Je regardais Alyssa d’un air abattu pendant qu’on marchait dans l’allée du centre commercial. Elle, toujours aussi radieuse, moi, le cœur en miettes.— Je sais que j’ai l’air ridicule mais j’ai juste envie de pleurer.Alyssa ralentit, puis se tourna vers moi.— Tu n’es pas ridicule, Jade. T’es amoureuse et quand on est amoureuse, on est vulnérable même avec un compte à neuf zéros.— Je me sens vide, Alyssa. Comme si… je me battais seule. Comme si tout ce qu’on avait vécu, lui et moi, n’était plus qu’un souvenir. Ca a mal commencé entre nous mais on a vécu des moments formidables. Et moi… je ne sais plus où me placer. Je pensais qu’il m’aimait.— Peut-être qu’il t’aime, répondit-elle doucement. Mais c’est possible que Grayson Blackwell ne sache pas comment aimer. Y’a des gens comme ça. On appelle ça l’alexithymie affective. Une sorte de trouble émotionnel. Ils n'arrivent pas à identifier leurs sentiments ni à les exprimer. Ils aiment, mais à leur manière. Et ça fait mal, pour les autre
Je marchais dans les rues de Manhattan comme un fantôme.Je ne sais même pas comment j’ai quitté ce restaurant. Comment mes jambes ont réussi à me porter. Tout ce que je savais, c’était que Grayson n’avait pas bougé. Pas un geste. Pas un mot pour me retenir. Rien.Mon cœur me faisait mal. Littéralement mal.Je sortis mon téléphone et appelai Alyssa. J'avais besoin de voir un visage ami.— Jade ? T’as une voix bizarre. Qu’est-ce qui s’est passé ?— T’es chez toi ?— Oui. Viens tout de suite.Quand j’arrivai, Alyssa était déjà sur le pas de la porte, bras croisés, pyjama pilou et cheveux attachés à l’arrache. Je n’avais pas encore posé un pied dans le salon qu’elle lançait :— Raconte tout maintenant.Je m’effondrai sur son canapé.— Je l’ai invité à déjeuner. J’ai voulu faire le premier pas. Il a accepté… Et puis elle est arrivée.— Laurence ?J’hochai la tête, les yeux brûlants.— Elle s’est installée comme une reine à notre table. Grayson ne l’a même pas arrêtée. Ils ont parlé, ri… d
Point de vue de JadeJe ne supportais plus ce silence entre nous alors j’ai pris mon téléphone, inspiré un grand coup, et tapé :« Déjeuner ce midi ? J’aimerais qu’on parle, vraiment. »L’attente d’un simple “oui” me paraissait interminable. Puis, la réponse arriva, presque aussitôt :« J’ai une réunion à l’extérieur, mais je t’attends à notre restaurant habituel. 12h30. »Je me suis mordue la lèvre, surprise par la rapidité de sa réponse… et soulagée.« Parfait. J’y serai. », ai-je répondu, le cœur un peu plus léger.J’ai mis du soin à me préparer. Pas trop, juste assez. Une robe fluide couleur crème, mes cheveux détachés, un maquillage léger.Quand je suis arrivée au restaurant, Grayson était déjà là, assis à notre table, près de la baie vitrée. Il avait enlevé sa veste, sa chemise sombre retroussée aux avant-bras. Il semblait détendu. Ou du moins, moins fermé que ces derniers jours. Son regard s’était adouci quand je me suis approchée, et ça m’a donné un minuscule espoir.— Tu es b
Point de vue de GraysonSiège des Entreprises Blackwell – Bureau du PDGJe fixais l’écran de mon ordinateur sans vraiment lire les lignes qui défilaient. Mon esprit était ailleurs. Depuis la veille, chaque minute me ramenait à la même question.Pourquoi est-ce que rien ne colle ?Je pris une profonde inspiration et appuyai sur le bouton de l’interphone.— Savannah, dis à Knox de venir me voir. Maintenant.— Tout de suite, Monsieur.Je me levai, fis les cent pas devant la baie vitrée. La ville s’étalait sous mes yeux, belle et indifférente. Mais moi, j’étais en train de perdre pied. Jade m’échappait. Laurence manipulait. Et tout ça, parce que j’avais cru à une version de la réalité qui s’effritait un peu plus chaque jour.La porte s’ouvrit sans fracas. Knox entra, toujours aussi droit, le regard sérieux. Il devinait que ce n’était pas une simple réunion.— Grayson ?Je refermai la porte moi-même. Pas de témoins. Pas de bruit extérieur.— Ferme-la bien, Knox.Il s’exécuta, et je me tour
La porte explosa contre le mur dans un vacarme sec.— Alors c’était vrai ? hurla Annelise, le visage rouge, les talons claquant sur le sol en marbre.Laurence, tranquillement installée dans le canapé en velours bordeaux de sa chambre, feuilletait un dossier. Elle leva les yeux lentement, parfaitement calme.— Bonjour à toi aussi, Annelise.— Ne joue pas à ça avec moi ! Tu n’as rien à faire ici ! Grayson est à moi maintenant !— À toi ? Ne sois pas ridicule.— Tu es revenue ! Comme si de rien n’était ? Tu as disparu pendant cinq ans ! Cinq ans, Laurence ! Tu étais censée être morte !— Et pourtant… me voilà, répondit-elle en refermant le dossier avec lenteur. Surprise ?Annelise avança d’un pas sec, les bras agités— Je l’ai accompagné pendant des années ! Je me suis pliée à toutes les règles de cette famille ! Je suis restée là quand toi tu as disparu, quand tu t’es fait passer pour morte comme une lâche !— Pour te laisser la place, ricana Laurence. Et regarde ce que tu en as fait. R
Je serrai le téléphone si fort que mes jointures blanchirent.— Comment ça, il est venu la chercher ?! m’énervai-je, la voix tremblante d’un mélange de rage et d’incrédulité. C’était l’occasion parfaite, une fois de plus, de détruire cette supercherie de mariage... et il gâche tout !Le silence au bout du fil dura une seconde, mais pas une de plus.— Laurence, calme-toi, répondit la voix posée de mon complice. Ce n’était pas prévu. Je te jure, c’est un coup de malchance.— Malchance ?! Je ne peux pas me permettre des malchances ! Tu sais ce que ça coûte, tout ce que j’ai investi pour que cette sale gamine craque enfin.— Je sais, je sais, je suis désolé. J’étais juste là, pas loin. Je l’ai vue, elle était presque à moi. Mais Grayson... il est arrivé comme un fou furieux, il a tout foutu en l’air.— Ça ne peut pas arriver une deuxième fois. Tu m’entends ?— On planifie mieux. La prochaine fois, je te promets. Cette fois, c’était un coup du hasard qu’on se soit trouver au même endroit q