LOGINLe bruit du silence.
C’est quelque chose que j’ai appris à reconnaître rapidement dans ce château. Il y a le silence du sommeil, celui de la paix… et celui de la tempête qui approche. Aujourd’hui, c’est ce dernier qui m’enveloppe. Assis dans la grande salle du conseil, je fixe la carte du royaume étalée devant moi. Des dizaines de petites marques indiquent les domaines féodaux, les postes militaires, les routes commerciales. Mon doigt suit les lignes brisées des frontières, les fissures invisibles dans la structure même du pouvoir. — Votre Majesté, les seigneurs de l’ouest refusent d’envoyer leur impôt. Ils exigent une audience. Le ton du chancelier est neutre, mais je sens la tension derrière les mots. C’est la première véritable résistance. Je ne réponds pas tout de suite. Je sais ce qu’ils veulent. Leurs privilèges. Leur pouvoir. Ils voient mes réformes comme un poison lent, une menace contre leur confort centenaire. Et ils ont raison. [Notification : Tension politique accrue – Influence des nobles en hausse dans certaines régions.] [Suggestion : Gérer la crise avant escalade.] Je ferme l’interface du Système. Pas maintenant. Je dois jouer en tant qu’homme, pas comme joueur. — Très bien, dis-je en me levant. Faites-les venir. --- Ils arrivent deux jours plus tard, en grande pompe. Des chevaux massifs, des bannières flamboyantes, des serviteurs en file. Trois seigneurs. Trois rapaces drapés dans la richesse, mais avec des crocs bien aiguisés. Le premier à parler est le comte Vaelric, large, barbu, et aussi souriant qu’une lame dégainée. — Majesté… ou dois-je dire “l’enfant du miracle”, commence-t-il, avec un sourire glacial. On dit que vous êtes revenu des morts. Que vous parlez aux paysans. Que vous distribuez les ressources du royaume comme si elles venaient de vos poches. — Chaque ressource du royaume vient du peuple, dis-je calmement. Je ne fais que les lui rendre. Le deuxième, la marquise d’Orlane, ricane. — Charmant. Et naïf. Les terres nobles ne sont pas des fermes collectives. Vos actions sapent l’autorité traditionnelle. Vous risquez une rébellion… pas contre vous, Majesté, mais contre l’ordre lui-même. Le troisième, le duc Karthen, reste silencieux. Il m’observe. Lui, c’est le plus dangereux. Il ne parle pas, il analyse. Je croise les mains. — Alors, que proposez-vous ? Vaelric frappe la table. — Abandonnez vos réformes. Rétablissez les droits féodaux. Et surtout, cessez de consulter les paysans comme des égaux. Sinon… nous retirerons notre soutien. Militairement. Fiscalement. Ils me menacent. Ou plutôt, ils pensent me faire plier. [Choix critique :] • Céder pour gagner du temps. • Résister ouvertement. • Négocier en apparence tout en préparant une riposte. Je souris intérieurement. Le Système ne me donne pas de réponse. Il ne joue pas à ma place. Mais il m’aide à voir. — D’accord, dis-je lentement. Je comprends vos inquiétudes. Vous êtes des piliers du royaume. Vous avez servi la couronne pendant des générations. Il est normal que vous craigniez le changement. Ils hochent la tête, se croyant déjà vainqueurs. — Alors ? demande Orlane. Allons-nous revenir à la raison ? Je me lève. — Non. Mais vous allez le faire. Ils se figent. — Vous pensez avoir le peuple, mais j’ai quelque chose que vous n’aurez jamais : leur espoir. Et très bientôt, leur loyauté. Je fais claquer mes doigts. Les portes s’ouvrent. Trois soldats entrent, chacun portant un rouleau de parchemin. Des copies de rapports, de plaintes contre les abus de leurs domaines, de lettres de vassaux demandant protection contre leurs excès. — Vous avez perdu le droit de gouverner dans l’ombre. Dorénavant, chaque seigneur sera audité. Chaque impôt sera justifié. Et si vous refusez… Je sors le décret royal déjà signé. — Vous serez déchus de vos titres, et vos terres rendues au domaine royal. [Notification : +15 Points de Renommée – Affrontement politique remporté.] [Effets secondaires : Déclenchement de manœuvres en coulisses – Nobles hostiles actifs.] Ils partent, furieux, silencieux, mais battus. Karthen, le dernier, me lance un regard glacé. — Le peuple oublie vite, Majesté. Et la loyauté affamée change de maître au moindre pain jeté. Je lui réponds avec calme : — Alors je leur donnerai le four entier. --- Le soir tombe. Je suis seul dans la salle du trône. Le Système clignote devant moi. Un choix. Un jeu. Une guerre. Et je viens de faire mon premier coup.La semaine qui précéda le procès fut une période d'activité fébrile à Eryndale. Une immense estrade avait été érigée sur la Grande Place d'Armes, face au palais, là même où les héros de l'Alne avaient été honorés. Ce ne serait pas un procès secret dans une salle obscure, mais un jugement public, devant le peuple et les nobles de Frostmar. Rolland voulait que la justice soit non seulement rendue, mais vue de tous. C'était la première grande mise en application de la nouvelle loi du royaume, et elle devait être irréprochable.Ulrich, s'appuyant sur ses nouvelles connaissances en "Gouvernance et État de Droit", avait organisé la cour. Elle serait présidée par le plus ancien et le plus respecté des magistrats du royaume, Lord Cadvan, un homme dont l'intégrité était légendaire. Il serait assisté d'un jury composé de douze pairs, une sélection minutieuse de nobles de tous les duchés – y compris Lord Harlon pour le Nord et un baron mineur mais respecté de l'Est recommandé par le Duc River –,
La Grande Salle du Trône du palais d'Eryndale n'avait pas connu une telle affluence depuis le couronnement du grand-père de Rolland. Chaque recoin de la vaste pièce était rempli. Sur les bancs de chêne sculpté étaient assis des dizaines de nobles, grands et petits, venus des quatre coins du royaume. C'était une mosaïque humaine qui reflétait l'état fracturé de Frostmar : les visages burinés et méfiants des seigneurs du Nord, menés par un Lord Harlon à l'air grave ; les nobles du Sud, anciennement vassaux de Lagerfeld, à l'attitude soumise mais aux regards fuyants, cherchant à jauger la clémence du nouveau maître ; les barons de l'Ouest, plus confiants depuis la stabilisation de leur province ; et les fidèles de la première heure, les seigneurs des terres centrales, qui arboraient un air de triomphe discret.Mais tous les regards convergeaient vers une seule section de l'assemblée. Assis non pas avec les autres nobles mais sur une estrade légèrement surélevée à la droite du trône, se t
La guerre était finie. Les bannières de la rébellion avaient été abaissées, les épées remises au fourreau, mais le silence qui s'était abattu sur Frostmar n'était pas encore celui de la paix. C'était le silence lourd d'un chantier, celui d'un royaume brisé à reconstruire. Pour Rolland, la fin des combats ne signifiait pas le repos, mais le début d'un travail encore plus colossal : transformer sa conquête militaire en une paix durable.Son premier acte de roi unificateur fut la convocation d'un Grand Conseil à Eryndale. Ce ne serait pas une simple réunion de ses alliés, mais un rassemblement de tous les seigneurs de Frostmar : les fidèles de la première heure, les barons opportunistes du Sud qui avaient changé d'allégeance, les nobles fiers et méfiants du Nord menés par Lord Harlon, et, bien sûr, le plus puissant d'entre eux, le Duc Joshua River de l'Est. C'était un pari audacieux. Mettre autant d'anciens ennemis et de nouveaux alliés aux ambitions divergentes dans une même pièce pouva
La forteresse de Vannyr, cœur sombre du pouvoir d'Ivar Frost, était autrefois un symbole de la force brute et de l'esprit indomptable du Nord. Ses murailles de granit noir, taillées à même la montagne, semblaient capables de défier les siècles. Mais en cette fin d'automne, un silence pesant, plus inquiétant que le fracas des armes, s'était abattu sur la citadelle. C'était le silence de la peur, de la méfiance et de la fin imminente d'un règne.Ivar Frost, le Loup du Nord, arpentait la grande salle de sa forteresse comme un animal en cage. Les nouvelles désastreuses s'étaient succédé, chaque message porté par un cavalier loyaliste de plus en plus rare étant un nouveau clou dans le cercueil de ses ambitions. La trahison de Harlon, la chute de Harsfell, la défection en cascade de ses bannerets… Il était passé en quelques semaines du statut de roi autoproclamé du Nord à celui de chef de guerre paria, assiégé dans sa propre capitale par ceux qui lui avaient autrefois juré fidélité.Les "ma
Pendant que Rolland et ses conseillers remodelaient le destin du Sud et négociaient la reddition des secrets de Karl Lagerfeld, au Nord, la situation devenait de plus en plus volatile. Ivar Frost, retranché dans sa forteresse de Vannyr, sentait les murs de sa propre autorité se fissurer. La défaite écrasante de son allié Lagerfeld l'avait laissé seul et exposé. Le blocus économique du Duc River commençait à mordre, créant des pénuries sur certains biens essentiels et attisant le mécontentement de ses bannerets.Lord Harlon, le noble nordique qui avait secrètement pris contact avec la couronne, était un homme patient et rusé. Il savait qu'une confrontation directe avec Ivar Frost serait un suicide. Le Duc du Nord, bien qu'affaibli, était toujours un guerrier redoutable et paranoïaque, entouré d'une garde personnelle fanatiquement loyale, les "Gladiateurs du Givre". Harlon et ses alliés devaient agir avec la subtilité d'une avalanche qui se prépare, invisible jusqu'à ce qu'il soit trop
Les jours s'écoulèrent, rythmés par le flux incessant des rapports et des décisions. Le Sud se stabilisait peu à peu sous la poigne de fer mais juste des administrateurs d'Ulrich. Au Nord, les graines de la sédition semées par Lord Harlon et ses alliés commençaient à germer dans le sol gelé de la méfiance, isolant chaque jour un peu plus Ivar Frost dans sa forteresse de Vannyr. Mais c'est à Eryndale même que se jouaient deux des scènes les plus cruciales pour l'avenir du royaume.La première eut lieu dans le secret des forges royales. Maître Volrik Varn, suivant les instructions codées de Rolland, avait réussi à rassembler les trois composants de la "poudre du tonnerre" : du salpêtre purifié à grand-peine, du charbon de saule finement broyé, et du soufre ramené des régions volcaniques de l'extrême Nord. Dans un enclos sécurisé à l'écart de tout bâtiment, sous le regard anxieux de ses deux meilleurs apprentis, il procéda au premier test.Il déposa une petite quantité du mélange grisâtr