All Chapters of LUNE DE SANG: Chapter 11 - Chapter 20

La nuit s’était abattue sur la vallée, enveloppant la forêt dans un silence étrange. Un calme fragile, presque irréel, comme une respiration suspendue entre deux tempêtes.Élina marchait seule parmi les arbres, ses pensées aussi tourmentées que les ombres qui l’entouraient. Depuis la mort de Roderick, la meute s’était remise en mouvement, portée par un élan nouveau, mais en elle, le feu ne s’était pas éteint. Il brûlait encore — un mélange de colère, de doute, et de cette force indomptable qui ne demandait qu’à éclater.Elle s’arrêta près d’un vieux chêne, son front appuyé contre l’écorce rugueuse. Elle ferma les yeux. Le goût du sang, la douleur dans les muscles, les cris des mourants… tout revenait par vagues. Elle n’avait pas encore parlé à l’Alpha. Pas vraiment. Depuis la bataille, il gardait ses distances. Comme s’il attendait qu’elle fasse le premier pas.— « Tu es agitée. »Sa voix. Grave. Calme. Mais elle la fit sursauter malgré tout.Il se tenait derrière elle, immobile, les

Le soleil se leva sur la forêt sans éclat. Un matin gris, terne, presque silencieux. Pourtant, l’agitation était palpable au camp. Les guetteurs avaient annoncé l’arrivée d’une délégation. Une meute étrangère. La première à répondre à l’appel lancé par Élina et Kaeron.Les membres du Croissant Noir se rassemblèrent autour de la clairière principale, en alerte. Les anciens soignaient encore les blessés, les jeunes s’entraînaient sans relâche. Mais aujourd’hui, tous étaient là. Tous attendaient.Élina serra les dents. L’air vibrait d’appréhension. À ses côtés, Maëlys se tenait droite, les bras croisés, le regard figé sur l’orée de la forêt. Elle n’avait pas prononcé un mot depuis l’aube. Kaeron, lui, était en retrait, assis sur une roche plate, les mains jointes sur ses genoux, les yeux clos. Comme s’il méditait.— « Tu devrais être là, debout avec moi, » murmura Élina.Il ouvrit les yeux, lentement.— « Pas encore. Laisse-les venir à toi. Qu’ils sentent ta force avant de voir la mienne

Le retour de Kaël passa presque inaperçu. Il était revenu au camp avant l’aube, couvert de poussière et de morsures anciennes, silencieux comme un revenant. Il ne dit pas un mot à personne. Pas même à elle.Mais Élina le sentit, aussitôt. Son odeur. Sa présence. L’écho de sa morsure encore brûlante sous sa peau.Elle ne dormait plus depuis des jours. Et ce matin-là, elle décida d’aller le voir.—Il était seul, assis à l’écart sous le vieux pin noir. Là où personne n’osait trop traîner. Là où l’air était plus froid, l’ombre plus dense.Il leva les yeux quand elle approcha. Son visage était fatigué. Mais son regard, lui, était clair.— « Tu m’évites, » dit-elle simplement.— « Je te respecte. »Elle serra la mâchoire.— « Alors pourquoi je sens encore ta morsure chaque fois que je ferme les yeux ? »Il haussa les épaules, mais elle vit ses doigts se crisper sur la pierre près de lui.— « Parce que je suis une partie de toi. Que tu le veuilles ou non. »— « Et toi, tu veux ? »Le silenc

Le feu crépitait doucement dans la clairière principale. La nuit était tombée, épaisse et muette. Tout le monde dormait, ou faisait semblant. Sauf Élina.Elle était assise seule, au bord du vieux cercle de pierres, les bras enroulés autour de ses genoux. Elle pensait. À eux. À elle. Aux choix qu’elle n’arrivait pas à faire.Elle avait cru qu’en devenant louve, les choses deviendraient plus claires.Mais c’était l’inverse.Chaque jour la rapprochait un peu plus d’un point de rupture.—Maëlys s’approcha sans bruit. Elle s’installa à ses côtés comme une ombre fidèle.— « Tu trembles. »— « Je suis fatiguée. »Maëlys la regarda longuement.— « Non. Tu es en train de te fissurer. »Élina détourna les yeux. « Ils me regardent comme si j’étais à eux. Comme si j’étais un choix à faire. »— « Parce que tu es une louve née dans le sang. Tu as été créée dans la morsure et forgée dans la guerre. Ce genre de puissance… attire. Consume. »— « Je n’ai rien demandé. »— « Et eux non plus. C’est peut

Ils se retrouvèrent dans l’ancienne vallée.Pas par hasard.Pas avec des mots.Avec le silence.Élina n’avait pas eu le temps d’arriver. Et peut-être était-ce mieux ainsi.Car entre eux, il ne restait plus rien à dire.Kaeron se tenait au centre du vieux cercle de pierre, son manteau noir détrempé par la pluie, ses yeux brûlants d’une colère qu’il refusait de contenir.Kaël avança. Lentement. Le corps tendu, le souffle maîtrisé.— « Tu n’aurais pas dû venir, » dit Kaeron d’une voix cassée.— « Et toi, tu n’aurais pas dû partir. »Un silence.Puis Kaeron cracha au sol.— « Tu m’as tout pris. La confiance d’Élina. Le regard de la meute. Même mes erreurs, tu veux les racheter à ma place. »— « Je n’ai rien voulu. Je suis resté quand tu es parti. C’est tout. »Kaeron bondit.Pas de préméditation. Pas d’honneur.De la rage. De la honte. De l’amour brisé.Le combat éclata avec la violence des orages anciens.Ils n’étaient plus deux loups.Ils étaient deux volcans.Griffes, crocs, feu et san