Beranda / Romance / séduis-moi, si tu peux / chapitre 2: Réunion

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chapitre 2: Réunion

Penulis: Gaina Len
last update Terakhir Diperbarui: 2025-12-05 15:52:35

La réunion démarre officiellement, mais pour moi, tout se concentre autour d’un seul point lumineux – trop lumineux – dans la pièce : Gabriel Delaunay.

Il ne fait rien de spécial.

Il respire, il s’assoit, il écoute…

Et pourtant, il occupe l’espace d’une manière qui défie les lois de la physique. Les autres sont là, mais à côté de lui, ils semblent… atténués.

Je m’installe à ma place, carnet devant moi, et tente de paraître imperturbable.

Spoiler : je ne le suis pas.

Le directeur général parle, expose les objectifs, félicite, contextualise. Je l’entends à travers un filtre. Je sens parfois le regard de Gabriel glisser vers moi. Pas lourd, pas insistant… mais palpable.

Puis Monsieur Serres dit :

— Léa va vous présenter les premières pistes éditoriales.

Et là, Gabriel se tourne entièrement vers moi.

J’ai l’impression que le monde s’arrête une demi-seconde.

— Je vous écoute, dit-il.

Je respire.

Et je me lance.

— Alors… vous souhaitez une image plus humaine. Pas seulement démontrer ce que vous faites, mais ce que vous transformez…

Je parle pendant plusieurs minutes.

Et quelque chose d’étrange se produit :

il m’écoute réellement.

Pas avec politesse.

Pas avec distance.

Avec cette intensité qui te fait sentir… visible.

Trop visible.

Son regard me traverse, me retient, me pousse à aller plus loin.

Il ne cligne presque pas des yeux.

Quand je termine, j’ai les mains un peu moites, mais l’air de rien, évidemment.

Il laisse un silence s’installer.

Trois secondes peut-être.

Trois secondes qui durent un siècle.

Puis il dit :

— J’aime votre vision.

Je crois que mon cœur rate une marche.

— Vous voyez les gens. Pas seulement les concepts. C’est rare.

Je ne sais plus quoi faire de mes mains.

Je me sens bizarre, vulnérable, observée… mais pas de façon désagréable. Ce qui est encore pire.

Il ajoute, avec une pointe de provocation :

— Mais je veux voir jusqu’où vous pouvez aller si vous ne vous censurez pas.

Je fronce les sourcils.

— Je ne me censure pas.

— Si.

Il sourit.

— Vous parlez comme si convaincre trop fort vous embarrassait. Comme si votre intelligence risquait de mettre mal à l’aise.

Je suis… choquée.

Pas vexée.

Choquée qu’il le voie.

La réunion se poursuit ensuite de façon plus classique, même si je n’écoute qu’à moitié. Je sens sa présence, son regard, son attention. Je sens tout.

Quand tout le monde sort, je prends mon temps pour ranger mes affaires, espérant qu’il soit le premier dehors.

Évidemment, non.

Évidemment, le destin a décidé qu’on se retrouverait seuls dans la salle.

La porte se referme derrière la dernière personne.

Un petit clic qui résonne beaucoup trop fort.

Il me regarde.

— Léa.

Je déteste la façon dont mon prénom sonne si bien dans sa bouche.

— Oui ? dis-je en essayant d’avoir l’air détachée.

— Vous avez du talent.

Je cligne bêtement des yeux.

— Merci…

— Ce n’est pas un compliment. C’est un constat.

Je croise les bras, défensive.

— Vous cachez votre audace, poursuit-il. Mais elle dépasse quand même.

Je reste silencieuse.

Je ne sais pas quoi répondre.

Je ne sais même pas quoi penser.

Il recule légèrement et conclut :

— Servez-vous de cette audace pour le projet. Pas pour moi.

Je relève le menton.

— Pourquoi est-ce que j’en ferais usage pour vous ?

Son sourire s’étire juste un peu trop longtemps.

— Parce que je vous déstabilise.

Je manque m’étouffer.

— Vous ne me déstabilisez absolument pas !

— Bien sûr que si.

Sa voix est plus basse.

— Et je pourrais facilement le prouver.

Je secoue la tête.

— Je ne joue pas à ce jeu-là.

— Alors fixez les règles, dit-il calmement.

Je fronce les sourcils.

— Quelles règles ?

— Celles qui vous rassurent.

Je déteste qu’il dise ça.

Je déteste encore plus qu’il semble comprendre exactement ce que je ressens.

Je relève le menton.

— Très bien. Première règle : vous ne me séduisez pas.

Un éclat amusé passe dans ses yeux.

— Je ne séduis jamais par erreur.

— Ce n’est pas ce que j’ai dit.

— Deuxième règle ? demande-t-il, faussement sage.

— Pas d’allusions. Pas de sous-entendus.

— Noté, dit-il avec un calme qui me rend folle.

Puis il ajoute :

— Et si vous, vous en faites un… j’ai le droit de répondre ?

Je cligne des yeux.

— Je n’en ferai pas.

— Dommage, murmure-t-il.

Il prend sa veste, ouvre la porte.

— À demain, Léa.

Il se tourne une dernière fois vers moi.

— Essayez de ne pas trop penser à tout ça.

Il s’en va.

La porte se referme.

Je reste immobile, incapable de respirer normalement.

Et je murmure :

— C’est exactement ce que je vais faire…

Alors que je sais très bien que je n’y parviendrai pas.

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