Se connecter— Ja… Jason… Qu’est-ce que tu dis ? Mais… mais où vais-je aller ??
J’étais abasourdie. Une humiliation de plus. En plus d’avoir été trahie, humiliée, je me retrouvais sans rien, pas même un toit où vivre. Je voulais hurler d’injustice, crier de n’avoir été qu’une poupée de chiffon dans cette maison. Elle était au courant, ma meilleure amie le savait pertinemment. Elle avait participé à tout ceci. Maintenant devant elle, pour sa plus grande victoire, j’allais être chassée comme une malpropre… — Comment peux-tu faire une chose pareille ? Où veux-tu que j’aille ?? Comment vais-je pouvoir regarder mon père en face et lui dire tout ce qui s’est passé ?? lui criai-je au nez avant de me tourner vers ma meilleure amie. — Toi Natalie, tu savais, pas vrai ?? Tu savais, je me trompe ? demandai-je en riant d’un rire amer. Le pire… Elle avait l’air de se foutre totalement de moi. Un regard méprisant se posa sur moi. Un regard que je ne lui reconnaissais pas. Est-ce qu’on peut être aussi mesquine et hypocrite ? À cet instant, l’attitude de Jason ne disait plus absolument rien… Natalie, ma meilleure amie en face de moi, celle à qui je racontais tout… cette indifférence. Je la voyais encore, cette même indifférence, mais ce jour-là je la voyais dans ses yeux. — Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, Natalie ? m’exclamai-je complètement dépassée. Elle m’ignora et se retourna vers lui. — Jason… Je pense qu’il est temps… À cette heure-ci, elle pourra encore espérer trouver un taxi. Qu’en dis-tu ? Je sentis mon sang se glacer sur-le-champ. Ce soir. Ils avaient prévu que je m’en aille ce soir. — Oui, c’est vrai… À cette heure, elle pourra encore facilement trouver un taxi, répondit-il. Je me figeai comme un rocher. Un nœud s’était formé dans ma poitrine… je n’arrivais plus à dire un mot. — Ouais… Je peux même l’aider pour les valises, l’entendis-je dire de sang-froid. J’avais l’impression d’être devenue spectatrice de ma propre vie. Je la vis rentrer dans ma chambre… Je compris que les lieux ne lui étaient pas inconnus. J’étais juste aveugle… aveuglée par cette fausse amitié. J’étais comme foudroyée par tout ce qui se passait. Il me regardait avec désintérêt. J’essayais de retenir mes larmes. Plus de larmes… je ne voulais plus qu’il me voie à sa merci. Quelques minutes plus tard, elle ressortit de la pièce, munie de ma valise et d’un sac à main. Le seul et unique sac que j’avais reçu de mon mariage. Elle s’avança jusqu’à moi. Ses yeux se figèrent dans les miens. Elle n’avait pas honte. Elle ne se reprochait absolument rien. Dans son regard, c’était le vide… puis un mépris sans précédent. Tout d’un coup, elle laissa tomber le sac à main sur le sol. Le bruit lourd du sac me fit fermer les yeux, et sans pouvoir le contrôler, une larme pointa. — Maintenant ! Elle peut s’en aller ! — Claire ! Tu peux t’en aller ! Notre mariage n’existe plus ! Tu es libre ! acquiesça Jason. Ils avaient tout préparé. Notre mariage était censé s’arrêter de cette façon. Je devais être plus blessée que jamais, trahie et humiliée. Mais au fond… c’était une libération. Je ne voulais plus pleurer. Je soupirai, puis j’essuyai mes yeux humidifiés. J’ai pris le sac et la valise et je leur ai fait face à tous les deux. — Tout compte fait, vous allez bien ensemble. Aussi méprisants l’un que l’autre. Je me suis retournée sans regarder en arrière. Alors que j’avançais vers la porte, Natalie me stoppa net. — Claire, attends une seconde ! Elle se rapprocha vite de moi, posa sa main sur mon épaule. — On n’a plus rien à se dire, dis-je avec colère. — Oups ma chère… C’est juste pour te remettre ça ! Sans gêne, elle prit ma main et y déposa les documents du divorce. — N’oublie pas de les signer. La chair de poule s’empara de tout mon corps. C’était une autre personne que j’avais en face de moi. Elle se pencha, m’ouvrit la porte. Puis elle me dit, en me regardant droit dans les yeux : — Au moins cette fois-ci, nous sommes toutes les deux libérées de tes plaintes et de ces larmes de détresse qui m’ennuyaient beaucoup trop. C’était ma “sœur de cœur” qui me mettait à la porte de la maison où je vivais. Je sentais les larmes monter, mais je ne voulais pas qu’elle le remarque… Alors je suis partie. J’ai regardé tout droit devant moi. La tête haute. Et je suis sortie. C’est comme si la femme dure en moi, celle qui m’avait permis de leur tenir tête quelques instants, s’était évanouie. Mes larmes se mirent à couler le long de mes joues. En plus, je ne savais pas ce que j’allais faire. Rentrer chez moi ? Et briser tous les espoirs de mon père ? Lui dire que l’homme pour qui il avait un profond respect avait un fils qui avait méprisé sa fille durant tout son mariage ? Ça allait lui briser le cœur. Pouvais-je supporter de le voir dans cet état ? Je n’en étais pas capable. Je me retrouvais à la rue. Perdue, humiliée… Que devais-je faire ? Rentrer ? J’ai allumé mon téléphone. Je n’avais pas le choix. Il fallait que je prévienne ma sœur de mon retour avant d’arriver à la maison. Et son message apparut en plein écran : « Désolé si ma visite t’a déstabilisée. Ce n’était pas mon intention. N’oublie pas : tu es bien plus que ce qu’ils te font penser de toi. — Ayman » Ce message soudain, même si je ne l’attendais pas, fut la seule chose qui me soulagea un peu. Et puis j’ai eu cette idée à laquelle je n’aurais jamais pensé. — Ayman ? murmurai-je. Dans ma voix hésitante, j’essayais de ne pas pleurer. — S’il te plaît… j’ai besoin de toi. J’ai besoin que tu me viennes en aide maintenant… s’il te plaît… Et là je me suis effondrée. Je n’eus même pas le temps d’attendre sa réponse. La honte me brûlait… Je me sentais nulle. Plus nulle que je ne l’ai jamais été. Sous cette nuit froide et sombre, après un mariage sans fondement, sans amour, sans respect… Après avoir été trahie et humiliée par celle que je croyais être une sœur… Je me retrouvais à la rue, rongée par l’impuissance et l’incertitude. Des minutes plus tard, assise sur la chaussée, mon visage fut éclairé par des phares. J’essayai de voir… Et je l’ai vu. Ayman. Il était venu. Il se tenait face à moi.— Ayman…, murmurai-je. J’étais à la fois troublée et rassurée. Ce que je ressentais à ce moment-là était très étrange. Il s’avança vers moi et, dans son regard, je voyais bien qu’il ne s’imaginait pas me voir dans cet état. Moi aussi. Je me sentais honteuse. J’étais la pire des idiotes. Il s’accroupit face à moi et prit ma main. Ce geste me troubla. Il ne détourna pas le regard du mien et il me dit : — Tu n’as pas à t’en faire. Je suis là. Mon cœur se mit à battre si soudainement. Je n’avais jamais été proche de lui, mais sa gentillesse et sa délicatesse à mon égard — contrairement à son amie — m’avaient toujours fait me sentir bien. Et aujourd’hui encore, Ayman était là pour moi. — Claire, on va y aller d’accord ? ajouta-t-il. Il me sourit tendrement, et c’était comme si, dans tout ce chaos, je trouvais enfin un peu de paix. Cette main tendue face à moi, et ce sourire qui me rassurait. Je me suis décidée à la prendre. Il m’aida avec les valises. Sans dire un mot, je le
— Ja… Jason… Qu’est-ce que tu dis ? Mais… mais où vais-je aller ?? J’étais abasourdie. Une humiliation de plus. En plus d’avoir été trahie, humiliée, je me retrouvais sans rien, pas même un toit où vivre. Je voulais hurler d’injustice, crier de n’avoir été qu’une poupée de chiffon dans cette maison. Elle était au courant, ma meilleure amie le savait pertinemment. Elle avait participé à tout ceci. Maintenant devant elle, pour sa plus grande victoire, j’allais être chassée comme une malpropre… — Comment peux-tu faire une chose pareille ? Où veux-tu que j’aille ?? Comment vais-je pouvoir regarder mon père en face et lui dire tout ce qui s’est passé ?? lui criai-je au nez avant de me tourner vers ma meilleure amie. — Toi Natalie, tu savais, pas vrai ?? Tu savais, je me trompe ? demandai-je en riant d’un rire amer. Le pire… Elle avait l’air de se foutre totalement de moi. Un regard méprisant se posa sur moi. Un regard que je ne lui reconnaissais pas. Est-ce qu’on peut être auss
Je les regardais l’un après l’autre, complètement abasourdie. Je n’aurais jamais pu le soupçonner, ni même penser une seule seconde que les deux pouvaient être des amants.Ma sœur de cœur, Natalie, que je considérais comme mon plus grand soutien, avait tout simplement profité de la situation et m’avait poignardée d’un couteau dans le dos.Ils se tenaient là, tous deux devant moi. Elle lui tenait la main… enfin non, tous deux se tenaient la main.Cette tristesse, ces yeux embués de larmes de la veille avaient disparu. Elle se tenait face à moi, confiante, décidée.Jason s’avança jusqu’à moi, le regard froid comme d’habitude.Je ne pus même pas le regarder en face tant je ne voulais pas qu’il lise ma tristesse dans mes yeux.Il sortit un stylo de sa poche et se pencha sur la table.Je le sentis de nouveau poser ses yeux sur moi.— On ne va pas passer une éternité là-dessus. Je te libère. Tu devrais faire pareil, déclara-t-il avec ce ton si distant.Sur le coup, j’ai sursauté.Au fond de
Je n’ai presque pas dormi cette nuit-là.Je suis restée allongée dans mon lit, fixant le plafond, incapable de calmer le bruit dans ma tête.Jason.Natalie.Le document.Ayman.Tout se mélangeait dans un chaos que je n’arrivais pas à comprendre.À un moment, vers cinq heures du matin, j’ai fermé les yeux juste pour respirer. Juste pour essayer d’arrêter de trembler.Mais une question revenait encore et encore :Pourquoi tout le monde a su avant moi ?Je secouai la tête, les yeux brûlants.Pas le moment de pleurer.Pas encore.Je me levai, ma robe de nuit froissée, mes cheveux en désordre.Je me dirigeai vers la salle de bain.Je me regardai dans le miroir.J’avais l’air d’une femme fatiguée.Vidée.Blessée.Mais il y avait aussi autre chose.Une petite flamme.Une petite colère.Quelque chose qui commençait à naître.Je savais que cette journée allait être décisive.J’ai fait couler un peu d’eau froide sur mon visage.Le choc m’a réveillée d’un seul coup.Puis j’ai attaché mes cheveux
Je suis restée quelques secondes immobile, assise sur mon canapé, le téléphone entre les mains. Mes yeux étaient encore mouillés, mon cœur battait trop vite, ma respiration était courte. Et pourtant… au milieu de tout ce chaos, un nom venait d’émerger comme une bouée. Ayman. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi son message arrivait maintenant, au moment exact où ma vie venait d’exploser. Le timing était trop précis. Trop étrange. Trop chargé de sens. Je me levai lentement, mes jambes encore lourdes, mes gestes maladroits. Ma poitrine me faisait mal. Ma tête aussi. Comme si ma journée essayait de me rattraper d’un seul coup. J’allai vers la fenêtre. J’écartai légèrement le rideau. Et il était là. Appuyé contre sa voiture. Les bras croisés. La tête baissée. Comme quelqu’un qui n’est pas sûr d’être le bienvenu. Je crois que mon cœur a fait un petit sursaut. Un tout petit. Rien d’exagéré. Juste… quelque chose de différent. Je n’avais pas vu Ayman depuis des mois.
Je ne sais pas ce qui a été le plus violent : La présence de Jason dans mon salon. Ou celle de Natalie… qui s'était avancé jusqu'à ses côtés. Elle était là. Devant moi. Comme si elle avait le droit d’être ici. Comme si elle avait quelque chose à m’expliquer. Comme si elle n’était pas la raison pour laquelle mon cœur était en train de se briser encore plus, seconde après seconde. Je crois que le silence a duré longtemps. Ou peut-être que non. Je ne sais plus. Le temps n’avait plus de forme, plus de sens. Tout était confus dans ma tête. Jason la regarda avec un air que je n’avais jamais vu. Un air que je n’avais jamais reçu de lui. Un de ces regards qui disent tout sans rien dire. Et tout en moi s’est effondré encore une fois. Natalie inspira. Ses yeux brillaient, mais pas de honte. Je crois qu’elle avait peur. Ou peut-être qu’elle jouait. Je n’arrivais même pas à savoir. — Claire… murmura-t-elle. Je… je voulais te parler avant. Je voulais t’expliquer. J’ai ri. Pa







