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Chapitre 5

Author: Céline Chaney
J'ai porté la main à ma joue brûlante, les larmes coulant malgré moi : « Je ne l'ai pas perfusé, c'est Maïté. Mon empreinte n'est pas sur la bouteille, vérifie ! »

Maïté, stupéfaite, m'a lancé un regard blessé : « J'ai déjà pris ces coups à ta place, et tu persistes à m'accuser ? »

C'était Fanny, la mère d'Enzo, qui a rétabli le calme : « Bien. Que la police enquête. Je veux connaître la vraie coupable, et obtenir justice pour mon fils. »

Nous nous sommes alors rendus au commissariat.

Tandis que tous attendaient avec anxiété les résultats des empreintes, je restais sereine : je n'avais pas touché la bouteille, aucune trace ne pourrait m'y lier. Pourtant, lorsque le rapport était dévoilé, c'était un nouveau choc.

André assistait à la scène, en simple observateur, sans un mot.

Gilbert, quant à lui, a parcouru le document, a promené son regard sur l'assistance avant de le fixer sur moi : « L'empreinte digitale droite sur le flacon est bien celle de Christine. La preuve est irréfutable. »

Sous le poids des regards, même André affichait une expression sombre et déçue.

Mais c'était impossible !

Jamais mon empreinte n'aurait dû s'y trouver… À moins que Gilbert n'ait profité de sa position pour la falsifier !

Nous vivions sous le même toit : récupérer mes empreintes était pour lui un jeu d'enfant. Lui, le policier qui se targuait d'intégrité et de justice, m'avait froidement trahie !

Le piège était là, évident, et je ne pouvais le déjouer.

Dans ma vie antérieure, je croyais avoir déçu Gilbert par mes propres fautes. Je ne lui en avais jamais voulu, malgré sa froideur.

Mais aujourd'hui, la vérité m'apparaissait : lui et Maïté m'avaient tendu un traquenard dès le début, et j'en étais la proie.

Oui, il s'était toujours montré bon envers moi… sauf quand il devait choisir entre Maïté et moi. J'étais toujours celle qu'on sacrifiait.

Un tel frère méritait-il encore ma confiance et mon affection ?

Alors que Denis et Fanny s'apprêtaient à exploser, je les ai coupés d'une question cinglante : « N'avez-vous donc aucun doute ? Lorsque vous avez découvert Enzo, sa rigidité cadavérique avait déjà commencé. Cela signifie qu'il était décédé bien plus tôt, certainement avant deux heures ce matin. Or, à ce moment, j'étais aux urgences, comme en témoigneront mes collègues. »

Je tenais mon atout : prouver l'heure du décès, et mon innocence serait établie.

« Si vous voulez vraiment connaître la vérité, faites pratiquer une autopsie immédiate. Enzo mérite la paix, où qu'il soit. »

Le visage déchiré de chagrin, Denis et Fanny ont échangé un long regard avant d'acquiescer.

Mais Maïté, comme si elle s'y était préparée, a adressé un signe presque imperceptible à André.

« Je propose que M. Corne réalise l'examen. C'est un médecin légiste exceptionnel. Ses compétences nous donneront la certitude », a-t-elle suggéré avec une assurance troublante.
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