LOGIN— Ayman…, murmurai-je. J’étais à la fois troublée et rassurée.
Ce que je ressentais à ce moment-là était très étrange. Il s’avança vers moi et, dans son regard, je voyais bien qu’il ne s’imaginait pas me voir dans cet état. Moi aussi. Je me sentais honteuse. J’étais la pire des idiotes. Il s’accroupit face à moi et prit ma main. Ce geste me troubla. Il ne détourna pas le regard du mien et il me dit : — Tu n’as pas à t’en faire. Je suis là. Mon cœur se mit à battre si soudainement. Je n’avais jamais été proche de lui, mais sa gentillesse et sa délicatesse à mon égard — contrairement à son amie — m’avaient toujours fait me sentir bien. Et aujourd’hui encore, Ayman était là pour moi. — Claire, on va y aller d’accord ? ajouta-t-il. Il me sourit tendrement, et c’était comme si, dans tout ce chaos, je trouvais enfin un peu de paix. Cette main tendue face à moi, et ce sourire qui me rassurait. Je me suis décidée à la prendre. Il m’aida avec les valises. Sans dire un mot, je le suivais jusqu’à la voiture. Mais avant d’y entrer, son regard avait changé. Ayman fixait longuement la porte d’entrée. Et ses mains formaient désormais des poings. C’était troublant. Un nœud dans ma gorge m’empêcha de l’interrompre. Son regard doux s’était transformé en un véritable champ de bataille. J’avais l’impression qu’il était à deux doigts de faire irruption dans la pièce. Au plus profond de moi, je voulais me sentir soutenue. Mais pas par Ayman. Non, pas lui. C’était son amie. Je ne voulais pas être responsable d’un chaos entre les deux. Tout ce que je voulais à cet instant, c’était m’en aller le plus loin possible d’eux. De ce faux mariage et de cette fausse amitié. C’est pour ça que… Je me suis rapprochée de lui. — Ayman… allons-y je t’en prie…, ai-je murmuré, et je suis directement entrée dans la voiture. À travers la vitre, je le vis toujours aussi tendu. Qu’est-ce qui pouvait bien se passer dans son esprit ? Était-ce vraiment parce qu’il était contre les agissements de son amie ou… Des minutes plus tard, il vint me rejoindre à l’avant et là, il était plus calme. Chez lui, tout ce que je voulais, c’était me retrouver toute seule, tout oublier d’un claquement de doigts. Mais c’était impossible. Les documents étaient posés sur la table face à moi… Les signer était la chose la plus normale à faire. Je n’y arrivais pas. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ça devait normalement être facile pour moi de les signer. Je n’ai jamais été aimée dans ce mariage, blessée, trompée, méprisée. Maintenant j’avais une chance de me soustraire totalement de ce mariage en signant les papiers, mais je n’y arrivais pas. Mon problème… je crois que je m’y étais habituée. Mon cœur avait tellement fermé les yeux sur tous ses agissements que j’ai voulu, parfois, le voir autrement que cet homme abject que j’avais en face de moi. Face à son ami, c’était un homme souriant. Devant les caméras, tout le monde l’adulait pour son sens des affaires. Les autres femmes me lançaient des regards parce qu’elles se disaient que j’avais gagné le gros lot. Et depuis notre mariage, il ne m’avait jamais caché qu’il ne m’aimait pas. J’ai voulu m’accrocher à quelque chose qui n’existait pas, et je me suis ouverte à la mauvaise personne : Natalie. Des instants plus tard, Ayman vint me rejoindre au salon. Je sentais son regard triste se poser sur moi. Dieu seul sait combien j’avais honte. Il n’avait pas à supporter ma présence chez lui. Il me fixait comme s’il voulait dire quelque chose, mais ensuite il détournait son regard, comme si quelque chose le retenait. Tout d’un coup, je me suis levée, ne supportant plus cette atmosphère étrange. Soudain, il se leva et m’appela : — Attends, Claire. J’imagine ce que tu peux ressentir à présent. Je suis là au cas où tu souhaiterais en parler. Instinctivement, je me suis retournée face à lui. Son regard doux, cette empathie que je lisais dans ses yeux… Je me retenais de ne pas fondre en larmes. Et sans comprendre ce qui se passait, j’ai couru vers lui et je me suis jetée dans ses bras. Mes larmes ne se sont pas arrêtées de couler de toute cette soirée. Je voulais tout laisser sortir. Je voulais hurler ma peine mais vers qui? Mon mariage n’a été qu’un fichu gâchis, et j’ai perdu une amitié que je croyais importante et indestructible. Je suis restée dans une masquerade qui me gardait prisonnière. Pendant que je pleurais, je sentis cette main ferme mais à la fois douce se poser sur mon dos. Cette sécurité, je ne l’avais jamais ressentie. Puis, sans que je m’y attende, il me dit : — Je suis désolé, Claire… je n’aime pas te voir dans cet état parce que… Ma poitrine se serra, et aussitôt je levai mes yeux vers lui. Nos regards figés droit l’un dans l’autre. — Parce que… ?, murmurai-je, curieuse. Subitement, il posa ses lèvres sur les miennes. Je suis restée immobile pendant un instant, mes yeux grands ouverts. Jamais je n'avais ressenti une telle chose de ma vie. Mes poings serrés se détendirent. Je sentais mon cœur battre à une telle vitesse qui m'effraya. Mais comme c'était rassurant. Je ne sais même pas comment l'exprimer. Une explosion de sensation pas connue auparavant. Et Peu à peu, je me laissai faire. Je n’avais jamais ressenti une chose pareille. Je lui ai rendu ses baisers. Étais-je en train de trahir les préceptes du mariage ? Étais-je en train de faire quelque chose de mal ? Sur le coup, je n’y pensais plus. J'ai arrêté de penser. Ayman venait de réveiller une part de moi qui s’était éteinte beaucoup trop longtemps. Une part de moi que je n'avais jamais fait ressortir. Une femme qui se sens bien. Une femme qui apprécie la compagnie d'un homme. Une femme dont le coeur fragilisé et assombrit par ce sentiment d'impuissance le sentait à nouveau revivre. Ayman par son baiser, je le voyais autrement. Était-ce ça, aimer ?— Ayman…, murmurai-je. J’étais à la fois troublée et rassurée. Ce que je ressentais à ce moment-là était très étrange. Il s’avança vers moi et, dans son regard, je voyais bien qu’il ne s’imaginait pas me voir dans cet état. Moi aussi. Je me sentais honteuse. J’étais la pire des idiotes. Il s’accroupit face à moi et prit ma main. Ce geste me troubla. Il ne détourna pas le regard du mien et il me dit : — Tu n’as pas à t’en faire. Je suis là. Mon cœur se mit à battre si soudainement. Je n’avais jamais été proche de lui, mais sa gentillesse et sa délicatesse à mon égard — contrairement à son amie — m’avaient toujours fait me sentir bien. Et aujourd’hui encore, Ayman était là pour moi. — Claire, on va y aller d’accord ? ajouta-t-il. Il me sourit tendrement, et c’était comme si, dans tout ce chaos, je trouvais enfin un peu de paix. Cette main tendue face à moi, et ce sourire qui me rassurait. Je me suis décidée à la prendre. Il m’aida avec les valises. Sans dire un mot, je le
— Ja… Jason… Qu’est-ce que tu dis ? Mais… mais où vais-je aller ?? J’étais abasourdie. Une humiliation de plus. En plus d’avoir été trahie, humiliée, je me retrouvais sans rien, pas même un toit où vivre. Je voulais hurler d’injustice, crier de n’avoir été qu’une poupée de chiffon dans cette maison. Elle était au courant, ma meilleure amie le savait pertinemment. Elle avait participé à tout ceci. Maintenant devant elle, pour sa plus grande victoire, j’allais être chassée comme une malpropre… — Comment peux-tu faire une chose pareille ? Où veux-tu que j’aille ?? Comment vais-je pouvoir regarder mon père en face et lui dire tout ce qui s’est passé ?? lui criai-je au nez avant de me tourner vers ma meilleure amie. — Toi Natalie, tu savais, pas vrai ?? Tu savais, je me trompe ? demandai-je en riant d’un rire amer. Le pire… Elle avait l’air de se foutre totalement de moi. Un regard méprisant se posa sur moi. Un regard que je ne lui reconnaissais pas. Est-ce qu’on peut être auss
Je les regardais l’un après l’autre, complètement abasourdie. Je n’aurais jamais pu le soupçonner, ni même penser une seule seconde que les deux pouvaient être des amants.Ma sœur de cœur, Natalie, que je considérais comme mon plus grand soutien, avait tout simplement profité de la situation et m’avait poignardée d’un couteau dans le dos.Ils se tenaient là, tous deux devant moi. Elle lui tenait la main… enfin non, tous deux se tenaient la main.Cette tristesse, ces yeux embués de larmes de la veille avaient disparu. Elle se tenait face à moi, confiante, décidée.Jason s’avança jusqu’à moi, le regard froid comme d’habitude.Je ne pus même pas le regarder en face tant je ne voulais pas qu’il lise ma tristesse dans mes yeux.Il sortit un stylo de sa poche et se pencha sur la table.Je le sentis de nouveau poser ses yeux sur moi.— On ne va pas passer une éternité là-dessus. Je te libère. Tu devrais faire pareil, déclara-t-il avec ce ton si distant.Sur le coup, j’ai sursauté.Au fond de
Je n’ai presque pas dormi cette nuit-là.Je suis restée allongée dans mon lit, fixant le plafond, incapable de calmer le bruit dans ma tête.Jason.Natalie.Le document.Ayman.Tout se mélangeait dans un chaos que je n’arrivais pas à comprendre.À un moment, vers cinq heures du matin, j’ai fermé les yeux juste pour respirer. Juste pour essayer d’arrêter de trembler.Mais une question revenait encore et encore :Pourquoi tout le monde a su avant moi ?Je secouai la tête, les yeux brûlants.Pas le moment de pleurer.Pas encore.Je me levai, ma robe de nuit froissée, mes cheveux en désordre.Je me dirigeai vers la salle de bain.Je me regardai dans le miroir.J’avais l’air d’une femme fatiguée.Vidée.Blessée.Mais il y avait aussi autre chose.Une petite flamme.Une petite colère.Quelque chose qui commençait à naître.Je savais que cette journée allait être décisive.J’ai fait couler un peu d’eau froide sur mon visage.Le choc m’a réveillée d’un seul coup.Puis j’ai attaché mes cheveux
Je suis restée quelques secondes immobile, assise sur mon canapé, le téléphone entre les mains. Mes yeux étaient encore mouillés, mon cœur battait trop vite, ma respiration était courte. Et pourtant… au milieu de tout ce chaos, un nom venait d’émerger comme une bouée. Ayman. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi son message arrivait maintenant, au moment exact où ma vie venait d’exploser. Le timing était trop précis. Trop étrange. Trop chargé de sens. Je me levai lentement, mes jambes encore lourdes, mes gestes maladroits. Ma poitrine me faisait mal. Ma tête aussi. Comme si ma journée essayait de me rattraper d’un seul coup. J’allai vers la fenêtre. J’écartai légèrement le rideau. Et il était là. Appuyé contre sa voiture. Les bras croisés. La tête baissée. Comme quelqu’un qui n’est pas sûr d’être le bienvenu. Je crois que mon cœur a fait un petit sursaut. Un tout petit. Rien d’exagéré. Juste… quelque chose de différent. Je n’avais pas vu Ayman depuis des mois.
Je ne sais pas ce qui a été le plus violent : La présence de Jason dans mon salon. Ou celle de Natalie… qui s'était avancé jusqu'à ses côtés. Elle était là. Devant moi. Comme si elle avait le droit d’être ici. Comme si elle avait quelque chose à m’expliquer. Comme si elle n’était pas la raison pour laquelle mon cœur était en train de se briser encore plus, seconde après seconde. Je crois que le silence a duré longtemps. Ou peut-être que non. Je ne sais plus. Le temps n’avait plus de forme, plus de sens. Tout était confus dans ma tête. Jason la regarda avec un air que je n’avais jamais vu. Un air que je n’avais jamais reçu de lui. Un de ces regards qui disent tout sans rien dire. Et tout en moi s’est effondré encore une fois. Natalie inspira. Ses yeux brillaient, mais pas de honte. Je crois qu’elle avait peur. Ou peut-être qu’elle jouait. Je n’arrivais même pas à savoir. — Claire… murmura-t-elle. Je… je voulais te parler avant. Je voulais t’expliquer. J’ai ri. Pa







