Chapitre 2

Après plus de vingt ans de vie, j'ai enfin rencontré quelqu'un qui a osé se montrer arrogant devant moi. Amusée, j'ai penché la tête et demandé calmement : « Qu'est-ce que tu voulais que je dise ? Je ne t'ai pas entendue la première fois. »

« Super. Tu es sourde aussi. Écoute bien, d'accord ? Je suis une salope inutile ! Tu vois ? Ce n'est pas si difficile. »

J'ai éclaté de rire. « D'accord. Cette fois, je t'ai parfaitement entendue. Puisque tu es une salope inutile, pourquoi ne pas te pousser et aller là où tu dois être ? Tu me gênes. »

Réalisant qu'elle avait été trompée, Juliette a poussé un cri perçant et s'est ruée sur moi, les griffes sorties.

Comme c'était adorable. J'avais été formée comme guerrière depuis mon enfance dans les terres neutres, et elle pensait naïvement pouvoir m'attaquer. Je n'ai même pas eu besoin de riposter. Au moment où elle a bondi, je me suis simplement écartée.

Elle a complètement manqué son coup, et son élan l'a fait tomber tête la première sur le sol. La foule me regardait, stupéfaite, les yeux écarquillés par la terreur.

« Oh mon Dieu ! Comment a-t-elle pu faire ça à Mademoiselle Rochefort ? »

« Si Alpha Arthur l'apprend, il va la déchirer ! »

« Personne ne peut la sauver maintenant. Elle est finie. »

Mon cœur est resté calme en entendant leurs chuchotements. Je n'ai jamais connu la peur. Mon frère, David Moreau, le Président des Lycans, régnait sur toutes les tribus de ce pays. Aucune créature vivante ne pouvait me faire peur.

J'ai sorti la carte de crédit illimitée qu'il m'avait offerte et l'ai claquée sur le comptoir. « Addition ! »

Les mains du vendeur tremblaient alors qu'il emballait la couronne, ses yeux terrifiés passant de moi à Juliette.

J'ai pris la boîte et me suis apprêtée à partir, mais Juliette s'est relevée péniblement et s'est placée devant moi. « Tu ne vas nulle part ! »

J'ai jeté un coup d'œil à la poussière sur ses vêtements et demandé : « Qu'est-ce qu'il y a ? Tu veux encore embrasser le sol ? »

Elle a tressailli d'instinct, et j'ai laissé échapper un petit rire. Au moment où j'ai voulu passer devant elle, la porte s'est ouverte violemment avec un grand bruit.

Une silhouette grande est apparue. Le magasin entier est tombé dans un silence absolu à son entrée. Une puissante aura d'Alpha a envahi l'atmosphère, pesant sur tout le monde.

Mon regard a suivi ces chaussures en cuir ciré vers le haut, et je n'ai pu m'empêcher de penser : « Eh bien, merde. »

Il mesurait environ un mètre quatre-vingt-dix, était d'une beauté saisissante et dégageait une puissance qui semblait innée. Avec ses larges épaules et ses longues jambes, chacun de ses mouvements était précis et délibéré.

Dès que Juliette l'a vu, toute son attitude a changé. Elle a couru vers lui en sanglotant : « Alpha Arthur, elle a volé la couronne que je voulais et elle m'a même attaquée ! »

Alors, c'était donc Arthur en personne.

Bon, je devais admettre que j'étais superficielle. Son apparence était exactement mon genre. Pas étonnant que David ait pensé que j'accepterais le mariage qu'il m'avait arrangé. Il me connaissait vraiment bien.

Honnêtement, avec un visage pareil, je pouvais presque excuser son impolitesse au téléphone tout à l'heure.

Je l'ai examiné de la tête aux pieds, puis ai laissé un sourire lent et satisfait se dessiner sur mes lèvres. « Enchantée. Je suis Sylvie Moreau, ta fiancée arrangée. »

Les loups-garous autour de nous ont poussé des cris de surprise.

« Quoi ? C'est la fiancée arrangée d'Alpha Arthur ? »

« Pas étonnant qu'elle ait eu le courage d'offenser Juliette. Alpha Arthur va forcément défendre sa fiancée arrangée cette fois, non ? »

« Tu es si naïf. Tout dépend de qui Alpha Arthur tient le plus... »

Le regard d'Arthur s'est posé sur moi, mais il ne contenait rien d'autre qu'un mépris total. « Ne sois pas satisfaite. Ce mariage ridicule était la décision de mon père, pas la mienne. Je n'ai jamais donné mon accord. »

Aussitôt, Juliette s'est agrippée fermement au bras d'Arthur. « Tu entends ça ? Quelqu'un comme toi ne méritera jamais de se tenir aux côtés d'un Alpha ! »

Quelques voix se sont immédiatement jointes à la sienne.

« C'est vrai ! La compagne d'Alpha Arthur devrait être une noble comme Mademoiselle Rochefort, pas une inconnue laide venue d'une tribu obscure ! »

« Ouais, elle n'est même pas digne de se trouver dans la même pièce que Mademoiselle Rochefort. »

Je ne me suis jamais considérée comme une beauté à couper le souffle, mais j'étais loin d'être laide. À les écouter, on pourrait croire que mon apparence effraierait les gens.

Certaines choses ne changeaient jamais : les gens adoraient toujours les forts et piétinent les faibles.

J'ai secoué la tête et suis passée devant Arthur. « Rends-moi service : dis à ton père d'annuler le mariage. Tu n'es pas digne de moi. »