, mais je sens cette pointe de défi dans ses mots. Elle tente de reprendre une part de contrôle, de regagner un peu de terrain, mais je sais qu
ÉliasLe silence qui nous enveloppe est presque insoutenable. Il n'y a que le souffle de l’air, léger et froid, qui s’infiltre dans la pièce, comme un murmure distant. Dans ce lieu isolé, chaque mouvement, chaque respiration semble amplifier la tension. La vue splendide qui s’étend au-delà des fenêtres, avec les montagnes qui se dressent majestueuses et l’horizon qui s’étend à l’infini, ne fait rien pour apaiser l’atmosphère. Au contraire, cela me rappelle que tout ici, tout autour de nous, est un monde que j’ai façonné. Chaque détail, chaque objet dans cette pièce a été choisi, chaque espace laissé vide a sa propre signification. Ce n’est pas un hasard. Tout est sous contrôle, tout est calculé.Graziella reste là, figée, une expression de défi dans ses yeux. Pourtant, je vois cette lueur fragile, cette brèche dans sa résistance. Elle me défie encore, mais je sais qu’au fond d’elle, elle est en train de comprendre. Qu’elle n’a pas de contrôle. Pas ici. Pas avec moi. Elle peut encore f
ÉliasElle croit que fuir suffira. Elle croit qu’un simple geste, un mouvement rapide vers la sortie, effacera tout ce qui s’est passé entre nous. Mais je sais mieux. Elle n’échappe pas à ce que je suis devenu pour elle, pas après tout ça. Non, elle n’a pas le choix.Quand elle fait un pas en arrière, je la rattrape d’un mouvement fluide, un pas décidé, un bras fermement tendu pour saisir son poignet avant qu’elle ne puisse fuir. Son corps se tend immédiatement sous la pression de ma prise, mais je ne lâche rien. Ses yeux, pleins de colère et de frustration, se posent sur moi, mais je n’y réponds pas. Pas de douceur. Pas de compassion. Juste de la détermination.Je n’ai pas de temps à perdre. Je n’ai pas le luxe de lui donner la chance de réfléchir à ses actions. Elle est à moi, maintenant, et cela ne changera pas.« Tu ne vas pas partir, » dis-je d’une voix ferme, presque impitoyable. « Pas cette fois. »Elle tente de se dégager, de faire un mouvement, mais je la serre un peu plus, l
ÉliasJe la surveille, dissimulé dans l’ombre d’un coin du café, son image gravée dans chaque fibre de mon être. C’est devenu une obsession, un besoin viscéral que je ne peux plus ignorer. Elle ne me quitte jamais, même quand elle ne se trouve pas dans mon champ de vision. J’ai toujours cru être maître de mes désirs, que rien ni personne n’aurait de prise sur moi. Mais ça, c’était avant elle. Avant que Graziella ne s’invite dans ma vie avec la force tranquille d’une tornade.Elle se trouve là, à quelques mètres, entourée de regards curieux, répondant aux journalistes sans fléchir. Elle ne montre aucune faiblesse, mais je la connais. Derrière son masque de froideur, je devine tout. La tension dans ses gestes, l’hésitation dans ses regards. Ce qu’elle croit maîtriser, je le vois. Et je suis le seul à voir ces brèches dans son armure. Elle ne le sait pas, mais c’est moi qui ai déclenché cette vulnérabilité.Quand je l’ai fait suivre, c’était par nécessité. Pas pour la protéger. Pour la p
GraziellaLa journée d’hier m’a laissé une trace indélébile. Ce n’est pas la performance qui m’a marquée, mais cette exposition, ce dévoilement brutal sous les regards du monde entier. Le poids de la vérité n’a jamais été aussi lourd. Lorsque les portes du théâtre se sont fermées derrière nous, je pensais que l’air serait plus léger, que le temps s’étirerait dans une sorte de répit, mais ce n’était que l’illusion d’un instant. La réalité m’a rattrapée, avec toute la violence d’un impact.Les journalistes sont encore dans ma tête, comme des spectres persistants. Leurs questions résonnent dans mes pensées, leurs regards curieux, intrusifs, se dessinent encore sur mes rétines. C’est comme si tout le monde avait maintenant une part de moi, comme si, à chaque flash, à chaque mot qu’ils ont prononcé, une partie de mon âme avait été exposée. La scène était censée être le sommet, la récompense d’années de travail, mais aujourd’hui, je comprends que c’était juste une autre scène, un autre déco
GraziellaJe sens la lourdeur de l’air autour de moi. L’instant suivant, la porte de ma loge s'ouvre à la volée. Le bruit des flashs m’assaille. Des éclats lumineux frappent mes yeux, comme une pluie aveuglante. Je suis figée, une image vivante prise dans une multitude de regards. Des caméras, des micros, des journalistes, tous convergent vers nous, vers lui. Élias reste près de moi, implacable. Je suis là, exposée au monde, et chaque question qui se profile à l’horizon semble un coup porté à ma poitrine.Les premiers mots fusent, brutaux dans leur simplicité.« Graziella, Élias, peut-on savoir ce qui se passe entre vous ? »Je n’ai pas le temps de réagir. Un autre journaliste, un peu plus audacieux, ose ajouter :« Est-ce que cette relation est liée à votre ascension dans la troupe, Graziella ? Certains murmures disent que vous avez tout sacrifié pour arriver là. »Je serre les poings dans mes poches, ma respiration devient plus lente, plus profonde. Il y a une froideur dans leur voi
GraziellaJe suis dans ma loge, seule, comme à chaque fois après la représentation. La sueur perle sur mon front, mon cœur bat encore fort, comme une bête qui ne veut pas se calmer. Pourtant, malgré l’effort, je ne me sens pas vivante. Juste vide. Une coquille vide, prête à se briser sous la pression. La porte s’ouvre brusquement, et je n'ai même pas le temps de réagir. C'est Élias. Il entre sans un mot, ferme la porte derrière lui. Ses yeux sont sombres, fixant l’espace avec une intensité qui me coupe le souffle.« Tu n’as pas été parfaite ce soir. »Il ne sourit pas, il ne semble pas en colère. Il évalue. Comme toujours. J’ai l’impression de n’être rien d’autre qu’une œuvre d’art qu’il scrute sous un microscope. Son regard glisse sur moi, comme s’il cherchait une faille. Un détail qui cloche. Je reste silencieuse, le regardant, le souffle suspendu. Je sais ce qui va venir, même si je n’ai pas envie de l’entendre. Mais je sais que ce moment, il est inévitable. Il est là.« Élias, je…
GraziellaLe lendemain matin, je me réveille dans la même chambre vide. La lumière pénètre à travers les rideaux tirés, baignant l’espace d’un éclat terne, comme un souvenir effacé. Je suis debout en un instant, mes mouvements presque mécaniques. Mon corps est fatigué, brisé même, mais ce n’est pas la douleur physique qui me hante. C’est le poids de ce que je ressens, de ce que j’ai fait. Ce que j’ai accepté. Et cette sensation d’illusoire liberté qui me fuit à chaque respiration.Je me dirige vers la fenêtre, mes mains appuyées contre le verre froid. La ville est déjà en mouvement, bruyante, énergique, mais pour moi, chaque bruit me semble étouffé, lointain. Je suis sur un autre plan, un autre monde, où chaque geste semble dériver dans une mer d’incertitudes. Il y a des choix que j’ai faits, et d’autres qui m’ont été imposés, et maintenant, je n’arrive plus à distinguer où finit l’un et où commence l’autre.Hier soir, sur scène, tout était clair. J’ai dansé. J’ai donné le meilleur de
GraziellaL’odeur de la scène, le parfum du bois, de la poussière, et de l’alcool qui se mélange à l’odeur des costumes, m’envahit alors que je descends des coulisses. La lumière crue me frappe, me tirant de la transe dans laquelle je me suis laissée engloutir. Le public est encore là, mais tout me semble lointain, irréel. Les applaudissements résonnent, mais ils ne me parviennent plus comme des sons chaleureux. Ils sont froids, distants, comme une mer gelée qui me sépare de tout ce que j’ai cru vouloir.Je n’ai pas le temps de savourer ce que certains appelleraient la victoire. Mes pieds me portent sans que je le décide, m’éloignant de la scène comme un automate. Le bruit des applaudissements se transforme en un bourdonnement incessant dans ma tête. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette sensation de vide qui me ronge de l’intérieur.Je m’enfonce dans les coulisses, me dirigeant vers ma loge. Mes mains tremblent légèrement en retirant le maquillage, en défaisant mes cheveux. Chaqu
Bienvenue dans Goodnovel monde de fiction. Si vous aimez ce roman, ou si vous êtes un idéaliste espérant explorer un monde parfait, et que vous souhaitez également devenir un auteur de roman original en ligne pour augmenter vos revenus, vous pouvez rejoindre notre famille pour lire ou créer différents types de livres, tels que le roman d'amour, la lecture épique, le roman de loup-garou, le roman fantastique, le roman historique et ainsi de suite. Si vous êtes un lecteur, vous pouvez choisir des romans de haute qualité ici. Si vous êtes un auteur, vous pouvez obtenir plus d'inspiration des autres pour créer des œuvres plus brillantes. De plus, vos œuvres sur notre plateforme attireront plus d'attention et gagneront plus d'adimiration des lecteurs.
Komen