Tous les invités ont assisté à cette scène.Jusqu'alors, l'aversion de Victor pour Élodie était de notoriété publique, mais voilà qu'il se montrait si attentionné envers elle devant tout le monde.Observant les réactions de l'assemblée, Élodie a retiré sa main comme si elle avait tout orchestré : « Je vous remercie de votre aide, M. Moreau. »Victor a rapidement saisi qu'Élodie venait de le manipuler.L'hostilité passée des Moreau envers les Mercier avait donné l'impression d'une brouille entre les deux familles, décourageant les partenaires d'approcher les Mercier. Maintenant qu'on les voyait se réconcilier, les opportunistes n'allaient pas tarder à se presser aux portes des Mercier.« Élodie, tu t'es servie de moi ? »Victor n'avait jamais imaginé qu'Élodie puisse être si retorse.Il l'avait toujours considérée comme une oie blanche, mais au final, c'était lui l'imbécile.« Vous n'avez pas dit vous-même que nous utiliser mutuellement n'avait rien de répréhensible ? »Élodie
Élodie n'a pas refusé. Se pavaner au bras de Victor sous les regards de l'assemblée ne pouvait que servir l'image des Mercier.« Monsieur Moreau, qui aurait cru qu'un simple caprice de votre grand-mère vous ferait oublier votre orgueil pour venir me voir ! »La voix d'Élodie suintait le sarcasme et le dédain.Cette attitude, c'était exactement celle que Victor avait adoptée avec elle jadis.Sauf qu'à présent, les rôles s'étaient inversés.« Élodie, tu crois vraiment que l'attention de ma grand-mère soit une bonne chose ? »Victor refusait de croire qu'Élodie ne perçoive pas l'évidence.Son regard la détaillait de haut en bas.Ce soir, elle arborait une robe couleur or, magnifiquement apprêtée dans une élégance théâtrale.En l'observant de profil, Victor a plissé les yeux.À cet instant précis, les traits d'Élodie se confondaient avec l'image de Suzanne Simon gravée dans sa mémoire.D'un coup, Victor s'est figé et l'a forcée à se tourner vers lui.Ce geste si soudain a irrit
…Les chuchotements fusaient de toutes parts.Tout le monde voulait comprendre pourquoi Élodie avait été invitée au dîner des Moreau.À l'intérieur de l'Hôtel Royal, Paul a frappé à la porte du salon du premier étage.« M. Moreau, tous les invités sont là. Il serait temps de descendre. »« J'arrive. »Victor s'est massé les tempes. Chaque fois qu'il fermait les yeux, les mots qu'Élodie lui avait jetés à la figure la veille lui revenaient en boucle.Sans l'obstination de sa grand-mère à organiser ce fichu dîner, jamais il n'aurait voulu revoir Élodie.En bas, l'arrivée d'Élodie a électrisé l'assemblée.Pas tant à cause de sa tenue élégante que parce qu'elle était désormais l'unique héritière des Mercier. L'épouser, c'était mettre la main sur le groupe Mercier.Si jamais il lui arrivait malheur, toute la fortune familiale reviendrait à son mari.Tous les célibataires présents la dévoraient donc des yeux.« Ma chérie, viens donc me voir ! »Mme Moreau affichait une tendresse
Victor a parfaitement saisi le sous-entendu de sa grand-mère.Auparavant, ses fiançailles avec Élodie n'étaient qu'une question de convenance, mais désormais, l'épouser lui permettrait de mettre la main sur le groupe Mercier.Les paroles qu'Élodie lui avait adressées dans la journée ont alors résonné dans son esprit.Son orgueil masculin l'a de nouveau envahi.« Grand-mère, n'insiste pas. Nous avons rompu nos fiançailles et je ne m'abaisserai certainement pas à la supplier. »Sur ces mots, Victor a tourné les talons et a gravi les escaliers.Mme Moreau connaissait le tempérament de son petit-fils et son expression s'est durcie.Puisque son cher petit-fils refusait de ravaler sa fierté, elle s'en chargerait à sa place.Le lendemain, l'emprisonnement de Colette et l'expulsion de Thomas ont fait le tour de leur milieu en un rien de temps.Élodie, désormais seule héritière des Mercier, a naturellement pris les rênes de l'entreprise familiale.L'affaire universitaire étant close,
« Mlle Leroy, veuillez me suivre. »« Non ! M. Moreau, je sais que vous êtes quelqu'un de bien, je vous en supplie, par égard pour nos anciennes relations, aidez ma tante ! »« J'ai pourtant été clair : je ne veux plus te voir chez moi. »Le regard de Victor était glacial. Un simple coup d'œil a suffi à donner des frissons dans le dos à Yvonne.Sophie était venue le voir quelques jours plus tôt pour lui rapporter certaines rumeurs qui circulaient à l'université à son sujet et celui d'Yvonne.Victor connaissait parfaitement les petites manigances entre femmes, seulement il n'avait parfois pas envie de s'en mêler.Après tout, Yvonne n'avait aucun lien avec lui. N'importe qui d'un peu sensé aurait compris que leur différence de statut rendait toute relation impossible.Ces rumeurs ne pouvaient être que des inventions d'Yvonne.Ce genre de femme calculatrice, Victor ne la supportait pas, il en avait même horreur.Yvonne ignorait que Victor était au courant de ses manigances. Elle
« Alors maintenant je vais te dire la vérité : tu n'es absolument pas l'héritier des Mercier, tu n'es pas non plus le fils de mon père, et maintenant, d'un point de vue légal, ta mère et toi n'avez plus aucun lien avec moi et la famille Mercier. Regarde la réalité en face, "Monsieur l'héritier". »Cette dernière phrase d'Élodie était chargée de sarcasme.Dans sa vie précédente, l'entreprise que son père lui avait léguée, elle l'avait confiée par faiblesse à Colette et Thomas, ce qui avait provoqué la faillite en moins de trois ans.Colette avait même pris la fuite avec Thomas et Léon Bernard.Cette fois, elle ne leur donnerait absolument aucune chance d'avoir le moindre lien avec le groupe Mercier.« Sortez-le. »Le ton d'Élodie était glacial.Les agents de sécurité de la famille Mercier ont aussitôt traîné Thomas vers la sortie.Thomas portait encore ses pantoufles et s'est retrouvé humilié en étant expulsé de chez les Mercier, sans aucune possibilité de résister.« Rassemble