5. Décision

SIENNA

« Ma vie est foutue ! »

Je soupirai pour la énième fois, allongée sur le dos, la main sur le ventre, les yeux fixés sur le plafond.

« Tu es enceinte de seize jours. » Ces mots résonnaient dans ma tête comme une chanson refusant de cesser de payer un loyer.

Le bon côté des choses, c'est que je n'étais pas enceinte de Damien, ça aurait aggravé les choses. J'aurais failli me suicider, car je ne voulais plus de ce salaud dans ma vie.

Qui aurait cru que j'aurais une aventure d'un soir avec un milliardaire et que je tomberais enceinte ? Je n'avais pas encore décidé ce que je voulais faire de ma situation. J'ai toujours été une femme farouchement opposée à l'avortement, ce qui signifiait que j'envisageais de garder le bébé.

J'avais deux jours pour prendre une décision. Deux jours pour décider si j'allais parler du bébé à Killian ou l'élever seule.

Deux jours plus tard, j'avais pris ma décision. J'allais avoir le bébé et je le lui dirais. C'était à lui de décider ce qu'il voulait. Je n'avais pas beaucoup d'attentes, et si j'avais choisi de le lui dire, c'était parce que je ne voulais pas rompre sans lui donner une chance.

Je suis partie à la rencontre de Killian. En arrivant au gratte-ciel, je me suis souvenue de l'humiliation subie trois semaines plus tôt et de ma joie initiale de retourner au travail.

J'ai surmonté ce malaise avant de pénétrer dans l'immeuble.

« Je suis désolée, mais vous n'avez pas de rendez-vous, vous ne pouvez donc pas voir le PDG », m'a dit la réceptionniste.

« Je sais, mais c'est urgent. » « Je veux juste lui parler », ai-je répondu, mais elle n'a pas semblé convaincue.

« Je ne peux rien faire pour vous. Je vais perdre mon emploi et je ne peux pas me le permettre. Partez avant que j'appelle la sécurité », m'a dit la réceptionniste.

Je suis partie et j'ai attendu dehors, espérant voir Killian, mais en vain. Je ne l'ai pas vu de la journée et je suis rentrée chez moi. Le lendemain, je suis revenue et le résultat était le même.

C'était comme s'il était au travail, mais pas au travail en même temps. J'ai eu la chance de tomber sur une personne aimable qui m'a dit que Killian était au travail.

« S'il était au travail, pourquoi est-ce que je ne le vois jamais ? »

« C'est parce qu'il y a un autre moyen d'entrer dans l'entreprise », m'a dit le gentil monsieur. « Je ne suis pas censé vous le dire, mais je vous le dis parce que vous le cherchez depuis des jours, et mon intuition me dit que vous n'êtes pas une mauvaise personne. »

« Il y a un parking souterrain dans l'entreprise. Si vous y allez, vous pourrez le voir et lui parler. J'espère pouvoir vous faire confiance », m'a-t-il informé.

« Merci beaucoup. Je vous en suis sincèrement reconnaissant et j'espère ne pas avoir de mauvaises intentions », ai-je répondu.

Je me suis rendu au parking souterrain comme le gentil monsieur me l'a indiqué. J'ignorais l'existence d'un tel endroit, et c'était compréhensible, puisque je n'avais jamais eu l'occasion de visiter l'entreprise avant mon licenciement.

J'ai attendu plus de six heures sur le parking avant de finalement apercevoir Killian. Il se dirigeait vers sa voiture, suivi de deux hommes. Je me suis rapidement approché de lui.

Il a semblé surpris de me voir, ce qui était compréhensible, mais je devais lui parler.

« Que faites-vous ici ? » a-t-il demandé d'un ton dénué de toute émotion.

« Je suis venu vous parler », ai-je répondu.

« Est-ce que j'ai l'air d'être quelqu'un à qui on peut parler ? Tu ferais mieux de disparaître et de ne plus jamais te montrer devant moi, c'est clair ? » répondit-il froidement.

« C'est important, et c'est pour ça que je suis là », dis-je en essayant de garder mon calme.

« Et j'ai l'air de m'en soucier ? Comme tu peux le voir, je m'en fiche. Maintenant, va-t'en et ne reviens jamais », me réprimanda-t-il.

« Si tu ne m'écoutes pas, autant le dire ici, devant tes hommes, pour que tu aies le choix : soit tu me laisses parler, soit je parle quand même. » J'ai pris une grande inspiration et expiré. « Après tout, je dois prendre une décision rapidement. »

Il m'a regardé avec méfiance. Il est resté silencieux quelques secondes. Lorsqu'il a finalement pris la parole, il a demandé à ses hommes de lui laisser de l'espace.

Ils sont partis, nous laissant tous les deux.

« Vas-y », a-t-il jeté un coup d'œil à sa montre, « tu as une minute et ton temps commence maintenant. »

Je me suis moquée de son comportement, mais j'ai choisi de l'ignorer, car ce n'était pas mon rôle ici.

« Je ne serais pas là si ce n'était pas important, et si je suis là, c'est uniquement parce qu'il était normal que je te dise et que j'entende ce que… »

« Peux-tu arrêter de radoter et aller droit au but ? » Il m'interrompt sèchement.

J'étais nerveuse. Je ne savais pas comment dire ces mots sans que ce soit gênant. Je n'avais jamais eu de coup d'un soir auparavant, et la seule fois où je l'ai fait, je suis tombée enceinte d'un connard arrogant.

« Il te reste vingt secondes », m'a-t-il dit avant de commencer le compte à rebours.

« Peux-tu juste… »

« Quinze », continua-t-il à compter.

J’ai rassemblé mon courage et prononcé le mot. « Je suis enceinte. »

J’ai poussé un soupir de soulagement après avoir prononcé ces mots et, à cet instant, j’ai eu l’impression que le monde s’était arrêté de tourner.

« Qu’est-ce que tu viens de dire ? » Il a parlé après ce qui m’a semblé une éternité.

« Je suis enceinte », ai-je répondu en serrant ma robe dans ses bras.

« Et qu’est-ce que ça a à voir avec moi ? » a-t-il demandé.

« Je devrais être enceinte de vingt et un jours maintenant et tu sais ce qui s’est passé entre nous il y a vingt et un jours. Je suis enceinte et tu es le père. »