Tous les chapitres de : Chapitre 201 - Chapitre 210

Je n’arrivais pas à rester en place. Mes jambes allaient et venaient devant la baie vitrée. Deux petits battements de cœur venaient de bouleverser ma vie à jamais. Je devais prendre une décision maintenant.Derrière moi, les voix de mes amis s’élevaient, graves, chargées d’angoisse. Le salon baignait dans une lumière douce, mais il n’y avait rien de paisible dans cette pièce.— C’est de la folie, souffla John, les bras croisés. On ne peut pas le lui cacher. Grayson ne le supporterait pas.Je me figeai.La loyauté de John envers Grayson me faisait peur.— Il a le droit de savoir, continua-t-il. Ce sont ses enfants, Jade. Il aurait voulu être là. Il mérite de l’être. Il est puissant. Il peux les protéger.Je me retournai lentement, posant mes mains sur le dossier du fauteuil pour ne pas chanceler.— Il mérite, oui… Mais eux, John, ils méritent la vie.Ma voix tremblait. J’essayais de rester calme, mais je sentais la peur monter en moi.— Et tu crois qu’il ne les protègerait pas ? explos

Je gravis les marches qui menaient à notre chambre. Les draps étaient lissés, les voilages dansaient au rythme d’un vent calme. Une odeur de vanille flottait dans l’air, douce, presque cruelle.C’est là que je la vis.Une enveloppe blanche posée sur l’oreiller, soigneusement pliée. Mon prénom inscrit dessus. GraysonJe la pris entre mes doigts. Mon cœur battait fort, si fort que j’avais du mal à respirer. Je m’assis au bord du lit. Mes mains tremblaient. Puis j’ouvris la lettre.Lettre de JadeGrayson,Je ne sais pas comment commencer cette lettre. Il n’y a pas de bonne façon de dire au revoir à quelqu’un qu’on aime. Parce que oui, je t’aime. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé. Et c’est justement pour ça que je pars.Je crois que je ne suis pas faite pour ton monde. Je me suis battue contre vents et marées pour m’y intégrer, pour te suivre, pour croire que j’en étais capable. Mais je suis fatiguée. Epuisée. Vidée. Et perdue.Chaque jour à tes côtés a été à la fois un miracle et une

Point de vue de Grayson BlackwellJe ne dormais plus. Je ne mangeais plus. Je ne vivais plus. Jade avait disparu comme un souffle éteint, comme une étoile qui s’efface du ciel sans crier gare. Elle n’avait laissé derrière elle qu’une lettre, des draps encore tièdes et un vide qui avalait tout.Depuis son départ, chaque heure s’était transformée en une course effrénée. J’avais déployé tous les moyens dont je disposais. Ce qui veut dire… tout : Blackwell Industries, mes contacts à la CIA, les anciens membres du renseignement, des hackers russes, des satellites privés, des experts en reconnaissance faciale ... mais rien. Aucune trace de Jade.Jade avait réussi là où personne n’y était jamais parvenu : échapper à mon contrôle. M’effacer de sa vie sans que je puisse la retenir ou la suivre.Je passai mes journées à fixer les écrans de la salle de surveillance, à éplucher chaque image, chaque pixel, chaque bruit en arrière-plan d’un appel ou d’un message. Rien. Elle avait pensé à tout. Ell

Point de vue de Grayson BlackwellLe bureau semblait plus étroit que d’habitude. Peut-être parce que j’étais à deux doigts d’exploser.Je tournais en rond, incapable de rester en place. Chaque minute sans nouvelles de Jade me rongeait. Chaque heure me rapprochait un peu plus de la folie.Puis Knox entra.— T’as du nouveau ? demandai-je, d’un ton sec.Il ferma la porte derrière lui, sans s’approcher.— Pas encore.Ma mâchoire se crispa.— Ça fait des jours, Knox.— Je sais.— Des jours ! Et rien ? Pas une trace, pas un signal, pas une foutue caméra qui l’aurait captée quelque part ?Il ne répondit pas. Son silence m’insupporta.— Tu as toujours eu une longueur d’avance… alors pourquoi tu n’as rien vu venir cette fois ?!Je frappai du poing contre le dossier du fauteuil.Knox ne broncha pas.— Tu crois que je n’ai pas tout retourné ? lança-t-il enfin, la voix froide. Que je dors tranquillement pendant que tu t’effondres ? Je t’ai toujours protégé, Grayson. Mais là, elle… elle s’est vola

Point de vue de Grayson BlackwellJe n’avais jamais mis les pieds dans un cabinet de psychologue.Pour moi, la faiblesse se réglait en silence, en baisant, par la soumission ou avec du whisky et non en s’allongeant sur un divan beige, entouré de plantes en pot et de tableaux aux couleurs absurdes.Et pourtant, j’étais là.Face à moi, un homme d’un certain âge, lunettes fines, regard neutre. …— Vous êtes tendu, constata-t-il calmement.— Non, répondis-je. Je suis en colère.Il nota quelque chose sur son carnet.— Contre qui ?— Contre moi.— Contre elle aussi, peut-être ? demanda-t-il.Je ne répondis pas.Le silence pesa. Je détestais le silence. Il me rappelait trop de choses.— Pourquoi êtes-vous ici, Monsieur Blackwell ?Je fermai les yeux. Inspirai profondément.— Parce que j’ai tout perdu. Ma femme. Mon intégrité. Mes repères.— Votre femme est partie ?Je hochai la tête.— Sans un mot ?— Une lettre.Elle griffonna à nouveau.— Et que disait cette lettre ?— Qu’elle m’aimait. Qu