Savannah
Je n'avais jamais ressenti une telle intensité dans chaque geste, chaque mouvement. C'était comme si le monde autour de moi s'était ralenti, comme si mes sens se réveillaient pour la première fois. Mon cœur battait à une vitesse folle, et pourtant, à chaque seconde, je me sentais plus en phase avec ce moment, avec ce lien qui se tissait entre nous.
Lysander, Darius, et Orion étaient toujours là, leurs présences si fortes, si constantes, que je n'avais plus l'impression de me retrouver seule face à mes doutes. Leurs yeux ne se détachaient pas de moi, scrutant mes moindres mouvements, comme s'ils cherchaient à comprendre l'essence même de ce que j'étais. Mais cette fois, au lieu de me sentir envahie, je me sentais accueillie. C'était comme une caresse invisible sur mon âme.
Lysander était le premier à bouger. Avec une lenteur presque cérémonieuse, il tendit sa main vers moi. Ses doigts étaient longs, puissants, mais d'une douceur infinie, comme si tout son être était fait pour toucher la fragilité des choses. Son regard plongea dans le mien, et je vis, dans la profondeur de ses yeux, quelque chose que je n'avais jamais vu chez quiconque. Une acceptation totale, sans jugement. Un respect, même. Et cette chaleur qui émanait de lui, presque palpable, m'envahit immédiatement.
Je restai figée, mes doigts hésitant à se tendre vers lui. Mais je savais. Je savais qu’il n’y avait pas de danger, pas de rejet. Seulement cette certitude, calme mais implacable, que je pouvais faire confiance.
Finalement, ma main se leva doucement, mes doigts effleurant les siens. Ce contact, si simple en apparence, me traversa comme un éclair. Une onde de chaleur se répandit dans mon corps, partant de mes doigts jusqu’au bout de mes orteils. Un frisson me parcourut, mais c’était un frisson de confort, de sécurité. Ce geste, si insignifiant pour beaucoup, était tout pour moi. Il signifiait qu’ils me prenaient dans leur monde, dans leur vie. Que j’étais plus qu’une simple étrangère, plus qu’un être à protéger. J’étais leur égale. Leur âme sœur.
Darius se rapprocha à son tour, ses pas lents mais décidés. À chaque mouvement, il semblait faire écho à mes pensées, comme si, par sa présence, il voulait me dire qu’il comprenait tout ce que je ressentais sans que j’aie besoin de le dire. Ses yeux brillaient d’une lumière douce mais inébranlable, et je vis une pointe de fierté se dessiner dans son regard. Comme si, d’une manière ou d’une autre, il avait toujours su que ce jour viendrait. Que je me tiendrais ici, devant eux, prête à accepter ce lien.
Il posa une main délicate sur mon épaule, un geste léger mais ferme. Et dans ce geste, je sentis l'assurance. L’amour qui naissait lentement, au fur et à mesure que nous apprenions à nous connaître. Ce n'était pas juste une protection. C'était un engagement. Un pacte silencieux et puissant qui allait au-delà de tout ce que j'avais vécu jusqu'à présent. Ce geste me confirma qu’il n’y avait pas de retour en arrière. Qu’ensemble, nous étions une unité. Un tout.
Orion, enfin, fit son mouvement. Il s'approcha doucement, mais cette fois, c’était comme s’il voulait effacer mes derniers doutes. Ses yeux étaient remplis de cette compréhension silencieuse, mais aussi de cette tendresse qui m’effleura l’âme. Il ne dit rien au début, préférant simplement s’arrêter devant moi, me fixant sans détourner le regard. Puis il fit un léger geste, une inclinaison de la tête, comme une invitation muette.
Je savais ce qu’il attendait. Je savais qu'il attendait que je fasse le dernier pas. Que je choisisse de leur donner tout ce que j'étais, tout ce que j'avais si longtemps caché. Que je leur accorde ma confiance totale. Parce qu’à ce moment-là, ce n'était plus seulement eux qui m’acceptaient. C’était moi qui choisissais d’accepter ce lien, de m’y abandonner, sans réserve.
Avec un souffle tremblant, je pris une profonde inspiration et fis le pas décisif. Je m’approchais de lui, de plus en plus près. Et dans cet instant suspendu, mon corps se tendit d’un élan nouveau. Comme une marionnette qui trouve ses fils, mes bras se levèrent, mes mains se posèrent sur ses épaules, mon visage se rapprocha du sien.
Et lorsque nos fronts se touchèrent, une énergie, presque magique, parcourut mon corps. Une lumière vive, d’une pureté rare, sembla émaner de nous. Un courant électrique traversa mes veines, mais ce n’était pas un choc. C’était une fusion. Un tout. Je compris alors, dans ce simple contact, ce que signifiait ce lien. C’était une promesse. Une promesse silencieuse, forte et éternelle. Et dans ce silence, je compris tout. Leur âme, leurs cœurs, tout ce qui faisait d’eux mes âmes sœurs.
Chaque geste, chaque mouvement était une forme de communication, une manière de nous lier sans mots. C’était comme si nous parlions dans un langage plus ancien que le nôtre, un langage de l'âme, où chaque regard et chaque geste avait un poids immense.
"Tu n'es pas seule, Savannah," murmura Orion, ses lèvres frôlant presque les miennes, mais suffisamment proches pour que je ressente chaque vibration de sa voix. "Nous sommes avec toi. Toujours."
Un dernier geste. Un dernier mouvement. Et j’étais prête à me lancer dans l’inconnu. Pas seule. Jamais seule.
SavannahLes portes s’ouvrent dans un grincement silencieux, interrompant le calme qui s’est installé entre Kylan et moi. Lysander et Orion entrent, leurs silhouettes imposantes occupant immédiatement l’espace. Leurs regards se croisent brièvement, mais je sens qu’ils ne sont pas là pour perdre du temps.Lysander est le premier à franchir le seuil, son regard glacé balayant la pièce, avant de se poser sur moi. Il est impassible, ses traits figés dans une expression que je peine à déchiffrer. Il n’a pas besoin de mots pour marquer son entrée, sa simple présence suffit. À côté de lui, Orion entre, son sourire en coin qui semble dissimuler plus qu’il ne révèle. Mais je vois au fond de ses yeux un mélange d’ironie et de curiosité. Ils sont là, réunis.Et je comprends que ce n’est pas seulement pour me retrouver, moi, mais aussi pour retrouver cette unité qui a toujours été au centre de leur existence, même si, jusqu’à maintenant, elle était éclatée, fracturée. Ce n’est pas simplement un j
SavannahJe ne sais pas ce qui m’a poussée à avancer. Peut-être que c'était l’intensité de son regard, ou peut-être que c’était la douleur d’avoir attendu si longtemps pour enfin me rendre compte que la cage dans laquelle je m’étais enfermée n’était pas un refuge, mais une prison. Une prison que j'avais construite de mes propres mains, avec des chaînes invisibles mais solides, me liant à une version de moi-même que je n'avais jamais vraiment choisie.Je fais un pas, puis un autre. Et je sens le sol sous mes pieds se dérober un peu, comme si, à chaque mouvement, je m'éloignais davantage de tout ce que je connaissais. La sensation est grisante, mais aussi terrifiante. Chaque fibre de mon être hurle de reculer, de retourner à la sécurité que j'avais si longtemps cherchée. Mais quelque chose en moi, quelque chose de plus fort, m'empêche de revenir en arrière.Kylan reste immobile, observant chaque mouvement, chaque respiration que je prends. Il attend. Il ne parle pas, mais son silence es
SavannahLes mots résonnent en moi, lourds comme des chaînes que je n'avais jamais vues. Kylan ne fait pas de mouvement, mais ses yeux me traversent. Chaque parcelle de mon corps se tend sous son regard, chaque fibre de mon être se réveille, déchirée entre la peur et une curiosité insatiable, un désir brûlant de connaître la vérité, mais aussi de comprendre ce que je suis devenue.Je ne peux plus ignorer ce qu’il me dit. La cage dorée dans laquelle je m'étais enfermée, pensant que tout allait bien, qu'elle me protégeait, que je pouvais y trouver mon propre pouvoir, se fissure lentement. Kylan, avec sa présence imposante, sa voix mielleuse et en même temps implacable, me force à regarder la vérité en face. Cette vérité que j’ai toujours évitée.— Tu veux que je sois comme toi, n'est-ce pas ? Je brise le silence, mes mots mordants. Comme un prédateur, comme un homme qui domine tout. Tu veux me faire entrer dans ton monde, où la force est tout ce qui compte, où chaque geste est calculé,
SavannahL’atmosphère dans la pièce est tendue, une énergie palpable flotte dans l’air. Mes pensées s’enchevêtrent comme des fils de soie, fragiles et prêts à se rompre à la moindre pression. Kylan me regarde, un demi-sourire au coin des lèvres, mais ses yeux, eux, ne mentent jamais. Il attend, toujours, comme une bête prête à bondir.Je sens cette réalité m’envahir, me saisir, comme un étau qui se resserre autour de moi. Tout ce que j’ai connu jusque-là, tout ce qui m’a définie, semble s’effacer lentement. Cette sensation d’impuissance, de contrôle perdu, me ronge. Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable. Et en même temps, j’ai cette étrange impression que, pour la première fois, je suis en train de devenir moi-même.— Tu n’as jamais voulu savoir ce que c’était que d’être libre, Savannah ? me lance-t-il, sa voix basse mais percutante, comme une brise chaude qui fait frémir la peau. Il fait un pas vers moi, chaque mouvement aussi mesuré qu’un calcul.Je suis tentée de reculer, de
SavannahJe ferme les yeux. Je veux crier. Je veux tout effacer. Mais au fond de moi, je sais que ce cri serait vain. Parce que, au fond, je l’ai toujours su.Je me lève brusquement, mon cœur battant la chamade, mon souffle saccadé. L’air semble plus lourd, plus dense, et tout ce qui m’entoure se met à tourner en un vertige insupportable. Les mots de Kylan résonnent en moi comme un écho sinistre, se frayant un chemin jusque dans chaque recoin de mon esprit. C’est trop. Trop de choses que je ne comprends pas, trop de choix qui s’imposent à moi, trop de vérités inavouées qui menacent de me submerger.Kylan me fixe toujours, silencieux, observant chaque mouvement que je fais. Sa présence est à la fois rassurante et terrifiante, un paradoxe vivant que je ne parviens pas à démêler. Il s’approche, mais je recule instinctivement. Je veux fuir, me cacher, m’échapper de cette situation, de cette relation, de ce monde qui m’entoure. Mais il n’y a plus d’échappatoire.Je suis piégée.— Pourquoi
Savannah Le regard de Kylan, si lourd de significations non dites, reste ancré dans mon esprit, et je suis incapable de le chasser. Il a raison, je le sais. Il n’y a pas de place pour l’hésitation, pour l’incertitude. Mais est-ce que j’ai vraiment le choix ?Je me suis levée brusquement, m’éloignant de lui comme pour fuir cette prise invisible qu’il exerce sur moi. Mais plus je m’éloigne, plus je me sens piégée, comme un animal traqué qui court en cercle sans fin. La vérité qui m’a frappée de plein fouet, avec une violence silencieuse, est bien plus cruelle que tout ce que j’aurais pu imaginer.Je n’ai pas le temps de fuir.Le monde autour de moi est bien plus vaste et bien plus dangereux que ce que j’ai cru comprendre jusqu’à présent. Je suis dans un jeu dont les règles m’échappent, et chaque mouvement que je fais semble m’enfoncer un peu plus dans la toile. Le murmure du vent à l’extérieur, la lumière pâle qui se glisse à travers les rideaux, tout cela semble d’un calme trompeur, c