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Chapitre 2

Penulis: Bruniverte
last update Terakhir Diperbarui: 2025-09-12 14:00:40

Toc… Toc… toc.

  Ce bruit sec résonne dans mon crâne encore engourdi, se mêlant au vacarme des moteurs, aux éclats de voix et aux coups de klaxon qui montent de la rue.

  Le jour filtre déjà à travers les rideaux, une lumière agressive qui m’arrache un grognement. J’ai échappé de peu au réveil matinal que m’aurait infligé ce quartier en pleine effervescence.

  Toc… toc… toc.

  — J’ai deux jours de congrès, bordel…

  Les yeux à moitié clos, la fatigue collée à mes veines , je me redresse en m’enveloppant encore dans ma couverture. Je m’avance vers la porte, prête à étrangler à mains nues l’impudent qui ose déranger mon sommeil. Mais dès que j’ouvre, mon élan meurtrier se brise sur un large sourire.

  — Comment ça va, frangine ?

  Mon frère, mon meilleur ami : Travis.

  Je reste figée sur le pas de la porte, le visage encore froissé par le sommeil.

  — Vu ta tête… j’aurais peut-être dû attendre quelques heures avant de débarquer. Mais pour me faire pardonner, j’ai apporté ça.

  Il lève deux gobelets fumants et un carton. Un petit sourire me trahit et je m’écarte pour le laisser entrer.

  — Alors, c’était comment dans l’abysse de la civilisation ?

  — Exécrable. On pouvait même voir des loups se balader à poil… aucune once de pudeur.

  Son rire éclate dans la pièce.

  — Et ?

  — Et ces foutus vampires qui nous collaient aux basques, comme s’ils n’avaient pas bu une goutte depuis des lustres.

  — J’aurais dû être avec toi.

  — Tu aurais déclenché une guerre.

 Il éclata de rire, comme si c’était une évidence. 

 Après tout, que ferait le vampire numéro un des États-Unis en s’aventurant sur le territoire d’un autre ? Ce serait perçu comme une déclaration de bataille avant même qu’il ait posé un pied.

 Il dépose deux gobelets fumants sur la table, puis soulève le carton d’un geste tranquille. L’odeur de pain chaud et de fromage fondu emplit aussitôt la pièce, balayant le poids des souvenirs qui nous collait encore à la peau.

 — Supplément fromage pour toi, dit-il avec un sourire complice en me tendant mon sandwich.

 — Cool. Et toi, ça va 

  Il hausse les épaules en croquant dans son sandwich.

  — Je me suis ennuyé sans toi. Du coup, j’ai repéré quelques nouveaux coins sympas en ville. Je t’y emmène quand tu te seras débarrassée de cette mine de zombie.

  — C’est pas pour tout de suite.

  Je m’affale sur le canapé, les pieds posés sur ses genoux, et commence à manger.

  — Alors, comment vont les affaires ?

  — Les tiennes ?

  J’acquiesce.

  — Aucune idée. Demande à qui tu sais…

  Je soupire…. 

  — Je vais l’appeler. 

  — Débrouillez-vous entre vous.



  Je termine mon sandwich, bois une gorgée de mon café latté, puis laisse ma tête retomber contre le canapé. La télévision diffuse un bulletin d’informations. La présentatrice parle à présent des funérailles de l’illustre Alpha K1 de la Côte Ouest, mort récemment. Même eux meurent, visiblement.

  — A peine clamsé qu’un autre va le remplacer, peste Travis en allumant une cigarette.

  — Pas de fumée ici, rappelle-je.

  — Désolé, petite sœur.



  Son sourire insolent accompagne le geste paresseux avec lequel il écrase la cigarette sur la table. J’ignore la provocation et reporte mon attention sur l’écran où défilent les hauts dignitaires lycanthropes, leurs visages graves sous les projecteurs, tandis que Travis commente à voix haute, sans pitié.

  À un moment, le sommeil m’engloutit à nouveau.

  Quand j’ouvre les yeux, il fait nuit. La lumière artificielle remplace celle du jour, et sur la table, un sac plastique m’attend avec un mot griffonné :

  Ton dîner. Ton cher frère qui t’aime.



  Je souris, déchire l’emballage. À l’intérieur : un double cheese burger et une canette d’alcool , la signature de Travis. Il a toujours juré qu’il me « remplumerait », me jugeant trop maigre. Je ris toute seule, croque dans cette bombe calorique devant la télé, où un film défile à présent. Une fille se trémousse à l’écran, en même temps que je mâche ma première bouchée.



  Après ce repas improvisé, je monte me doucher. L’eau chaude balaie les dernières traces de fatigue. J’enfile un jean, un t-shirt simple et mes converses. Dans le miroir, mon reflet me renvoie un air détaché. Mon portefeuille sous le bras, je m’apprête à sortir , un bidon d’eau ne suffira pas à survivre dans cette ville.

  À peine le pied dehors, le froid me gifle.

  — Ah oui… on n’est pas en Amazonie, murmuré-je.

  Je repars chercher un pull, verrouille la porte, et m’engage dans les rues grouillantes. À cette heure, le quartier est une véritable ruche : klaxons, pas pressés, visages fermés. Moi, simple tâche anonyme au milieu de cette masse en mouvement.



  Au coin, mon épicerie préférée. La clochette tinte à mon entrée. Panier à la main, je parcours les rayons et empile surgelés, conserves et plats réchauffables de quoi tenir sans cuisiner. Pour le reste, je préfère le confort des restaurants : j’ai l’argent… et les connexions pour m’asseoir où je veux dans cette ville. Mon frère est connu. Très connu.

  À la caisse, la caissière , une femme d’une quarantaine d’années qui n’a sans doute jamais souri , scanne mes achats. Elle glisse quelques prospectus dans le sac : un appel au don de sang rémunéré, et un autre annonçant la fin imminente du monde.

  Que ce monde brûle ou s’écroule, peu m’importe.

  Ces rumeurs de fin du monde, les conspirations occultes…on fleurissent dans les quartiers humains depuis que les créatures de la nuit se sont révélées, il y a plus d’un siècle. Vampires et loups… Un beau jour, l’humanité a appris qu’ils existaient. Après la panique, une guerre de domination a éclaté et les humains ont perdu.

  Plus tard, il y eut la guerre de Sécession, que j’appelle « la guerre des dominants »… ou « le meurtre des Treize ». L’assassinat des vampires originels a rééquilibré les trois espèces et mené à la création du Siège des Trois Espèces, un organisme de paix.

  En résumé, les humains restent les perdants : moins forts que les loups, moins durables que les vampires, mais assez “utiles” pour leur servir de main-d’œuvre ou de réserve de sang.

  De retour chez moi, je range mes courses, attrape mon téléphone et envoie un message à un numéro non enregistré. Réponse automatique. Je troque mes converses contre des escarpins, rajuste mon chignon, glisse mon arme dans mon dos, me maquille légèrement… et referme la porte derrière moi

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