บททั้งหมดของ ENTRE CROC ET TÉNÈBRE: บทที่ 11 - บทที่ 20

KaelL’obscurité nous avale.Pas une obscurité banale.Celle-ci est vivante.Épaisse.Elle respire, suinte, se faufile comme une entité douée d’intention.Elle nous touche, nous frôle, s’enroule autour de nos chevilles comme une brume lourde et poisseuse.Elle murmure aussi. Des mots sans forme, des souvenirs désarticulés, des soupirs oubliés.Elle a une odeur. Fer. Cendre. Mémoire.Un parfum de mort ancienne mêlé à la trace entêtante du feu éteint.C’est l’odeur des guerres qu’on a effacées des livres, des serments brisés et des amours réduites en poussière.Je serre la main d’Aelya.Ses doigts sont glacés, pourtant fermes.Elle ne recule pas.Elle ne tremble pas.Et moi non plus.Mais en moi, une faille s’ouvre.Fine. Silencieuse.Comme une brisure dans une lame trop tendue.Le passage se referme derrière nous dans un grondement étouffé.Un battement. Sourd. Lourd.Comme le cœur d’un géant enterré sous les strates du monde.Ou celui d’une bête qui se réveille.Nous sommes seuls.Non

AelyaLa lumière s’est tue.Mais en moi, elle vibre encore.Kael est là. Tout près. Il me regarde comme s’il me découvrait pour la première fois. Mais ce n’est pas de la surprise que je lis dans ses yeux. C’est quelque chose de plus ancien. De plus brut. Comme un souvenir qui hurle depuis l’oubli.Je touche ma paume. Le sang a séché, mais la marque noire y palpite, comme un cœur à nu.— On a survécu, je murmure.Il ne répond pas. Il m’observe, toujours. Et je sens que s’il parle maintenant, ce serait pour dire quelque chose qui ne peut plus être retiré. Quelque chose d’irréversible.Alors je détourne les yeux.Le puits a disparu.La caverne aussi.Nous sommes ailleurs. Un temple en ruines, baigné d’une lumière crépusculaire. Des colonnes effondrées, des statues brisées. L’air sent la cendre et la fin du monde. Et pourtant, au centre de tout cela, je sens une paix étrange.— C’est là que tu m’as aimée pour la première fois, dit une voix dans ma tête.Je recule d’un pas.— Qui…?Mais ce

AelyaEt pourtant, je sens l’appel.Ce frémissement dans ma poitrine. Cette vibration ancienne qui s’éveille à nouveau, comme un chant oublié qui s’élève dans mes veines. Ce n’est pas une voix. Ce n’est pas un mot. C’est une note pure, venue d’un lieu si lointain qu’il n’existe plus que dans le souvenir du monde.Je glisse hors du lit. Mes pieds touchent la pierre tiède. Je ne frissonne pas. Je ne tremble plus. Quelque chose en moi s’est aligné cette nuit. Une fracture refermée. Une vérité acceptée. Ce n’est pas la paix. C’est plus ancien que la paix. C’est l’évidence.Je prends le long tissu posé sur le fauteuil près de la vasque et l’enroule autour de moi. Il sent le jasmin et le feu ancien. Des parfums qu’aucun mortel n’a jamais su recréer. Je me penche sur l’eau. Mon reflet me fixe. Mes yeux brillent d’une lueur que je ne reconnais pas. Ou plutôt… que je reconnais trop bien.Je m’avance vers l’arche sombre au fond de la chambre, là où l’ombre vibre comme un souffle retenu.Quand j

KaelElle ne dit rien. Pas tout de suite.Mais ses yeux par les dieux, ses yeux contiennent toutes les guerres que nous avons menées, toutes les promesses que nous avons oubliées, et tous les baisers que nous n’avons pas encore volés.Je pourrais m’y perdre.Je pourrais y renaître.Ses doigts effleurent la marque sur ma paume, là où le feu a gravé notre histoire dans ma chair.Ce simple contact réveille mille souvenirs. Mille douleurs.Et malgré moi, je frémis.— Tu as changé, murmure-t-elle.Sa voix est rauque, chargée de cendres et de regrets.Je hoche lentement la tête.— Et toi… tu es revenue.Elle esquisse un sourire, un de ceux qui précèdent les tempêtes. Un sourire qui dit je t’aime encore, même si elle n’ose pas le prononcer. Et je sais, au fond de moi, que cette nuit va nous briser ou nous unir pour de bon.Elle s’éloigne de quelques pas, juste assez pour que l’air entre nous devienne trop vaste, trop vide. Le silence se tend comme une corde d’arc. Prêt à se rompre. Prêt à tu

KaelL’aube n’est pas encore là. L’obscurité enveloppe la chambre comme un manteau lourd, comme une mer sans fond qui aspire tout sur son passage. La seule lumière provient de la lueur des bougies vacillantes, jetant des ombres dansantes sur les murs, comme pour me rappeler que tout est fragile ici, même les plus sombres désirs. Et pourtant, c’est dans cette obscurité que je sens son corps, son souffle, sa chaleur, tout contre moi. Elle dort encore, ses lèvres à peine entrouvertes, son visage détendu, un soupir flottant autour de ses rêves.Je ferme les yeux un instant, un souffle suspendu dans ma poitrine. La faim me vrille l’estomac. Une faim ancienne, celle qui m'a accompagné pendant des siècles, une soif insatiable qui ne cesse de m’assaillir dès que je suis près d'elle. Mais ce n’est pas la faim que j’avais oubliée, pas celle de l’acier des lames ou du sang chaud et écarlate. Non, c’est autre chose. Plus insidieux. Une faim qui s’attaque à tout ce que je croyais maîtriser.Je sui