ÉVAQuand j’ouvre les yeux, la lumière est différente, presque douce, presque fausse.Il y a ce silence suspendu, cette impression d’être revenue d’un lieu trop loin pour en parler.Le feu s’est éteint, les braises fument à peine, et l’air a cette odeur de cendre et de laine chaude.Je sens son bras autour de moi, lourd, immobile, comme s’il n’avait pas bougé depuis des heures.Son souffle effleure ma nuque, régulier, mais tendu, retenu.Je ne sais pas si je dois parler, s’il dort, s’il fait semblant.Je reste là, à écouter le battement de son cœur contre mon dos, cette cadence trop calme pour être paisible.Je ferme les yeux à nouveau.Je voudrais pleurer, mais les larmes se sont figées quelque part en moi, comme le reste.Son bras bouge enfin.Il se dégage lentement, sans brusquerie.Je sens le vide tout de suite.Je me retourne, il est déjà assis au bord du canapé, les coudes sur les genoux, les mains jointes.Son visage est fermé, presque froid, mais ses yeux me trahissent ils brû
Last Updated : 2025-10-16 Read more