All Chapters of L'ange et le Démon: Chapter 141 - Chapter 150

NaomiJe n’ai jamais aimé le silence des jets privés.Il me rappelle trop les couloirs d’un deuil mal lavé. Ces espaces feutrés où l’on prépare la mort avec des gants blancs et des dossiers scellés.Face à moi, l’écran affiche un code. Le message a clignoté une seconde, à peine :« Dossier FRANCESCO activé. »Je suis restée droite. Immobile. Le nom a claqué dans ma tête comme une balle dans un bunker.Francesco di Sangermano.Le frère maudit. Le fils effacé.Le seul Sangermano dont on n’a jamais su s’il était mort… ou s’il attendait. Tapie dans les marges du pouvoir.Moi, je sais.Je sais que le sang de cette famille ne sèche jamais. Il s’infiltre. Il attend. Et parfois, il revient, plus noir encore que la première fois.Je tape un code sur mon bracelet.Un claquement mécanique. Un sifflement. Le dossier s’ouvre.Images floues. Échantillons audio. Diagnostics rédigés dans la peur. Témoignages à demi effacés.Francesco, l’effacé.Mais dans ses yeux, rien n’est oublié.J’effleure l’écra

LorenzoJe n’ai pas peur.Pas encore.Mais quelque chose me manque.Ce n’est pas un fait.Ni un détail stratégique.C’est une vibration.Un battement dans l’air. Celui qui précède les séismes.Je fixe la salle sur l’écran.Elle est vide maintenant, mais encore tiède.Je sens dans les angles, dans les ombres, les mots qui ont été dits, et ceux qui ne l’ont pas été.Ils se sont reconnus.Francesco et Emily.Elle ne m’a pas appelé.Elle aurait dû.Pas parce qu’elle me doit quoi que ce soit.Mais parce qu’elle sait.Elle sait ce qu’implique son silence.Alors je me lève.Je prends mon manteau. Je passe la main dans mes cheveux, lents, mécaniques.Je descends.Sans gardes. Sans arme. Sans masque.Je ne vais pas confronter Emily.Je vais regarder dans ses yeux jusqu’où elle me reconnaît encore.Parce que si elle me regarde comme elle a regardé Francesco…Alors je saurai.Je saurai que je ne suis plus son roi.Mais un pion qu’elle repousse pour ouvrir une autre voie.Et ce jour-là, il faut ê

LorenzoJe n’ai pas dormi.Pas depuis trois nuits.Et je n’ai pas cherché le sommeil non plus.Le sommeil est devenu un territoire ennemi.Un piège de visions.Une répétition d’échos.Des mains qui s’éloignent. Des voix que je ne contrôle plus.Et ce goût métallique, chaque matin, dans la bouche :le goût du pouvoir qui se délite.Le manoir est silencieux. Trop.Mais ce n’est pas un silence naturel.C’est un silence qui pèse.Un silence qui observe.Comme si les murs savaient que quelque chose est en train de se décider sans moi.Emily. Lucia. Moi.Ou plutôt : ce qu’il reste de moi.Pas le chef.Pas le monstre.Pas l’amant.Rien de tout ça ne tient, quand les fondations deviennent des cendres.Je traverse les couloirs comme un homme qui cherche un fantôme.Mais ce n’est pas elle que je cherche.C’est moi, avant.Avant qu’on me contredise sans trembler.Avant qu’on ose refuser de me craindre.Avant qu’elle ne me regarde à travers,comme si j’étais devenu transparent.J’ouvre la porte d

LorenzoJe suis le roi.Pas par héritage.Par construction.Je n’ai pas hérité d’un trône.Je l’ai forgé.À coups de pactes, de regards, de sang versé dans le silence.Chaque homme que j’ai fait plier, je l’ai regardé dans les yeux.Je n’ai jamais tremblé.Jamais attendu que l’histoire m’accueille.Je l’ai forcée à m’écrire.Et pourtant ce soir…tout semble me glisser entre les doigts.Pas d’un coup.Mais grain après grain,comme un sablier que plus rien ne retient.Je suis debout dans mon bureau.Le feu dans la cheminée s’éteint lentement.Même lui semble me juger.Mourir lentement, sans flamme, comme si ma volonté ne suffisait plus à l’alimenter.Je n’ai pas bougé depuis des heures.Je ne sais plus très bien si je veille…ou si je veille ma propre fin.Il y a des silences plus bruyants que les balles.Et c’est ça que j’entends maintenant.Ce qui gronde, ce n’est pas la haine.C’est l’indépendance.C’est la tentation du pouvoir.Emily.Lucia.Elles ne m’ont pas quitté en fuyant.Elle

EmilyJe l’ai vu dans ses yeux, ce regard impitoyable, glacé, où l’homme et le roi se confondent en une seule décision absolue irrévocable, immuable, lourde du poids de toutes les nuits sans sommeil, de toutes les batailles silencieuses. Ce regard n’avait plus rien d’humain. C’était le point de non-retour. Celui où la moindre hésitation disparaît, où la vie et la mort se confondent dans un instant suspendu.Lucia, elle aussi, avait senti ce changement. Lentement, presque avec une grâce douloureuse, elle avait tourné la tête vers moi. Son regard n’était ni suppliant ni effrayé, mais chargé d’une intensité déchirante qui m’a traversée comme un couperet. Elle ne fuyait pas ; elle me regardait une dernière fois, comme pour me dire que cette histoire, aussi sanglante soit-elle, ne s’éteindrait pas avec elle. Que la flamme continuait de brûler, quelque part entre nous, malgré tout.— Lorenzo... murmura-t-elle d’une voix basse, presque fragile, une tentative désespérée de ramener un peu de r