LOGIN— Monsieur Decourcel, vous comprenez, ce n’est pas acceptable. PAS acceptable !
Sa voix résonnait encore dans ma tête quand je sortis enfin du hall de l’hôtel. Le type avait hurlé pendant plus d’une heure pour un détail ridicule : un minibar pas assez garni. Sérieusement. J’avais eu droit à toute la panoplie du client pourri gâté : regards outrés, soupirs théâtraux, menaces de plainte au siège.
J’avais fini par lui promettre une bouteille de champagne offerte, un surclassement et un chauffeur pour la soirée. Tout ça pour un foutu paquet de cacahuètes manquant.
Je regardai ma montre. Dix-neuf heures trente. Merde.
Tessa devait déjà être à l’appartement.
Je serrai les dents, un goût amer dans la bouche. J’avais prévu d’y être avant elle, de l’accueillir, de lui faire visiter les lieux. Je m’étais dit qu’au moins, en lui ouvrant la porte moi-même, je pourrais montrer un minimum de bonne volonté. Que je n’étais pas que le connard de ses souvenirs.
Mais voilà : un client capricieux avait bouffé mon temps, et je n’avais pas eu le choix. J’étais le manager de cet hôtel, pas juste le fils de mon père. Je savais gérer les emmerdes, mais ça tombait toujours au pire moment.
Je sortis du bâtiment, saluai distraitement le voiturier et traversai la rue. Ma Maserati m’attendait, étincelante sous les néons de la ville. J’ouvris la portière d’un geste sec et m’affalai sur le cuir.
— Putain… soufflai-je en frappant le volant.
Le moteur rugit et je me lançai dans le trafic parisien.
Les lumières de la ville défilaient, mais mes pensées étaient ailleurs. Tessa.
Je la revoyais, seize ans, les pieds nus dans l’herbe du jardin de mon oncle et de ma tante. Son rire éclatait comme une étincelle dans la nuit d’été. Elle m’avait regardé comme si j’étais son univers. Et moi ? Moi, j’avais tout foutu en l’air.
À l’époque, j’avais dix-huit ans et plus d’ego que de cervelle. Elle m’avait dit “je te fais confiance” et je l’avais trahie. J’avais pris ce qu’elle offrait, puis je m’étais éloigné, fier, condescendant, jouant au mec indifférent. La vérité ? J’avais flippé. J’avais eu peur de l’intensité dans ses yeux. Alors je m’étais protégé en la brisant.
Depuis, chaque fois que son prénom surgissait dans mon esprit, c’était comme une écharde dans la chair.
Et voilà qu’aujourd’hui, Emma, ma cousine, avait décidé de la mettre sur ma route. Dans MON appartement.
Je tapotai nerveusement le volant en klaxonnant contre un scooter qui zigzaguait.
À quoi je m’attendais, au juste ? Que Tessa m’accueille avec un sourire ? Qu’elle ait oublié ? Non. Elle allait me haïr dès la première seconde. Elle allait me balancer ses yeux noirs pleins de rancune, et je savais déjà que ça allait me faire plus mal que tous les reproches du monde.
Mais une part de moi espérait quand même. Espérait quoi ? Que je puisse lui montrer que j’avais changé ? Que je n’étais pas que ce gamin arrogant ? Ridicule.
Je pris une inspiration, resserrai ma main sur le volant.
Le nom de mon père me hantait : Decourcel.
Le fils du milliardaire. Le gosse de riche qui avait tout et qui ne méritait rien.
Voilà ce que la plupart pensaient de moi.
Et Tessa n’était sûrement pas différente.
J’arrivai enfin rue de Lisbonne. Je garai la voiture en double file et levai les yeux vers les fenêtres du sixième étage.
Pas de lumière. Peut-être n’était-elle pas encore arrivée ? Peut-être que j’avais une chance de la devancer ?
Je poussai la porte cochère, traversai le hall. En passant devant la loge du concierge, j’aperçus la porte entrouverte, un rai de lumière filtrant à travers.
Une voix bourrue résonna à l’intérieur. Pas besoin d’être devin : elle avait déjà dû passer par là.
Je serrai la mâchoire. Évidemment. Elle avait probablement dû récupérer les clés ce qui était prévu.
Je montai dans l’ascenseur, mon reflet me renvoyant l’image d’un type qui semblait parfaitement maître de lui. Costume impeccable, montre hors de prix, mâchoires serrées. Mais à l’intérieur, mon cœur battait plus fort que je ne l’aurais voulu.
Chaque étage résonnait comme un compte à rebours.
Cinq. Quatre. Trois. Deux.
Dans quelques secondes, j’allais franchir cette porte et me retrouver face à elle.
La Tessa de mes souvenirs. La Tessa que j’avais trahie. La Tessa qui allait me détester.
Je posai ma main sur la clé, inspirai profondément.
C’était le moment de vérité.
Ca se trouve , elle voudrait repartir.
J'avais dit a ma cousine que c'était un mauvais plan...Surtout de lui mentir !
Je posai ma main sur la clé, inspirai profondément.
C’était le moment de vérité.
TESSAJe vis les deux garçons disparaître par l’escalier de service. Les menaces me revinrent en mémoire, comme un écho glacé. « On va s’occuper de toi, salope. » Mais je n’avais pas peur. Cinq ans de boxe, des combats dans des salles crasseuses, des coups encaissés et rendus.J’avais promis à Noah de le retrouver dans son bureau, mais maintenant que je savais qu’ils rôdaient, une rage sourde montait en moi. Elle me brûlait la poitrine, me cognait dans les tempes, comme un tambour de guerre. J’avais envie de leur péter la gueule, de leur montrer qu’ils s’étaient trompés de cible. Et je n’étais pas une brindille. Loin de là.Mes épaules portaient des années de résistance, mes mains savaient frapper, mes jambes tenaient bon. Je n’étais pas de ceux qu’on renverse d’un souffle. J’étais prête à encaisser, à rendre coup pour coup, à faire comprendre que derrière chaque porte qu’ils franchissaient, il pouvait y avoir quelqu’un comme moi : solide, décidé, et prêt à défendre ce qui compte.C
NOAH— Vas-y, explique, Yanis ! Moi je veux pas être mêlé à ça !Je contournai le fauteuil de bureau en cuir, chaque pas résonnant lourdement sur le parquet. Mon cœur battait la chamade, moins par peur que par une rage froide qui montait en moi. Yanis était à moitié assis sur le bord du bureau massif, les bras croisés, affichant une fausse nonchalance. Je me plantai juste devant lui, si près que son genou effleurait mon pantalon. La posture était une menace silencieuse.— J’attends, Yanis, repris-je, ma voix était basse, dangereusement calme.— Mêlé à quoi, exactement ? Il haussa un sourcil, essayant de jouer la carte de l’innocence. —Ne me prends pas pour un con ! Tu sais très bien que je parle de l’histoire du chèque.— Si tu ne coopères pas, j’appelle la police immédiatement.Je le vois changer de couleur et regarder l'autre garcon.— Raconte.Léon déglutit lourdement, tripotant nerveusement le bord de sa chemise. Il semblait au bord de la panique, son regard fuyant vers le sol.—
NOAHJe relève sa robe d’un geste brusque, le tissu glisse sur ses cuisses nues. D’un coup sec, j’arrache sa culotte en dentelle noire – le bruit du tissu qui se déchire résonne dans le bureau. Je la balance par-dessus mon épaule sans même regarder où elle atterrit. Tessa halète déjà, les yeux brillants de désir. Je la pousse violemment sur le bureau, les fesses au bord, les jambes ouvertes pour moi. Je défais ma ceinture en une seconde, baisse mon pantalon juste assez, et je la pénètre d’un seul coup de reins, profond, brutal, sans préliminaires. Elle pousse un cri rauque, ses ongles s’enfoncent dans mes avant-bras.Putain qu’elle est trempée.Je l’agrippe par les hanches et je la baise comme un sauvage, chaque coup de boutoir claque contre sa peau, le bureau tremble sous nous. Elle se cambre à s’en briser la colonne, rejette la tête en arrière, ses seins jaillissent presque de son chemisier déboutonné à la va-vite. Ses gémissements deviennent des hurlements, elle n’essaie même plus
Je me tourne vers Tessa, qui hoche la tête en souriant.— Ta compagne ?Sa voix est presque timide. Je la trouve un peu ridicule.— Tu préfères ma pute ? — Non, évidemment !Elle fronce les sourcils et ne semble pas apprécié.— Alors oui, ma compagne.(Je souris intérieurement.)— On ne va pas dire “ma copine”, on est un peu plus loin dans notre relation. Pas fiancée, trop tôt, mais peut-être un jour… (Je baisse la voix.)— … je dirai “ma femme”. Qui sait ?Au fond de moi, j’aimerais que ça arrive.Elle rit. Sa réaction me surprend.— Ça te fait rire ?— Je sais que ça n’arrivera jamais !(Elle a l’air sincère. Je la fixe, choqué.)— Pourquoi tu dis ça ? Je compte bien faire ma vie. Les années passent vite !Elle semble ému mais ne relève pas, puis je l'attire vers la table qu'on a quitter-un truc rapide, parce qu'on aperdu du tempsqu'elle me dit en attrappant la carte-si t'est en retard pas graveelle rit et ajoute-tu devais pas voir les deux autres-il m'attendrons ca leur fer
NOAHArrivés à l’hôtel, main dans la main, je l’attire vers le restaurant. L’ambiance y est feutrée, un luxe discret que seule une institution parisienne sait offrir. Le maître d’hôtel nous reconnaît immédiatement, un léger sourire de connivence aux lèvres, et nous mène à notre table. Elle est idéalement située, offrant une vue complète sur l’entrée, où mes “invités” ne tarderont pas à faire leur apparition.Pendant le trajet de chez moi jusqu’ici, j’ai eu le temps de réfléchir à ce que j’allais leur dire. J’ai méticuleusement aiguisé mes arguments, comme une lame polie pour une exécution propre.Des têtes vont peut-être sauter, et tant mieux. Je n’ai plus de place pour la demi-mesure ou la fausse politesse. À force de se mêler de ma vie, de notre vie, ils ont largement dépassé les limites de ce qui est tolérable. Chaque commentaire sournois, chaque regard désapprobateur, chaque tentative de sabotage de notre relation m’est revenu en mémoire. Ils ont joué, et maintenant, ils vont paye
NOAHJe la rejoins dans sa chambre deux minutes plus tard. Elle est déjà en train d’enfiler son jean, le dos tourné, les gestes brusques. Le tissu résiste, la fermeture éclair coince, et je vois ses épaules se crisper comme si chaque mouvement était une bataille. Elle marmonne toute seule, des mots que je n’entends pas mais dont je devine la colère.Je m’appuie contre le chambranle, les bras croisés, et je la regarde. Sa nuque est tendue, ses cheveux tombent en désordre sur son dos. Elle ne me voit pas, ou fait semblant.Je m’approche, je lui tends la carte noire.— Garde-la.Elle fait non de la tête, sans même me regarder.— Jamais.Je soupire, lourdement, comme si je portais tout le poids de nos disputes. Je m’assieds sur le lit à côté d’elle, le matelas s’affaisse, elle recule d’un millimètre.— Tessa… t’as été avec moi quand j’avais rien. Quand l’hôtel faisait à peine 30 % de remplissage et que je dormais sur le canapé de la réception. Tu te souviens ? T’apportais des sandwichs tr







