Réplique de la belle-sœur

« Lola, reviens ici, ton dortoir est dans un état déplorable ! »

J’ai serré le test de grossesse dans ma main, le papier crissant sous la pression, et je me suis précipitée hors de l’hôpital en direction du dortoir. À peine arrivée à l’étage, une odeur nauséabonde m’a assaillie.

Georgia a croisé les bras, se postant dans l’embrasure de la porte, sa voix pleine d’agressivité : « C’est ça ! Éclaboussez tout ça sur son lit pour qu’elle apprenne une bonne leçon ! C’est une femme dévergondée. Je lui ai tendu la main comme à une amie et voilà comment elle me remercie : en séduisant mon petit ami ! »

Dans la seconde qui a suivi, elle fondait en larmes devant la caméra : « Mon petit ami était moine, il m’a fallu trois ans pour l’accompagner, l’amener à abandonner sa vie religieuse et m’épouser. Chaque fois qu’il vient me chercher, ma soi-disant meilleure amie, Lola, cette traînée, le regarde avec des yeux de séductrice dans sa robe courte et sexy. Elle a même eu le culot de tomber enceinte de son enfant… »

À ce moment-là, l’une de ses amies est intervenue, indignée : « Georgia est une âme douce, et nous, ses amies, devons protéger son amour ! »

Les autres ont emboîté le pas :

« Oui, il faut protéger l’amour magnifique entre Marius et Georgia ! »

« Protéger l’amour pur et merveilleux entre Marius et Georgia ! »

Ils ont scandé leurs slogans de justice, mais créaient un véritable chaos dans mon dortoir.

Mon téléphone a vibré, un message venant d’un ami m’envoyant un lien vers un direct de Georgia. J’ai hésité un instant, puis ai cliqué. Le titre de la diffusion en direct m’a fait hérisser les poils : Une salope séduit le mari de sa meilleure amie et se retrouve enceinte.

En plus de ce titre odieux, Georgia avait publié une photo de moi en noir et blanc.

Je n’en pouvais plus. J’ai poussé la porte du dortoir, le bruit de la serrure brisant le silence.

À l’intérieur, un instant de calme a plané, puis les moqueries ont fusé : « Tiens, si ce n’est pas la femme sans honte ? »

« Si j’étais toi, je sauterais direct de l’immeuble. Je ne suis pas aussi effrontée que toi. »

Georgia, toujours feignant la tristesse, a essuyé une larme avec une délicatesse exagérée, offrant à la caméra son visage le plus doux pour éveiller la pitié : « Lola, je sais que tu es jalouse de mon amour, tu es jalouse que j’aie un magnifique petit ami, riche et adorable, mais ça ne justifie pas que tu me trahisses et que tu le réduises… »

Son petit ami ?

Je me souvenais soudain, je ne connaissais rien de tout cela. Curieuse, j’ai demandé, sincèrement : « Mais… Qui est ton petit ami ? »

Les yeux de Georgia se sont élargis, incrédules : « Tu… tu ne connais pas Marius ? »

Marius… Ce n’était pas le petit frère incompétent de Robin ?

Ma meilleure amie et moi, amoureuses des fils de la famille Tellier, toutes les deux en même temps ?

« Je l’ai rencontré quelques fois de loin, mais je n’ai jamais vraiment parlé avec lui », ai-je répondu, sincère.

Mais Georgia semblait me traiter de sophiste. Elle s’est mordillée la lèvre inférieure, sans prononcer un mot, mais les coins de ses yeux étaient rouges, feignant d’être intimidée par moi.

« Salope », « Mari de la meilleure amie », « Enceinte », ces mots-chocs ont attitré de nouveaux téléspectateurs qui se sont mis à me maudire tout en apportant leur soutien à Georgia. Certains sont allés même jusqu’à insulter mes parents.

« Je pense que le gène de la salope court dans la famille. Sa mère a dû être une salope aussi, séduisant des hommes et donnant naissance à une fille comme elle. »

« Qui est sa mère ? »

Voyant que les internautes s’apprêtaient à fouiller dans les informations personnelles de ma famille, j’ai attrapé le téléphone de Georgia, le jetant violemment au sol.

Le téléphone s’est brisé en morceaux.

« Mon téléphone ! Il vaut plus de dix mille dollars ! C’est à toi de payer ! »

J’ai hoché la tête, indifférente : « Je vais le payer. »

Avant que Georgia n’ait le temps de réagir, j’ai désigné le chaos au sol et ai lancé : « Mais d’abord, tu dois payer pour mes dégâts. »

Mon lit, d’habitude si soigné, était à présent envahi par une odeur désagréable. Mes vêtements de marque, qui avaient coûté une petite fortune, étaient déchirés en morceaux à l’aide de ciseaux. Mes produits de soin et de beauté, désormais écrasés, jonchaient le sol. Sur le miroir, des mots comme « Salope » et « Honteuse » étaient griffonnés à l’aide de mon rouge à lèvres de luxe.

Mon visage s’est durci : « Mes vêtements sont tous faits sur mesure et valent plusieurs millions d’euros. Mes maquilleurs coûtent aussi une fortune. Vous allez tous devoir me dédommager. »

En entendant cela, les jeunes filles, jusque-là arrogantes, se sont tournées instantanément vers Georgia, désemparés.

Georgia a gonflé sa poitrine, son visage marqué par l’indifférence : « Comment peut-elle se permettre des choses aussi chères ? Tout ce qu’elle a vient de mon petit ami ! »

La Georgia devant moi semblait soudain étrange. Ces objets avaient été achetés lors d’une séance de shopping ensemble, mais elle n’hésitait pas à prétendre que c’était son petit ami qui me les avait offerts...

« En tant que sa petite amie, j’ai le droit de récupérer tous ces objets. Ne vous inquiétez pas, je vais m’en occuper. »

Était-ce là sa manière d’insinuer que Marius et moi avions une liaison ?

Une fois Georgia assurée, ses amies se sont déchaînées encore plus et ont commencé même à ouvrir mes armoires fermées à clé.

L’une d’elles a dit : « Je ne sais pas ce qu’il y a là-dedans, on peut y jeter un coup d’œil ? »

Consciente qu’aucun échange rationnel n’était possible, j’ai sorti mon téléphone pour appeler la police. Mais avant même que je puisse passer l’appel, une main ferme et virile m’a pris le téléphone des mains.

Les yeux de Georgia se sont illuminés alors qu’elle se jetait dans les bras de l’homme : « Marius, tu es enfin là. »

« Qui ose harceler ma femme ? » a demandé Marius, faisant tournoyer ses perles de Bouddha dans une main, tandis qu’il entourait Georgia de son bras protecteur, arborant un air dominateur.