Je suis roi.
C’est une pensée étrange. Pas un rêve de grandeur, pas un fantasme de pouvoir... Non, une réalité brutale. Le trône sous moi est dur, inconfortable, aussi fissuré que le royaume que je suis censé gouverner. Mais ce n’est pas le trône qui compte. C’est ce que je vais en faire. [Notification : 10 Points de Renommée acquis – Prise de décision courageuse.] [Nouveau menu débloqué : Accès à l’Arbre des Connaissances.] Un écran translucide s’affiche devant mes yeux, invisible aux autres. Je garde le regard figé, jouant le rôle du roi pensif, pendant qu’en réalité, je scanne cette nouvelle interface. Un arbre de compétences. Génie civil, ingénierie agricole, métallurgie, médecine, stratégie militaire… Toutes classées en branches. Certaines brillent faiblement – accessibles. D’autres sont grises – verrouillées. Il y a tant de possibilités… et si peu de points. 10 points. C’est tout. Le choix est crucial. Ce n’est pas un jeu. Chaque investissement aura un impact réel sur les gens, l’économie, la politique… et ma tête si je me trompe. Je fais glisser mon doigt mentalement sur la branche “Agriculture – Techniques de rotation des cultures”. Coût : 5 points. Je valide. [Connaissance acquise : Techniques de culture avancée.] [Effets : +20% de rendement agricole potentiel – nécessite mise en application.] Un flot d’informations envahit mon esprit : cycles de culture, amélioration des sols, irrigation simple… Tout ce que j’avais étudié dans mon ancienne vie, remis au goût du jour pour un monde médiéval. C’est comme si tout devenait clair. Il m’en reste 5. J’hésite. Et puis, je clique sur “Médecine – Hygiène de base”. Un pari. [Connaissance acquise : Hygiène et gestion des maladies.] [Effets : possibilité de réduire la mortalité en cas de mise en place de protocoles simples.] Parfait. Un des conseillers me fixe, fronçant les sourcils. Je réalise que je suis resté silencieux trop longtemps. Le peuple me croit faible, possédé, fou. Il faut frapper fort, tout de suite. Je me lève. — Préparez une délégation. Demain, je veux rencontrer les fermiers des villages les plus proches. Et faites venir les intendants. Je veux connaître chaque grange, chaque champ, chaque puits de ce royaume. Ils échangent des regards incrédules. — Majesté... vous voulez parler aux... paysans ? demande l’un, comme s’il venait d’avaler un insecte. — Exactement. Ils nourrissent le royaume. Ils sont la base. Et je vais reconstruire Frostmar… depuis ses racines. [Notification : +5 Points de Renommée – Réforme visionnaire.] Le Système réagit. Il récompense l’audace, l’innovation. Mais je sens aussi une tension monter. Un frisson me parcourt l’échine. Comme si quelque chose, quelque part, m’observait. Je sors du trône, sans un mot de plus. Laisser le silence parler pour moi. Le roi n’a pas besoin de convaincre. Il agit. Et bientôt, ils verront. --- Le lendemain, je suis à cheval, entouré de soldats à l’armure rouillée. Les routes sont boueuses, les regards méfiants. Les paysans ne s’inclinent plus. Ils observent. Le roi déchu s’est levé… mais pour combien de temps ? Je parle avec eux. Je leur pose des questions. Je leur montre comment espacer les cultures, gérer les eaux de pluie, fabriquer du savon avec de la cendre et de la graisse. Au début, ils rient. Puis ils écoutent. Et enfin… ils essaient. Un vieux me regarde, les bras croisés. — Si vous êtes un vrai roi… alors continuez. Mais si c’est un coup de théâtre, partez. On a trop souffert des promesses vides. Je le fixe. Et je lui tends la main. — Ce n’est pas une promesse. C’est un début. [Notification : +7 Points de Renommée – Confiance populaire naissante.] --- De retour au château, je m’effondre dans ma chambre. Mon corps est brisé, mon esprit bouillonne. Et le Système murmure encore. [Attention : Impact social en cours. Les réformes attirent l’attention des nobles.] [Risque : Opposition politique imminente.] Je souris. Qu’ils viennent. Je suis prêt.Les jours s'écoulèrent, rythmés par le flux incessant des rapports et des décisions. Le Sud se stabilisait peu à peu sous la poigne de fer mais juste des administrateurs d'Ulrich. Au Nord, les graines de la sédition semées par Lord Harlon et ses alliés commençaient à germer dans le sol gelé de la méfiance, isolant chaque jour un peu plus Ivar Frost dans sa forteresse de Vannyr. Mais c'est à Eryndale même que se jouaient deux des scènes les plus cruciales pour l'avenir du royaume.La première eut lieu dans le secret des forges royales. Maître Volrik Varn, suivant les instructions codées de Rolland, avait réussi à rassembler les trois composants de la "poudre du tonnerre" : du salpêtre purifié à grand-peine, du charbon de saule finement broyé, et du soufre ramené des régions volcaniques de l'extrême Nord. Dans un enclos sécurisé à l'écart de tout bâtiment, sous le regard anxieux de ses deux meilleurs apprentis, il procéda au premier test.Il déposa une petite quantité du mélange grisâtr
L'arrivée de Karl Lagerfeld à Eryndale fut un spectacle que personne dans la capitale n'oublierait de sitôt. L'homme qui, quelques mois auparavant, était l'un des plus puissants et des plus craints de tout Frostmar, entra dans la ville non pas en conquérant, mais en captif. Il était enchaîné, enfermé dans une cage de fer posée sur un chariot, tiré par des bœufs comme un animal de foire. La Générale Lyra, à la tête de son escorte, paradait, son visage impénétrable ne laissant rien voir du triomphe qu'elle devait ressentir.Une foule immense bordait les rues, un mélange de curiosité morbide, de haine et de soulagement. Des insultes fusaient, des légumes pourris étaient jetés en direction de la cage. Lagerfeld, habituellement si fier et si maître de lui, restait assis, le dos droit, le visage livide de rage et d'humiliation, fixant le vide. Il refusait de donner à la populace la satisfaction de voir sa peur ou son désespoir.Rolland observa la scène depuis une fenêtre du palais. Il n'épr
La nouvelle de la victoire totale de Baelbridge et de la capture de Karl Lagerfeld se propagea à travers Frostmar avec la vitesse d'un feu de forêt. À Eryndale, la liesse populaire fut encore plus grande que lors de la victoire de l'Alne. Ce n'était plus une défense héroïque, c'était un triomphe, une reconquête. Le roi avait non seulement repoussé les envahisseurs, mais il avait capturé l'un des deux grands architectes de la rébellion. Les chansons des bardes, qui célébraient déjà le courage des défenseurs de l'Alne, s'enrichirent de nouveaux couplets sur la ruse de la Générale Lyra et la puissance du Commandant Seran. Le nom de Rolland était acclamé comme celui du plus grand roi que Frostmar ait connu depuis des générations.Rolland, cependant, ne se laissa pas griser par la victoire. Il savait que le moment était critique. La chute de Lagerfeld créait un vide de pouvoir béant dans tout le Sud, un vide qui pouvait rapidement se remplir de chaos s'il n'était pas géré avec sagesse et f
La plaine qui s'étendait à l'est de Baelbridge était baignée d'une lumière froide et matinale. L'herbe, encore humide de rosée, allait bientôt boire le sang des hommes. D'un côté, l'armée royale du Commandant Seran, forte de près de cinq mille soldats, se déployait en bon ordre. Le moral était élevé, la discipline de fer. Les vétérans de l'Alne, aguerris et confiants, formaient le cœur de la ligne d'infanterie, leurs boucliers frappés du Griffon d'Eryndale formant un mur étincelant. Sur les flancs, la cavalerie légère se tenait prête, tandis que les archers et les arbalétriers, dont certains étaient équipés des précieuses munitions en velandium, prenaient position sur une petite crête qui dominait légèrement le terrain.De l'autre côté, les quatre mille hommes de Karl Lagerfeld formaient une ligne plus compacte mais d'apparence redoutable. Le noyau de son armée était composé de régiments de mercenaires du Sud, des piquiers vétérans dont la réputation n'était plus à faire, et de compag
La décision de passer à l'offensive avait insufflé une nouvelle énergie dans les veines du royaume. La peur et l'incertitude qui avaient paralysé Eryndale pendant des semaines laissaient place à une détermination palpable, une ferveur que Rolland n'avait pas ressentie depuis le début de la guerre. Les nouvelles de l'accord avec le Duc River se répandaient, transformant le désespoir en un espoir tangible. Le roi n'était plus seul ; l'échiquier avait changé, et c'était maintenant à Frostmar de dicter le tempo du conflit.Deux semaines après le retour de la délégation de l'Est, deux expéditions quittèrent Eryndale, symbolisant la double stratégie de Rolland : l'une menée par le fer, l'autre par le savoir.La première, et la plus imposante, était le corps expéditionnaire destiné au Sud. Menée par le Commandant Seran lui-même, cette force de près de cinq mille hommes était un mélange de vétérans de la bataille de l'Alne et de nouvelles recrues bien entraînées. Leur moral était au plus haut
Le retour de la délégation de l'Est fut un événement en soi. Lord Elmsworth et Dame Maelis, accompagnés de leur escorte, rentrèrent à Eryndale non pas avec l'air fatigué de voyageurs revenant d'une mission périlleuse, mais avec une lueur d'excitation et d'accomplissement dans les yeux. La nouvelle de leur succès les avait précédés de quelques heures, portée par un cavalier d'élite qui avait franchi la distance en un temps record.Lorsque Rolland les reçut dans la salle du conseil restreint, l'atmosphère n'était plus à la défense désespérée, mais à une planification prudente et optimiste. Les visages d'Ulrich et de Seran, habituellement si graves, étaient marqués par un soulagement évident.« C'est encore mieux que ce que vous aviez décrit dans votre message, Lord Elmsworth, » dit Rolland après avoir écouté le rapport détaillé du vieux diplomate. « Un blocus économique, une route commerciale sécurisée pour le grain, un échange de technologies, et une menace dissuasive sur le flanc est