Semua Bab L'ange et le Démon: Bab 131 - Bab 140

NikaJe ne dors pas.Je reste assise, dos au mur, arme sur les genoux. Emily a les yeux fermés. Son souffle est lent. Mesuré. Trop.Elle veut que je croie qu’elle dort.Mais je sais lire les silences.Elle ne rêve pas. Elle calcule.Et ça m’inquiète plus qu’un revolver pointé sur ma tempe.Le dernier tir, j’aurais dû le sentir venir. Mais elle, elle ne l’a pas vu. Elle l’a senti.Comme une femme qui a passé le point de bascule.J’ai menti pour elle. Nettoyé ses erreurs. Protégé son visage des regards.Et maintenant, je la vois devenir autre chose. Quelque chose de… dangereux. Précis.Quelque chose qui n’obéit plus qu’à sa propre logique.Je sors mon téléphone. Ligne cryptée."Situation stable. Légère blessure. Changement comportemental confirmé. Emily n’a pas paniqué. Elle a observé."Je fixe l’écran.Puis je rajoute :"Elle est en train de devenir un levier. Elle est plus forte qu'il n'y paraît ."EmilyJe suis éveillée.Et je me souviens.Des tirs. Du sol. De l’odeur métallique du s

Don Alejo : Madrid, 3h12L’écran est noir. Son poing saigne.Il a frappé. Encore. Et encore.Le bois du bureau est fendu. Ses phalanges ouvertes.Mais il ne sent rien. Ni la douleur. Ni la peur.Seulement la honte.Le regard de Lorenzo l’a transpercé. L’a dépouillé.Il l’a réduit à un pion que l’on rabaisse sans effort. Un chien tenu en laisse devant les autres.Il n’a pas riposté. Parce que ce n’était pas le moment.Mais il sait attendre. Il sait venger froid.Il compose un numéro.Trois tonalités. Un silence. Puis une voix grave, rauque :— Sang ou silence ?— Sang.— Noms ?— Un seul. Lorenzo.— Conditions ?— Propre. Pas d’éclaboussures. Pas d’alerte.— Compensation ?— Accès à Marseille. Et vingt kilos de silence.Silence au bout du fil.Puis une réponse.— C’est accepté.Don Alejo referme le clapet du téléphone satellite.Et murmure :— Tu as humilié l’Espagne. Maintenant, tu vas connaître sa vengeance.Emily : Milan, aubeJe me suis assise dans la chambre de Nika. Vide. Froide.

EmilySon souffle est rauque contre ma bouche.Il ne m’a pas repoussée.Il ne m’a pas embrassée non plus.Mais il est là. Présent. Immobile.Comme si ce baiser avait creusé une faille sous ses pieds.Comme s’il ne savait plus s’il devait reculer… ou plonger.Je le sens vaciller.Pas devant moi.En lui.Quelque chose s’effrite dans ses yeux.Pas de l’amour. Ni du désir.Un besoin plus ancien. Plus brut.Un besoin de toucher… sans être touché.Alors je le pousse.Pas violemment.Juste assez pour briser le sortilège.Pour que son dos cogne la vieille commode, celle dont les tiroirs grincent de secrets qu’on n’ose pas rouvrir.Il reste figé.Je le regarde, sans baisser les yeux.— C’est ça, Lorenzo ? Tu préfères les silences, les secrets… à la chair ?Sa mâchoire se contracte.Sa gorge se tend.Ses mains sont serrées à en blanchir les jointures.Il ne répond pas. Mais il vacille plus fort.— Tu ne sais pas ce que tu demandes, murmure-t-il.Je m’approche, lente. Délibérée.Je sens sa chale

EmilyIl n’a pas bougé depuis une heure.Assis face à moi, dans le petit salon où la lumière du matin découpe nos ombres.Le soleil s'infiltre par les persiennes, traçant sur son torse nu des lignes qui ressemblent à des cicatrices imaginaires.Mais les vraies, elles sont plus profondes. Invisibles.Silencieux. Tendu. Présent.Ses doigts jouent machinalement avec son briquet.Ce vieux Zippo cabossé que je déteste autant que je le comprends.Il l’ouvre. Le referme. Encore. Et encore.Un geste compulsif. Comme s’il contenait une question à laquelle il n’a pas encore osé répondre.Je suis en face. Le dos droit. Les jambes croisées.Je n’ai pas peur. Plus maintenant.Mais je sens que ce que nous allons dire va tout changer.Pas seulement pour nous.Pour ce que nous sommes. Ce que nous représentons. Ce que nous allons devenir.Il sait. Je le sais.Et pourtant, personne ne parle.On s’apprivoise. Encore.Le silence n’est pas vide.Il est rempli de ce que nous n’osons pas poser entre nous :

EmilyLes applaudissements n’ont pas cessé.Ils ont simplement changé de forme.À présent, ce sont des verres qui s’entrechoquent. Des regards qui s’évaluent. Des sourires trop polis pour être sincères.La réception a commencé.Un bal étrange. Un festin de velours et de poison.Des tables nappées de noir et d’or s’étirent sous les candélabres, comme les ramifications d’un empire souterrain. Des centaines d’invités sont répartis par sphères d’influence, comme autant de bombes à retardement posées sur le marbre, prêtes à exploser au moindre faux pas.On boit. On goûte. On observe.On évalue.Chacun jauge la pièce comme un échiquier, cherchant à deviner qui sera pion, cavalier, ou roi.Personne ne se détend.Personne ne rit vraiment.Même la musique lente, grave, orchestrale semble étouffer tout relâchement. Elle enveloppe l’espace comme un manteau lourd, noble, mais funèbre.Des serveurs en gants blancs circulent entre les tables, portant des plateaux de cristal, des bouteilles aux étiq