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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-08-27 05:27:38

Dans la voiture, le silence s’installa d’abord comme une présence physique, presque étouffante. Le bruit régulier du moteur, le souffle continu de la ventilation, et le martèlement sourd de la neige fondante sur les vitres remplissaient l’espace, comme une mélodie monotone qui berçait leurs pensées. Deborah fixait les rues défilant derrière la vitre, les yeux vides, les bâtiments et les arbres se confondant en une toile floue, sans forme ni sens. Elle revoyait sans cesse le visage de Jonathan, pâle sous les néons de l’hôpital, ses doigts serrant les siens comme s’il craignait de la perdre à son tour.

Puis, soudain, les mots jaillirent d’elle, bruts, déchirants, comme arrachés de force.

— Papa… et si je l’avais perdu ?

Sa voix tremblait, brisée par l’angoisse qui la rongeait depuis des heures. Son père serra un peu plus fort le volant, ses jointures blanchissant sous la pression. Il garda les yeux rivés sur la route, mais elle sentit son corps se raidir, comme s’il retenait une émotion
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  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   250

    La porte de la maison parentale s’était à peine refermée derrière elle que la chaleur l’enveloppa, comme une étreinte invisible. Ce parfum familier de bois brûlé, de pain grillé et de cette touche de lavande que sa mère vaporisait toujours dans l’entrée. Deborah sentit ses épaules se détendre malgré elle, comme si les murs mêmes de cette maison portaient une partie de son fardeau.Sa mère l’attendait là, déjà en robe de chambre, les cheveux relevés en un chignon négligé, les bras grands ouverts. « Ma chérie… » Sa voix était à la fois un reproche et un soulagement, comme si elle avait retenu son souffle depuis des heures. « Tu m’as fait une de ces peurs ! »Deborah s’effondra dans son étreinte, le visage enfoui contre son épaule, et respira profondément cette odeur de savon et de lessive qui lui rappelait les dimanches d’enfance, les bobos consolés, les chagrins apaisés. Pour un instant, elle redevint la petite fille qui revenait de l’école avec les genoux écorchés, cherchant refuge co

  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   249

    Dans la voiture, le silence s’installa d’abord comme une présence physique, presque étouffante. Le bruit régulier du moteur, le souffle continu de la ventilation, et le martèlement sourd de la neige fondante sur les vitres remplissaient l’espace, comme une mélodie monotone qui berçait leurs pensées. Deborah fixait les rues défilant derrière la vitre, les yeux vides, les bâtiments et les arbres se confondant en une toile floue, sans forme ni sens. Elle revoyait sans cesse le visage de Jonathan, pâle sous les néons de l’hôpital, ses doigts serrant les siens comme s’il craignait de la perdre à son tour.Puis, soudain, les mots jaillirent d’elle, bruts, déchirants, comme arrachés de force.— Papa… et si je l’avais perdu ?Sa voix tremblait, brisée par l’angoisse qui la rongeait depuis des heures. Son père serra un peu plus fort le volant, ses jointures blanchissant sous la pression. Il garda les yeux rivés sur la route, mais elle sentit son corps se raidir, comme s’il retenait une émotion

  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   248

    Le soleil s’était levé derrière les vitres givrées, traçant des motifs délicats sur les murs de la chambre d’hôpital. Une lumière pâle, presque timide, comme si elle aussi craignait de troubler la fragilité de l’instant. Jonathan dormait encore, le visage marqué par la fatigue, mais apaisé. Les bandages autour de son bras et de sa tempe semblaient presque étrangers sur sa peau, comme une preuve tangible de ce qu’il avait traversé. Deborah, elle, ne pouvait détacher ses yeux de lui. Chaque soulèvement de sa poitrine, chaque frémissement de ses paupières, lui semblait un cadeau, une preuve que la vie, parfois, choisissait de se montrer clémente.Elle avait passé la nuit à écouter le rythme de sa respiration, à compter les battements de son propre cœur, comme pour s’assurer qu’ils étaient bien synchronisés, qu’ils battaient encore à l’unisson. Ses doigts, entrelacés aux siens, s’étaient engourdis depuis longtemps, mais elle n’avait pas bougé. Elle ne voulait pas rompre ce contact, comme

  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   247

    Lorsqu’elle vit son mari allongé sur le lit, les yeux fermés, son cœur se serra d’une douleur insoutenable. Elle s’imagina mille scénarios atroces : son souffle qui s’éteint, son corps qui ne se réveille pas, son visage qu’elle n’oserait plus caresser.Le médecin de garde étant occupé aux urgences, on l’avait laissée entrer seule. Alors elle tira une chaise, s’approcha, et glissa sa main dans la sienne. Sa peau était froide. Trop froide. Déborah la pressa contre sa poitrine, ses larmes éclaboussant ses doigts.— S’il te plaît, ne meurs pas, sanglota-t-elle. Je me fiche de ce maudit contrat, que ce soit toi ou ton père. Je veux juste te garder près de moi. Ne me laisse pas… pas toi.Elle pleurait, la tête penchée sur sa main quand, soudain, une caresse effleura ses cheveux. Elle leva la tête, tremblante. Jonathan avait entrouvert les yeux, un mince sourire aux lèvres.— Tu es en vie ? souffla-t-elle, à bout de souffle.— On dirait, murmura-t-il avec une douceur fragile. J’essayais just

  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   246

    Vingt minutes plus tard, les phares de la voiture de son père balayèrent l’allée. Il sortit en hâte, son manteau mal boutonné, les cheveux en bataille, les yeux encore marqués par le sommeil. Deborah se précipita vers lui, ses pas maladroits sur la neige. Il l’enlaça brièvement, et elle sentit l’odeur familière de son après-rasage, un parfum boisé qui lui rappela son enfance, les dimanches pluvieux où il la serrait contre lui pour la réconforter.— J’aurais pas dû t’embêter… murmura-t-elle en montant à ses côtés, le souffle court.Il posa une main ferme sur son genou, comme pour lui transmettre un peu de sa force.— Tu ne m’embêtes pas. Je préfère que tu m’appelles en pleine nuit plutôt que de me retrouver réveillé par la police pour m’annoncer ta mort.Le moteur s’alluma, et les phares découpèrent la nuit comme des lames. La neige fine s’écrasait sur le pare-brise, balayée par les essuie-glaces qui grincaient à chaque mouvement. Deborah fixait la route devant elle, les doigts crispés

  • UN CONTRAT DE MARIAGE EN HERITAGE   245

    Deborah était anéantie. Pas seulement dans l’âme, mais dans chaque fibre de son corps. Ses épaules s’étaient affaissées comme si un poids invisible les écrasait, et ses mains, d’ordinaire si vives, gisaient inertes sur ses cuisses, pâles et froides. Des heures s’étaient écoulées, mais elle n’avait pas bougé du canapé. Le tissu usé, légèrement rugueux sous ses doigts, était le seul ancrage qui lui rappelait qu’elle était encore là, dans cette maison trop silencieuse. Le silence… Il était partout, épais, presque palpable, comme une couverture étouffante jetée sur le monde. Seul le tic-tac sec de l’horloge murale osait le troubler, chaque seconde s’écoulant avec une lenteur cruelle, comme si le temps lui-même retenait son souffle.Son portable, posé sur ses genoux, était éteint. L’écran noir reflétait faiblement la lumière blafarde de la lampe du salon, comme un miroir sans vie. Elle aurait dû appeler Jonathan. Ses doigts avaient frôlé l’écran à plusieurs reprises, effleurant la surface

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