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Chapitre 6

Author: Céline Chaney
Les yeux de Fanny se sont illuminés. Elle a déclaré d'un ton plus calme : « Le fameux médecin légiste prodige ? Parfait, avec lui, je suis rassurée. »

« Enfin nous saurons qui a tué mon fils… Mon pauvre Enzo », a renchéri Denis, la voix nouée par l'émotion.

Dans ma vie antérieure, j'avais placé le même espoir en André, le supposé garant de la justice. Résultat ? Son rapport d'autopsie, présenté comme irréfutable, m'avait clouée au pilori.

Je connaissais déjà cette manœuvre. Mais je n'étais plus la même.

Voyant mon hésitation, Maïté a ricané : « Tu refuserais maintenant l'autopsie ? De quoi as-tu si peur ? »

J'ai jeté un regard à mon téléphone, où un message pré-rédigé venait d'être envoyé, puis ai levé les yeux vers André, soutenant son regard jadis si tendre : « André, avec ta compétence, tu découvriras la vérité et tu me blanchiras, n'est-ce pas ? »

Il a ajusté ses lunettes, un mépris froid au fond des yeux : « Je ne laisse jamais un innocent être condamné, ni un coupable impuni. »

Soit. Je lui offrais une dernière chance. S'il la gaspillait, il scellerait lui-même son destin.

« D'accord. J'accepte que M. Corne procède à l'autopsie », ai-je fini par dire.

En attendant les résultats, Gilbert m'a rejointe, feignant la sollicitude : « Christine, écoute-moi, plaide coupable avant la publication du rapport. La peine sera atténuée. Une erreur médicale entraîne au maximum trois ans de prison. Même derrière les barreaux, je veillerai sur toi. À ta libération, tu resteras ma sœur adorable. »

Maïté, à ses côtés, approuvait avec une avidité mal dissimulée.

La dernière fois, bouleversée par ma première confrontation avec la mort, j'avais été séduite par ce discours. Touchée, j'avais même cru à la sollicitude d'un grand frère.

Mais en réalité ? Avant même mon procès, la famille d'Enzo m'avait battue à mort devant le commissariat… sous son regard impassible.

Tout n'était que mensonge, destiné à me faire endosser la faute de Maïté. Je refusais de retomber dans le piège !

J'ai toisé Maïté et ai lancé, voix claire : « Maïté, tu l'entends ? Il est encore temps pour toi d'avouer. »

Gilbert s'est levé d'un bond : « Quelle attitude est la tienne ? C'est à toi de plaider coupable, pourquoi t'adresses-tu à elle ? »

J'ai écarté les mains, un sourire ironique aux lèvres : « Attendons les résultats de l'autopsie. La vérité éclatera. »

Maïté, le souffle court de rage, a grondé : « Très bien ! Puisque tu rejettes sa bienveillance, assume les conséquences. »

Vraiment ? Mais qui, en définitive, les assumerait ?

Deux jours plus tard, nous étions de nouveau réunis au commissariat. André, solennel, a déployé le rapport et m'a accusée directement : « Enzo est mort entre cinq et six heures du matin, d'un choc anaphylactique à la pénicilline. Christine a bien administré le mauvais traitement, causant son décès. »
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