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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-09-03 23:57:55

 Noah

— Monsieur Decourcel, vous comprenez, ce n’est pas acceptable. PAS acceptable !

Sa voix résonnait encore dans ma tête quand je sortis enfin du hall de l’hôtel. Le type avait hurlé pendant plus d’une heure pour un détail ridicule : un minibar pas assez garni. Sérieusement. J’avais eu droit à toute la panoplie du client pourri gâté : regards outrés, soupirs théâtraux, menaces de plainte au siège.

J’avais fini par lui promettre une bouteille de champagne offerte, un surclassement et un chauffeur pour la soirée. Tout ça pour un foutu paquet de cacahuètes manquant.

Je regardai ma montre. Dix-neuf heures trente. Merde.

Tessa devait déjà être à l’appartement.

Je serrai les dents, un goût amer dans la bouche. J’avais prévu d’y être avant elle, de l’accueillir, de lui faire visiter les lieux. Je m’étais dit qu’au moins, en lui ouvrant la porte moi-même, je pourrais montrer un minimum de bonne volonté. Que je n’étais pas que le connard de ses souvenirs.

Mais voilà : un client capricieux avait bouffé mon temps, et je n’avais pas eu le choix. J’étais le manager de cet hôtel, pas juste le fils de mon père. Je savais gérer les emmerdes, mais ça tombait toujours au pire moment.

Je sortis du bâtiment, saluai distraitement le voiturier et traversai la rue. Ma Maserati m’attendait, étincelante sous les néons de la ville. J’ouvris la portière d’un geste sec et m’affalai sur le cuir.

— Putain… soufflai-je en frappant le volant.

Le moteur rugit et je me lançai dans le trafic parisien.

Les lumières de la ville défilaient, mais mes pensées étaient ailleurs. Tessa.

Je la revoyais, seize ans, les pieds nus dans l’herbe du jardin de mon oncle et de ma tante. Son rire éclatait comme une étincelle dans la nuit d’été. Elle m’avait regardé comme si j’étais son univers. Et moi ? Moi, j’avais tout foutu en l’air.

À l’époque, j’avais dix-huit ans et plus d’ego que de cervelle. Elle m’avait dit “je te fais confiance” et je l’avais trahie. J’avais pris ce qu’elle offrait, puis je m’étais éloigné, fier, condescendant, jouant au mec indifférent. La vérité ? J’avais flippé. J’avais eu peur de l’intensité dans ses yeux. Alors je m’étais protégé en la brisant.

Depuis, chaque fois que son prénom surgissait dans mon esprit, c’était comme une écharde dans la chair.

Et voilà qu’aujourd’hui, Emma, ma cousine, avait décidé de la mettre sur ma route. Dans MON appartement.

Je tapotai nerveusement le volant en klaxonnant contre un scooter qui zigzaguait.

À quoi je m’attendais, au juste ? Que Tessa m’accueille avec un sourire ? Qu’elle ait oublié ? Non. Elle allait me haïr dès la première seconde. Elle allait me balancer ses yeux noirs pleins de rancune, et je savais déjà que ça allait me faire plus mal que tous les reproches du monde.

Mais une part de moi espérait quand même. Espérait quoi ? Que je puisse lui montrer que j’avais changé ? Que je n’étais pas que ce gamin arrogant ? Ridicule.

Je pris une inspiration, resserrai ma main sur le volant.

Le nom de mon père me hantait : Decourcel.

Le fils du milliardaire. Le gosse de riche qui avait tout et qui ne méritait rien.

Voilà ce que la plupart pensaient de moi.

Et Tessa n’était sûrement pas différente.

J’arrivai enfin rue de Lisbonne. Je garai la voiture en double file et levai les yeux vers les fenêtres du sixième étage.

Pas de lumière. Peut-être n’était-elle pas encore arrivée ? Peut-être que j’avais une chance de la devancer ?

Je poussai la porte cochère, traversai le hall. En passant devant la loge du concierge, j’aperçus la porte entrouverte, un rai de lumière filtrant à travers.

Une voix bourrue résonna à l’intérieur. Pas besoin d’être devin : elle avait déjà dû passer par là.

Je serrai la mâchoire. Évidemment. Elle avait probablement dû récupérer les clés ce qui était prévu.

Je montai dans l’ascenseur, mon reflet me renvoyant l’image d’un type qui semblait parfaitement maître de lui. Costume impeccable, montre hors de prix, mâchoires serrées. Mais à l’intérieur, mon cœur battait plus fort que je ne l’aurais voulu.

Chaque étage résonnait comme un compte à rebours.

Cinq. Quatre. Trois. Deux.

Dans quelques secondes, j’allais franchir cette porte et me retrouver face à elle.

La Tessa de mes souvenirs. La Tessa que j’avais trahie. La Tessa qui allait me détester.

Je posai ma main sur la clé, inspirai profondément.

C’était le moment de vérité.

Ca se trouve , elle voudrait repartir.

J'avais dit a ma cousine que c'était un mauvais plan...Surtout de lui mentir !

Je posai ma main sur la clé, inspirai profondément.

C’était le moment de vérité.

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